Transiscope en terres bretonnes

Transiscope en terres bretonnes
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Transiscope c’est une carte de 2 000 initiatives citoyennes de la transition en Bretagne (plus de 30 000 sur la France). Et c’est une carte décentralisée, une trentaine d’associations, de collectifs y contribuent et font apparaître les initiatives qu’ils ont référencé sur la carte. Les 17 et 18 novembre Transicope en terres bretonnes propose une rencontre des réseaux qui en Bretagne y contribuent en invitant aussi toutes celles et ceux, et ils sont nombreux en Bretagne, tels Eco-bretons, Bruded, le réseau des recycleries, des tiers lieux, des fablab, les fabrique des possibles, les collectifs climat… contribuent à l’émergence d’une Bretagne en transition. Interview de Florent Gaudin, coordinateur du projet Transiscope et de son comité de pilotage.

Bonjour Florent, peux tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour, Florent Gaudin, j’ai 31 ans, j’habite dans l’Ouest Lyonnais. En quelques mots, je suis ingénieur de formation, passé un peu par l’informatique et qui aujourd’hui cherche à développer la coopération via la facilitation, l’animation d’outils d’intelligence collective et le numérique libre.

Tu coordonnes le groupe de pilotage de Transiscope : peux-tu expliquer ce qu’est Transiscope ?

Dans cette partie facilitation d’intelligence collective, je suis aussi coordinateur du projet Transiscope et de son comité de pilotage.

Transiscope, c’est un projet de coopération, et c’est cela qui m’a intéressé, entre plusieurs associations qui se sont retrouvées, notamment au sein du CTC, le Collectif pour une Transition Citoyenne il y a cinq, six ans de cela et qui se sont rendu compte de l’intérêt à mettre des choses en commun. Le premier objet à mettre en commun, était des cartographies que chaque association, chaque réseau avait développé de son côté, cartographie de leurs membres, ou des alternatives que chaque réseau souhaitait référencer pour les mettre en avant aux yeux du public.

Plutôt que de refaire une énième cartographie, ce que Transiscope a apporté, c’est de créer un commun numérique en mettant à disposition de tout le monde un outil qui permet d’agréger des données dissues e différentes cartes pour avoir une carte globale des alternatives qui existent aujourd’hui.

Transiscope aujourd’hui, c’est principalement une carte des alternatives, mais sa vocation va plus loin que ça. (un agenda partagé est en préparation).

 

 

Quelle est la particularité d’un groupe source ?

Un groupe source, c’est un groupe issu des organisations qui, en interne, cartographient des éléments, des alternatives et qui ont accepté de partager leurs données avec Transiscope et de les faire apparaître sur la carte de Transiscope. Au début, c’était surtout des membres du comité de pilotage, des membres internes au projet Transiscope.

Quand la carte est sortie, un appel a été lancé pour que d’autres personnes, sans avoir à rejoindre le comité de pilotage, puissent aussi partager leurs données pour qu’on ait la carte la plus exhaustive possible. La particularité d’un groupe source, c’est une organisation qui recense soit territorialement, comme peuvent le faire, par exemple, Riposte Créative Bretagne ou Vert le jardin en Bretagne, ou Anciela à Lyon, qui recensent les alternatives de leur territoire selon leur charte ou alors comme Artisans du monde, qui sont la plus à l’échelle nationale et qui recensent à travers toute la France, thématiquement, donc là, les commerçants d’Artisans du Monde.

Quels sont les éléments structurants de la charte de Transiscope ?

Nous parlons d’alternatives citoyennes parce qu’ une volonté forte de Transiscope, est de mettre en avant des alternatives au système actuel capitaliste et productiviste qui détruit les conditions de vie sur Terre. Mettre en avant ces alternatives, mais ne pas mettre en avant que des alternatives dans lesquelles on serait un simple consommateur, mais les alternatives dans lesquelles, en tant que citoyen, on peut devenir acteur. Il y a une forte volonté à ce qu’apparaissent sur la carte des initiatives dans lesquels on puisse s’impliquer et notamment, les projets d’initiative citoyenne. Cela peut être des associations ou des projets moins formalisés, mais d’origine citoyenne ou des formes coopératives telles les Biocoop, ou les épiceries coopératives dans lesquelles le consommateur peut être aussi acteur de sa consommation. Ce sont ces alternatives là qu’on va répertorier et des magasins bio classiques ne seront pas répertoriés quand ils ne permettent pas aux consommateurs d’en être aussi acteurs.

« 1. TRANSISCOPE agrège des alternatives au modèle économique capitaliste qui proposent des réponses concrètes au niveau local comme global pour s’engager vers une bifurcation écologique et une justice sociale, les deux étant interconnectées.

2. Ces alternatives prenant leurs décisions indépendamment de tout parti politique ou institution religieuse, peuvent être :

  • d’origine citoyenne et gouvernées par des citoyen⋅ne⋅s, c’est-à-dire des individus ou des groupes d’individus

  • d’origine publique avec une gouvernance multipartite donnant un pouvoir significatif aux citoyen⋅ne⋅s et usager⋅e⋅s
  • d’origine coopérative

3. Elles cherchent à réaliser un ou plusieurs communs. Elles doivent témoigner par leur gouvernance, leur modèle économique, leur organisation du travail ou leurs choix d’investissement qu’elles visent l’intérêt commun et non la réalisation d’un intérêt particulier. »

Les critères de référencement, extrait de la charte

 

Et enfin, ce qu’on a intégré un peu plus récemment, ce sont des initiatives initiés par des pouvoirs publics telles les collectivités locales, mais dans lesquelles une place importante dans la gouvernance est laissé aux citoyens. Parce qu’on s’est rendu compte que dans certains territoires, des collectivités publiques apportaient la dynamique initiale pour lancer des projets et qu’elles étaient capables aussi de laisser une place importante aux citoyens, ce qui nous nous intéressait. Et donc, on a élargit récemment la charte pour prendre en compte cette dimension dans les alternatives recensées sur Transiscope.

Transiscope organise les 17 et 18 novembre une rencontre « Transisope en terre bretonnes » à Quimper, quel en est l’objectif ?

Les 17 et 18 novembre à Quimper, nous organisons ce qu’on appelle un Transicothon, qui permet déjà de se voir physiquement, étant donné que le projet se fait beaucoup à distance. Donc c’est déjà rassembler les personnes qui connaissent le projet et qui ont envie de se voir sur ce sujet.

Mais le but, c’est aussi d’aller au- delà de ça, et notamment de répondre modestement à l’axe 3 de notre stratégie : « dynamiser les écosystèmes d’alternatives territorialement ». Il s’agit d’ aller sur un territoire et à notre échelle, humblement, de contribuer à créer des dynamiques de coopération. Parce qu’ après avoir fait une carte des alternatives, nous pensons que la transition, la bascule ne pourra se faire que si les initiatives affichées sur cette carte se relient entre elles.

Notre objectif en allant à Quimper, et comme on l’a déjà fait à Strasbourg en juin dernier, c’est d’aller sur le territoire et d’inviter différentes alternatives, et notamment, nos sources qui répertorient les points sur des cartes, et d’autres réseaux qui cartographient des alternatives, de les faire se rencontrer et échanger sur ce qu’elles font, comment elles le font, les besoins qu’elles ont, les forces qu’elles ont et créer en ensemble des savoirs communs qu’on pourra mettre à disposition plus largement aussi de toutes les sources de Transiscope.

Dans un deuxième temps, l’objectif est aussi de pouvoir ouvrir ces sources et ces lieux alternatifs au public et pouvoir faire connaître aussi ces endroits, ces organisations au public.

Pourquoi élargir cette rencontre aux acteurs qui cartographient les alternatives des transitions en Bretagne ?

En Bretagne de nombreux acteurs sont dans cette démarche de mise en réseau d’initiatives en Transition tels Bruded, Eco-bretons, Bretagne Tiers lieux, le Réseau des recycleries, des repair café, des low-tech, des fablab etc. pour en citer quelques uns sans être source de Transiscope.

C’est pour tenir compte de cette richesse des réseaux que nous avons cette volonté d’ouvrir la rencontre à des acteurs qui cartographient les alternatives en Bretagne qui ne sont pas sources.

La charte de Transiscope permet aux réseaux de participer en tant que source. Cette charte est un objet très politique, où nous mettons ce qui semble important aux membres du comité de pilotage. Mais on n’a pas vocation à vouloir que tout le monde rentre dans cette charte, d’autres éléments exister en dehors de cette charte, qui sont tout aussi importants. Mais pour autant, il est intéressant déjà de se rencontrer pour comprendre pourquoi eux, répertorient d’autres choses et pour pouvoir échanger sur ces choix d’orientation. C’est l’occasion par exemple d’expliquer pourquoi notre charte met en avant cette partie coopération, là où d’autres chartes de certains réseaux ne le font pas et d’avoir des échanges sur le fond politique du pourquoi c’est important pour nous. Certains éléments politiques sont vraiment importants dans les alternatives recensées pour que ces alternatives soient vraiment source de transformation du système et pas uniquement source de réparation du capitalisme actuel, qui pour nous, ne de faire la bascule qu’on a besoin de réaliser.

Ces journées sont l’occasion de rencontrer d’autres acteurs, d’autres projets et peut-être faire évoluer nous-mêmes notre charte par rapport à ce qu’on veut promouvoir. C’est vraiment aussi l’idée de brasser des idées, faire de la pensée.

Qu’en attendez-vous ?

Transiscope est un projet très ambitieux initialement, mais qui n’a pas pour objectif de contraindre les membres du comité de pilotage à des objectifs irréalisables. Et donc on est aussi dans quelque chose de concret : on crée des choses et on voit ce qui se passe. Aussi nos attentes ne sont pas forcément très élevées.

Mais déjà, ce qu’on attend et qui va forcément se produire, c’est de réunir des personnes qui ne se connaissent pas forcément, qui font partie de différents réseaux. Donc, on espère renforcer le lien qui existe entre différents acteurs de la transition sur le territoire.

Ensuite, en tant que projet Transiscope, on a envie faire avancer le projet, c’est notamment ces ateliers par territoire autour de la lecture des points de la carte. Aujourd’hui, des initiatives référencées peuvent ne pas bien respecter notre charte, ou être en double ou certaines initiatives manquent. Donc, une avancée sera aussi de voir comment mettre un peu à jour la carte et faire évoluer la manière dont on peut intégrer des nouveaux points ou pas.

Et enfin, une dernière attente, est de se retrouver entre membres du comité de pilotage de Transiscope et de manière plus élargie, entre personnes proches du projet qui le connaissent ou qui en ont été à la base initialement, de pouvoir passer des temps ensemble de qualité pour continuer aussi à faire vivre ce projet.

Quels sont les temps forts prévus pour cette rencontre ?

Le programme qui demande encore à être affiné est organisé autour de deux journées.

Le vendredi 17 novembre, le matin, à la maison des associations à Quimper sera un temps vraiment dédié aux sources et aux réseaux et acteurs qui cartographient des initiatives de la transition en Bretagne. Un temps d’interconnaissance, mais sur et surtout d’échanges en forum ouvert qui laisse la place aux personnes qui sont là pour nous dire de quoi elles ont envie de parler et co-construire le programme de la matinée avec nous pour voir les synergies et les échanges que chaque acteur, actrice, qui sera là voudra avoir.

Ensuite l’après- midi, après un repas convivial, on aura un temps plus centré sur la charte de Transiscope pour essayer un peu d’expliciter aux sources et aux réseaux les évolutions dans la charte et aussi de réfléchir politiquement au travers de leurs propres chartes sur qu’est-ce que veut dire une charte et en quoi c’est important de mettre certains critères ou d’autres ?

Après ce temps sur la charte, là, on passera à des lectures croisées par territoire (Brest, Rennes, Quimper et ceux qui seront là). Prendre par territoire la carte de Transiscope et regarder sur cette carte les points qui existent et essayez d’en faire une lecture croisée. Est- ce que tous les points sont pertinents ? Est- ce qu’il y en a en double ? Qu’est- ce qui manque ? Et à partir de ça, avoir des petites notes et pouvoir, derrière nous, revenir une fois qu’on aura quitté Quimper dans les groupes de travail e continuer à faire avancer l’outil.

Le soir, on sera aux Halles de Quimper, pour un temps plus ouvert, d’atelier, conférence qui est en train encore d’être travaillé.

Le lendemain, on sera à nouveau aux Halles pour un temps de discussion échange sur les convergences entre les différentes les différents silos, les différents mouvements militants qui peuvent exister.

L’après- midi, on aura plus là un temps de rencontre des lieux alternatifs à Quimper, sous un format porte ouverte où plusieurs lieux proposeront de visiter leurs locaux et d’expliquer ce qu’ils y font, avec toujours l’idée de faire aussi du lien entre ces lieux et les mettre aux yeux du public.

Une interview par Michel Briand, co-animateur de Riposte Créative Bretagne

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Michel Briand