« La Tomate », une bande-dessinée où cultiver devient un crime
Et si faire pousser de simples tomates était devenu un crime ? C’est ce que raconte la bande-dessinée «LA Tomate », parue aux Editions Glénat. Une dystopie qui nous présente un futur angoissant mais finalement peut-être pas si éloigné…
Imaginez une société dans laquelle l’eau est devenue rare, et peut faire l’objet de trafic. Une société dans laquelle il est interdit de faire pousser quoique ce soit, car l’alimentation est devenue entièrement réglementée par les multinationales. Cette société est le cadre de la bande dessinée « La Tomate », parue aux Editions Glénat. Fruit du travail d’Anne-Laure Reboul au scénario et de Régis Penet au scénario et aux dessins, elle propose une dystopie (récit futuriste décrivant un avenir sombre, au contraire d’une utopie, ndlr). L’action se passe dans un futur sûrement proche, mais on ignore la date exacte. On ignore également ce qui a fait que le monde en est arrivé là. Mais toujours est-il que la société est alors hiérarchisée en trois classes sociales distinctes : le « premier cercle », qui semble regrouper les puissants, le « second cercle », ensemble qui regroupe visiblement les fonctionnaires, et le « troisième cercle », le reste de la population, qui semble vivre dans le chaos. L’héroïne est Anne Bréjinski. Elle appartient au « second cercle » et travaille pour le « service d’épuration ». Elle est chargée de « retrancher », c’est-à-dire d’éliminer tous les objets ayant rapport au monde « d’avant ». C’est ainsi qu’en voulant éliminer un magazine trouvé par des habitants du « troisième cercle », elle tombe par inadvertance sur un sachet de graines de tomates. Elle décide alors de les semer et de les faire pousser…
La BD raconte le procès d’Anne, qui n’a pas le droit, comme c’est la règle dans ce nouveau monde, de faire pousser de simples légumes. Face aux juges, elle va devoir raconter comment elle est entrée en possession de ses graines et quelles conséquences cela a eu sur ses relations sociales.
Avec ses couleurs sombres et froides, son trait brut, et ses grandes cases, la bande-dessinée « La Tomate » donne dès le départ le ton : l’heure n’est pas à la rigolade, mais plutôt à un univers futuriste triste et angoissant. Si l’histoire reste bien menée et fait réfléchir sur notre rapport aux graines, à l’alimentation, à l’eau, on peut regretter le manque de détails sur les origines de cette société totalitaire (qu’est ce qui a bien pu mener là?). Place alors à l’imagination pour essayer de comprendre tous les tenants et les aboutissants de cette histoire, qui amène néanmoins le lecteur à se poser des questions sur notre rapport au vivant.