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« J’essaye de recycler un maximum », portrait de Charles Vergnolle, un artiste morlaisien dans l’air du temps

Son atelier, la Raviverie, ne laisse pas indifférents les passants de la rue Basse à Morlaix. Au numéro 34, à côté de l’église Saint Mathieu, on pouvait y voir une reproduction de la ville en maquette, réalisée en carton récupéré, à travers sa vitrine. De quoi susciter l’intérêt des promeneurs et des habitants du coin.

« Artiste-voyageur, j’essaye de représenter les endroits où je vis », philosophie de vie qui permet à Charles Vergnolle de bien remplir son petit mais détonnant atelier. Originaire de Pondichéry, de Martinique et de Bordeaux, il a eu la chance de « pas mal bourlinguer » depuis sa naissance. Pourtant, en regardant les premières lignes de son CV, peu de personnes pourraient deviner le parcours qui suit.

Après avoir « un peu arrêté l’école en Troisième », Charles fait un IUT horticulture avant de s’orienter vers l’événementiel. De quoi devenir « multi-techniques » avant de se lancer en tant qu’étalagiste et de s’inscrire aux Beaux Arts du Havre.

Charles le bourlingueur

« Quand t’es en école, tu n’as pas forcément beaucoup de moyens donc soit t’investis avec tes propres sous, soit t’es assez bricoleur », Charles s’ouvre alors au recyclage. « Mes œuvres, la plupart du temps, sont fabriquées en carton, sur du bois… j’essaye de recycler un maximum » raconte-t-il. Cette vocation, il l’avait déjà enfant : « je voulais être inventeur mais je n’avais pas les moyens de mes ambitions ! Donc les déchets c’était mon moyen »

Le Parisien de naissance a alors l’occasion de beaucoup voyager autour du monde. Une belle opportunité pour rencontrer et s’enrichir culturellement et artistiquement, de quoi assouvir sa soif de paysages aussi. À la sortie des Beaux Arts, il organise sa première exposition : Ça cartonne dans une ressourcerie en 2009. « C’est là où j’ai découvert comment fabriquer des meubles en carton… c’était un peu le début de l’aventure ! ». Charles Vergnolle est alors lancé dans le monde de l’Art.

Mais les débuts dans l’art sont rarement prospères et le jeune homme découvre « un peu la cuisine » et s’aventure alors dans un CAP Cuisine ! De quoi pouvoir enchaîner des jobs de cuistot et de pizzaïolo en parallèle des prémices de sa carrière dans la peinture. Un « voyage initiatique » en Martinique où il s’improvise « paint journaliste » (journaliste de peinture) lors du mouvement social du 5 février 2009, un atelier en bord de Seine où il esquisse des projets tel que La Transilienne et quelques aventures à Bordeaux plus tard, Charles débarque à Morlaix en 2018.

Charles Vergnolle et ses tableaux
©Enaïm Platon

Charles le Morlaisien

Son projet de « monter un lieu » prend alors forme grâce à la maison qu’il dégote au 34 rue Basse. « Le but c’était d’avoir un atelier ouvert au public où les gens pouvaient venir pour travailler » explique-t-il. Le tout autour d’une idée : « raviver des matériaux ». « Je me suis dit qu’on allait raviver les matériaux et en faire des produits un peu nobles… des œuvres d’art ».

Et le succès est au rendez-vous, les liens que Charles avait commencé à tisser en amont de son aménagement à Morlaix via Facebook croissent continuellement, à tel point qu’il vit aujourd’hui pleinement de son activité artistique. Sa toile de contacts compte actuellement plus de 900 « amis » sur Facebook et plus de 200 suiveurs. De quoi tisser de beaux liens en plus de s’assurer une belle exposition.

L’artiste crée aussi du lien social par les cours qu’il donne à la Maison des jeunes et de la culture de Morlaix. Il en profite pour transmettre ses bons gestes et bonnes habitudes aux jeunes : « on fait beaucoup de truc en carton » souligne-t-il, « j’essaye de respecter les matériaux, d’en prendre qui sont de bonne qualité » et « essayer de travailler avec des locaux ».

Charles l’engagé

Toutes ces bonnes pratiques, on les constate dans son atelier : boîtes de conserve recyclées en tiroirs de rangement, tubes assemblés pour faire des tabourets ou des portes crayons, sacs de bananes pour transporter les tableaux des clients… Charles fait tout pour « vivre avec son temps ». Son engagement écologique va même plus loin puisqu’il aspire à faire de sa demeure « une maison autonome qui respecterait le patrimoine et qui serait moderne ». Un beau défi quand on connaît l’état des habitations et la réglementation administrative complexe qui règne dans le quartier Saint Mathieu.

Bien évidemment cette volonté de respecter la planète s’est retrouvée aussi dans sa fameuse maquette de la ville de Morlaix. « Quand on est arrivé ici, on avait plein de cartons et au lieu de les jeter on a fabriqué une maquette » dévoile Charles. Une attraction très appréciée des passants de la rue Basse et de son fils, « c’est un jeu-œuvre d’art ! ».

©Enaïm Platon

Charles Vergnolle s’engage de même actuellement pour la cause de la Culture. Il offre actuellement une exposition à ciel ouvert en haut de la rue du Mur où on retrouve une série de tableaux sur la « vie en pays de Morlaix alliant architecture inventive, patrimoine et humour ». Une façon de lutter contre la dramatique situation que vit le secteur depuis plusieurs mois !




KuB’tivez-vous ! Sélection de mai

Dans le cadre de notre partenariat avec KuB, le web média breton de la culture, nous vous proposons une nouvelle sélection à découvrir gratuitement sur leur site internet. Au programme ce mois-ci : Zéro déchet et marées noires !

De l’autre côté – Épisode 2 : Refuser, par Les autruches utopistes (2020)

Le deuxième épisode de la série documentaire cette association de production de l’audiovisuel et du numérique a été mis en ligne ce mois-ci. Cette fois, les Autruches utopistes mettent en lumière nos concitoyens qui sont particulièrement engagés dans la Réduction, le deuxième des « 5R » du Zéro déchet. Celui qui « a presque plus de poids que les autres » selon Jessica, animatrice et coordinatrice à la Galerie du Zéro déchet à Nantes (44).

Pour la Nantaise, il faut « se poser des questions » et « expérimenter » pour se lancer dans le Zéro déchet car il serait impossible de réussir en le faisant simplement pour suivre la mouvement. Et expérimenter, Simon le fait très bien à Tournon-d’Agenais (47) dans le cadre du projet TERA (Tous Ensemble vers un Revenu d’Autonomie). Son domaine lot-et-garonnais est remarquable : un grand potager et une serre lui permettent de cultiver fruits et légumes de saison, alors que ses deux ruches lui offrent de copieuses récoltes sucrées. Pour tous ces acteurs, Réduire c’est aussi le plaisir de s’adonner à une vie de rencontres avec les producteurs notamment mais aussi avec ceux qui partagent ce mode de vie.

Ce deuxième épisode est intégré à la page dédiée à la série. Il est présenté sous la forme d’une vidéo principale de 17 minutes enrichie de deux articles sur le « travailler moins » et le Zéro déchet en Slovénie, d’une bande dessinée explicative du low tech, d’un podcast audio Passer à l’acte collectivement et d’une sélection des photos de ce premier épisode.

Nous avons hâte de découvrir les trois prochains épisodes !

Accéder à la page : https://www.kubweb.media/page/autruches-utopistes-transition-ecologique-bascule-solution/?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=NL-10-05-2021-ZD2-Reduire.

Marées noires, fin de l’histoire ? Par Serge Steyer (2020 – 21’)

En novembre, KuB publiait sur son site l’exposition BD & Histoire « Bleu Pétrole. Le scandale Amoco »dont nous vous avions fait la chronique dans la sélection mensuelle. Ce mois-ci, Serge Steyer, toujours en coédition avec les Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, partage sur le web-média ce documentaire qu’il a réalisé.

En décembre 2020, l’éditorialiste et créateur de KuB s’est rendu dans le Nord-Ouest de la Bretagne, à Lannion (22), Portsall et Brest (29) à la rencontre de trois acteurs de la protection des littoraux. Sophie Bahé (directrice de Vigipol), Arnaud Guéna et Christophe Rousseau (ancien et actuel adjoints au directeur du Cedre) prennent la parole tour à tour.

Du « traumatisme pour les Bretons » de la marée noire de 1978 à la suite du naufrage du pétrolier libérien Amoco Cadiz sur les roches du Portsall le 16 mars à la réduction du « du nombre d’accidents de pétroliers de 90% », Serge Steyer dresse un état des lieux de la protection des littoraux à l’heure actuelle.

Ce qui en ressort est encourageant sur le plan de l’évolution de la réglementation de la navigation des pétroliers notamment. Mais celle des porte-conteneurs est problématique puisqu’ils ne cessent de grandir et de perdre des cargaisons en pleine mer… entre dix et vingt mille boîtes sont perdues chaque année ! Pire, les micro-déchets pullulent à un rythme affolant : dix millions de tonnes de plastique se retrouvent dans les océans tous les ans.

Ainsi, alors que le combat contre les marées noires progresse bien, un nouvel ennemi s’est manifesté et nous submerge… Plastiques, à quand la fin de l’histoire ?

Voir le documentaire : https://www.kubweb.media/page/mares-noires-amoco-solution-cedre-vigipol-archives-ile-et-vilaine/?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=NL-03-05-2021-Amoco

Nos 3 dernières sélections :

Avril : https://www.eco-bretons.info/kubtivez-vous-selection-davril/.

Mars : http://www.eco-bretons.info/kubtivez-vous-selection-de-mars-special-festival-pecheurs-du-monde/.

Février : http://www.eco-bretons.info/kubtivez-vous-selection-de-fevrier/.

Plus d’infos :




KuB’tivez-vous ! Sélection de mars – Spécial festival Pêcheurs du monde

Capture d’écran Women in fisheries : our stories, d’Alex Smalley (2020)

À l’occasion de la 13e édition du festival Pêcheurs du monde de Lorient, nous vous proposons ce mois-ci une sélection spécialement dédiée à l’évènement qui est actuellement organisé en ligne sur le site de notre partenaire KuB. Nous vous avons donc choisi 3 documents parmi les 22 films de la sélection officielle 2021. Ils sont tous à voir jusqu’au mardi 6 avril.

Fish & Men, de Darby Duffin et Adam Jones (2019 – 85’)

« Le poisson est pêché sur toute la planète, congelé à bord de chalutiers-usines, expédié en Chine, décongelé, transformé, re-congelé et on le renvoie chez nous dans les restaurants et les supermarchés… et personne n’en sait rien ». Rich, pêcheur à Gloucester, dresse ce terrible constat en introduction du film-enquête des deux producteurs américains Darby Duffin et Adam Jones. Les deux compères se plongent dans la « crise de la morue » et de la pêcherie en général aux États-Unis à travers l’étude du cas de la ville portuaire de Gloucester, dans le golfe du Maine, sur la côte Nord-Est du pays.

Dans le Massachusetts, la situation des femmes et hommes de la mer est critique : 5000 emplois et 830 bateaux ont été perdus depuis la fin des fastes années 1970. Mais pourquoi ? Surpêche, pêche industrielle, problème des prises accessoires (poissons rejetés directement à la mer bien que morts ou mourants), conflit pêcheurs-scientifiques et goûts simples et peu aventureux du consommateur sont les pistes mises en lumière dans ce documentaire.

Les deux enquêteurs rencontrent donc de nombreux hommes et femmes, acteurs ou observateurs de cette terrible crise pour en comprendre les enjeux et trouver des solutions. Au-delà du gros travail de terrain effectué, MM. Duffin et Jones reconstituent avec justesse l’histoire de la pêche à travers le prisme de Gloucester « le port de pêche emblématique » des États-Unis.

Le documentaire est conséquent mais parvient à constamment éveiller notre intérêt. Il met en lumière une facette des États-Unis qui fait rarement l’actualité dans nos médias. En bref, un film phare de ce festival Pêcheurs du monde.

Regarder ce film : https://www.kubweb.media/page/fish-and-men/.


Notre mer de déchets, de Anca Ulea et Morade Azzouz (2020 – 26’)

« Ce matin la chasse a été pas trop mal hein ! On a ramassé deux ballons, du polystyrène comme d’habitude, des bouts de plastique, des canettes… » résume l’un des bénévoles de l’association Opération mer propre qui œuvre ce jour-là sur la plage de la Brague à Antibes (Alpes-Maritimes). Malgré la lassitude et la tâche toujours aussi importante à laquelle il fait fasse, il continue de nettoyer avec conviction comme les fondateurs Joko Peltier et Laurent Lombard. Sur terre et dans l’eau, les deux hommes se sont donné pour mission « de retrouver la Méditerranée [qu’ils ont] connue 15-20 ans en arrière ».

Comme eux, ils sont nombreux à arpenter les côtes et les étendues turquoises de la mer la plus polluée d’Europe (chiffres Ifremer) pour la nettoyer. Les journalistes Anca Ulea et Morade Azzouz sont partis à leur rencontre, à Antibes, en Corse et à Grau-du-Roi, après le premier confinement de 2020. L’occasion de faire un point sur la situation critique de la pollution plastique dans cette zone. Aujourd’hui, 200 000 tonnes de plastiques sont déversées dans les eaux méditerranéennes chaque année. Et la conjoncture pourrait s’aggraver avec les « nouveaux déchets » liés à la crise sanitaire (masques, gants en latex…).

Mais ce documentaire n’a pas pour unique portée d’éveiller les consciences, il aspire aussi à donner espoir en montrant que des actions concrètes sont menées et qu’il est possible de faire partie de ce mouvement.

Voir ce documentaire : https://www.kubweb.media/page/notre-mer-de-dechets/.


Women in fisheries : our stories, d’Alex Smalley (2020 – 10’)

Dans le secteur de la pêche, la gente féminine est encore largement sous-représentée. Que ce soit au Royaume-Uni ou en France, les chiffres tournent autour de 30% de femmes engagées dans cette industrie. Mais un vent nouveau souffle sur la Grande-Bretagne où nous amène le réalisateur britannique Alex Smalley (université d’Exeter). Dans les Cornouailles, à Devon et à Pittenweem, il a rencontré, en 2020 après le premier confinement, quatre femmes qui sont aujourd’hui fières de leur réussite dans un domaine pour lequel certaines ne se destinaient même pas.

Kerensa, Emma, Sam et Elaine sont les quatre personnalités qui illuminent ce film de leur entrain et de leurs succès. Elaine s’épanouit pleinement en tant que marine-pêcheuse alors qu’à l’origine elle ne faisait que remplacer temporairement un compagnon de son mari. Elle dirige aujourd’hui son propre chalutier d’une main de maître. Aussi, Sam vit de son « rêve impossible » en étant aujourd’hui cheffe de l’autorité de conservation et des pêcheries côtières des Cornouailles, là où elle a grandi. Sur ces mêmes côtes, Kerensa prospère dans la négociation et la livraison de crustacés. Enfin, Emma s’enorgueillit des sept bateaux et de l’usine de transformation du poisson qu’elle dirige à travers ses deux sociétés dédiées aux crabes.

Ce court documentaire est d’une belle efficacité, authentique et porteur d’espoir. Il prouve l’importance des femmes dans l’industrie de la pêche en mettant en avant des profils variés et pertinents. De quoi changer certaines mentalités et pourquoi pas éveiller de nouvelles vocations.

Visionner ce documentaire : https://www.kubweb.media/page/women-fisheries-our-stories/.


Notre sélection de février : http://www.eco-bretons.info/kubtivez-vous-selection-de-fevrier/.

Notre sélection de janvier : https://www.eco-bretons.info/kubtivez-vous-selection-de-janvier/.

Notre sélection de décembre : https://www.eco-bretons.info/kubtivez-vous-selection-de-decembre/.