Cela fait 3,5 milliards d’années que les êtres vivants interagissent et modifient leur environnement. L’apparition de la photosynthèse chez les bactéries a permis la production d’oxygène et est à l’origine de la première crise du vivant. Toujours mouvantes, toujours en évolution, les espèces forment une tapisserie dans laquelle nous sommes tous liés les uns aux autres dans des écosystèmes.
Une vingtaine de crises biologiques plus tard l’histoire se répète et le cycle continue. En 1896, le scientifique Svante August Arrhenius constatait que les activités humaines émettant une grande part de CO2, influaient sur le climat. En 1950, il était prouvé que le changement climatique si rapide était bien le fait d’une espèce : l’Homme.
Ce changement climatique nous divise, nous angoisse, nous fragilise. Il nous met face à la complexité de notre monde et réinterroge notre rapport à la nature, au temps qui passe, à nos valeurs… et depuis 1896 : la procrastination !
« Nous émerveiller, apprendre, sentir, toucher et partager »
Or, si les trente prochaines années sont signe d’incertitude totale et peut-être d’extinction de notre espèce, elles sont aussi une formidable opportunité pour ré-habiter le monde, le réenchanter. Après avoir décrit « des paysages qui ne ressemblent à rien » et « des rayons de bêtes congelées », Dominique A chante « Rendez-nous la lumière, rendez-nous la beauté ». C’est en les rendant belles que nous préparons nos rivières, nos villes et nos campagnes au futur qui nous attend. Comment faire ? Nous émerveiller, apprendre, sentir, goûter, toucher, écouter et partager ce qui nous entoure. Non seulement la nature, mais aussi l’humanité, la diversité et pourquoi pas l’adversité. Sans jamais perdre une occasion de s’enrichir et de devenir quelqu’un de plus compréhensif.
Si chacun se préoccupe du capital économique qu’il laissera à ses enfants, préoccupons-nous collectivement du capital naturel et humain, fruit de milliards d’années d’évolution, qui restera après notre passage sur terre. Les décisions politiques et les choix de société des 30 prochaines années auront des conséquences sur les milliers d’années qui suivront. Alors soyons simples et créatifs. Inspirons-nous de la biodiversité pour trouver les clés de la transition : elles sont là, sous nos yeux. La tâche est rude mais terriblement enthousiasmante : rendons à la Terre sa beauté !
Une Plume Citoyenne de Anouck Bonjean, chargée de mission Biodiversité à Eau & Rivières de Bretagne.
Nous reproduisons ce texte éditorial du magazine spécial sur le changement climatique* de l’association Eau & Rivières, avec son aimable autorisation ainsi que celle de son auteure.
La magnifique image en Une a été créée par une jeune artiste brestoise, Charlène, alias « Chacha linogravure ». Il est possible de commander un exemplaire de ce tirage limité (24 X 32 cm) : https://www.eau-et-rivieres.org/magazine-194?fbclid=IwAR1iof7rk60aZQEEwRA1G3TyXndRy2kq17cIWgsWtGiZWm5XKAfKlAO4hIo
* « Rivières et climat : la beauté pour résister. Pour ce numéro 194, Eau & Rivières a décidé de traiter d’un thème central : le changement climatique. Au sommaire : une enquête sur l’adaptabilité des rivières aux bouleversements qui nous attendent, les impacts sur la faune et la flore, la gestion de l’eau potable dans les années à venir, le trait de côte en constante évolution, les villes à l’épreuve du changement climatique… »
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