Pour la première fois, j’ai participé à la « fresque du climat »

Pour la première fois, j’ai participé à la « fresque du climat »
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(Rediff) Jeudi 8 décembre, à Caurel (22), tout près du Lac du Guerlédan, une « fresque du climat » était organisée. Pendant trois heures, j’y ai participé, pour la première fois, en compagnie de 7 autres habitant.e.s. Retour sur un bel exercice d’intelligence collective, durant lequel on prend encore davantage conscience des enjeux liés au dérèglement climatique.

Par une froide soirée de décembre, le petit bourg de Caurel, près du lac de Guerlédan dans les Côtes-d’Armor, est bien calme. Le bar-restaurant, encore ouvert, laisse filtrer sa lumière dans la rue. En face, dans la petite salle des fêtes, on s’active aussi. C’est là que Quentin Soissons, ingénieur de formation, récemment installé dans la commune, anime ce soir une « fresque du climat ». Cet atelier, d’une durée de 3 heures, permet de comprendre l’essentiel des enjeux climatiques, en participant à un « jeu coopératif ». « La fresque a été lancée en 2016 par un prof de fac, qui voulait expliquer le changement climatique à ses élèves, grâce à des cartes à remettre dans l’ordre, des causes aux conséquences, tout en travaillant en intelligence collective », explique en préambule Quentin. Nous sommes huit ce soir là à vouloir découvrir et participer à cette fresque. Essentiellement des habitant.e.s de Caurel, venus en voisins, dont trois anglais. De tous âges, avec des parcours et activités différentes, plus ou moins sensibilisés à la cause climatique. « L’objectif, c’est de réunir des personnes de tout bord, de tous les milieux, de toute opinion », précise l’animateur. Ce soir on ne fera pas de politique, on s’intéressera avant tout aux faits.

Regroupé.e.s debout autour d’une table, nous attendons les consignes. Quentin distribue à chacun et chacune une première carte. Il y aura au total cinq « lots ». Toutes présentent des données et des faits issus des rapports du Giec. Le but est de remettre les cartes dans l’ordre, de les relier entre elle, pour comprendre les mécanismes à l’œuvre dans le dérèglement climatique.

C’est parti ! Chacun.e à notre tour, nous énonçons à voix haute le contenu de notre carte, et réfléchissons tous ensemble à l’endroit où la placer sur la table. Peu à peu, le schéma se dessine. L’ambiance est chaleureuse, tout le monde échange et argumente, afin de trouver rapidement la meilleure place pour chacune des cartes. Industries, utilisation des bâtiments, transport, déforestation…sont quelques unes des cartes faisant partie du premier lot. Arrive la série 3, avec des cartes telles que « forçage radiatif », « aérosols » ou encore « bilan énergétique »…un peu plus difficile cette fois ! Heureusement Quentin nous fournit des explications et nous guide si besoin. Si bien que nous arrivons à positionner les cartes assez facilement. C’est également l’occasion d’appendre beaucoup d’informations. Saviez-vous par exemple 80% de la déforestation provient de l’agriculture ? Que le méthane provient des vaches ? Moi qui pensait connaître assez bien le sujet, j’en ai encore appris !

Peu à peu, la fresque prend vie sous nos yeux. Les dernières cartes peuvent être posées. Et là on évoque maintenant les sécheresses, canicules, submersions, crues, incendies, baisse des rendements agricoles…mais aussi famines, conflits armés, et réfugiés climatiques. Le tableau n’est pas très réjouissant ! Nous nous munissons alors de feutres, afin de relier toutes les cartes formant la fresque entre elles. C’est l’heure du quart d’heure de créativité ! On voit alors bien l’enchaînement cause-conséquences, et comment les activités humaines ont un impact sur l’environnement…

Loin de nous laisser abattre, nous décidons de « débriefer » de cette expérience en compagnie d’un chocolat chaud dans le bar juste en face. Chacun.e notre tour, nous prenons la parole pour exprimer ce que nous ressentons. Colère, déprime, impuissance…semblent les principaux sentiments ressentis par le petit groupe. Mais pas question de repartir de l’atelier avec un sentiment d’échec. La prise de conscience est là, et maintenant, place à la réflexion et à aux envies d’actions. Quentin nous distribue alors des post-its, sur lesquels nous devons inscrire une idée d’action individuelle, et une idée d’action à faire en collectif. Poser des panneaux solaires sur le toit de sa maison, faire du troc, réduire ses déchets, installer des bacs potager dans la ville…sont autant de suggestions émises par mes collègues. Quant à moi, je me vois bien dès à présent acheter un vélo électrique pour les trajets du quotidien, et faire davantage de covoiturage, notamment quand je suis en reportage sur le terrain pour Eco-Bretons ! L’idée de voir se développer des forêts ou des exploitations agricoles en zones urbaines me séduit également. En attendant, je fais partie désormais des quelques 650 000 français.e.s ayant participé à une « fresque du climat ». Une expérience à fois ludique et sérieuse, qui permet de mieux comprendre les liens entre activités humaines et changement climatique, et qui nous fait entrevoir aussi ce qui pourrait se passer si nous n’agissons pas dès aujourd’hui.

 

Plus d’infos : https://fresqueduclimat.org/

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Marie-Emmanuelle Grignon