Portrait de femme numéro 12. Maryline Le Goff sème les graines de l’éco-construction et de l’autonomie à Questembert (56)

Portrait de femme numéro 12. Maryline Le Goff sème les graines de l’éco-construction et de l’autonomie à Questembert (56)
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(Rediff) Rencontre avec Maryline Le Goff, à Questembert dans le Morbihan. Autoconstructrice, Spécialiste de l’éco-construction, elle vit dans un « éco-lieu familial » avec son mari et ses deux filles, qu’elle a créé elle-même, avec jardin vivrier et maison bioclimatique. Elle est également conseillère en éco-habitat et formatrice professionnelle en « bois brûlé », technique très utilisée au Japon pour le bardage des habitations.

Questembert, 7400 habitants dans le Sud Est du Morbihan. C’est dans cette commune, à quelques pas de la Chapelle Sainte-Suzanne, que se sont installés Maryline Le Goff, son compagnon Franck et leurs deux petites filles. Depuis 2014, la famille habite ce que Maryline appelle un « écolieu familial ». « L’idée, c’était de se dire : si tout s’écroule, comment faire pour abriter une famille et la nourrir, avec peu de moyens », explique-t-elle. On y trouve donc une maison bioclimatique économe, en « matériaux bio-sourcés », accompagnée d’un jardin vivrier, « qui nous permet de réduire au maximum nos charges quotidiennes, on est aujourd’hui quasi-autonomes en légumes », souligne Maryline.

Le fruit d’un parcours qui a emmené la jeune femme des études de sociologie à l’éco-construction, et à l’auto-construction. « Après mon bac+6, j’ai travaillé en tant que chargée d’études dans la prospective territoriale, au sein d’une association. C’était un travail de bureau, d’analyse, de communication, de secrétariat », détaille-t-elle. Lorsque son emploi se termine, vient le temps du questionnement. « Je me suis demandée si je voulais continuer dans ce type d’activités ». Ayant pris conscience, de par son activité professionnelle de prospective, des perspectives en terme d’effondrement, de réchauffement climatique, à plus ou moins long terme, Maryline choisit alors de « pouvoir y faire face ».

Avec Franck, ils partent alors tous deux en quête d’un terrain dans le Morbihan, du côté de Theix, siège de l’association où celui-ci travaille alors. C’est à Questembert qu’ils trouveront la perle rare. Maryline y découvre notamment l’association La Marmite, très active dans le développement local, qui va l’épauler dans la « gestion de projets ». Le couple, choisit de vivre dans un mobil-home sur le terrain le temps de construire une maison bioclimatique. Elle sera auto-construite. Maryline se charge alors de la conception, épaulée par des professionnels. Elle part ainsi en stage au sein d’Echopaille, société coopérative spécialisée dans la construction…en paille mais c’est avec Déwi Le Béguec et l’association ECLAT de Nantes qu’elle découvre plusieurs techniques liées à ce type de construction et plus particulièrement une technique adaptée aux auto-constructeurs, avec « de toutes petites sections de bois ». C’est celle-ci qu’elle adoptera pour la construction de la maison, qui fait 99 mètres carrés de surface. « Elle contient pour les fondations 3mètres cubes de béton, tout le reste c’est du bois, de la paille, de la terre, un peu de vitres, un peu de gaines électriques. C’est une maison très économe, qui se chauffe globalement avec le soleil, qui nous fait consommer une stère à une stère et demi de bois par an. », s’enthousiasme-t-elle. Franck l’a rejointe sur la maison après avoir quitté son emploi, et s’occupe désormais du jardin, cultivé notamment grâce à des techniques issues de la permaculture, du maraîchage en sol vivant. «  On fonctionne avec nos deux poules, nos deux canards, notre compost, nos toilettes sèches, on fait nos conserves. On développe tout un savoir aujourd’hui qui nous permet de diminuer nos charges et de vivre finalement confortablement. C’est très rassurant, par rapport à ce qu’on vit actuellement », analyse Maryline, qui avoue néanmoins avoir dû franchir un cap, à savoir changer de niveau de vie. «Ça n’a pas toujours été simple, Ça a été un sacré changement, on a quitté notre vie avec nos deux salaires pour venir s’installer dans un mobil-home ». Le regard des proches a aussi été parfois compliqué à vivre. « Mais maintenant, ils voient que notre modèle marche, et que notre jardin est plein de légumes ! ».

Grâce à toutes les compétences acquises lors de l’élaboration et la mise en œuvre de son projet de maison, Maryline, passionnée par tout ce qui touche à l’habitat, a lancé son entreprise de conseils en éco-habitat. Elle a aussi eu l’occasion de découvrir le bois brûlé, une technique notamment utilisée au Japon pour le bardage des maisons, qu’elle a elle-même utilisée. Incitée par une amie, elle anime alors un premier stage sur le sujet. C’est la révélation. « Je me suis éclatée à faire ça. Alors pourquoi pas d’autres ! ». Elle organise désormais des ateliers-découvertes. « Je vais chez les gens qui ont un projet de bardage bois brûlé, ou alors je les accueille ici par groupe de six ». Certifiée Qualiopi depuis janvier, Maryline reçoit aussi les artisans, architectes ou entreprises voulant se former professionnellement. Les avantages du bois brûlé selon elle ? « Il permet de valoriser un bois qui va être tout simple, par exemple une planche brute. On part d’un matériau peu cher, et on va le traiter pour qu’il dure des décennies, sans entretien. » « On brûle le bois, sans énergie fossile, avec un tout petit brasier. On utilise la force du feu pour le traiter en surface et en profondeur », poursuit la jeune femme ». On obtient ainsi un bois résistant aux insectes, aux champignons, aux assauts de l’eau, du vent, des rayons UV, et qui est durci. Seul l’aspect esthétique peut changer avec le temps. ». C’est ce qu’elle a utilisé pour le bardage de sa maison, qu’elle a réalisé avec l’aide de sa mère. Grâce à son entreprise, ses formations, mais aussi l’association qu’elle est en train de créer, elle souhaite semer à son tour auprès d’autres citoyens et citoyennes les graines d’une plus grande autonomie sur son lieu de vie et dans son quotidien.

Les prochaines dates de ses formations sont à retrouver sur son site internet : https://www.ideedoasis.org/

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Marie-Emmanuelle Grignon