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Le Train du Climat arrive en Bretagne

Parti de Paris le 6 octobre, le Train du Climat achèvera son périple le 25 octobre en gare de Nancy, après avoir fait escale dans 19 villes françaises. A son bord, une exposition, et une quarantaine de scientifiques (baptisés « les messagers du climat »), par équipage de 12, qui partageront leurs connaissances et échangeront sur les questions liées au réchauffement climatique avec le grand public. Après Nantes le samedi 17 octobre, c’est à Brest (le 18) et Saint-Malo (le 19) qu’il fera halte en gare.

Au programme, à Brest, le 18 octobre : visite de l’exposition et mini-conférences autour du changement climatique et du milieu marin. Ainsi, le public pourra retrouver par exemple Nicolas Pouvreau, du service hydrographique et océanographique de la Marine, qui évoquera l’élévation du niveau de la mer à Brest depuis 300 ans à partir des observations marégraphiques. Ou encore Olivier Ragueneau, de l’Institut Européen de la Mer- Université de Bretagne Occidentale, qui expliquera en quoi consiste « la dette climatique ». Des temps d’échange sur la fonte des banquises, sur l’acidification des océans, ou des courants marins, sont également prévus, ainsi qu’un « Village du climat » et une exposition photos.

Le lendemain à Saint-Malo, une autre série de mini-conférences à bord du train est organisée. Elles porteront sur le climat et son évolution dans le golfe de Saint-Malo avec Franck Baraer de Meteo France Rennes, ou sur les impacts du changement climatique dans l’agriculture avec Philippe Merot de l’Insa Rennes. A noter également, une conférence de Valerie Masson-Delmotte, paléoclimatologue, membre du Giec, qui aura lieu le soir, à 18h30, autour des enjeux de la Cop 21. De quoi se mettre sur de bon rails en attendant décembre !

 

Plus d’infos

http://messagersduclimat.com/




Tout juste débarquée sur le sol sud-américain et déjà un rendez-vous au Sommet…Des Peuples !

Je ne pouvais rêver mieux pour amorcer mon exploration d’initiatives citoyennes!

Contrairement aux officiels qui débattent dans leur tour de verre, la Cumbre de los Pueblos aime le plein air; Elle a pris ses quartiers au sein du parc des expositions, superbe lieu initialement crée pour accueillir l’exposition universelle de 1872. Dans une ambiance bon-enfant festivalière mais pas moins chargée de matière grise, s’enchainent 4 jours durant conférences-débats autour du partage d’expériences positives, concerts de musique trad’ engagée et présentation des trésors naturels, parfois comestibles dont recèle tout le continent!

 

Les femmes à l’honneur au contre-sommet

 

 

Rituel à la Pacha Mama

 

 

Rappelons que les bouleversements climatiques impactent en 1er lieu les pays du Sud et les populations paysannes. Et que la COP 20 a pour but de préparer l’élaboration du 1er accord mondial engageant pays industrialisés et pays en développement dans une action commune contre le réchauffement climatique.

 

Groupements citoyens en tous genres, leaders, représentants des communautés andines et amazoniennes, confédérations paysannes, syndicats des travailleurs miniers, ONG environnementales… Une foisonnante diversité de mouvements sociaux est venue des 4 coins du monde pour faire entendre sa voix dans un seul et même élan de fraternité. Pendant que les “grands patrons” de la gouvernance mondiale planchent sur la rédaction d’un brouillon d’accord non contraignant qui devra être signé à Paris en décembre 2015 (la très attendue COP21), la société civile s’active pour présenter des formes de développement qui respectent les limites et capacités régénératrices de la Terre Mère.

 

Confédération Paysanne du Pérou

 

                                                                                                        Syndicat de travailleurs miniers

 

 

Association Régionale des Peuples de la Selva Centrale

 

 

L’urgence d’agir sur les causes structurelles du changement climatique en reconsidérant les modèles de production et de développement était au centre de toutes les discussions menées par des groupes de travail participatifs.

 

Non, la société civile n’en est pas à sa 1ère tentative de faire pression sur les décideurs pour construire un projet politique universel basé sur la justice environnementale, la reconnaissance de la dette écologique, la lutte contre la marchandisation de la nature et des fonctions vitales de l’homme (avec en tête, l’eau et l’alimentation).

 

Oui, le palpitant et génant sujet des gaz à effet de serre a déjà été retourné dans tous les sens ces dernières décennies (voir encadré ci-dessous) … Seulement, rien ne nous dit que 8 États d’Amérique Latine (Colombie, Costa Rica, Équateur, Pérou, Argentine, Chili, Guatemala et Mexique) se seraient engagés à replanter 20 millions d’hectares de forêts et de terres agricoles dégradées – afin de recréer des puits de carbone naturels et ainsi lutter contre le réchauffement – lors de la conférence s’il n’y avait pas eu un brin de mobilisation citoyenne pour encourager le processus à voir le jour.

Oui sur certains points, il y a des avancées mais que faire à notre échelle quand les grandes lignes étatiques ne vont pas dans le sens du peuple, ce qui est quand même souvent le cas?

 

Quels leviers d’action pour le peuple quand la gouvernance n’est pas établie par et pour lui?

 

Les mouvements sociaux se sont forcément métamorphosés en traversant les époques: de la révolte spontanée (d’esclaves ou d’ouvriers) au processus d’institutionnalisation qu’on connait aujourd’hui, on ne peut nier l’intérêt de voir les organisations de la société civile intervenir sur la scène des négociations internationales.

Mais quel est l’impact réel des mouvements sociaux sur les décisions politiques? Ne sont-ils qu’un pion de plus sur l’échiquier dans le jeu des négociations? Leur accorde-t-on une place pour mieux les contrôler? Je m’interroge…

 

Et si le vrai contre-pouvoir, ce n’était plus de chercher à le faire tomber mais de construire en parallèle,au quotidien, conformément à ses convictions?

 

Sur les points non négociables- et il y en a!-, l’acte de désobéissance civile me semble la réponse la plus pertinente.

La Boétie avait 18 ans quand il a rédigé en 1549 son “Discours de la servitude volontaire”: “Dès l’instant qu’un peuple cesse de coopérer, l’État perd son pouvoir”.

Les mêmes notions de résistance à une autorité ou une loi illégitime seront reprises 300 ans plus tard par David Henry Thoreau dans son essai “Résistance au gouvernement civil”(renommé par la suite “la désobéissance civile”) qui inspirera notamment Gandhi et Luther King dans leur lutte pour la défense des droits civiques. Thoreau est également considéré comme un pionnier de l’écologie: il a publié en 1843 “Le Paradis à (re)conquérir” dans lequel il passe en revue les sources d’énergie possibles et renouvelables (provenant des vagues, du soleil ou du vent…).

 

Les solutions existent mais l’autorité établie rechigne à les mettre en oeuvre, alors que faire?

Que faire quand ce n’est pas une loi qui entrave notre bien-être mais plutôt l’absence de régulation et l’abandon de poste de nos gouvernants pris dans l’engrenage de la toute-puissante loi du marché?

 

Dans “Change The World Without Taking Power” (paru en anglais en 2002), le sociologue John Holloway a mis en évidence que chacun pouvait changer le monde par des actes de résistance ancrés dans le quotidien. Il appelle ça le pouvoir-action.

Cette mission incomberait aux personnes qui veulent
s’impliquer à localement pendant que les organisations de la société civile exercent leur mission de plaidoyer dans la sphère des relations internationales, dans ce village planétaire où le pouvoir consiste désormais “en la capacité à diffuser et faire adhérer à des idées” (“Contre-pouvoirs, de la société d’autorité à la démocratie d’influence”, Ludovic François et François-Bernard Huyghe, 2009).

 

Ce qui m’intéresse dans cette double réalité, ce sont les gens qui n’attendent pas qu’on leur dise quoi faire, qui n’attendront jamais que les gouvernements se bougent pour impulser le changement qu’ils veulent voir dans leur sphère d’influence. Qui les aime les suivent…Ya voy (j’arrive)!

 

En ce 10 décembre 2014, au beau milieu de la grande marche des peuples pour le climat, point de convergence de 10 000 citoyens, je me fonds dans la foule et fusionne avec la folle énergie de l’émulation collective. Et je finis par chasser mes doutes et infinies questions pour me laisser porter par ces forces vives, citoyennes, qui dans leur réalité quotidienne, font émerger les VRAIES solutions!

 

Marche des peuples : Mouvement citoyen face au changement climatique

 

 

                                                                                                                   Mouvement des sans-terres.

 

 

Ashaninkas, peuple de l’Amazonie péruvienne

 

 

La marchepasse devant la cour de justice avec une banderole réclamant vie et souveraineté

 

 

 

 

Rassemblements politiques sur le thème du climat:

50 ans de rendez-vous ratés ou l’art de prendre des accords inopérants.

 

Comment est née l’idée de réunir 195 états pour parler de la pluie et du beau temps ou plutôt de leurs causes et conséquences?

 

– Les 1ères prévisions officielles de réchauffement planétaire dateraient de 1967.

Deux scientifiques prévoyaient le doublement de la concentration de CO2 d’ici le début du 21ème siècle ainsi qu’ une élévation de la température moyenne de 2,5°.

 

– L’environnement devient une “priorité mondiale” lors de la Conférence de Stockholm en 1972 (1ère rencontre entre les dirigeants mondiaux, connue sous le nom de Sommet de la Terre et qui aura ensuite lieu tous les 10 ans). Les États y dressent le 1er plan d’action- simplement déclaratoire- de l’histoire en matière d’environnement. L’année 72 marque donc le début des politiques publiques concernant le développement durable et l’énergie.

 

– 20 ans plus tard, la Conférence de Rio donne lieu au 1er texte international relatif au changement climatique, la Convention sur le climat. Elle contient l’Agenda 21, un programme d’actions sous formes de recommandations. Cette conférence conduit également à la création d’un rendez-vous annuel, la Conférence des Parties à la Convention sur le Climat (COP en anglais).

 

– Le Protocole de Kyoto en 97 (qui entre en vigueur seulement 8 ans plus tard) marque une étape: Il fixe des objectifs avec délais pour que les États réduisent leurs émission de gaz à effets de serre.

S’il s’agit du seul traité juridiquement contraignant à ce jour, dans les faits, l’accord est trop flou pour avoir le moindre effet légal.

Le protocole n’a toujours pas été ratifié par les USA faute d’acceptation par le sénat républicain.

Et la Chine en tant que pays en développement ne s’est pas vu imposer d’objectifs chiffrés.

 

– En décembre 2009, durant la Conférence de Copenhague (COP n°15), de nombreux blocages politiques enrayent la dynamique des négociations climatiques. Kyoto avait fixé des objectifs jusqu’en 2020, Copenhague devait prévoir la suite…Pays développés et en voie de développement se renvoient la responsabilité…et on aboutit à un accord à minima non contraignant visant à réduire de moitié les GES en 2050 par rapport à 1990.Il s’agit donc d’un nouvel échec même si l’on peut saluer la mise en place du fonds vert, un instrument financier destiné à dégager 100 milliards d’euros par an à partir de 2020 pour financer l’adaptation des pays en développement aux conséquences du changement climatique.

 

– Les Accords de Durban en 2011 visent l’adoption d’un accord universel en 2015 (nouveau délai de 4 ans!). Est alors lancé un processus de travail ayant pour objectif de définir un nouveau protocole ayant force de loi dont l’adoption en 2015 devrait en permettre la mise en œuvre dès 2020.

 

– COP n°19 à Varsovie en 2013: Le processus onusien imposant l’unanimité des 196 parties pour l’adoption d’un accord, les membres de la CCNUCC (Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques issue de la Conférence de Rio) retiennent une approche dite «  bottom-up  » (du bas vers le haut), permettant de fixer un niveau d’ambition minimal en laissant les pays quantifier eux-mêmes leurs objectifs nationaux.

Les pays pauvres et émergents vont disposer d’un délai pour atteindre leur pic d’émission avant de les réduire eux-aussi. C’est le cas de la Chine, qui prévoit d’atteindre son pic d’émission entre 2020 et 2025!

 

– En 2012, le Sommet de la Terre dit « Rio + 20 » permet de dresser le constat suivant: Sur 90 objectifs dits prioritaires en 1992, seulement 4 ont connu des progrès significatifs. En outre, l’objectif de réduction des émissions de gaz carbonique n’a pas connu de progrès et ceux-ci devraient doubler d’ici 2050.

 

– La prolongation du protocole de Kyoto a été actée lors de la Conférence de Doha en décembre 2012. Le Japon, la Russie et le Canada ont refusé de poursuivre leurs efforts de réduction dans un cadre ne s’appliquant pas à la Chine et aux États-Unis.

 

– La COP 20 de Lima (2014) se contente de mettre au 1er plan la nécessité d’efforts supplémentaires pour parvenir aux objectifs de maintien d
u réchauffement climatique sous la barre des 2 °C d’ici à 2100.

 

Manque de volonté politique et mutation de la “carte des polleurs”

En 1997, les pays en développement, non concernés par le protocole, comptaient pour moins d’un quart des émissions de CO2.

Aujourd’hui, ils sont à l’origine de plus de la moitié de ces rejets, la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud faisant la course en tête. Si ces pays ont admis qu’ils devaient s’engager, ils refusent néanmoins de fournir plus d’efforts que les Etats-Unis.

Les Etats-Unis, plus gros pollueur au monde, ont toujours refusé de signer des objectifs de réduction chiffrés et de montrer l’exemple. Et Barack Obama, qui a les mains liées par une chambre des représentants à majorité républicaine, ne se montre pas plus entreprenant sur ce dossier.

« On assiste à un retour des intérêts nationaux court-termistes, exacerbés par la crise économique des pays développés et le besoin de financement des pays en développement »( source: Réseau Action Climat).

 

Le 12 novembre 2014, les USA et la Chine (les 2 plus gros émetteurs de CO2 dans le monde), affichent la volonté d’un accord contenant des objectifs mais se gardent encore une fois de signer quoi que ce soit de contraignant…Xi Jinping a simplement annoncé qu’il stabiliserait les émissions chinoises à partir de 2030…

 

Grosse pression pour la cop 21!

La 21è Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques qui se déroulera au Bourget entre le 30 novembre et le 11 décembre prochains est censée aboutir à un texte contraignant applicable à compter de 2020.

 

Les débats tourneront autour des objectifs suivants:

Maintenir le dérèglement climatique en deçà de 2°C d’ici la fin du siècle. Or le 5è rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) indique que si les émissions se poursuivent au rythme actuel, la hausse des températures sera plutôt de 4,8°C!

L’autre mission du sommet sera de recueillir les promesses de dons pour remplir les caisses du fonds vert…

 

Les nouveaux amis du climat!

“Tout va bien”, dixit le patron d’Engie (ex GDF-Suez), un des nombreux sponsors privés de la COP21, qui prédit que la conférence sera un succès!

 

Tout va bien, vraiment? Notons quand même que seuls 4 % de la production d’énergie du groupe sont issus de sources renouvelables. Le reste provient du gaz, du charbon – qui émet 30 % de plus de CO2 que le gaz naturel –, du nucléaire et des grands barrages, érigés notamment en Amazonie brésilienne avec des impacts sociaux et environnementaux délirants!

 

SOMOS UN RIO, NO SOLO GOTAS”

Nous sommes une rivière, pas seulement des gouttes d’eau…

 

Pour de multiples raisons*, je m’en vais donc miser sur le beau qui se construit et se protège vraiment et MAINTENANT!

 

*parce que je ne compte pas trop sur les rassemblements politiques et leurs répétitifs effets d’annonce inopérants,

ni sur toute autre amélioration prochaine pleinement consentie par les détenteurs du pouvoir,

parce que j’ai plutôt l’impression qu’ils cesseront d’agir comme les rois du monde quand ils n’auront plus le choix, quand par la force des choses, ils devront se soumettre aux irrépressibles lois de la nature,

parce que je ne veux pas finir blasée, tout simplement!

 




À Notre-Dame-des-Landes, mille et un projets pour inventer un autre monde

Il fait frais et humide en Loire-Atlantique, ce lundi soir de novembre. Aux Fosses noires, l’un des lieux-dits de la vaste zone à défendre (Zad) de Notre-Dame-des-Landes, la distribution de pain vient de commencer. Dans une petite pièce très animée, occupants de la Zad mais aussi sympathisants et voisins des villages alentours viennent récupérer les miches dont ils ont besoin. « Chacun met ce qu’il veut, ou ce qu’il peut dans la caisse, précise Sophie, l’une des trois boulangères. Les prix sont libres. Seuls les prix de revient sont indiqués. »

« Nous ne souhaitons pas entrer dans le circuit de production classique, explique Noé, engagé dans divers projets de production agricole. Ce que l’on produit sur la Zad est mis à disposition des gens du coin, qui se servent et donnent de l’argent s’ils peuvent. Il est pour nous simplement inconcevable de relier le droit fondamental de manger au fait d’avoir, ou non, de l’argent. » Ici, on n’imagine pas seulement la sortie des logiques économiques marchandes, on la vit.

Installé aux Fosses noires suite aux expulsions de novembre 2012, au cours desquelles la boulangerie de la Zad avait été totalement détruite, le fournil tourne trois fois par semaine pour produire environ 180 kg de pain. Une partie de la farine vient du blé et du sarrasin cultivé et moulé sur la zone. « Le pain, c’est vraiment une base alimentaire, souligne Sophie. C’est un bon moyen d’être autonome, en plus d’être une activité qui passionne beaucoup de gens. »

C’est aussi une façon d’être solidaires : une vingtaine de kilos partent chaque semaine des Fosses noires vers un squat de migrants situé à Nantes. Une autre partie de la production est déposée au « non-marché », qui se tient le vendredi soir à la Gourbi, autre lieu-dit de la Zad. On y trouve des légumes, des produits laitiers et des plantes médicinales à prix libre. « Toutes ces productions sont bénévoles, et collectives, décrit Noé. L’argent est mis en commun et repartagé. » Une partie de l’argent sert en ce moment la création d’une boulangerie à Calais, en soutien aux migrants.

« Ici, tu peux te planter, ce n’est pas grave, tu n’es pas tout seul »

De 100 à 300 personnes occupent la zone d’aménagement différé du projet d’aéroport, rebaptisée Zad, qui s’étend sur 1200 hectares agricoles [1]. 400 de ces hectares sont cultivés par huit paysans résistants, qui ont refusé de partir contre le versement d’indemnités d’éviction [2]. Et sur les 800 hectares qui appartiennent à Aéroports du Grand Ouest-Vinci, 220 sont squattés.

On y cultive des légumes et du blé, on y fait paître des vaches, et on se lance dans beaucoup d’autres projets. Production de pâtes, brassage de bière, essai de traction animale, fabrication de spiruline… « Ici on peut tout essayer, décrit Judith. Les coûts sont assumés collectivement. Parfois, des projets avortent, d’autres se renforcent. Mais ce qui est extraordinaire, c’est qu’ici, tu peux te planter, ce n’est pas grave, tu n’es pas tout seul. » A la ferme de Bellevue, située à l’Ouest de la Zad et occupée depuis trois ans, divers projets se croisent et se rencontrent : atelier couture, boulangerie, épicerie, friperie, petite usine de réparation agricole, etc.

 

« Chaque occupant peut faire partie de différents groupes, précise Judith qui s’implique dans les groupes « vaches » et « mécanique ». Les groupes ont des liens entre eux : celui qui s’occupe des vaches est lié à celui qui s’occupe du maraichage pour récupérer le fumier (qui sert d’engrais, ndlr). » Au cœur de ces divers projets, de solides liens se sont noués entre les occupants et certains paysans du coin. « Les vieilles machines agricoles utilisées pour protéger les lieux occupés en novembre 2012 ont été bricolées, réparées et remises en route, explique Noé, qui fait partie du collectif installé à l’Est de la Zad, à Saint-Jean-du-Tertre. Pour la première fois cette année, on a prêté ce matos réhabilité aux paysans voisins, qui étaient en galère avec le leur. Ça nous a fait vraiment plaisir. Parce que ça a longtemps été l’inverse. »

 
« L’agriculture, c’est un moyen de résister au projet d’aéroport »

Quand les bulldozers ont débarqué, à l’automne 2012, ils ont démoli les jardins, avant de s’attaquer aux cabanes et aux maisons. « Ça a été difficile, après, de retrouver la confiance de mettre les mains dans la terre », dit Léonie qui s’est finalement relancée dans la culture des plantes médicinales. « Les fermes expulsées et démolies ont rendu nécessaire la protection de celles qui étaient encore debout », se remémore Jean-Luc, paysan à Vigneux, à quelques kilomètres au Sud de la Zad. « C’était une aventure qui prenait aux tripes, motivée par l’envie d’aider des jeunes qui veulent s’installer dans la durée. »

Désormais, les coups de main sont réciproques. Jean-Luc continue de venir régulièrement sur la zone avec un tracteur et des outils, et les habitants de la Zad viennent chez lui faire des chantiers collectifs. « Ce qui ce passe sur la Zad est pour moi un aboutissement, explique t-il. D’habitude on pousse les gens à la productivité et ils se retrouvent vachement isolés dans leur ferme. Là c’est différent, il n’y a pas de contrainte sur les rendements, l’important c’est de faire ensemble car on est plus forts. »

« L’agriculture, c’est un moyen de résister au projet, avance Noé. Nous occupons le terrain et nous avons de quoi assurer le ravitaillement des luttes, ce qui est un point crucial pour qu’elles puissent durer. Mais il n’y a pas que cela. Pour nous, il est impossible de transformer le monde sans prendre en compte la production. A nous de la rendre désirable. » Ce qui séduit nombre d’occupants avec l’agriculture, c’est l’aspect polytechnique : pour pratiquer l’agriculture, il faut se frotter au travail de la terre, à l’incertitude du climat mais aussi à la conservation de semences et à la mécanique.

« On se réapproprie des savoir-faire, résume Noé. C’est fondamental ». Outils et moments collectifs de plantation sont partagés au sein de l’assemblée « Sème ta zad », créée au printemps 2013. « Sème ta zad, c’est aussi un espace d’organisation politique, insiste Greg. Prendre la parole en assemblée, c’est un savoir-faire qu’il faut absolument transmettre. »

 

 

Un espace politique mais aussi un lieu de vie

Dans les différents lieux d’occupation, on n’aime pas trop le terme de « zadiste ». « Je ne sais pas ce que c’est, lance même un occupant qui vit sur place depuis quatre ans. Nous sommes divers, et heureux d’apprendre à respecter cette diversité. » Depuis les expulsions de 2012, le profil des occupants semble moins homogène. « Avant, la plupart des occupants venaient du milieu des squats, avec la même culture politique, retrace Camille. Tout le monde était d’accord sur la façon de s’exprimer, et nous étions tous ok pour parler pendant cinq heures d’un problème avant d’arriver à un consensus. Après 2013, il y a eu ce qu’on appelle ici “le printemps des embrouilles” avec beaucoup de conflits d’usage. »

La priorité était-elle de tenir les barricades ? De discuter ? De produire ? De vivre simplement sur place ? « Nous avons énormément discuté de comment nous pourrions vivre ensemble. Chacun a fait l’effort de s’ouvrir à la culture de l’autre. Certains se sont mis à venir aux réunions, d’autres ont accepté l’idée que si nous choisissons de tout résoudre en parlant, nous excluons certaines personnes. »

 

 

« Pour créer du lien, et désamorcer les tensions, nous faisons ensemble : nous montons des murs, nous tirons des câbles, nous creusons des trous et petit à petit les gens se rencontrent. Il y a une démultiplication des moments où nous pouvons nous rencontrer, peu importe quand : dans un mois, dans six mois, nous ne sommes pas pressés. » Chaque niveau d’organisation est un espace de discussion et de débats : les lieux d’habitations, les groupes de travail, les assemblées autour des actions à mener. « Ce mélange-là dessine une forme de démocratie directe qui n’a pas besoin de votes », constate Noé.

« Nous ne pensons pas être un modèle, complètent Camille et Léonie. Mais il y a ici un espace pour venir poser des questions, interroger nos modes de vie, se réapproprier le quotidien. » « Et nous ne sommes pas seuleme
nt un espace d’organisation politique »,
ajoute Camille. La zone d’activité à défendre (ZAD, ndlr) est devenue un espace de vie à part entière, où s’organisent banquets, concerts, jeux, fêtes d’anniversaire, soirées dansantes… et même « de mémorables tournois de belote » !

L’amorce d’une réflexion collective sur l’avenir des terres

La résistance face à l’intervention policière de l’automne 2012, et le vaste mouvement de solidarité qui a suivi ont renforcé les liens entre les occupants et les autres acteurs de la lutte. « Au départ, on a ici des gens réunis autour d’une pure négativité, retrace Noé : le refus de la construction d’un aéroport. Au moment de l’opération César, chacun a dû s’extirper de son identité politique pour lutter avec les autres. Notre vraie victoire a été l’ouverture d’un nouvel espace de discussion. Ce qui nous lie aujourd’hui, ce n’est pas tant l’opposition à l’aéroport que la positivité de ce que l’on vit. C’est ainsi qu’est arrivé le processus sur l’avenir des terres. »

Occupants, résistants et agriculteurs installés se sont interrogés collectivement sur ce qu’ils voulaient pour la ZAD, une fois le projet d’aéroport abandonné. Si l’aéroport ne se fait pas, 800 hectares seront à redistribuer, en plus des 400 hectares appartenant aux paysans historiques qui ont refusé de négocier. Il y a un consensus sur la zone pour qu’ils puissent continuer de faire ce qu’ils ont toujours fait. « Nous nous sommes mis d’accord sur le fait qu’il faut favoriser l’installation et pas l’agrandissement. Et aussi sur le fait que l’on veut pouvoir rester tous ici, avec nos diversités. Ceux qui veulent s’installer “dans les clous” pourront le faire. Ceux qui veulent continuer à être hors cadre pourront aussi rester. C’est inédit ! » « Notre diversité peut compliquer la vie, mais c’est notre force et notre richesse, nous tenons à la conserver », appuient Sylvie et Marcel Thébault, paysans sur la zone depuis 1999.

« Nous sommes prêts à y laisser notre peau pour défendre tout ce que l’on a construit »

« Nous avons le sentiment d’être pris dans l’histoire et dans l’avenir, glisse Greg. Quand et où pourra-t-on avoir l’occasion de communautariser 800 hectares ? On sait aussi que l’on éprouve une autre sorte de vie, et que c’est sans doute inadmissible pour un État. » Sur la ZAD, certains occupants mettent toute leur énergie à préparer la lutte contre les expulsions. D’autres pas du tout. « Mais on prépare tout, tous ensemble, précise Camille. Des recours juridiques aux tranchées, en passant par la construction d’un réseau de solidarité nationale : tout ça, c’est la même lutte. Notre force vient de la multiplicité de nos façons de nous défendre. Et la force qu’on a ici est plus puissante qu’en 2012. »

 

Au début de ce mois de décembre, AGO (Aéroport du Grand Ouest) / Vinci a demandé l’expulsion immédiate de quatre exploitations agricoles et de onze familles, sous peine d’astreinte de 200 euros par jour, « si besoin, avec le concours de la force publique, la saisie et séquestration des biens, outils de travail et cheptel ». Sous la pression des opposants et de leur avocat, qui a mis en avant l’inhumanité de la demande quelques jours avant Noël, Vinci a finalement renoncé.

Mais leur avocat a annoncé que AGO/Vinci relancera les procédures en janvier. Bruno Retailleau (parti Les Républicains), le futur président de la région Pays de la Loire a redit au soir de son élection, le 13 décembre, combien l’évacuation de la ZAD était pour lui « une question prioritaire ». Une dizaine d’hôtels de l’agglomération nantaise et du pays de Retz auraient par ailleurs été réservés par la gendarmerie pour janvier.

« Très bien, on les attend », dit l’un des locataires qui risque l’expulsion. « Ce que nous défendons ici, c’est une forme de vie, nous ne sommes pas dans la revendication abstraite, précisent Greg et Noé. Nous avons mis ici toute notre énergie, toute notre affectivité. Et tout ce que nous avons construit là, nous sommes prêts à y laisser notre peau pour le défendre, et ce n’est pas une figure de style. » « Quand ils sont venus en 2012, ils s’attendaient à ce que l’on se résigne, termine Camille. Mais nous, nous ne nous résignons pas. »

 

- Photo de une : Maison en bois à Notre-Dame-des-Landes, le 23 novembre 2013, dans le cadre du projet « Arboretum » (chantier collectif de plantations d’arbres) Source.
- Photos de chantier collectif : source ici et
- Autres photos : Nolwenn Weiler, novembre 2015.

 

Voir l’article sur le site de Basta! Mag : http://www.bastamag.net/A-Notre-Dame-des-Landes-mille-et-un-projets-pour-inventer-un-autre-monde

 




COP 21 : un jalon dans l’histoire !

Une chose, par contre, est certaine : cette conférence a suscité une attention sans aucune commune mesure avec toutes celles qui l’ont précédée et nous avons de bonnes raisons de penser qu’elle restera dans l’histoire comme un jalon dans le lent processus d’éveil d’une conscience écologique planétaire.

Jamais, depuis le premier sommet de ce genre organisé par l’O.N.U à Stockholm en 1972, les préoccupations des opinions publiques, ne se seront autant exprimées. Ce fut vrai sur tous les continents et c’est évidemment là une bonne nouvelle, car, comment imaginer que l’on puisse sauvegarder la « maison commune », sans l’accord et l’étroite coopération de tous ceux qui l’habitent ?

Cette évolution, on la doit bien sûr à la communauté scientifique internationale, aux hommes politiques les plus lucides, aux médias encore libres mais on la doit aussi à la mobilisation de multiples associations et réseaux communautaires. Des plus modestes structures locales aux grandes O.N.G ayant « pignon sur rue », elles se sont fortement impliquées pour contrebattre l’indifférence, la résignation et les dénis qui perdurent mais aussi – car on ne gagnera pas en exacerbant les peurs – pour donner, preuves à l’appui, de l’espoir en la transition qui se cherche…

Sans elles, le précepte « penser global, agir local » 1 que l’on doit à Jacques Ellul, n’a aucune chance d’être mis en œuvre alors qu’il révèle un peu plus chaque jour sa pertinence.

Ce sont là des considérations qu’il nous faut avoir bien présentes à l’esprit si nous tenons à contrer l’idée selon laquelle, comme d’aucuns cherchent à le faire croire, les démocraties vont vraiment s’avérer trop faibles pour faire face aux défis du futur !

À chacun d’imaginer de quelle régression nous serions les témoins – et surtout les victimes – si une telle hypothèse venait à se confirmer…

C’est donc à tous les hommes et à toutes les femmes conscients de leurs devoirs d’apporter leur contribution au renforcement des associations sensibles à ces questions de telle sorte qu’elles puissent poursuivre et amplifier leurs missions. Des missions qui relèvent de formes d’éducation populaire adaptées aux problématiques du XXIe siècle du fait, en particulier, des difficultés que pose la bonne maîtrise de toutes les avancées de la techno-science…

Tel le « levain dans la pâte », elles pourront alors, encore et encore, faire progresser cette conscience écologique planétaire dont nous percevons un peu plus chaque jour la nécessité. Elle s’avère, en effet, indispensable pour fonder une civilisation plus fraternelle et qui saura même étendre son sens de la solidarité… à l’ensemble du vivant.

 

Jean-Claude Pierre

Responsable associatif

1 formule reprise par René Dubos lors du premier sommet sur l’environnement en 1972.




Produits bios, librairie, brasserie, théâtre : ébullition d’alternatives en milieu rural grâce à « La Marmite »

Sortir du cadre habituel, être innovants. De l’apiculture à la permaculture, en passant par le paysan brasseur, le cidrier, ou les fermes pédagogiques, l’association La Marmite, basée dans le Morbihan, accompagne les porteurs de projets en milieu rural. « Notre aide n’est ni technique ni financière mais méthodologique, sous le prisme de l’économie sociale et solidaire, et dans le respect de l’humain et de l’environnement », explique Jean-Pierre Guenanten, l’un des deux animateurs-formateurs. « La Marmite adhère au réseau Civam (Centre d’initiative pour valoriser l’agriculture et le milieu rural), avec une ouverture plus large, car nous n’accompagnons pas uniquement des projets agricoles. » La Marmite a par exemple aidé à la création d’un café librairie dans une ferme, une compagnie de théâtre, un marionnettiste…

Des formations sont proposées aux porteurs de projet, afin de développer leur idée de départ ou de découvrir des « outils d’organisation pour les collectifs ». Des initiations plus courtes et diversifiées sont aussi organisées à la demande des stagiaires. « Il y a quatre ans, nous avons organisé un stage d’autoconstruction d’une éolienne, un atelier de soudure, la fabrication d’un moteur pantone… Notre réseau de compétences est important et nous permet d’organiser ce type d’événement », explique Agnès Le Lay, animatrice et formatrice salariée.

 

Initiée par le MRJC [1], l’association La Marmite a soufflé ses sept bougies en 2015 avec 150 adhérents, et une lettre d’information hebdomadaire envoyée à près de 700 contacts. Basé à La Vraie-Croix, un village de 1 400 habitants situé près de Vannes, ce centre d’accompagnement de porteurs de projets ruraux partage son local avec Terre de liens et la Confédération paysanne. Côté gouvernance, c’est la collégialité qui prime, avec 16 coprésidents, tandis que deux salariés animateurs-formateurs accompagnent, avec le soutien de 28 tuteurs locaux bénévoles, des porteurs de projets qui sont de plus en plus nombreux chaque année.

Il y a trois ans, La Marmite accompagnait 30 porteurs de projet par an. Ils sont 100 aujourd’hui ! La Marmite s’est donc positionnée pour combler le « vide » administratif de la chambre d’agriculture, qui ne dispose pas de cadre adapté à ce type d’activités. « À Saint-Dolay (Morbihan), un collectif désirait créer une communauté basée sur l’autosuffisance alimentaire et énergétique, se rappelle Jean-Pierre, animateur-formateur salarié. Il a fallu créer une société civile immobilière (SCI) pour acquérir des locaux, une société civile d’exploitation agricole (SCEA) pour faire reconnaître la compétence agricole et devenir propriétaire des lieux, et une association pour y animer des ateliers. C’est du bricolage administratif, mais il y a toujours des solutions. »

Autre atout ? La Marmite est reconnue organisme de formation et d’éducation populaire. Des qualités qui ont parfois du mal à être valorisées par les institutions locales, déplore Jean-Pierre. Ce dernier regrette le manque de reconnaissance des élus locaux et la nécessité de devoir régulièrement réaffirmer le rôle de La Marmite dans la dynamique du territoire. Mais l’animateur reste optimiste. « Nous avons au moins quinze lignes de financements. Cela nous rend moins fragiles, Et nous restons très philosophes : si nous n’avons plus de moyens, nous arrêtons ! », ironise-t-il.

 

Le tutorat ? Un échange de services !

Gwennolé Le Galloudec a été le premier salarié de La Marmite. A l’époque, il accompagnait les porteurs de projet. Aujourd’hui, il est producteur de bière au sein de La Bambelle, une brasserie qu’il a créée à Saint-Gravé (Morbihan). Pour partager son expérience, encourager d’autres porteurs de projet, et agrandir le réseau de producteurs locaux, Gwennolé est aussi tuteur bénévole pour La Marmite. Récit de son parcours riche, au service du développement rural.

Comment passe-t-on du statut d’animateur à celui de porteur de projet, puis de tuteur ?

Gwennolé Le Galloudec : J’ai une formation en développement rural. Aider les personnes à concrétiser leurs projets était mon métier. Et à force de rencontrer des porteurs de projets, on finit par avoir envie de se lancer. J’ai donc décidé de créer la brasserie La Bambelle, à Saint-Gravé. Aujourd’hui, je continue à faire du développement rural, mais sous une autre forme. Je suis porteur d’un projet, et aussi tuteur.

Que signifie être tuteur ?

C’est un échange de services. En tant que paysan ou producteur local, nous voulons être le plus nombreux possible, multiplier le nombre de fermes bio dans la région. La Marmite aide les porteurs de projets d’un point de vue méthodologique et administratif, tandis que le tutorat apporte une aide sur le terrain. C’est une transmission d’expériences qui nécessite du temps. Lorsqu’on accueille un stagiaire, la semaine est plus fatigante, mais aussi plus dynamique et intéressante. La Marmite nous aide à accompagner les stagiaires, et on se retrouve entre tuteurs pour échanger sur nos méthodes.

Le tuteur ne doit pas avoir de qualités particulières : à partir du moment où il réussit et aime ce qu’il fait, il devient expert dans son domaine, et il est forcément bon pour en parler et répondre aux questions des stagiaires. Le tuteur se retrouve souvent dans deux cas de figure : soit il ne fait que donner des conseils et se ferme à la remise en question de son travail par le stagiaire, soit il l’accepte. C’est là que cela devient intéressant : le regard extérieur du stagiaire peut remettre en question la manière de travailler. Ses remarques peuvent être liées à des détails sur le mode de production, à des pratiques culturales… Tout dépend de son expérience et de ses formations. Et c’est toujours bénéfique !

 

« Sans La Marmite, je ne me serais sans doute pas lancée. Ou en tous cas pas aussi vite, ni aussi bien ! »

Amélie Codron est productrice de jeunes arbres fruitiers greffés que l’on appelle les « scions », à Saint-Laurent-sur-Oust (Morbihan). Elle a créé sa pépinière cette année avec l’aide de l’association La Marmite. Alors que ses premières commerciali
sations auront lieu en décembre 2016, elle nous parle de son parcours.

De quelle manière a germé votre envie de créer une pépinière ?

Amélie Codron : J’étais ingénieure dans le traitement des eaux usées pendant plus de dix ans. Mes postes m’ont amenée à côtoyer de près le monde agricole. Avec l’âge et l’expérience, certaines de mes valeurs se sont affirmées, jusqu’à ne plus me retrouver dans le monde de l’eau « industrielle ». J’ai toujours été proche des plantes et des arbres. Mettez tout ça dans un chapeau et mélangez : le murmure de la reconversion agricole est très vite devenu assourdissant. J’ai pris les choses en main en janvier 2015. J’avais plein d’idées mais je voulais les tester : rencontrer des professionnels, et participer à leur quotidien pour me faire une idée précise de leur activité.

Comment avez-vous découvert La Marmite ?

Grâce au bouche à oreille, et en participant à des événements que l’association organisait. Jean-Pierre (l’animateur-formateur de l’association), m’a donné une liste de contacts. De stage en coup de main, petit à petit, j’ai abandonné toutes mes idées de départ ! J’ai compris qu’elles étaient soit pas pertinentes dans le contexte local ou actuel, soit impossibles à mettre en œuvre pour moi (seule, sans foncier). J’ai participé à la formation organisée par la Marmite pour accompagner les porteurs de projets. L’échéance s’approchait et me stimulait pour continuer mon exploration. Et puis j’ai rencontré Frouezh, un producteur d’arbres fruitiers en bio, dans les Côtes-d’Armor. Cela été un déclic et une évidence !

 

 

Que vous a apporté la formation ?

Les douze jours de formation « de l’idée au projet » m’ont confortée dans mon projet. À ce stade crucial, on prend le temps de définir nos valeurs et exigences, et de se projeter pour les confronter à celles du projet. On analyse les risques, les fragilités. Cela permet de « rectifier le tir » en amont, plutôt que de faire fausse route en réalisant trop tard que le rythme de travail ou la solitude inhérente à l’activité ne correspondent pas à ce qu’on souhaitait. Cela m’a donné de l’assurance et la solidité d’une base pour être efficace par la suite. Et ça n’est pas une chose facile à acquérir dans une reconversion totale et sur un projet jeune. Sans La Marmite, je ne me serais sans doute pas lancée. Ou en tous cas pas aussi vite ni aussi bien !

Où en est votre projet aujourd’hui ?

Comme Frouezh, je vais produire des scions de fruitiers en bio, principalement en variétés anciennes et locales, commercialisés en vente directe en racines nues. Des pommiers, poiriers, pruniers, pêchers, etc. Je commence ma production cet hiver, les premières ventes auront lieu en décembre 2016. En parallèle, je souhaite animer des ateliers auprès de différents publics pour enseigner la greffe, la taille, mais aussi pour réapprendre le goût des fruits, leurs bénéfices pour la santé, et redécouvrir l’arbre au sens général. Un des buts lointains, utopistes et homéopathiques que je poursuis à travers mon activité, c’est de contribuer à faire changer les mentalités à mon échelle, si petite soit-elle, en utilisant l’arbre fruitier comme vecteur.

 

[1Le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC) est une association d’éducation populaire gérée et animée par des jeunes de treize à trente ans.

 

 

Plus d’infos

http://www.association-la-marmite.fr/

 

Cet article a été réalisé en partenariat avec le journal en ligne Basta ! , dans le cadre du projet Médias de proximité soutenu par la Drac Île-de-France.

 

 

 




Trophées de l’eau Loire-Bretagne : cinq initiatives bretonnes récompensées

Le syndicat mixte de production et de transport d’eau de l’Horn – Restauration des cours d’eau du bassin de l’Horn (29)

 

Le syndicat mixte de production et de transport d’eau de l’Horn, dans le Finistère (29), a mis en place un programme d’actions dans le cadre d’un contrat restauration-entretien de rivières. Afin de répondre aux enjeux de la directive-cadre sur l’eau, il a fallu mettre en œuvre une approche globale : le travail se fait aussi bien sur les cours d’eau principaux que sur les petits « chevelus « , en répondant à des problématiques liées à la qualité de l’eau, au dépérissement de la ripisylve, ou encore à la continuité écologique.

Depuis 2009, le syndicat a ainsi remplacé, aménagé ou même supprimé une cinquantaine d’ouvrages (buses, seuils de moulins, barrages…).

Pour accompagner toutes ces actions, le syndicat a aussi mis en place un travail de communication auprès du public, avec la réalisation de plaquettes d’information.

 

 

 

 

 

 

 

Le syndicat d’alimentation en eau potable de Traou Long – Réhabilitation du site de l’ancienne pisciculture de Traou Léguer (22)

 

Le syndicat d’alimentation en eau potable de Traou Long, dans les Côtes-D’armor, regroupe les communes de Lanvellec, Loguivy-Plougras, Plouaret, Plounérin, Plounévez-Moëdec, Plufur, Tregrom, Tremel et Le Vieux Marché. En 2004, il a acquis la pisciculture de Traou Long, qui était en liquidation judiciaire. La pisciculture était située en amont d’une prise d’eau, ce qui entraînant des problèmes réguliers de pollution de l’eau, et perturbait le prélèvement de la prise d’eau potable. Le syndicat a alors choisi de sécuriser la prise d’eau et de réaménager complètement le site, afin de restaurer la continuité écologique du cours d’eau..

 

 

 

 

 

 

 

Le syndicat mixte des eaux du Bas Léon – Réduction des nitrates dans l’Aber Wrac’h (29)

 

Depuis 15 ans, la concentration en nitrates de la rivières Aber Wrac’h est en baisse. Depuis 2011, les 50mg/l ne sont plus dépassés, pour atteindre actuellement une moyenne de 35,7 mg. C’est le résultat d’un long travail avec le monde agricole et le Syndicat Mixte, et de changements de pratiques : diminution des quantités d’engrais utilisés, utilisation de couverts végétaux…

 

 

 

 

 

 

Le syndicat mixte de gestion pour l’approvisionnement en eau potable d’Ille-et-Vilaine – Sensibilisation des collectivités à la gestion patrimoniale (35).

 

Chaque année, chaque collectivité doit établir ce qu’on appelle un RPQS, un Rapport sur le Prix et la Qualité du Service d’eau. Son objectif est d’assurer la transparence des données, les évaluer, et enfin améliorer les performances des équipements et du service d’eau. Un tel document permet donc d’avoir une bonne connaissance des réseaux, de voir si il y a des pertes, ce qui permet aussi de contribuer à protéger la ressource eau. Le syndicat mixte de gestion pour l’approvisionnement en eau potable d’Ille-et-Vilaine sensibilise les collectivités locales à une meilleure gestion patrimoniale des eaux, en exploitant les données de ces RPQS.

 

 

 

 

 

 

  Les Petits Débrouillards – « Le littoral des Loustics », un programme pédagogique sur la gestion des zones côtières

 

Afin de sensibiliser et d’informer le grand public de tout âge sur la préservation des zones littorales, l’association Les Petits Débrouillards Grand Ouest propose une exposition baptisée « le littoral des loustics ». Elle comprends sept modules, chacun abordant sous un angle différent la gestion intégrée des zones côtières. Le carénage, les algues, les limites du littoral ou encore la biodiversité du milieu …y sont évoqués. Chaque participant reçoit également à la fin de l’animation un questionnaire à remplir, afin de recueillir les questions, attentes et préoccupations concernant le littoral et sa gestion. L’exposition devrait se poursuivre sur une trentaine de dates en 2016.

 

 

 

 

 
Plus d’infos

http://www.eau-loire-bretagne.fr