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[Défi famille zéro déchet] Pour des règles plus écologiques !

Ambiance chaleureuse et conviviale pour cet atelier autour de l’hygiène féminine qui s’est déroulé sous le soleil à Ploujean, au siège social de l’association Graines de Vie. On retrouve Louise, qui avait déjà animé l’atelier sur les couches lavables. Cette fois-ci, on va parler des règles, et surtout des solutions zéro déchets qui peuvent remplacer serviettes hygiéniques et autres tampons, qui s’entassent dans nos poubelles.

On estime ainsi qu’une femme jette dans sa vie entre 100 et 150 kilos de serviettes, tampons, et applicateurs ! (Source : livre « Flow, the cultural story of mensutration). De quoi se poser quelques questions sur l’impact de ces protections jetables sur l’environnement. Mais aussi sur notre santé, car il est très compliqué de connaître la composition de ces produits ! 60 millions de consommateurs a réussi il y a quelques années à se procurer la liste des matières premières utilisées. On y retrouve du polypropylène, du polymère, de la cellulose, du polyester, des « super absorbants »… Mais aussi des ingrédients de « parfum » ou de soin suivant les gammes, qui restent encore mystérieux, car la composition est souvent non communiquée. De même, une autre étude de 60 millions de consommateurs a montrée, la présence à des degrés faibles de dioxine dans certains tampons.

Autant de raisons qui peuvent inciter à laisser au placard les protections jetables pour passer à des protections durables. Serviettes lavables, cup, éponge…voici quelques alternatives qui ont été présentées durant l’atelier :

  • Les serviettes lavables :

Ils existe plusieurs modèles, plusieurs taille, de toutes les couleurs. Elles peuvent être utilisées lors des règles ou en protection intime au quotidien. Le principe est le même que les couches lavables : elles passent en machine à laver, mais pas au sèche-linge. Elles comportent un côté absorbant en coton bio ou en chanvre, avec un cœur absorbant de la même composition en plusieurs couches, et un fond imperméable, qui n’est pas en contact avec la peau mais avec la culotte, et qui peut être par exemple en polyuréthane certifié Oeko Tex (certifié non nocif). Elles se clippent avec des boutons pressions sous la culotte. Une fois utilisée, si on est en déplacement, on la replie de façon spécifique et on la range dans un petit sac prévu à cet effet en attendant de rentrer chez soi. A l’achat, il faut compter en moyenne 15-20 euros pour une serviette. Il faut en prévoir quelques unes en stock (tout comme les couches lavables!), ce qui peut représenter un investissement de départ, mais vite rentabilisé, si on compare au jetable.

Petite astuce pour le lavage : si certaines tâches sont récalcitrantes, il suffit d’utiliser pour les non-vegan du fiel de bœuf, ou du percarbonate.

Les serviettes hygiéniques lavables et réutilisables.

On peut également fabriquer sa serviette soi-même, avec du tissu en coton pour le contact avec la peau, de la microfibre pour la partie absorbante, et des chutes de rideau de douche ou de tissu de parapluie pour le côté imperméable ! Beaucoup de tutos sont disponibles sur internet.

  • L’éponge naturelle

C’est une petite éponge de mer naturelle qui remplace le tampon, et s’insère directement dans le vagin. Elle absorbe le sang. Il faut la passer sous l’eau tiède avant de la mettre en place. Une fois pleine, il suffit de la retirer, de la presser pour la vider, et de la laver avec de l’eau et du savon avant de la remettre.

Exemple d’éponge naturelle utilisable pendant les règles

  • La Cup

La « cup », ou « coupe menstruelle », est une coupelle en plastique souple que l’on insère pour recueillir le sang des règles. La plupart du temps, elle est conçue en silicone. Il en existe de différentes tailles. Il faut la vider régulièrement et la nettoyer avant ré-insertion. Entre deux cycles, il faut la stériliser en la faisant bouillir dans une casserole. Sa durée de vie est estimée à plusieurs années (5 à 10 ans), pour un coût d’une vingtaine d’euros. Là encore l’achat et vite rentabilisé ! On en trouve désormais de plus en plus facilement, notamment dans les parapharmacies.

Un modèle de cup menstruelle, de plus en plus utilisée.

Autre technique : le flux instinctif. Il s’agit de retenir le sang, grâce à son périnée, et à l’évacuer quand on est aux toilettes. Mais cette technique demande un travail sur le périnée et les muscles vaginaux et une bonne écoute et bonne connaissance de son corps (et aussi une certaine confiance en soi!)

Après la présentation de ces différentes alternatives, Louise nous a également prodigué quelques recettes pour mieux vivre son cycle menstruel et lutter contre les désagréments qui vont avec (douleurs, règles irrégulières notamment) :

Recette de la « Tisane onirique des femmes »

  • Feuilles de framboisier

  • Feuilles de cassis ou de fraisier

  • Achillée

  • Alchémille ou sauge

Mélanger les feuilles à parts égales (pour une petite poignée par théière), y verser de l’eau bouillante et laisser infuser 10 minutes. Tonifie et régule le cycle et les organes féminins.

Tisane contre les crampes menstruelles :

  • 1 phalange de gingembre rapé

  • 20g d’orties ou de pissenlit

  • 5g de fleurs d’oranger (ou hydrolat)

  • 3 fleurs d’achillée

  • 5 fleurs de camomille

  • En cas de grosses douleurs : rajouter 20 g de houblon

 

 

Voici également deux recettes concernant l’hygième intime, et les désagréments pouvant survenir dans cette zone (mycoses, sécheresse…)

La barre moussante intime (recette pour 100g)

  • 50g de SCI (tensioactif doux, qui va servir à mousser)

  • 100ml de lait d’avoine (ou d’hydrolat de fleur d’oranger ou d’eau minérale)

  • 10g d’huile de coco

  • 3 cuillères à soupe d’argile verte

  • 2 cuillères à soupe d’huile végétale (sésame ou bourrage ou chanvre ou calendula)

  • Quelques gouttes d’huile essentielle de Tea Tree (facultatif)

Au bain-marie faire fondre l’huile de coco et bien mélanger avec le liquide et le tensioactif.

Sortir du feu et tout en mélangeant, ajouter l’agile, l’huile végétale et l’huile essentielle si besoin. Remplir de préparation les moules et les mettre au frais (au minimum 1 heure).

A conserver à l’abri de l’eau (dans un petit tupperware)

 

Préparation de la barre moussante intime

L’ovule d’argile

L’argile permet de ré-équilibrer le PH et ré-ensemencer la flore. Idéal pour les mycoses vaginales par exemple.

On mélange de l’argile verte avec de l’eau et un goutte d’huile essentielle de Tea Tree.

On emballe ensuite une petite dose de ce mélange dans un film alimentaire transparent. On laisse sécher, et on enlève ensuite le film. Les ovules peuvent ensuite se conserver au frigo.




Festival des Aventuriers de la mer : entre pollution plastique, défense des écosystèmes et imaginaire collectif

Du 12 au 14 octobre, à la Cité de la Voile Éric Tabarly, à Lorient, aura lieu la troisième édition du festival des Aventuriers de la mer. L’occasion d’aborder toute sorte de sujets, de la pollution plastique en passant par l’action de SOS Méditerrannée.

Mettre la mer en valeur, permettre à tous de transmettre son savoir, voilà l’ambition de ce festival. Durant trois jours, les aventuriers de la mer veulent « donner à comprendre en donnant la parole aux scientifiques, aux experts et observateurs avisés qui veillent sur les évolutions à venir, négatives comme positives, donner à rêver grâce aux récits de voyage, donner à comprendre en refusant de rester à la surface des choses, en plongeant dans des problématiques parfois complexes mais qui permettent de mieux appréhender la réalité ».

« Un peuple qui tourne le dos à la mer ne peut pas marcher sur ses deux jambes.  »

Les 20 invités viendront discuter autour de sept thèmes, tels que les plastiques en mer, les terres australes et antarctiques françaises, les imaginaires maritimes, les nouveaux explorateurs (entre innovations et défense des écosystèmes), l’appel de la mer et l’action de SOS Méditerrannée.

La défense de l’environnement comme préoccupation.

Le samedi 13 octobre sera consacré aux questions de l’innovation pour limiter le plastique dans les océans, aux terres australes et aux nouveaux explorateurs qui défendent l’environnement. Simon Bernard (co-fondateur de Plastic Odyssey), Yvan Bourgnon (navigateur, fondateur de Sea Cleaners), Stéphane Bruzaud (enseignant-chercheur UBS pour Tara Méditerrané), Corentin de Chatelperron (navigateur, ingénieur Low Tech – Expédition Nomade des Mers) et Roland Jourdain (navigateur, fondateur d’Explore) seront présents pour discuter de ces thématiques.

Des soirées cinéma viendront ponctuer ces trois jours de festivité à la Cité de la Voile Éric Tabarly. 30 documentaires et courts-métrages seront diffusés « pour partir à l’aventure ».

Le programme de ces festivités est disponible ICI.




Tristan Leconte, un globe-trotteur et éclaireur peu ordinaire

Emmanuelle Jappert : Souvent on entend les détracteurs du commerce équitable dénoncer un équilibre qui n’a pas été trouvé à ce jour avec les petits producteurs. Quel est votre avis là-dessus ?

Tristan Lecomte : Je ne fais plus parti d’Alter Eco et ce depuis deux ans, donc je ne suis plus l’actualité à ce sujet mais en me fondant sur les douze années que j’ai passé en tant que fondateur et directeur d’Alter Eco, je dirais que le commerce équitable a peut être plein de défauts et de difficultés mais il a le mérite de créer des aspérités, de faire en sorte que les gens se posent des questions à la fois au niveau de la consommation, mais aussi au niveau des grandes marques et de leurs engagements. Tout ça participe à la prise de conscience collective sur le rapport entre consommation et citoyenneté. Je pense que personne ne peut le nier, ça créer un débat citoyen positif qui a lieu en supermarché alors qu’en général dans ces lieux là, il n’y a pas de débats ou peu. Et pour les producteurs, le commerce équitable apporte difficilement de l’argent supplémentaire mais ça encourage une dynamique collective indéniable au niveau des groupes de producteurs qui aide au renforcement du tissu social dans les campagnes. Le commerce équitable essaye de réintroduire du sens, des valeurs laïques.

 
EJ : Vous vivez en Thaïlande la plupart du temps, pourquoi ce choix là ?

TL : Mon épouse est thaïlandaise et je souhaitais moi-même vivre une expérience de petit producteur agricole, ce qui me permet d’incarner ce à quoi je crois. De cette façon je peux mieux comprendre les enjeux et la vision des petits producteurs.

 
EJ : Quel est le cheminement qui vous a fait passer d’Alter Eco à Pur Projet ?

TL : Au départ il s’agissait de compenser les émissions de carbones d’ Alter Eco, à l’intérieur de nos filières. Nous avons commencé à planter des arbres avec les producteurs de cacao, de riz, puis on s’est rendu compte qu’il y avait de nombreuses entreprises qui voulaient intégrer ce genre de projet climatique au sein de leur filière. Au début j’ai planté des arbres parce que la démarche m’intéressait et parce que j’aime la nature. Je ne pensais vraiment pas que ça deviendrait une activité. Le début de l’aventure a commencé en 2006. J’ai par la suite proposé aux investisseurs d’Alter Eco de saisir l’opportunité de développer cette activité au sein de l’entreprise. Ce à quoi ils m’ont répondu « non, on fait déjà trop de choses, on s’éparpille. C’est un autre métier, il faut que tu le fasse à l’extérieur ». J’ai alors créé Pur Projet et là on a tout de suite eu des entreprises qui se sont montrées intéressées dans le but de « se réconcilier avec l’écosystème ».

 

EJ : Pouvez-vous me citer un exemple d’entreprise qui joue le jeu pour réduire son empreinte écologique ?

TL : Il y a l’exemple d’Accor. Le groupe a l’objectif de réduire l’empreinte des hôtels. Après avoir fait les calculs nécessaires, il s’est avéré que la réduction de l’empreinte devait porter sur la production de la nourriture pour les restaurants, sur la consommation d’eau et d’électricité. Du coup, le groupe a mis en place un système à travers lequel il économise de l’argent qu’il réinvestit ensuite dans la régénération de l’écosystème de l’hôtel en plantant des arbres dans le pays dans lequel l’hôtel est situé et en priorité dans les filières agricoles.

 

EJ : Cet exemple précis vous rend-il optimiste par rapport à la prise de conscience des entreprises en général ? Quel est votre point de vue ?

TL : En fait entre 1998 et 2013, il y a eu un phénomène incroyable de prise de conscience, de développement, d’initiative, de projets. Il faut penser qu’en 1998, le développement durable n’existait pas. Et quand j’ai commencé à travailler dans le commerce équitable, on m’a dit « tu vas être hippie, tu pètes un plomb !». Depuis, il y a eu un phénomène d’accélération énorme qui continue d’ailleurs de s’accélérer. C’est une Révolution Verte dans tous les domaines. Alors oui, je suis optimiste, il faut accompagner le changement au maximum et le plus rapidement possible. Bien sûr au niveau climatique, je suis dans l’inquiétude, surtout pour mon fils qui a 3ans, je me demande comme tout parent dans quel monde il va vivre. Par rapport à ça, c’est clair qu’il faut planter des milliards d’arbres et la bonne nouvelle c’est que ça va générer des millions d’emplois. Le dérèglement climatique va s’accélérer et la prise de conscience aussi. Quand on va vraiment souffrir de ce dérèglement dans les pays riches, ça va démultiplier la réaction.

 
EJ : Quel est le conseil que vous pourriez donner à ceux qui vous suivent ?

TL : De planter des arbres ou de créer toutes sortes de nouveaux services environnementaux, de régénération des écosystèmes, des services à l’entreprise pour qu’elles réduisent leur empreinte environnementale, qu’elle améliore son innovation dans le domaine socio-environnemental, qu’elle créée de la valeur partagée avec ses parties prenantes pour son bénéfice. Ce sont des nouveaux modèles qui vont s’imposer d’eux-mêmes je pense. Dans les pays riches, on va de plus en plus chercher de l’immatérialité dans les produits que l’on consomme.

 

EJ : Vous conseillez beaucoup de livres sur votre blog, et l’idée de pensée intégrale revient souvent. De quoi s’agit-il exactement ?

TL : J’ai pas mis le blog à jour depuis longtemps, mais il y a un bouquin que j’adore, c’est La Révolution d’un seul brin de paille de Masanobu Fukuoka. C’est un très beau livre écrit dans les années 70. C’est l’histoire d’un fermier, d’un riziculteur japonais qui est idéologiste, qui a travaillé dix ans dans un laboratoire d’État sur la recherche des maladies dans les champs. Il démontre qu’on n’arrivera jamais avec notre petite tête à pouvoir intégrer ce qu’est la nature. On est incapable de comprendre et de maîtriser la nature parce qu’elle est vraiment d’une interdépendance et d’une complexité incroyable. En plus on a organisé la science de manière discriminatoire en ne regardant pas de façon globale mais en agissant que sur un point, ce qui perturbe l’ensemble de son cycle. L’histoire de l’agriculture c’est l’histoire de créer des problèmes pour des solutions qui vont elles-mêmes créer des problèmes encore plus importants. Masanobu Fukuoka conseillait de s’arrêter et d’observer la nature, d’adapter son agriculture très localement à ce que la nature nous enseigne. Il s’agit là d’une agriculture du non-agir, qui joue pleinement avec la nature au lieu de la contraindre avec des produits coûteux et nocifs et il fait la démonstration qu’on peut produire plus qu’avec n’importe quelle autre agriculture intensive. La pensée intégrale c’est un mouvement intellectuel contemporain de personnes qui disent « le monde est une évolution de différentes phases ». C’est une vision non-duale (non-critique) de l’histoire. A ce titre Fukuoka a une vision intégrale en prenant l’histoire depuis son origine.

 

EJ : Vous auriez du mal à revivre en France ?

TL : Pas du mal, mais ce n’est pas ce que je souhaiterais en premier. On est très ethnocentré (les pays riches) en pensant que tout ce que l’on a est supérieur aux autres. J’ai rencontré un indien au Brésil, porte encore les plumes, le maquillage etc qui me disait quelque chose de très vrai « nous on est jamais allé sur la Lune mais on peut aller beaucoup plus loin dans certains domaines ». Le
s indiens ont une connaissance du vivant, de la nature, du rapport à l’homme qui est exceptionnel.

 

EJ : Peut-on dire que vous avez trouvé le bonheur ?

TL : C’est une réalisation forte, après c’est aussi une évolution vers le « non-être ». Rechercher le bonheur c’est forcément arriver à la frustration. Le bonheur c’est très occidental. En Thaïlande par exemple on ne cherche pas le bonheur on recherche la paix. Le bonheur m’évoque une recherche plutôt égoïste où on est centré sur soi, et être heureux s’oppose à être malheureux. Dans cette vision on est ou l’un ou l’autre et on exacerbe le moi et l’individualisme. On est dans la satisfaction de soi. Pour moi la souffrance est une notion de soi. Alors que si on est dans la compassion on est plus reliés aux autres et donc plus heureux sans avoir recherché le bonheur.

 

Retrouvez le reportage « Vers d’autres mondes » : Saison 2, sur France 5 le 5 juin 2014 dans lequel Tristan Lecomte met en lumière trois filières : le maïs au Mexique, le café en Ethiopie et le thé au Sri Lanka.




Stéphane Durand : « il nous faut créer une nouvelle alliance avec la nature »

Biologiste, naturaliste, auteur de documentaires et conseiller scientifique des aventures cinématographiques de Jacques Perrin (Le Peuple migrateur, Océans, Les Saisons), Stéphane Durand dirige la très belle collection Mondes sauvages chez Actes Sud dans laquelle il publie « 20 000 ans ou la grande histoire de la nature » et « Ré-ensauvageons la France – plaidoyer pour une nature sauvage et libre », co-écrit avec le naturaliste Gilbert Cochet.

Il sera mercredi 17 octobre prochain à 20 h, à la première des « Rencontres Nature » organisées par le lycée de Suscinio à Morlaix.

Les « Rencontres Nature de Suscinio » inviteront à différents moments de l’année scolaire les publics du lycée et le grand public à dialoguer avec un.e spécialiste de la nature sur un thème particulier.

La soirée débutera par la projection de « Océans » de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud (en résonance avec le projet Erasmus + de l’établissement scolaire autour de « L’homme et la mer »), suivie d’une discussion avec Stéphane Durand autour du livre qu’il vient de co-écrire avec Gilbert Cochet « Ré-ensauvageons la France » : au cours du XXe siècle, la défaite du sauvage a semblé totale. Nous avons progressivement fait le vide autour de nous. Et pourtant, tout n’est pas perdu, loin de là. La place pour la vie sauvage ne manque pas sur notre territoire ; elle ne manque que dans nos têtes ! Un ouvrage résolument optimiste.

Cette soirée s’inscrit aussi dans la série d’événements organisée par la Fédération des cafés-librairies de Bretagne autour du thème « A l’origine… la nature »

Stéphane Durand sera également le jeudi 18 octobre à 20h30, au café Théodore (Trédrez-Locquémeau) et le vendredi 19 octobre à 19h30 au café-librairie A la Lettre thé (Morlaix).

En amont de ces trois rencontres, Stéphane Durand a répondu à quelques questions pour Eco-Bretons.

Le livre «Ré-ensauvageons la France» que vous venez de co-écrire avec Gilbert Cochet, tranche étonnamment par son optimisme quant à la bonne santé de la biodiversité en France, au moment où de nombreux constats alarmistes disent le contraire.  Vous précisez même: «pratiquement aucune espèce n’a réellement disparu». Qu’en est-il réellement~?

L’idée de ce livre est partie d’un constat : en tant que naturalistes de terrain, nous constatons le retour de nombreuses espèces. Les naturalistes qui ont commencé leurs observations il y a 40 ans n’en reviennent pas. Le livre n’est donc pas un douce utopie, il se base sur des faits scientifiques avérés qui sont très positifs mais qui sont noyés dans un flot ininterrompu de mauvaises nouvelles tout aussi avérées et que nous ne dénions évidemment pas .On essaie de voir le verre à moitié vide, en incorrigibles optimistes. Ce qui est sûr, c’est qu’une partie très particulière de la biodiversité s’écroule : la biodiversité champêtre, ces petits insectes, mollusques, oiseaux et fleurs des champs qui s’étaient adaptés lentement à ce nouvel écosystème que l’homme a mis en place : la campagne. La campagne fout le camp, les paysans disparaissent, il est normal que la vie sauvage des campagnes disparaissent également.

Vous évoquez les capacités incroyables de réparation de la nature. Pouvez-vous nous en donner quelques exemples, en Bretagne notamment?

En mer, le retour des fous de Bassan et des phoques ;

A terre, le magnifique exemple du Léguer, ce fleuve côtier qui a retrouvé sa « sauvagerie » et sa fonctionnalité dès le lendemain de l’effacement du barrage. Loutres et saumons sont revenus en un rien de temps.

Nos voisins européens sont-ils meilleurs que nous en matière de protection de la biodiversité? Pour quelles raisons?

Alors là, c’est une excellente mais très vaste question… à laquelle j’ai demandé à Valérie Chansigaud de répondre dans son livre « Les Français et la nature, pourquoi si peu d’amour ? » dans ma collection Mondes Sauvages/Actes Sud. La réponse est complexe, un mélange de contexte historique et d’histoire culturelle. Mais c’est paradoxal : les anglais, qui sont bien plus motivés que les français pour protéger la nature ont commencé par tout détruire chez eux. La biodiversité britannique est d’une pauvreté affligeante… Seule la faune marine résiste un peu et revient…

Vous dites que la biodiversité constitue l’enjeu économique de demain, en créant de l’emploi et des opportunités économiques. Pensez-vous qu’il est vraiment possible de concilier écologie et économie dans notre monde actuel? Des exemples?

Là encore, nous faisons un simple constat : l’éco-tourisme en Ecosse (justement) génère plus d’1 milliard d’€ par an… Aux USA, l’économie liée à la contemplation de la nature dépasse celle de la chasse et de la pêche réunies… Oui, il y a beaucoup, beaucoup de gens prêts à dépenser beaucoup d’argent pour observer la nature, vivre des expériences au plus près du monde sauvage et cet argent génère beaucoup d’emplois. La France est assise sur un trésor qu’elle s’entête à ignorer. Or nous avons le plus fort potentiel nature de toute l’Europe ! pourquoi être riche et bien portant quand on peut être pauvre et malade ? c’est la France…

Pensez-vous que l’éducation à l’environnement, telle qu’elle est actuellement dispensée permet à elle seule cette nouvelle alliance avec tous les êtres vivants que vous appelez de vos vœux~?

Franchement ? non. Notre lien au vivant, à tous les vivants, devrait être enseigné (concrètement, sur le terrain) dès le plus jeune âge, comme une langue étrangère. C’est plus qu’une métaphore : pour bien nous entendre avec nos voisins (humains d’autres pays mais là, en l’occurrence, nos voisins non-humains avec lesquels nous partageons le territoire et l’histoire, avec lesquels nous sommes embarqués dans la même galère, cette bonne vieille planète Terre), il faut connaître leur langue. Il faut apprendre à être à l’écoute de tous ces vivants, à les considérer comme des interlocuteurs, à les envisager comme des personnes, comme des gens à part entière. L’objectif n’est pas de parvenir à une parfaite harmonie tout à fait illusoire ; nous ne sommes pas dans le monde des bisounours. L’objectif est d’être armés, conceptuellement équipés afin de négocier une entente, une trêve, un armistice avec tous nos voisins. Car le voisinage a ses hauts et ses bas, ses avantages et ses inconvénients. Mais il nous faut faire avec et, au lieu d’être éternellement tous en guerre les uns contre les autres, une guerre épuisante, appauvrissante qui fait le malheur de tous, on peut négocier (mais cela demande des efforts de chaque instant) une nouvelle alliance permettant la paix tout en préservant l’irréductible altérité de tous.

En dernière partie du livre, vous proposez un «~Petit bréviaire à l’usage des décideurs~». Pourtant, la récente démission de Nicolas Hulot de son poste de ministre de la transition écologique a hélas montré les limites des décideurs politiques face aux lobbies économiques prédateurs de la biodiversité. Selon vous, comment mobiliser les citoyens, la société civile pour qu’ils changent enfin la donne~?

Je crois qu’il faut arrêter de penser les politiques comme des leaders d’opinion et d’action. Il faut réactiver, revivifier la démocratie. C’est d’ailleurs ce que démontre Valérie Chansigaud dans son livre : là où la démocratie progresse, les droits des vivants sauvages progressent en parallèle à ceux des humains. Les luttes sociales et environnementales sont inextricablement liées. Il faut œuvrer à faire converger les luttes. Les syndicats, par exemple, commencent tout juste, très timidement, à réaliser cela. Les politiques devraient rester à leur place, celle de techniciens, d’expert des méandres administratifs au service de la volonté commune. Les initiatives, les idées, les solutions existent et sont même très souvent testées et approuvées. Il faut les multiplier, trouver une caisse de résonnance, pour qu’elles passent de l’échelon local à l’échelon régional, national, continental… Il ne faut pas attendre d’idées nouvelles de la part des politiques ; ils ne peuvent tout au plus qu’être les caisses de résonnance de ces nouveautés. Il faut cesser de croire qu’à eux seuls, ils peuvent avoir plus d’idées et de meilleures idées qu’un peuple entier. C’est mathématique. Il ne faut donc rien attendre d’eux et tout faire pour promouvoir les idées/initiatives qui émergent constamment du terrain, du peuple.




À Nantes, la Tricyclerie récupère les biodéchets des restaurants et épicerie pour en faire du compost

À Nantes, La Tricyclerie récupère les biodéchets de certains restaurants, épiceries et boulangeries de plusieurs quartiers. Le compost produit est ensuite redistribué à certains maraîchers et jardins partagés ou vendu aux particuliers.

Pour apporter une solution concrète de collecte des biodéchets aux Nantais, Colline Billon à décider de monter son association : la Tricyclerie. Depuis 2015, accompagné de bénévoles, elle récupère en vélo-remorque les déchets organiques de certains restaurateurs, épiceries ou boulangeries.

« 30 % des déchets contenus dans nos poubelles sont incinérés alors qu’ils pourraient être valorisés et compostés »

La collecte se fait sur plusieurs quartiers de Nantes, dans des restaurants comme le VF, La boîte à Meuh ou la Crêperie St Leonard. Mais la Tricyclerie récupère aussi les biodéchets des entreprises (LINKBYNET), des épiceries (La Vie Claire) ou des boulangeries (La Boule Carré).

La Tricyclerie récupère aussi bien le marc de café que les épluchures, les serviettes en papier et les coquilles d’œufs. Par contre, elle ne peut traiter les viandes et le poisson. En ce qui concerne les retours d’assiettes, « c’est une question d’éducation ». C’est en amont qu’il faut agir en sensibilisant la population aux questions du gaspillage alimentaire.

Les restaurants et entreprises sont emballés par cette collecte : en un mois, ce sont 3,5 tonnes de déchets organiques qui sont récupérés. Ensuite, une fois transformé en compost (processus qui prend entre 4 et 6 mois), 800 kilos peuvent être vendus. Le compost ainsi créé est redistribué à certains jardiniers ou maraîchers. Il est aussi vendu en vrac aux particuliers à La Vie Claire ou à l’épicerie O’Bocal.

L’association sensibilise les salariés des entreprises partenaires au tri des déchets et incite à avoir une alimentation éco-responsable.

En ce qui concerne le futur de la Tricyclerie à Nantes, elle a pour ambition de se transformer en SCIC et de former des porteurs de projets pour qu’ils puissent reproduire cette idée dans leur ville, comme Rennes, Arras, La Rochelle ou même l’Île de la Réunion.

https://www.youtube.com/watch?v=fdalC4VBGOo




A Lannion, eau, haies et bocage en discussion

Les Sixièmes Rencontres Nationales « Arbres et Haies Champêtres » se déroulent jusqu’à demain à Lannion (22). Le thème retenu cette année est « Ressources en eau, ressources bocagères ». Des enjeux liés, qui sont particulièrement forts en Bretagne, région symbolique pour la reconquête de la qualité de l’eau.

Pour la première fois, la Bretagne accueille les Rencontres Nationales « Arbres et haies champêtres ». Cette sixième édition, organisée par l’Afac-Agroforesteries, se déroule jusqu’à demain, à Lannion. Objectif de la manifestation, à laquelle 500 personnes participent : permettre les échanges, les croisements d’expériences, les réflexions sur l’avenir…concernant les ressources en eau et les ressources bocagères. A travers des ateliers, des visites de terrains, des conférences, des tables-rondes…agriculteurs, techniciens, conseillers…auront l’occasion d’essayer d’apporter des réponses à des questions telles qu ela prise en compte de l’eau dans les actions de gestion de bocage sur le terrain, les fonctions du bocage pour l’eau, le choix d’une politique publique pour articuler planification, coordination et action en faveur du bocage et des haies…

Le choix de la Région Bretagne pour la tenue de ce colloque n’est pas innocent : c’est en effet à Rennes, en 1976, que s’est déroulé un premier événement sur le thème du bocage, organisé par l’INRA, le CNRS et l’Université de Rennes. La Bretagne est également une région où la question de la qualité de l’eau est très prégnante. Les enjeux liés au bocage, et à l’eau, sont par ailleurs très liés. Dans le contexte actuel de changement climatique, et de développement de l’agrocéologie, la fonction des haies par rapport à l’eau est davantage mise en lumière aujourd’hui : elles peuvent être un frein au ruissellement de l’eau, font une barrière naturelle, peuvent permettre de lutter contre la pollution, notamment issue de l’utilisation de pesticides.. Elles sont importantes aussi pour la biodiversité. En Bretagne, la Région a lancé d’ailleurs un grand plan, baptisé « Breizh Bocage ». Il encourage la création et la préservation du maillage bocager.

On parlera aussi durant ces rencontres du rôle des politiques de bassins versants, pour gérer le bocage, le tout dans un objectif de préservation de l’eau. Les structures de bassins versants mènent des actions en faveur du bocage (notamment des opérations de reconstruction, avec les agriculteurs).

Mais du chemin reste à parcourir. L’association Bretagne Vivante vient de publier un communiqué en ce sens. Elle estime que «  Au moment où le Conseil Régional et l’Etat font le bilan de Breizh bocage, Bretagne Vivante appelle à une véritable prise de conscience et une mobilisation de tous sur l’importance du bocage breton. Dans un contexte de réchauffement climatique, d’érosion des sols, de pollutions des eaux, de perte d’habitats pour la biodiversité, la disparition du bocage est un enjeu fondamental pour la Bretagne. Force est de constater que les politiques régionales, pourtant dotées de fonds importants, ne suffisent pas à enrayer cette disparition. ». Elle appelle alors, outre les actions individuelles, les acteurs publics, et en particulier les collectivités territoriales, à « de développer de vrais programmes d’action sur le bocage, avec les agriculteurs, les habitants et les associations environnementales, au bénéfice de tous ». De quoi alimenter les réflexions pour le colloque de Lannion !