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#1L’Equipe Eco-bretons : Tanguy, Macgyver

On vous propose de découvrir qui se cache derrière les plumes vertes d’Eco-bretons. Tanguy en service civique depuis le mois de février est un roi de la bidouille, du bricolage et de l’action. En charge de la communication et de l’organisation des événements, c’est LA personne à contacter. Simple, curieux et efficace, on lui pose quelques questions.

Salut Tanguy ! Quel est ton rôle au sein de l’association Eco-bretons?

Je suis en service civique depuis février, et jusqu’à septembre, chargé de la communication et de l’organisation des événements comme les cinés débats, les interventions lors d’événements pour la semaine du développement durable, la fête du compost…etc. Et je gère également une rubrique de Do It Yourself qui m’éclate pas mal lorsque j’ai un peu de temps.

Pourquoi as tu choisi d’effectuer ton SC à l’association Eco-bretons?

J’ai eut une prise de conscience lors d’un voyage (la Nouvelle-Zélande en transporter pendant 7 mois), durant lequel je me suis rendu compte que notre empreinte était trop forte et que si on voulait changer les choses la transition était immédiate. Et ça peut paraître bête, mais j’ai passé mes étés à camper avec mes parents, la vie simple proche de la nature. Je pense que ça vient de là l’engouement pour l’écologie finalement.

Par quoi passe la transition selon toi ?

Par les rencontres, parfois hasardeuses, de certaines personnes. Le croisement de compétences improbables.

Quel est ton parcours Tanguy?

Haha la fameuse question « qui je suis » ? Je suis mon métier ou je suis moi même ?! J’ai fait une Licence pro en dessin industriel à Brest et des petits boulots, pas seulement pour l’argent, mais surtout pour me forger le caractère et en connaître un peu plus sur les différents métiers. Trouver quelle était la définition de travail.

Quel sens donnes-tu au travail ?

Je pense que c’est d’innover, essayer de toujours innover, trouver des nouvelles idées, connaître son milieu et d’en sortir les besoins. Trouver les problématiques et les choses qui peuvent manquer, ce dont les gens ne se rendent pas compte forcément. Une fois que c’est créé, on se rend compte que c’était une nécessité.

A quel projet actuel des transitions adhères-tu?

L’idée des Tiny houses tu vois ça me plaît. Je crois que c’est le côté écologique et libre de la chose. Relativement accessible et tu peux te déplacer. Après c’est une notion de confort, les personnes ne vont pas forcément trouver le confort dans les même choses.

Un projet fou qui te trotte dans la tête ? Qu’est ce que tu aimes faire ?

Monter mon projet perso ! Mais lequel en soi, je cherche toujours. Sinon partir en Amérique du sud, grimper aux sommets en nocturne pour capturer les levers de soleil et inversement.

J’aime bien chiller, je trouve important d’apprécier la non action (haha).

J’aime aussi créer. Ce sont des créations principalement à base de déchets, comme des luminaires avec des projections d’ombres, des effets visuels. On me dit souvent que mon appart ressemble à un petit musée, mais c’est surtout des essais avec des choses plus ou moins réussies. Souvent, j’ai l’impression que je vais finir ma création en un fragment de seconde et ça prend beaucoup plus de temps que prévu. Mais je la finis toujours parce que je n’ai pas l’habitude laisser un travail inachevé. C’est une question de volonté.

Une chose à ajouter ?

Réflexion collaborative : c’est la source de toute bonne chose qui va pouvoir arriver selon moi. Le partage des idées quoi (Tanguy est brestois) !
Ça peut être pour l’épanouissement personnel ou dans le travail !

Merci Tanguy !




Plan climat : peut mieux faire pour les associations environnementales

Jeudi 6 juillet, Nicolas Hulot, Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, a dévoilé son « Plan Climat ». Au programme : six grands thèmes et vingt-trois axes de travail, autour de l’énergie, des transports, du réchauffement climatique ou encore de l’économie verte. Pas de quoi réjouir pour autant les associations environnementales, qui restent dans l’expectative.

Nicolas Hulot, nouveau Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, a choisi de décliner son plan autour de six axes : Rendre irréversible l’accord de Paris, améliorer le quotidien des français, en finir avec les énergies fossiles et s’engager dans la neutralité carbone, faire de la France la nation numéro 1 en terme d’économie verte avec l’accord de Paris, encourager le potentiel des écosystèmes et de l’agriculture, et intensifier la mobilisation internationale autour de la diplomatie climatique. Parmi les mesures emblématiques annoncées : la transformation du Conseil Economique Social et Environnemental en « Chambre du futur » permettant de consulter la société civile et d’intégrer des enjeux à long terme, comme la préservation de la planète, dans les institutions ; le développement d’une mobilité « propre » et accessible à tous, via notamment la mise en place d’une prime à la transition pour remplacer les véhicules les plus polluants ; la fin de la vente des voitures émettant des gaz à effet de serre d’ici 2040 ; ou encore l’interdiction de tout nouveau projet d’exploration d’hydrocarbures, de gaz de pétrole et de de schiste.

« Passer des réactions médiatiques en réponse à la décision de Donald Trump de sortir de l’accord de Paris, à l’action sur le climat en France et en Europe : voilà quelles étaient les attentes des associations du Réseau Action Climat pour le plan présenté par le Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire », déclare sur son site le RAC (Réseau Action Climat) France, qui fédère des associations spécialistes de la question du changement climatique. Le réseau rappelle que dès le mois de juin, il avait formulé un ensemble de propositions pouvant être reprises par le gouvernement dans plusieurs secteurs : l’agriculture et l’environnement, la fiscalité, la rénovation des logements, les transports, l’énergie. Il estime aussi « qu’il y a « trois grands absents dans ce plan climat : Celui-ci passe totalement sous silence la nécessaire fermeture de réacteurs nucléaires, indispensable à l’atteinte des objectifs de la loi de Transition énergétique et pour laisser la place aux énergies renouvelables. Plus grave encore, on observe un recul sur la solidarité climatique internationale. Il n’y a pas de nouvelle mesure concrète ; la taxe sur les transactions financières au niveau européen, censée générer des recettes pour la solidarité internationale, ne figure pas dans ce plan. […] Enfin, le Plan Climat ne prévoit pas de revoir radicalement la mauvaise position française sur les puits de carbone. C’est pourtant un marqueur de l’ambition que se donne ou non l’Europe pour respecter l’Accord de Paris ». Il y a néanmoins, selon le Rac, quelques mesures qui vont dans le bon sens : « Il en va ainsi de la volonté d’aller plus loin en termes d’objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pour 2050, de fiscalité écologique, avec une accélération prévue de la taxe carbone pour mettre en œuvre l’accord de Paris, ou encore de la prise en compte des enjeux sociaux et de la conversion professionnelle pour pouvoir fermer les dernières centrales au charbon françaises d’ici 2022. C’est aussi le cas de l’objectif de rénover sous les 10 prochaines années les 8 millions de passoires énergétiques que compte notre pays, ou encore de la proposition d’interdire l’octroi de nouveaux permis d’exploration pétrolière et gazière, bien qu’incomplète puisqu’elle exclut les permis en cours ». Pour Greenpeace, « Nicolas Hulot fixe un cap intéressant, mais nous laisse sur notre faim ». La question du nucléaire est là aussi au cœur des préoccupations de l’association. « Sur la transition énergétique et le développement des renouvelables, Nicolas Hulot renouvelle l’erreur de méthode des gouvernements précédents. Il rappelle la promesse de la baisse de la part du nucléaire et de développer celle des renouvelables déjà inscrite dans la loi de transition énergétique mais il fait fausse route sur la façon d’y arriver : Nicolas Hulot doit comprendre qu’on ne développera pas massivement les renouvelables en France si l’on n’a pas préalablement fermé des réacteurs nucléaires. La question sociale est évidemment cruciale mais le cœur du problème reste la marge de manœuvre du Ministre de l’Environnement par rapport à l’avenir industriel d’EDF. », explique Cyrille Cormier, chargé des questions climat et énergie pour Greenpeace France dans un communiqué. A noter, pas un mot dans le Plan Climat sur la taxe sur les transactions financières, qu’Emmanuel Macron s’était pourtant engagé à défendre. Ce que regrette notamment Attac. . Dominique Plihon, porte-parole d’Attac France, considère dans un communiqué que « ce renoncement est inacceptable : alors qu’une large majorité de l’opinion publique soutient la TTF, Emmanuel Macron et Nicolas Hulot préfèrent céder face aux lobbies financiers en se privant d’une mesure qui pourrait rapporter jusqu’à 35 milliards d’euros par an si elle était appliquée à l’ensemble de l’Union Européenne ». Le mouvement appelle donc « l’exécutif à revoir sa copie et va s’évertuer à ce que le mouvement pour la justice climatique se fasse entendre, dans les mois à venir, à ces sujets ».




#2 L’Equipe d’Eco-bretons : Guewen, des pieds nus et des scarabées

Guewen est un des membres ressource de l’équipe d’Eco-bretons. Journaliste de formation, Guewen est curieux de nature, passionné de jardinage et souvent pieds nus. Il termine son contrat à la fin du mois pour se lancer dans le maraichage et la noble mission d’être papa. L’interview se déroule dans le bois de Kerozar, à Morlaix, à deux pas de nos locaux avec un peu, beaucoup de scarabées.

Peux tu te présenter Guewen.

Bonjour je m’appelle Guewen Sausseau, je suis journaliste à Eco-bretons depuis 1 ans et 2 mois, je suis passionné par le jardinage et les nouvelles technologies. Je suis très intéressé par les nouvelles technologies et les fab lab mais je ne l’applique pas au jardinage !

Mais pourquoi es tu devenu journaliste ?

wow. Je cherchais un sens au monde en fait. A la base j’ai un bac techno agricole ensuite j’ai fait un BTS en gestion et maitrise de l’eau en agriculture (et j’ai fait plus la fête que mes études à cette époque là). Et à la fin de ce BTS, que je n’ai pas eu, je me suis donné un an pour trouver ma voie. Je suis parti en Afrique.

Et en rentrant j’ai découvert le DUT Info-Comm’ avec option journalisme de Lannion par le biais d’une rencontre. Je me suis rapproché à ce moment là du monde du journalisme et je me suis rendu compte que ça faisait déjà quelques années que j’étais attiré par l’actualité et que ça m’intéressait énormément. En rencontrant ces gens là, étudiants en journalisme, je me suis dit : c’est ça que je veux faire ! Toute la partie formation était hyper intéressante parce que on était dans le vrai journalisme : pas de pression financière, pas de pression managériale, hiérarchique. C’est juste t’as un thème ou un genre et tu fais ce que tu veux.

T’as un genre de prédilection (interviews, brèves, reportage) ?

J’aime beaucoup l’interview, parce que c’est peut être le moment où je donne le moins mon avis. La seule subjectivité que tu vas apporter dans une interview c’est via tes questions, derrière la parole, elle, est brute.

Comment est ce que t’es arrivé à Eco-bretons ?

C’est une longue histoire ça ! Une histoire qui commence en 2010 parce que j’avais postulé une première fois en contrat aidé à l’association Bretagne Durable. L’asso’ avait un an à l’époque. Je n’avais pas été retenu.

Mais quatre mois plus tard ils cherchaient quelqu’un, en service civique cette fois. L’équipe m’avait proposé de rejoindre l’association. Donc j’avais fait un an de service civique en 2011/2012. Puis du coup, derrière j’ai continué à suivre les activités de l’association. En 2015 je suis rentré au conseil d’administration de l’association. Et en 2016 l’association a voulu étoffer son équipe rédactionnelle et donc j’ai intégré l’équipe. Par un CUI CAE de 6 mois, puis un  CDD pendant 8 mois qui s’arrête cet été.

Quelle actualité dans les transitions t’a vraiment plu ?

C’est très compliqué parce qu’on voit énormément de choses qui ne sont pas comparables avec un seul point commun « aller vers un avenir meilleur » . Le point commun c’est d’essayer de changer les choses à notre échelle pour que peut être l’humanité aille un peu plus dans le bon sens.

Alors plus qu’un mouvement, plus qu’une thématique, c’est une ville que j’ai envie de mettre en avant : Nantes. Parce que sur la dernière année le nombre de trucs qui se passent à Nantes c’est impressionnant. S’il y a une ville qui est en transition en ce moment c’est Nantes. Autant à Rennes c’est festif, autant à Nantes il y a énormément d’événements « conscients ».

Tu fermes les yeux tu dis un mot.

Non mais j’sais pas faire des trucs comme ça.

Qu’est ce que tu as aimé le moins à Eco-bretons ?

C’est ce côté un peu de gâchis de plein de bonnes idées qui sont juste restées au stade d’idées.

On va pas finir sur ça ! Et ce que tu as préféré ?

Ce que j’en retire c’est que souvent quand j’appelle les gens, ils ne se rendent pas souvent compte qu’ils font parti d’un grand mouvement. Moi j’ai appelé pas mal de gens…(un scarabée intervient dans l’interview et Guewen perd le fil)

Qu’est ce que tu appelles grand mouvement ?

Ce grand mouvement de la transition. Ce qu’on appelle agir localement penser globalement. Et en fait y’a plein de monde qui le font de manière plus ou moins consciente. Le monde est en train de changer je crois (l’attaque de scarabée continue et l’équipe se retrouve écroulée de rire dans la forêt).

Un peu hippie comme discours ?

Je suis un mec qui passe la moitié de sa vie pieds nus dans son jardin à faire du potager.

La question scarabée : tu dois prendre le scarabée dans ta main et il ne doit pas tomber. Qui es-tu ?

A l’heure actuelle, je suis surtout un père de famille depuis un peu plus de 11 mois et c’est un travail à plein temps. Ça occupe à peu près 70 % de ma vie.
(le scarabée n’est pas tombé)

Quelque chose à rajouter ?

J’ai toujours aimé les scarabées, quand j’étais petit je les ramassais lors des promenades avec mes parents et je faisais collec’. Je les ramassais et je les promenais. Certains sont morts, mais dans l’ensemble je les remettais droit quand ils étaient sur le dos.

Merci pour cette interview dans la forêt avec les scarabées !




Le feuilleton de l’été « Les mots-valises » : Le développement durable (Chapitre 1, épisode 3)

Il y a comme cela des mots ou des expressions qui apparaissent, deviennent à la mode et ont un tel succès que, finalement, tout le monde se les approprie. Évidemment, comme il s’agit d’expressions nouvelles, leur signification reste un peu floue et chacun y met ce qu’il veut, un peu comme dans une valise.

Cet été nous nous intéresserons à quatre expressions qui sont dans le ton de ce site : développement durable, transitions (qui peut être énergétique ou écologique, voire les deux à la fois), innovation ( qui peut-être sociale, technologique, commerciale) et démocratie participative (forcément participative, aurait dit Marguerite Duras)

Troisième épisode : Et si le développement durable était un carré magique ? Voire une pyramide?

Essayons d’abord de poser le problème de manière la plus irréfutable possible.

Avec Pareto, à la recherche de l’équilibre

Nous savons que toute modification de l’équilibre ne sera acceptable que si chaque partie prenante a l’impression qu’elle est gagnante à chaque évolution du modèle. En mathématique, cela s’appelle une optimisation sous contrainte et nous avons appris des mathématiciens qu’il existe un moment où ces évolutions arrivent à un optimum. Cela s’appelle l’optimum de Pareto qu’on peut définir ainsi : l’optimum n’est pas atteint tant qu’un avantage obtenu par l’une des parties prenantes se traduit par un désavantage au moins égal pour une autre partie prenante ou si vous préférez, on atteint l’équilibre optimal de Pareto dés lors que tout avantage supplémentaire obtenu par une partie prenante se traduit par un désavantage supérieur pour au moins l’une des autres parties prenantes.

Comme nous le voyons, c’est une question mathématique que seuls les mathématiciens sont à même de résoudre. Tant qu’à résoudre des problèmes complexes, autant qu’ils s’attaquent à celui-là plutôt qu’à des algorithmes permettant de faire fonctionner de façon quasi automatique des salles de marché. Mais les mathématiciens n’ont pas à leur disposition les outils de mesure permettant d’alimenter leurs modèles.

NO PIB

En effet, nous sommes pauvres en outils de mesures simples et la tyrannie du PIB a un peu éclipsé tous les autres efforts pour trouver un moyen de mesurer le progrès humain. Une des premières étapes donc pour sortir le développement durable de ses antagonismes terribles est de donc de développer les outils statistiques permettant de rendre mieux compte de la réalité, des autres réalités que de la seule réalité économique. Les travaux menés il y a près de 10 ans par la commission Sen-Stiglitz vont dans ce sens mais cela reste les réflexions d’un aréopage d’économistes. Mais supposons ce problème d’approvisionnement statistique résolu, nous ne serions pas pour autant au bout de nos peines. Il faudra encore faire travailler nos experts de l’optimisation sous contrainte et c’est là que nous nous heurtons à une question que jusqu’à présent nous avions soigneusement évité d’aborder : qui nous dira ce qui est un avantage supérieur ou un désavantage supérieur ?

La quatrième dimension : la démocratie

Dans une organisation politique comme celle où nous vivons et aspirons de continuer à vivre, ces questions sont au cœur du débat démocratique. La démocratie, la voilà la grande absente du schéma initialement décrit. En effet, sans démocratie, il est difficile de pouvoir trancher ce qui est bon et ce qui l’est moins, de faire la part des choix entre ceux qui vivent dans le court ou le moyen terme, ceux qui n’ont d’horizon que celui de leur propre durée sur terre et ceux dont la vision ne saurait se limiter à l’échelle du siècle. le débat démocratique est là pour nous éclairer en s’appuyant sur tout l’outillage dont la description a à peine été abordée dans le paragraphe précédent.

Cela voudra dire que nous passons d’un schéma à trois dimensions à un schéma en quatre dimensions. Peut-on, pour rester dans la phraséologie symboliste, alors parler d’un « carré magique » du développement durable ? Ne devrions-nous pas plutôt parler de pyramide du développement durable dont le sommet serait évidemment la démocratie ? Cela serait évidemment préférable.

ET en termes de durabilité, une pyramide, ça se pose un peu là ! [à suivre]

Dominique Guizien




Le feuilleton de l’été « les mots valises » : la transition (chapitre 2, épisode 3)

Il y a comme cela des mots ou des expressions qui apparaissent, deviennent à la mode et ont un tel succès que, finalement, tout le monde se les approprie. Évidemment, comme il s’agit d’expressions nouvelles, leur signification reste un peu floue et chacun y met ce qu’il veut, un peu comme dans une valise.

Cet été nous nous intéresserons à quatre expressions qui sont dans le ton de ce site : développement durable, transitions (qui peut être énergétique ou écologique, voire les deux à la fois), innovation ( qui peut-être sociale, technologique, commerciale) et démocratie participative (forcément participative, aurait dit Marguerite Duras).

Épisode 3 : Transitions radicalement progressives 

L’épisode précédent se terminait sur « trajectoire de transition » . En effet, il s’agit bien de cela, d’une trajectoire ou plutôt d’un trajet, le plus souvent personnel, parfois collectif (« seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » dit la sagesse populaire africaine). C’est un mouvement continu, progressif mais résolu qui peut partir de n’importe où mais toujours d’un point qui touche particulièrement chaque individu. Cela peut être sa santé, son porte-monnaie, son boulot, ses relations de voisinage, le spectacle du monde. Peu importe. Le principal, c’est d’abord de se sentir concerné. Évidemment si on en reste là, les choses n’avanceront guère : on sera au mieux dans la protestation contre le système qui produit tout cela, au pire dans la désespérance résignée face au même système, en attendant on ne sait quel bouleversement qui renverserait ce système pour le remplacer par … on ne sait trop quoi. Et puis il y a l’attitude plus réactive qui est de dire : « au moins sur ce point-là, je peux faire quelque chose, changer mes habitudes ! » et en général on le fait parce que c’est ce point-là justement qui a permis une première prise de conscience parce que sur cette question, on se sentait concerné.

Et puis de fil en aiguille, à condition de s’en donner la peine et de faire preuve de curiosité, on se rend compte qu’il y a d’autres phénomènes néfastes liés à ceux-là et que l’ensemble fait partie d’un système et que lorsque on touche à un élément, c’est l’ensemble de l’écheveau qu’il faut dévider car rien n’est totalement indépendant et qu’il existe des chaînes de causalité : énergie-transport-mobilité-aménagement de l’espace, santé-alimentation-mode de consommation-mode de production par exemple et la liste est longue. Et plus on creuse, plus on va vers les racines. C’est pourquoi je parle de transition radicale, c’est à dire celle qui va jusqu’aux racines de chaque problème. Changer ses comportements, c’est bien mais ne pas faire couler l’eau en se brossant les dents ou faire pipi sous la douche pour économiser l’eau des toilettes, cela reste des comportements déculpabilisants voire un peu ludiques si parallèlement on ne se pose pas la question de la vie de l’eau : l’eau qu’on capte et détourne pour produire des plantes gourmandes, l’eau qu’on salit en empoisonnant la terre, l’eau qu’on rejette sans forcément la nettoyer. Ceci n’est évidemment qu’un exemple parmi tant d’autres. Mais si on décidait d’aborder toutes ces questions simultanément, ce serait un tel bouleversement de nos modes de vie que nous n’y résisterions pas. C’est pourquoi la transition écologique doit être progressive mais elle ne progressera que si elle vise à toucher aux racines des maux dont souffre notre planète. Radicale et progressive vous dis-je. Comme le chemin est long, mieux vaut le commencer le plus vite possible, chacun à sa façon, les solutions existent à portée de nos mains. C’est d’ailleurs ce qu’on voit tous les jours sur le site d’éco-bretons http://www.eco-bretons.info/.

Dominique Guizien




#6 Portraits d’Equipe : Dominique Guizien, président de l’association

Président de l’association depuis un peu plus de deux ans, Dominique Guizien est impliqué dans le tissu associatif Morlaisien. Curieux de trouver la meilleure manière d’infuser le développement durable, l’économie sociale et solidaire, le développement associatif au sein de la localité Morlaisienne, il s’investit dans ce qu’il estime être « le seul système viable : le système écologique » .

Bonjour Dominique, tu es actuellement président de l’association Eco-bretons, quelle est ton action ?

Je suis président depuis maintenant presque 2 ans, mais je suis impliqué dans l’association, et notamment au conseil d’administration, depuis plus longtemps, 2013 plus exactement.

Je représente l’association vis à vis de l’extérieur, notamment lors des rencontres avec les partenaires financiers : conseil général, Morlaix agglomération, l’Agence de l’eau… Mon rôle c’est aussi de veiller à ce que l’association ait les conditions de sa survie. Actuellement,  tout ce qui se passe , les réductions de budget dans les collectivités territoriales, la suppression de la réserve parlementaire, la suppression annoncée des emplois aidés, fait que Eco-bretons, comme beaucoup d’associations, affronte des difficultés pour passer l’année 2017.

Difficile

Difficile certainement,  sauf si on est une association qui a de grosses réserves.

Mon autre rôle c’est de faire en sorte que les grands principes fondateurs de l’association soient respectés. Alors les grands principes c’est quoi ? C’est en premier lieu la gratuité du service, et ça devient compliqué compte tenu de ce que l’on vient de dire sur les financements. C’est aussi une certaine ligne éthique dans le traitement de l’information, parce qu’on est pas les seuls à traiter de ce que l’on appelle communément « le développement durable ».

Pourquoi avoir accepté de prendre le rôle de président ? C’est un rôle de responsabilité, d’engagement, de constance. Un attachement particulier à l’association, aux projets, aux gens qui y travaillent ?

J’ai rarement été un spectateur dans ce que je faisais.

Je suis tombé dans la marmite associative quand j’ai fait l’ESSEC, une école de commerce installée à l’époque en plein Paris, dans les locaux de l’Institut Catholique. J’ai animé deux activités dans le cadre de mes études. J’ai contribué à l’animation de ma promotion et de la promotion suivante sur deux axes : premier axe, un club de pétanque. Jouer à la pétanque dans la cour de « la Catho » c’est particulièrement jouissif et surtout organiser, dans ce cadre là, un grand tournoi de pétanque, rassemblant plus de 800 joueurs sur l’esplanade des invalides, ce fut un grand moment. Autre chose j’ai été secrétaire général national d’une association qui s’appelait l’association des cercles Europe qui, au début des années 70, promouvait deux choses, d’une part l’élargissement de l’Europe, on passait de six à neuf et de neuf à quinze, et surtout une Europe des régions. C’était plus ou moins lié au mouvement fédéraliste.

Et puis, je n’ai pas toujours été dans l’administration. J’ai 42 ans de vie professionnelle, j’ai du faire une demi douzaine de métiers. Deux périodes bien distinctes : une première de 20 ans avant l’ENA et la seconde de 20 ans aussi après. Dans l’administration c’est classique, parcours de haut fonctionnaire, on se bouge tous les 3 ou 4 ans de ministère en ministère et de poste en poste.

Par contre avant, sur les 20 ans de mon activité précédente il y a trois phase, une phase de coopération technique en Afrique du Nord, une petite phase de deux ans ou j’ai créé ma première boîte et ensuite les dix années suivantes ça a été effectivement essentiellement associatif.

Au delà d’être président, tu es pas mal investi dans le monde associatif Morlaisien, le monde associatif tout court en fait.

Oui, j’étais. C’est vrai qu’il y a une époque, au début de ma retraite, où j’avais été un peu plus sollicité. Je sortais alors d’une élection politique qui m’avait apporté un petit peu de visibilité. Par ailleurs, puisque beaucoup de sujets m’intéressent ; parmi eux évidemment la transition écologique, l’économie sociale et solidaire, la solidarité active, le développement du mouvement associatif au sein de l’ESS ; je me suis retrouvé administrateur et parfois assez rapidement président ou coprésident, vice président de certaines associations (Force 5, Resam, ADESS).

L’intérêt du monde associatif selon toi : monde des possibles, liberté de création, mise en réseau des acteurs, quel est il ?

L’intérêt du monde associatif par rapport à d’autres c’est quand même la possibilité de développer des services ou des relations entre les individus qui ne soient pas fondées uniquement sur le modèle marchand. Ça offre beaucoup de possibilité mais présente aussi quelques inconvénients, notamment de moyens pour fonctionner.

Pourquoi le développement durable ?

Ca s’est passé en trois temps.

 Premier temps, le rapport de 1972 The Limits to Growth, du Club de Rome, premier choc. Là je sortais d’école, j’avais suivis des cours de marketing de produits agricoles, j’envisageais de venir faire carrière dans l’agro-alimentaire breton. Et je commence à me poser des questions, « mais oui c’est vrai ça si on part du principe que les ressources sont finies il vaut mieux les ménager. » Sans grande originalité, j’avais l’intuition que le bon filon ça allait être le recyclage et la récupération et que ceux qui arriveraient à trouver les bons systèmes s’en sortiraient. Quand on voit où on en est 40 ans après, on se dit qu’on aurait pu aller plus vite.

Second choc, le naufrage du pétrolier Amoco Cadiz en 1978. Quand j’ai vu que l’on utilisait des palettes de plâtre, stockées sur un quai de Roscoff pour couler le pétrole dans le chenal de l’Ile de Batz, je me suis dit « ah là quand même, il y a quelque chose qui ne va pas très bien ». Non seulement il y a un problème de recyclage des déchets mais il y a un problème plus grave : les pollutions du milieu naturel et nous n’avons pas de réponse intelligente

La troisième prise de conscience a eu lieu en 2003 lorsque je me suis retrouvé directeur des ressources humaines au ministère de l’écologie. Je n’ai pas choisi ce ministère par hasard non plus. Au ministère de l’écologie j’ai découvert toutes les problématiques de l’écologie : l’eau, l’air, la biodiversité …etc et surtout la diversité des métiers. C’est là que j’ai découvert que le fonctionnement systémique ne s’appliquait pas qu’aux organisations humaines mais que c’était avant tout le fonctionnement normal de la nature. C’est à dire que rien ne se passe dans une partie du système sans que cela ait un effet sur un autre partie. Et cet effet sur cet autre partie provoque une rétro-réaction qui, soit amplifie l’effet premier, soit le corrige. Selon la façon dont on gère les feedback, c’est à dire les boucles de retour, on arrive à un système qui devient à peu près stable ou qui devient décadent. L’effet systémique de l’économie actuelle serait plutôt un effet déstabilisant puisque l’effet retour a plutôt tendance à amplifier le premier que l’inverse. Alors que lorsque l’on regarde le modèle économique de la transition écologique, à l’inverse, l’effet retour aura plutôt tendance à stabiliser les choses.

Mon choix pour l’écologie n’est du tout un choix philosophique. C’est avant tout une question d’efficacité ;  le modèle écologique est plus efficace, c’est tout.

Dans le chapitre 2 épisode 3 du mot « transition », tu parles d’une transition radicale mais qui ne peut être que progressive, est ce que tu peux nous en parler ?

Je prends « radicale » a son sens premier c’est à dire « allant aux racines ». Si on veut véritablement que les choses changent il ne faut pas se contenter de l’écume des choses. Par exemple : faire pipi sous la douche c’est bien, ça évite de tirer la chasse d’eau donc on économise de l’eau. En plus c’est rigolo, ça reste ludique. Mais si on se pose la question du cycle de l’eau là ça devient intéressant, parce qu’on peut aller au fond des choses, à leur racine ; on commence alors à entamer une démarche qui est une démarche, pour le coup, radicale.

Toute transition est un changement et chaque petit changement est quelque part un petit traumatisme. Si les traumatismes sont gérés progressivement ils sont supportables. S’ils sont trop simultanés ça devient plus dur à gérer et dans ce cas là on change de modèle, on risque de se marginaliser. Je pense au mouvement des décroissants dont je crois qu’ils veulent aller trop vite, trop loin et trop rapidement. Moi je crois beaucoup à l’évolution progressive. Chacun a un cheminement différent, on ne fait bouger les gens que ce sur quoi ça les intéresse.

Les américains ont un mot pour ça qui s’appelle « nudge » , c’est à dire que l’on utilise un stimulus, qui parle à l’esprit des gens, positif, pour changer un comportement qui est négatif. Je prends un exemple récupéré d’un article, la lutte contre les incivilités dans les gares. Tout bête, les gens qui râlent dès qu’un escalator est en panne. On va faire passer un message positif, par exemple «  Prenez l’escalier c’est bon pour votre santé, vous allez vous muscler, perdre du poids…etc » , comme ça le jour où effectivement l’escalator est en panne, vous prenez naturellement l’escalier. En appuyant sur un stimulus valorisant on arrive à un changement. La transition c’est un petit peu ça, il faut qu’on trouve à chaque fois le bon stimulus.

L’exemple le plus typique c’est la nourriture bio. Moi je suis persuadé que parmi les gens qui fréquentent les rayons bio des grandes surfaces ou ceux qui vont en biocoop, tous n’y vont pas dans une délmarche de transition assumée. Certains y vont uniquement parce qu’ils sont effrayés par le message diffusé par les médias sur « la bouffe dégueulasse », parce qu’ils ont lu un article sur le fait que « la myrtille sauvage c’est bon pour le teint », parce que « le thym c’est bon comme antiseptique naturel »…etc

 C’est ça qui les fait venir donc ils vont acheter du bio, ils vont payer un peu plus cher pour ça. Ces gens lorsqu’ils payent du bio et ils payent juste la santé : « bah ça me coûte plus cher mais ça me coûte moins cher qu’en médicaments ». Stimulus zéro. Ils ont acheté du bio, c’est bien, mais ils ne sont pas en transition. Par contre s’ils rentrent dans un magasin et que dans ce magasin on les informe un peu plus sur les tenants et aboutissants de leur consommation et sur des événements locaux qui illustrent cette démarche de transition, là ils ont l’opportunité de rentrer dans une démarche plus réfléchie.

C’est un petit peu le sens de la démarche d’Eco-bretons. Ce n’est pas juste, par exemple, de présenter un maraicher bio en disant « ah oui c’est bien de faire du bio ! ». C’est aussi lorsque l’on va interviewer quelqu’un qui fait du bio, d’essayer de regarder son parcours, de regarder pourquoi il est arrivé à ça, ce qu’il y a derrière tout ça. Ensuite il faut que le lecteur fasse le rapport entre cet article et d’autres articles  qu’il a vu récemment sur la gestion du cycle de l’eau par exemple.

Est ce qu’on a encore le temps d’avoir cette démarche progressive ?

Moi je ne suis pas comme Jean Jouzel je ne suis pas à ce point alarmiste. Mais ce n’est pas parce que je pense qu’on a encore un peu de temps qu’il ne faut pas commencer dès maintenant d’essayer de faire bouger les comportements de la majorité. Mais il faut quand même avoir à l’esprit un point important. On pourra avoir tous les comportements vertueux dans des pays qui ont des comportements plus prédateurs jusqu’à présent, quand on sera 9 millions ½ d’habitants sur terre si ceux-ci n’ont ne serait ce que le dixième ou le quart de notre empreinte écologique, de toute manière on est mal barrés. Donc ce que je vais dire, je vais le dire avec précaution : le pire risque c’est l’évolution démographique. Et là, il n’y a pas de solution simple.

Les innovations

Peut être qu’on trouvera des innovations qui vont faire que pour un même niveau de standard de vie, l’empreinte écologique globale sera fortement diminuée. Et là je suis extrêmement attentif à ce que font certains acteurs majeurs de l’économie mondiale, c’est à dire des personnes qui ont des ressources supérieures à des ressources d’état entiers.  J’ai découvert ainsi  que deux des personnes les plus riches du monde ont tous les deux pris des parts dans une société Californienne qui envisage de produire ce qu’ils appellent de la viande propre, c’est à dire de la viande sans animaux. La protéine animale sans animaux, pas d’élevage, pas de torture. Alors est ce que c’est de la pure communication, du bluff ?Je suis plus que dubitatif, je ne suis pas contre l’innovation technologique, mais  depuis 40 ans j’ai été un petit peu vacciné contre les apprentis sorciers. Ça serait bien qu’on fasse une évaluation écologique, a priori, de ces pratiques, notamment de leur impact sanitaire. Et lorsque je n’en sais strictement rien, c’est l’application du principe de précaution, principe de valeur constitutionnelle. Quand on ne connaît pas l’impact des choses, il vaut toujours mieux prendre le temps de creuser la question que faire a posteriori une analyse des dégâts que cela a produit.

La chasse aux apprentis sorciers : prendre le temps de l’application du principe de précaution

Application du principe de précaution puisqu’on en parle. Les sables coquilliers au large de la Bretagne, deux projets, un au large de Duon et un au large de Trebeurden. Projet de Duon c’est démarré. Projet de Trebeurden ça a commencé suite au décret du ministre de l’économie, Macron à l’époque, mais avec de telles contraintes réglementaires  que l’opérateur a dû arrêter provisoirement l’exploitation. Il se retrouvait en contravention par rapport à ceux qui l’autorisaient à le faire. Mais là n’est pas la question. En rapport avec l’application du principe de précaution, on aurait pu regarder l’impact qu’avait eu l’extraction de sable coquillier au Duon avant de lancer une extraction à Trebeurden. On n’était pas à deux/trois ans près, surtout quand on sait à quoi sert le sable coquillier. Hors la station biologique de Roscoff avait commencé une étude, systématique, sur l’impact de l’extraction des sables coquilliers sur les dunes de Duon. On aurait attendu deux ou trois ans, on se serait rapidement rendu compte si oui ou non le sable coquillier avait un impact, comme NOUS le pensions, ou bien si ça n’avait absolument aucun impact. Si il n’y aucun impact et bah on y va, ce sable vaut mieux qu’on le prenne là que l’on ne le prenne sur les côtes. SAUF si l’étude démontrait qu’au delà des frayères il y a d’autres impacts négatifs, SAUF si une étude technique ad hoc démontrait qu’il existe des solutions alternatives pour répondre aux besoins de l’agriculture bretonne, SAUF enfin, si une étude économique sérieuse montrait que l’agriculture bretonne pouvait se passer de ces sables coquilliers,

On va terminer par un livre ou une personne que tu nous conseillerai pour prolonger la réflexion, qui toi t’as aidé en tout cas

 Deux livres en fait que j’ai lu le même été et qui traitent à peu près du même sujet

Le bouquin de Timothy Jackson, le rapport qu’il avait fait pour l’équivalent du conseil du développement durable anglais. C’est un rapport officiel. Le bouquin est sorti en 2010 et explique la démarche de la transition. Prospérité sans croissance, la transition vers une économie durable  de Tim JACKSON.

Le livre d’un économiste suisse qui partant de la crise financière de 2007-2008, démonte les mécanisme d’un changement radical :  Le grand renversement  de Jean-Michel SERVET.

Merci !