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Lylian Le Goff : « Il faut réduire sa consommation de viande »

3 questions à… Lylian Le Goff 

Pour vous, que signifie le « manger mieux » ?

Mieux manger passe par une révision de la composition des menus. L’équilibre alimentaire doit être totalement modifié, de fait aujourd’hui, on fait beaucoup trop la part belle aux protéines animales qu’aux légumineuses.

Ces dernières représentent un atout pour la santé puisque beaucoup de nutriments protecteurs, dont les fibres, y sont présents. Il n’y a aucun risque de carences, bien au contraire. 

Mais manger bio n’est pas forcément accessible à tous niveau budget ?… 

Acheter moins de viande permet de réaliser de grandes économies, le cout de la viande étant très élevé aujourd’hui. Ces économies faites sur la viande permettent justement d’acheter des produits issus de l’agriculture biologique. 

Et puis, manger moins de viande permet de réduire l’excès d’apport en cholestérol qui peut etre cancérigène. Dernier élément : quand j’incite les gens à manger bio, je veux bien sûr parler du bio local. Quand on sait que 30 % des gaz à effet de serre passent par nos assiettes, ce n’est pas négligeable.  

Pour notre dossier intitulé « manger mieux, le grand casse-tete ! » (cf numéro d’automne), notre rédaction a effectué un relevé de prix dans différentes enseignes alimentaires à Brest. Nous avons constaté de très forts écarts de prix : le kilo de pâtes bio de Liddl coute 1, 38 €, le kilo en vrac de Leclerc 2,79 € et 1,90 € celui de la Biocoop. Un bio à deux vitesses en terme de qualité de produit ? 

Concernant la qualité des produits bio, il n’y a pas de craintes à avoir. En France, tous les produits labellisés bio sont soumis aux memes titres de contrôle, pas de bio à deux vitesses donc concernant d’éventuelles différences qualitatives. 

 

Le reste de notre enquête sur le manger mieux est à retrouver dans notre numéro d’automne. La liste des points de distribution ici. Vous pouvez aussi contacter Julie pour vous abonner à l’adresse suivante : julie@bretagne-durable.info 

 

Plus web :

L’interview de Stéphane Gouin, maitre de conférences à Agrocampus Rennes qui intervient également dans notre dossier. 

 

 




Extraction de sable en baie de Lannion : la politique de la CAN ou de l’autruche ?

Le rendez-vous était attendu par les opposants au projet d’extraction de sable en Baie de Lannion qui se sont déplacés en nombre, hier à Bercy. Cette table ronde qui s’est tenue en huit clos n’a pourtant pas répondu aux attentes des élus locaux, comités de pêche et associations qui refusent en bloc ce projet d’extraire chaque année, pendant 20 ans, 400.000 m3 de ce sable coquillier dans la Biae de Lannion (Côtes d’Armor). En effet, à la demande des services de l’Etat, la CAN aurait engagé des études complémentaires qui n’ont été communiquées ni aux élus, ni aux associations, ni aux comités de pêche. « Le ministre, surpris que ces études n’aient pas été diffusées auprès des acteurs concernés, a demandé à ce que ces documents leurs soient rendus disponibles dès que possible, afin que chacun puisse débattre avec le même niveau d’informations » explique Alain Legendre, membre du collectif du Peuple des Dunes.

Du coup, aucune décision n’a été prise, sinon de reporter cette réunion à la fin du mois prochain « Nous sommes dans l’attente d’avoir ces documents car pour l’instant nous n’avons aucune information sur ce qu’ils comportent, si ce n’est qu’une étude sur le lançon dans la baie » déplore Alain Legendre. Le ministre a quant à lui déclaré ne pas vouloir que ce dossier traîne.

Un exposé d’arguments

Cette réunion a tout de même permis a chacune des parties d’exprimer ses arguments. Ainsi, selon Alain Lajeune, la CAN aurait «  minimisé l’impact négatifs, notamment concernant la turbidité et le trait de côte : l’ensablement de la plage en se basant essentiellement sur des modèles mathématiques  et en avançant le fait que seulement 2% de la Baie de Lannion serait concernée par ces extractions ». La CAN précise également que la Baie correspondant aux besoins de sable coquiller destiné à l’amendement agricole breton.

De son côté, le collectif du Peuple des Dunes a estimé que les données de l’enquête publique étaient insuffisantes et à pointé le fait que des domaines n’avaient pas été étudiés. « Ce projet est non seulement dangereux pour la biodiversité marine, mais il représente une menace pour des emplois locaux non délocalisables » estime Alain Legendre. Et le comité de pêche de souligner le garde manger que représente la Baie de Lannion pour ses activités.

Des politiques pour une étude globale

Du côté des élus, Corinne Erhel, députée PS, a fait savoir dans son blog ce matin que « sans être opposée à l’extraction de sable dans son principe, il me parait essentiel d’être extrêmement vigilant sur la localisation envisagée, les volumes extraits, les conditions d’exploitation et les conflits d’usages ». Selon elle, un tel projet voisin de zones Natura 2000 et d’une réserve naturelle (des spet iles, ndlr) doit faire l’objet d’une étude complète. Ainsi, « si l’on peut comprendre les enjeux en matière de développement et d’emplois pour la CAN, il est aussi indispensable de mesurer l’impact pour l’économie et l’emploi locaux d’un tel projet ».

« Nous avons un mois pour prendre connaissance de ces dossiers que nous devrions recevoir dans un court délai, et pour voir si ces études complémentaires répondent aux questions que l’on se pose, a par ailleurs fait savoir Jean-Jacques Monfort, directeur de Lannion agglomération.

La Compagnie armoricaine de navigation, qui appartient au groupe Roullier, a présenté en 2009 une demande d’exploitation des sables coquilliers marins en baie de Lannion. Ce matin, nous avons essayé de la joindre, sans succès pour l’instant.

 

Ils ont répondu présent, hier à Bercy à l’invitation d’Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif…

Représentants de la CAN, conseillers ministériels, la région Bretagne, le président de la communauté d’agglomération de Lannion, les parlementaires Corinne Erhel députée PS, et Yannick Botrel, sénateur, le collectif Peuple des Dunes en Trégor, le comité départemental des pêches des Côtes d’Armor et du Finistère ainsi que le vice-président de la commission environnement du comité régional des pêches

Plus d’infos:

http://lepeupledesdunes.com/IMG/pdf/Dossier_de_presse_Bidal_Peuple_des_Dunes_Tregor.pdf

http://www.corinne-erhel.fr/

http://www.20minutes.fr/planete/1214447-20130827-lannion-montebourg-relance-debat-extraction-sable

 




Conversion : « Pour passer en bio, le plus gros changement se fait dans la tête »

Pourquoi avoir fait le choix de la conversion ?

Alain Fleury : Avant 2000, je faisais des céréales, des endives et des pommes de terre en conventionnel. Mon système ne dégageait pas beaucoup de revenu. C’est une rencontre qui m’a poussé vers le marché de l’œuf bio qui connaissait alors une forte demande. J’ai créé un poulailler en 2000 et j’ai commencé à convertir 13 hectares, notamment pour l’épandage des fientes. Ensuite, j’ai continué à convertir mes parcelles les unes après les autres. La dernière conversion date de 2008. Toutes mes terres et mon atelier sont aujourd’hui certifiés. Une entreprise prend mes œufs et je revends mes céréales au groupement qu’elle a créé et qui les mutualise entre les différents éleveurs sous contrat. C’est intéressant pour ceux qui ont moins de terres.

Toujours convaincu par ce choix ?

Pour passer en bio, le plus gros changement se fait dans la tête. Je faisais déjà des rotations donc de ce point de vue, ça n’a pas trop changé mais voir de la folle avoine et des fleurs jaunes dans les parcelles, ça fait mal. Le salissement fait très peur. On s’aperçoit vite que l’on peut maîtriser ce salissement par le désherbage mécanique. Mes premières parcelles converties, il y a 10 ans, sont toujours pas mal.
Je ne regrette vraiment pas mon conversion et j’espère que mon fils continuera en bio.

 

Comment ont évolué vos résultats techniques et économiques ? Êtes-vous satisfait de cette évolution ?

Alain Fleury : Je suis tout à fait satisfait de mes résultats techniques et économiques. En revanche, je n’ai été aidé que sur les 13 premiers hectares convertis, via la PAC. Pour le reste, je n’ai fait ni CTE, ni CAD et je l’ai senti passer. Pour autant, aujourd’hui, nous avons retrouvé un niveau de vie que nous avions perdu depuis longtemps. En terme de marges, pour les cultures, nous sommes mieux que ce que nous étions en conventionnel. C’est lié à la baisse des intrants et à une meilleure valorisation des céréales. Aujourd’hui, mes rendements varient peu et, pour l’instant, les années de forte spéculation comme en 2009 sont récupérées sur les exercices suivants. Il est d’ailleurs important de se battre pour la valorisation. C’est sur le prix qu’il faut se battre pas sur l’argumentaire habituel d’augmentation continue des rendements. Même en bio. Aujourd’hui, quand je vois que la grande distribution commence à communiquer sur des prix et des produits bio à 1 euro, c’est effrayant ! Je me dis qu’il y a un problème.

 

Comment avez-vous vécu la baisse des rendements sur votre exploitation ?

La baisse de mes rendements ne m’a pas choqué. Pour certains, ils ont baissé de 30 à 40%, le blé par exemple. Aujourd’hui, je suis entre 30 et 40 quintaux à l’hectare pour le blé et entre 40 et 50 quintaux hectares sur les autres cultures. J’ai déjà vécu une année de non récolte sur une parcelle ! J’ai aussi vécu un rendement de 5 quintaux à l’hectare sur du blé noir : j’ai arrêté d’en faire. Je pense que mes rotations n’étaient pas adaptées. J’ai été tenté de faire du chanvre, à la place, et puis finalement je vais reprendre le risque de tenter du blé noir. Globalement, la baisse des rendements ne me pose pas le problème car la rémunération permet d’obtenir de meilleures marges à l’hectare qu’avant.

 

Quels conseils donneriez-vous à un candidat à la conversion ?

Il faut essayer de voir et de rencontrer des producteurs sur le terrain qui sont déjà en bio. Pour voir comment ils font. C’est comme ça que l’on apprend le plus : voir comment les bio travaillent et font. Le suivi qui est proposé par le groupement d’agriculteurs bio de mon département peut aussi être utile car il permet d’obtenir des conseils. Les techniciens sont aussi un bon relais pour voir ce qui se fait sur le terrain et faire passer la pratique. Il faut aussi accepter qu’il y ait des accidents car on ne peut pas tout maîtriser. Ça fait partie des choses qui arrivent en bio. Une fois, j’ai eu un tracteur entier de brocolis de refusé car il y avait des chenilles… Et puis, il faut être bricoleur car, en bio, c’est important de pouvoir adapter son matériel. J’avais déjà une bineuse et j’ai gardé le même matériel pour le travail du sol et le semis.

Comment votre temps de travail a-t-il été impacté par la conversion ?

Je n’ai pas l’impression d’avoir vraiment plus de travail qu’avant. C’est sûr que l’on passe plus de temps que le désherbage par rapport à l’utilisation du pulvé. Mais il y a moins de passages. En fait le temps de travail augmente parce que les travaux prennent plus de temps. Et puis, il faut plus anticiper. En conventionnel, on a souvent une solution de rattrapage, pas en bio. Et c’est toujours dur de voir une culture rater. Mais ça peut toujours arriver car on ne maîtrise pas la météo !

Comment vous êtes-vous armés pour la maîtrise des adventices ?

J’ai suivi une ou deux sessions de formation et je me suis surtout formé sur le tas en rencontrant d’autres agriculteurs. Je me suis aussi formé sur la herse étrille et la bineuse. Les démonstrations sont très bien pour ça, ça permet de se faire une idée. Ensuite, on essaie soi-même. Là, je vais essayer, par exemple, le binage sur céréales. Il faut essayer de nouvelles choses.
Quand on convertit son exploitation à la bio, on se pose beaucoup de questions et on n’a pas toujours de réponse. C’est pourquoi, les autres agriculteurs ou la présence de bons techniciens sur le terrain sont essentielles. Malheureusement, nous ne sommes pas nombreux en bio sur mon secteur, ce n’est pas facile pour échanger.

 

Le ZOOM technique : Quel a été pour vous le point technique le plus important à maîtriser en bio ?

La maîtrise du désherbage dans les cultures est vraiment importante. Il y a encore du travail à faire pour faire évoluer les outils de désherbage. La lutte contre les maladies est aussi importante. Il faut aussi envisager que s’il y a une limitation future de la bouillie bordelaise, il va falloir trouver autre chose d’efficace pour les pommes de terre. En général, la protection des cultures est fondamentale et on ne peut pas tout résoudre et tout tester nous-mêmes. C’est là que la recherche et l’expérimentation en bio deviennent importantes.

 

Interview réalisée par Virginie Jourdan, de la Frab.

 

Plus d’infos

www.agrobio-bretagne.org/

 




L’Ecotaxe agite la Bretagne

12 centimes par kilomètres. C’est le tarif auquel seront assujettis les camions de marchandises de plus de 3,5 tonnes, circulant sur les routes françaises non payantes. Une « taxe poids lourds » ou « écotaxe » , instaurée par le Grenelle de l’environnement de 2009, et qui devrait entrer en service le 1er octobre prochain dans tout le pays.
L’écotaxe fait néanmoins débat. « Cette nouvelle taxe appliquée au secteur du transport routier représentera une augmentation des coûts du transport de 5 à 8%. », déclare ainsi la Fédération Nationale des Transports Routiers. La Bretagne a pourtant bénéficié d’un dégrèvement: du fait d’une forte mobilisation notamment au niveau parlementaire, une exonération de 50% lui a été accordée à cause de sa « position excentrée ». Quant à la collecte de lait, elle est épargnée.

Deux points de vue qui s’affrontent

Les réactions en Bretagne ne se sont pas fait attendre. Les élus du parti Europe-Ecologie-Les-Verts Bretagne ont ainsi déclaré, dans un communiqué, regretter « l’action des parlementaires socialistes qui ont fait pression pour obtenir une exonération de 50% de l’écotaxe en Bretagne ». « Plutôt que de revendiquer une exonération de cette taxe, il est de la responsabilité des élus bretons de pousser l’Etat à engager une véritable politique de développement du fret ferroviaire et maritime pour notre région. Car demain en Europe, seules les régions qui auront su développer ces modes de transport seront à même de faire vivre leurs filières de production. », poursuit le parti politique.

D’un autre côté, les opposants à la taxe poids lourds. Si certains ont abattu, lors d’une manifestation à Guiclan (29) le 5 août, le portail écotaxe situé sur la RN12, d’autres, pour la plupart entrepreneurs, se sont regroupés au sein du Comité de Convergence des Intérêts Bretons (CCIB). Ils assurent « qu’ils ne paieront pas l’écotaxe », et dénoncent plus largement dans un manifeste « une avalanche insupportable de taxes, d’impôts, de charges, de contraintes multiples qui portent un coup fatal à d’innombrables entreprises bretonnes tant dans l’agriculture que dans l’agroalimentaire, le bâtiment, les services, le commerce, l’industrie, le transport, l’artisanat, paralysant la recherche et l’innovation… ». Ils promettent, dès la rentrée de septembre, de nouvelles actions.

L’éventuelle annonce du report du démarrage de l’écotaxe à janvier 2014, le temps de laisser à tous les transporteurs la possibilité de s’équiper et de se préparer, calmera-t-elle les ardeurs ?

 

Plus d’infos

http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Questions-reponses-sur-l-ecotaxe-.html
 




Conversion en bio : « J’ai préféré attendre, malgré la prime conversion et une bonne valorisation »

Pourquoi avoir fait le choix de la conversion ?

J’ai pris la décision de convertir mon système à la bio en avril 2006. J’avais déjà été en système herbager les deux premières années de mon installation. Puis, j’étais resté proche du bio avec un système maïs et herbe. J’utilisais un compost certifié bio pour assurer mes rendements. Il est provenait de ma commune, Naizin, et était issu de lisier de porc et de déchets verts. Cela m’évitait d’être totalement autonome.
La raison majeure de ma conversion à la bio, c’est le pulvé. Je ne supportais pas de l’utiliser. Finalement, on ne sait pas ce qu’il y a dedans. Avant l’entrée en conversion, je n’utilisais déjà pas d’engrais chimiques. J’ai toujours eu horreur des traitements et je les maîtrisais mal. Il m’est arrivé une fois de traiter une parcelle à cause du rumex. Mais quand j’ai vu l’effet que cela avait eu sur l’herbe… cela m’a ôté l’envie de recommencer.
Pour la bio, je m’étais déjà posé des questions au moment des CTE. Mais je ne me sentais pas encore au point techniquement. Même s’il y avait la prime et une bonne valorisation, j’ai préféré attendre.
Aujourd’hui, je me sens en harmonie avec moi-même. Moi qui suis assez indépendant, je ne suis plus sous la dépendance de techniciens qui me disent comment je dois faire. Surtout, il y a moins de traitements dans les champs et aussi sur les animaux.

 

Comment ont évolué vos résultats techniques et économiques et en êtes-vous satisfaits de cette évolution ?

Oui, je suis content. Mais, je dis toujours « peut mieux faire ». En fait, ça n’a pas beaucoup changé pour moi. Avant j’étais à environ à 40% de rapport entre EBE et production et aujourd’hui je suis plutôt aux alentours de 50%. Et puis, je tournais déjà aux alentours de 5000 litres par vache. Ce qui, pour moi, n’est pas trop élevé. J’aimerais bien remonter à 6000 litres pour dégager plus de revenu et travailler moins ou bien pour embaucher.
Au niveau technique, je peux aussi m’améliorer car je ne suis pas très bon en rotation des cultures et, du coup, j’ai un souci avec le parasitisme des génisses de moins de 1 an. Il faut toujours que je surveille les taux de leucocytes et il y a aussi des mammites. Pourtant les Montbéliardes sont moins fragiles que les Holstein.
Depuis ma conversion, j’ai déjà fait appel à un groupement d’employeurs pour un quart temps salarié. Avec le prix du lait en non bio, ça n’aurait pas été possible, car financièrement ça ne serait pas passé. Je peux aussi mieux valoriser mes vaches de réforme en bio et gagner 1 euros de plus à l’hectare : ce qui fait presque 250 euros par animal.

 

Comment avez-vous vécu la baisse des rendements sur votre exploitation ?

J’avais déjà désintensifié une fois. A l’époque, les techniciens ne me donnaient pas 5 ans. Et puis, par ici, quand tu es à 5000 litres ou moins, on te prend pour un rigolo qui ne sait pas travailler. Le regard des autres n’est pas d’ailleurs pas toujours facile.
Pour le passage en bio, j’ai fait en sorte que la baisse de rendement ne soit pas supérieure à 20 ou 30%. Cela a été possible parce que j’ai pu m’agrandir. Et c’est aussi cela, d’ailleurs, qui m’a décidé à partir. J’avais 4 nouveaux hectares. Avec ça, je me suis dit que j’allais stabiliser mon système fourrager. Je pouvais aussi descendre à 200 000 litres mais sans partir en vacances. 
Aujourd’hui, je fais entre 200 et 300 000 litres et quand le prix suit, ce n’est pas un problème.

 

Quels conseils/astuces donneriez-vous à un candidat à la conversion ?

Pour partir et ne pas avoir trop de changements d’un coup, je dirais qu’il faut déjà avoir pas mal d’herbe. Quasiment 80%. Et puis, il faut se préparer pendant pas mal de temps avant d’entamer la conversion. Il ne faut pas non plus avoir peur d’avoir quelques mauvaises herbes dans ses parcelles, surtout en été et en juillet.

 

Comment votre temps de travail a-t-il été impacté par la conversion ?

Je peux dire que je travaille plus qu’avant. Je passe entre une demie heure et 1 heure de plus chaque jour. Il y a le suivi des pâturages. Car tout cela se fait plus dans la pratique. Et puis, je suis plus appliqué. Je suis plus minutieux sur certaines choses. Je vais m’arrêter donner à boire à un veau. Je suis plus attentif. Avant de passer en bio, mes bêtes étaient en système de libre service. Aujourd’hui, je suis passé en distribution. Et puis je les rentre plus souvent la nuit qu’avant. En 2008, je les ai rentrées 12 fois et une vingtaine en 2009.
Pour finir, j’ai aussi une personne qui vient maintenant travailler 30 jours par an.

 

Comment vous êtes-vous armés pour la maîtrise des adventices ?

La maîtrise technique est importante à partir du 15 juin quand il faut gérer les stocks sur pied et la croissance des mauvaises herbes. En plus, chaque année est différente et la gestion de l’herbe et plus compliquée que celle du maïs. J’ai plutôt tendance à me former sur le tas qu’en groupe.
Aujourd’hui, il m’arrive de mettre du sel sur les chardons, à la main, pied par pied. Sinon, je les coupe quand il pleut. J’utilise aussi un girobroyeur. Je coupe assez haut pour ne pas abîmer le trèfle et assurer la repousse.
Finalement, il faut quasiment deux mois de pâturage d’avance, donc j’essaie d’avoir pas mal de trèfle et dans les pâtures.
En théorie, l’alternance fauche et pâturage pourrait aussi être une solution. Mais pour cela, il faudrait que j’aie un parcellaire plus groupé autour du bâtiment.
 

 

Le ZOOM technique : Quel a été pour vous le point technique le plus important à maîtriser en bio ?

La santé sanitaire du troupeau et le choix de la race :
Quand tu es en conventionnel, tu peux davantage traiter ton animal. Au tarissement, par exemple. En bio, il faut choisir le bon moment pour faire le traitement. C’est vrai que depuis que je suis en bio, j’ai plus de leucocytes.
Avant de démarrer, j’ai commencé à mettre plus de Montbéliardes dans le troupeau de mes parents qui avaient des Holstein. La Montbéliarde est moins productive mais elle est aussi moins fragile. Elle est plus rustique et plus résistante. Les petites musclées, elles ne sont jamais malades et elles ne font même pas de mammites. Et puis je trouve qu’il y a une meilleure facilité de vêlage, ce qui est aussi important.

 

Textes : Virginie Jourdan (FRAB) pour SymBIOse
Illustrations : Matthieu Chanel (Agrobio35)

 

 

Plus d’infos

www.agrobio-bretagne.org/

 




Se rassembler pour la protection du vivant, qui dit oui?

La Bretagne ouvre la version écolo des journées Européennes de Patrimoine, et pour cause ! Toutes les associations bretonnes de défense de l’environnement seront présentes sur la plage de Grandville dans la baie de Saint-Brieuc, ce dimanche 15 septembre pour la journée du patrimoine naturel et du vivant. Alimentation et santé humaine passent-elles par la protection du patrimoine naturel et de la vie animale ? Quelle économie, quelle agriculture sont-elles possibles sans dégrader le patrimoine naturel ? La destruction du patrimoine naturel est-elle fondée sur l’atteinte aux droits des citoyens ? Voici trois axes sur laquelle la journée se déroulera.

Notre alimentation en question…

Les citoyens seront amenés élaborer une charte contre l’élevage intensif qui sera officialisée le dimanche soir. "Tables rondes, débats, spectacles seront là pour susciter la prise de conscience sur notre mode de consommation d’aujourd’hui" précise André Ollivro, président de l’association Sauvegarde du Penthièvre. A l’heure où la crise porcine plane au dessus de la Bretagne, notamment avec le redressement judiciaire de l’abattoir de porcs GAD, André Ollivro estime que la copie de notre alimentation est justement à revoir car nous mangeons trop de viance et cela entraîne des désagréments pour la santé. A l’époque, nous mangions de la viande qu’une seule fois par semaine. Aujourd’hui nous consommons trop de protéines animales alors que les protéines végétales peuvent aussi bien satisfaire les besoins humains.

Consommer responsable

Durant cette journée, les associations présentes postuleront pour l’hypothèse suivante: la conquête de l’activité humaine passe par la maîtrise de notre consommation, notamment tournée vers des produits locaux issus des circuits courts "et non en mangeant des tomates toutes l’année" estime André Ollivro pour qui "le rôle des associations et des citoyens est de prendre conscience qu’il existe d’autres rapports à la consommation".

Rendez-vous le 15 septembre prochain devant la plage de Granville à Hillion dans la baie de Saint Brieuc pour débattre de ces questions.

Plus d’infos:

http://hillion2013.blogspot.fr/

 

Les algues vertes en question…

La journée du patrimoine naturel et du vivant est aussi l’occasion d’évoquer un sujet qui fâche : les algues vertes. Cette année, elles-auraient diminué sur les côtes bretonnes. Une donnée évidente, pour André Ollivro qui estime qu’on opère de plus en plus tôt dans la saison, à un ramassage des algues. Du coup, les véritables indicateurs ne sont pas sur les plages mais dans le taux de nitrates des rivières et des stocks d’eau de moyenne profondeur.

Autre chose: les algues vertes témoignent d’une pollution évolutive au regard des conditions météorologiques et climatologiques. Les paramètres influents pour expliquer leur présence seraient immensurables.