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Gestion des déchets : où en sommes-nous ?

La Bretagne est la première région française en performance de recyclage. Et en 2013, elle comptait 52 % de trieurs systématiques contre 44 % pour l’ensemble du pays. Les deux décennies de prévention et de sensibilisation à la gestion des déchets n’auront pas été sans conséquence sur la conscience collective : « Quand on parle d’environnement, la gestion des déchets est la première chose à laquelle les gens pensent, avec l’énergie. », rapporte Nicolas Bernard, chargé de développement durable pour la ville de Concarneau. Mais il existe encore une forte divergence de sensibilité à ces questions, au sein de la population. « Une petite partie de la population est très sensible à ces questions et fait beaucoup d’efforts alors qu’une autre en est totalement opposée. Mais 90 % des personnes sont plutôt dociles : elles ont compris l’intérêt de réduire les déchets mais cherchent avant tout le confort et agissent si cela ne les inconforte pas trop. », constate Estelle Caudal, animatrice prévention déchets à Concarneau. De ce fait, l’accès aux dispositifs est un facteur déterminant dans la pratique du recyclage. Selon Eco-emballages, le taux de trieurs systématiques s’élève à 58 % lorsque le point d’apport volontaire se situe à moins de 2 minutes de l’habitat, alors qu’il n’est que de 39 % lorsque celui-ci se trouve à plus de 15 minutes. « On remarque aussi une augmentation des déchets en période estivale, ajoute Estelle. Beaucoup de touristes ne trient pas. Pour endiguer la situation, Concarneau Agglomération met en place des outils de prévention particuliers en été comme, par exemple, un sac cabat sur lequel sont affichées les consignes de tri. »

« Aujourd’hui la population met plutôt bien en pratique le recyclage mais toute la prévention reste à faire. »

Si dans l’ensemble, les rapports montrent que les pratiques de tri et de recyclage se sont plutôt bien intégrées au quotidien, la quantité de déchets produits ne cesse de croître. En 2012, 676 kilos de déchets ménagers par habitant ont été récoltés en Bretagne. Soit une hausse de 11 % de tonnes de déchets récoltés entre 2005 et 2011. « L’information est passée pour le tri et les Bretons recyclent. Mais en ce qui concerne la réduction des déchets, il y a encore beaucoup de travail.», explique Nicolas Bernard. « Il faut dire qu’on part de loin, relate Nicolas Ulrich, chargé de mission de gestion des déchets à Morlaix. Avant les années 80, tout partait en décharge. Puis on a commencé à trier et recycler mais ce n’est que dans les années 90 que le consommateur a été incité à trier ses déchets. La gestion des déchets a donc eu lieu avant la prévention des déchets. Aujourd’hui la population met plutôt bien en pratique le recyclage mais toute la prévention reste à faire. ». Une tendance à la réflexion sur la consommation est observée actuellement et peut aller dans le sens de la réduction des déchets. Mais les raisons n’en sont pas pour autant environnementales. « Avec la crise, il y a un retour au « faire soi-même » mais il peut s’agir d’un mouvement passager. La question environnementale n’est que rarement la première préoccupation. », constate Nicolas Bernard.

« Pour faire plus d’effort, on constate que la population a besoin d’être incitée. »

Les collectivités peuvent user de leviers pour inciter la population à réduire ses déchets. C’est le cas, par exemple, de la taxe incitative sur les déchets. « Pour faire plus d’effort, on constate que la population a besoin d’être incitée. Dans la plupart des collectivités, on paye pour le ramassage des ordures en fonction de la superficie de sa maison. Le système incitatif consiste à faire payer le foyer en fonction de ses déchets. C’est très efficace car on touche au porte-feuille des gens. Cependant, une bonne médiation est nécessaire, pour éviter les fraudes. », explique Estelle. « Tout le monde à une part de responsabilité, ajoute Nicolas Ulrich. Les rayons des grandes surfaces, par exemple, sont remplies tout au long de la journée de nouveaux produits. Les consommateurs vont acheter le produit le plus récent, allant le plus loin en date. Au final des produits restent et sont jetés. » Mais la sensibilisation passe aussi par l’éducation auprès des plus jeunes : « La réforme des rythmes scolaires a permis d’instaurer des modules « faire soi-même ». Ca plait beaucoup aux enfants. Les ados sont aussi sensibilisés en participant à des chantiers de protection de l’environnement. » Pour Estelle, la sensibilisation est un travail nécessaire qui doit se faire en continu : « Elle donne sens aux actes des personnes et ainsi leur donne envie d’agir ».




Un éco-gîte dans la réserve naturelle Paule Lapicque : Lieu de sensibilisation pour protéger une biodiversité riche !

Bretagne Vivante : Un salarié et des bénévoles au service de la réserve naturelle

 
 
 
 
 
 
 

 

L’arrivée se fait en hauteur avec une vue imprenable sur une mer calme, bordée d’espaces verdoyants dans la baie de Launay. L’indication « Réserve Naturelle de Bretagne Vivante » présente le lieu que Paule Lapicque a entretenu corps et âme de son vivant, en compagnie d’un maraîcher biologique.
Cette réserve abrite en premier lieu un des bâtiments réhabilité en éco-gîte, qui comprend : l’utilisation des énergies renouvelables avec un panneau solaire pour un chauffage solaire et bois, des toilettes sèches, des matériaux écologiques avec des enduits intérieurs en terre, en lin, en chanvre, en chaux, en paille, et une isolation en laine de mouton. Un éco-gîte qui a nécessité un travail avec les mains de volontaires pendant des chantiers natures notamment. Un confort respectueux de l’environnement et de la santé que l’air marin veille à contribuer, et où peuvent être accueillies 6 personnes désormais.

 


Les bénévoles s’attaquent aux enduits de terres de l’éco-gîte et organisent des réunions en plein air. (c) BV
 

En descendant vers le jardin pédagogique, on peut apercevoir les 2 filtres et un tuyau de drainage longeant la pente pour le traitement des eaux usagées domestiques par phytoépuration. La diversité du jardin est étonnante, et comprend des techniques utilisées en agroécologie et en permaculture avec des techniques de paillages par exemple.
En poursuivant la marche, on peut apercevoir plusieurs friches, dont le maintien a été essentiel pour loger un patrimoine aux multiples êtres vivants. Une biodiversité enrichie qui s’illustre avec les inventaires naturalistes des amphibiens, des oiseaux, des insectes et des espèces botaniques, où ont été recensées : 40 espèces d’oiseaux nicheurs, 13 espèces de mammifères, 214 espèces de plantes à fleurs, 63 espèces de lichens, 13 espèces de mollusques, 31 espèces de papillons de jour, 75 espèces de papillons nocturnes. Les actions de Bretagne Vivante concernant la gestion des espaces naturels semblent donc avoir portées leurs fruits. « Après 3 ans de réouverture d’une des parcelles de 2 hectares, on est passé d’une vingtaine à une centaine d’espèces différentes », explique ainsi Jean-Yves Jalaber, conservateur bénévole du site. On ne s’étonne donc pas de la nécessité d’un hôtel à insectes, bien moindre pour accueillir ces différentes espèces !
Les chèvres et les boucs font d’ailleurs partis du paysage, et participe à la gestion de l’espace : « Ce sont nos débroussailleuses écologiques ! » s’exclame Jean-Yves, « Une opération d’agropastoralisme a été mise en oeuvre par Natura 2000 pour réouvrir les fourrés, et en ce sens, réintroduire d’autres espèces pour encore plus de variétés. »

 


La phytoépuration : Nécessaire pour le traitement des eaux usagées. La chenille de Machaon compte parmi les variétés d’espèces de la biodiversité environnente du site. (c) Bretagne Vivante

On termine la balade avec la visite de la maison de Novéric où résidait Paule Lapicque, avec une décoration de Land-Art murale accueillante. Mais la visite pourrait être poursuivie vers la Pointe de la Vierge Noire, pour découvrir les nombreuses autres parcelles végétales de la réserve. Vers cet horizon, Jean-Yves décrit que « Le long de la baie, on a géré les milieux naturels pour protéger les landes et les zones humides notamment. On vise à laisser les différents milieux de la réserve évoluer en autonomie, tout en surveillant si un « envahisseur » ne fait pas disparaître d’autres formes de vies. Nos suivis pluriannuels nous permettent de réadapter nos interventions si cela est nécessaire. »
Grâce à l’observation, aux nouvelles connaissances acquises, à la découverte des espèces vivantes de ces lieux de vies protégés, on peut se dire que le militantisme de « Paulette » a été porteur de sens pour la défense de la réserve qui porte aujourd’hui son nom. La mise en valeur des questions écologiques se définit grâce à un travail de sensibilisation avec le public, pour le respect et l’accompagnement d’une biodiversité fragile et diverse, dont l’être humain connaît encore si peu l’étendue…

La Maison d’accueil baptisée « Notéric », ancienne demeure de Paule Lapicque, où du Land-Art mural a été réalisé par les bénévoles… (c) Marion Moureau

 

Paule Lapicque : Protectrice de la nature avant l’heure
 

 

1955. Après avoir vécu une partie de sa vie en Indochine, Paule Lapicque rentre en France, et vit dans la maison baptisée « Notéric » que son père lui lègue à sa mort avec 2 autres bâtiments dans le domaine de
11 hectares de terres agricoles, de landes, de bois, de fourrés, de marais, d’estran, dont 2,5 hectares de terres cultivables.
1970. Des vagues de constructions pour les estivants gagnent la baie de Launay. Alors que la société de consommation est en pleine expansion, Paule Lapicque, elle, refuse le gaspillage qui en découle, et préfère protéger la richesse des milieux naturels qui l’entoure. Elle se passionne pour l’agriculture biologique, dont elle cherchera à appliquer les principes sans produits chimiques sur les 2,5ha de parcelles cultivables avec un maraîcher biologique, et adhère à la « Société Nationale de Protection de la Nature » avec qui elle réfléchira à la création de la réserve naturelle de la baie : « Les gens la prenait pour une folle » se souvient Jean-Yves Jalaber, conservateur bénévole du site naturel protégé.

1990. Sensibilisée par le message de « Simplicité Volontaire » de Pierre Rabhi, elle suivra son travail de près. Elle contribue également à la construction de la Biocoop « Lun & Sol » de Paimpol, moralement et financièrement. Puis, elle effectuera ses dispositions testamentaires en précisant léguer ses onze hectares de milieux protégés et trois bâtiments (un hangar, la maison Notéric et l’écologîte) à l’association Bretagne Vivante, non sans conditions : étudier les écosystèmes de la réserve naturelle, agir pour la préservation de ces milieux, sensibiliser le public aux questions écologiques.

2001. Pionnière dans la défense de l’écologie, Paule Lapicque décède à 92 ans le 8 octobre.

2004. La réserve « Paule Lapicque », située au nord-ouest de la baie de Launay, est gérée par l’association Bretagne Vivante

 

 

En savoir plus :

Réserve Paule Lapicque
Traou Roué
22620 Ploubazlannec
02 96 20 06 02
06 79 80 77 73

www.bretagne-vivante.org
www.gite-paule-lapicque.fr

 

 




Poullan sur Mer (29) : la MFR met l’Algérie à l’honneur

95 élèves ont participé, jeudi et vendredi, aux journées consacrées à l’Algérie. Au programme, ateliers de musique, de langues, de cuisine… et échanges avec les six intervenants, venus d’ici ou de là-bas. Le moment venu pour les ados de déconstruire leurs préjugés et leurs stéréotypes envers ce pays et cette réalité qu’ils connaissent si peu. Abiba Djahnine réalisatrice et documentariste Kabyle était présente pour répondre à leurs questions. En Algérie, elle forme et accompagne les jeunes dans la réalisation de documentaires sur des sujets qui les touchent. Jeudi 16 janvier à la maison familiale de Poullan, deux documentaires algériens ont été diffusés pour les élèves bretons. «Ils ont pu entrevoir comment vivent les jeunes en Algérie. Le premier film était consacré à la relation amoureuse. Le second évoquait le départ d’Oran d’immigrants sur des barques de fortune. Ils partent et beaucoup ne s’en sortent pas. C’est l’une des réalités algériennes » explique Abiba Djhanine. Ces films ont été suivis de débats au cours desquels la réalisatrice a échangé avec les élèves sur des sujets qui les préoccupent et qui les ont marqués.

Abiba fait découvrir l'Algérie aux élèves    

Abiba Djhanine a répondu aux questions des élèves. Cartes, films, témoignages… ont illustré son intervention. 

          

Un atelier de henné a permis aux élèves d’en savoir plus sur la symbolique et a technique de cette tradition

 

 

 

Quelques exemples de travaux réalisés par les élèves

Un passé effacé des mémoires

 

« Ils n’ont aucune idée de ce qu’est l’Algérie. Pour eux, toutes les algériennes sont voilées ! Alors qu’il n’y a que deux pays au monde où le voile est obligatoire : l’Iran et l’Arabie Saoudite. Cette méconnaissance montre qu’il n’y a pas eu de transmission de mémoire : la guerre d’Algérie est une découverte pour eux, ou alors une notion très vague. Une génération a arrêté de transmettre des faits historiques. Surtout dans les régions rurales comme en Bretagne, en Normandie…Maintenant que l’Algérie n’est plus à la une de l’actualité comme elle l’a été dans les années 60 lors de la guerre pour son indépendance, on considère qu’il n’y a pas de raison de parler de ce pays ». C’est oublier l’histoire commune que la France possède avec ce pays qu’elle a colonisé pendant 132 années. Et qui a coûté des milliers de vies humaines sur son chemin vers l’indépendance. Selon Abiba, la méconnaissance de l’Algérie n’est pas si grande en Ile de France où beaucoup de jeunes, de part leurs origines maghrébines, connaissent ces faits historiques. Espérons que ces deux jours consacrés à l’Algérie à la maison familiale de Poullan ravive les mémoires.

     

Des ateliers culinaires pour faire découvrir des spécialités kabyles et algériennes ! 

      

 

 

…Sans oublier la musique: danse orientale et percussions étaient ausi au programme de ces journées

Ils étaient à la MFR de Poullan sur Mer cette semaine pour animer des ateliers avec les adolescents :

 

Abiba Djhanine, réalisatrice et documentariste

Gwenn le Doré, conteur percussionniste

Farid Aït Siameur, musicien

Moussa Amellal, enseignant. Il a présenté la culture Kabyle

Mohammed Ben Jouad, calligraphe

Noria Amriche, professeure de danse orientale




Centrale à gaz: un entretien encourageant entre le collectif Gaspare et le Ministère

« A 14h30, cet après-midi, nous avons été reçus par le directeur du cabinet de Philippe Martin, (Ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie ndlr) pour évoquer le projet de centrale à gaz, et surtout le rôle de l’Etat dans ce projet. Nous voulions faire en sorte qu’il réponde à des questions que l’on se pose depuis longtemps ». Et ces questions lui ont semblé pertinentes. Considérant même ce dossier comme un « embrouillamini ». « Ce qu’il n’a pas réussi à comprendre, et ce qu’il ne comprend toujours pas, c’est la position de la région, qui appuie ce dossier » explique un membre du collectif GASPARE avant d’ajouter: ‘Il ne comprend pas pourquoi, politiquement Le Drian (Jean-Yves Le Drian, président du conseil régional de Bretagne élu ministre de la Défense en 2012) voulait absolument cette centrale. Le nouveau président de région (Pierrick Massiot ndlr) est moins agressif à ce sujet ».

Des pistes à étudier

Pour annuler le projet de centrale électrique à gaz à cycle combiné à Landivisiau, Philippe Martin a la possibilité de saisir la CNDP, (commission nationale du débat public ndlr). « Nous lui avons suggéré cette piste, à la fois au niveau du ministère et au niveau local, pour sortir d’une manière haute dans ce dossier » fait savoir un autre membre du collectif GASPARE. Autre chose. l’Etat avait jusqu’ici pour projet de verser 40 millions d’euros chaque année pendant 20 ans à l’opérateur privé qui se chargerait d’exploiter la centrale. Des sommes prélevées de la CSPE (la contribution au service public d’électricité) « C’est un dossier complexe explique un membre du collectif GASPARE. Il va vérifier la légitimité de ces financements ».

« Concernant le scénario alternatif, nous lui avons laissé le dossier, il va l’étudier. Il se rapprochera de la DGEC (direction générale du climat et de l’énergie) et de l’ADEME pour voir ce qu’il y a de compatible avec l’alternative que nous proposons. En somme, cet entretien va servir de pont pour ce qu’on demande depuis le début, c’est à dire l’actualisation du Pacte Électrique Breton. Va-t-il appuyer sur ce point ? Nous le souhaitons très fortement, sachant que le Pacte Électrique Breton n’est pas un document juridique sur lequel on peut s’opposer. Et la PPI (la planification de la production d’énergie ndlr) ne comprend pas la mise en place de la centrale à gaz de Landivisiau (29) ».

Vers un consensus…

« Le directeur du cabinet nous a laissé ses coordonnées, en disant que nous pouvions le harceler si nous n’avons pas de réponse.  Selon lui, le président François Hollande s’est engagé dans la transition énergétique. La loi sera présentée au parlement au printemps, et votée fin 2014 seulement. Et nous avons évoqué un autre rendez-vous à Paris en 2015 lors de la conférence sur le climat. Lorsque nous avons mentionné des chiffres liés au réchauffement climatique, cela l’a fait tiquer. Il est tout à fait d’accord avec nous, la planète va dans le mur.

Une entrevue in extremis…

Le Collectif GASPARE a appris hier que le ministre du développement durable, Philippe Martin, serait en déplacement à Morlaix. « Nous avons donc communiqué tous azimut afin de décrocher un entretien. Nous l’avons sollicité et finalement, un rendez-vous avec son directeur de cabinet nous a été autorisé. Toutes les occasions de discuter sont profitables. Ce n’est pas encore un rendez-vous décisif, mais positif ».

Repères :

l1 août 2011 : le Collectif GASPARE avait saisi la CNDP (commission nationale du débat public) pour l’organisation d’un débat public sur le projet de centrale électrique à gaz à cycle combiné.

5 octobre 2011 : rejet de la CNDP qui n’est pas saisissable lors de projets dont le coût est inférieur à 150 millions d’euros.

 

Plus d’infos;

http://www.nonalacentrale.fr/?p=4814

http://www.nonalacentrale.fr/

 




Efficacité des Plans Algues Vertes : un débat de qualité.

D’abord quelle confiance accorder à deux des trois syndicats agricoles et des élus qui peinent encore à reconnaître la toxicité des marées vertes ? D’où, que penser de cet appel au volontariat des acteurs essentiellement agricoles ? Aucune leçon n’est tirée des échecs des nombreux plans précédents, construits sur le même modèle.

Autre caractéristique

C’est l’aide individuelle avec l’argent public, mais une évaluation collective. Comme le dit si bien ce technicien de Saint-Brieuc : “Les engagements individuels pris dans la charte ne feront pas l’objet d’un contrôle en exploitation. Les services de l’Etat vérifieront au global si les objectifs sont atteints”. Ces plans inventent donc une forme d’irresponsabilité juridique, qui est toujours une forme d’impunité…

Pire encore!

L’un d’entre eux, celui de l’Horn-Guilec subventionne des actions, évaluées aussi collectivement pour atteindre en 2015 un taux de 64 mg/l de nitrates dans l’eau des rivières, soit une norme illégale. Plutôt que de faire appliquer la loi, l’Etat subventionne donc des actions illégales…

Enfin, sauf pour la Baie de Locquirec…

ce sont les Chambres d’Agriculture, largement impliquées dans cette pollution de l’eau, juges et parties, qui encaisseront l’essentiel des aides publiques pour les conseils aux exploitants par le biais de leurs techniciens.

Comme chaque intervenant était limité à 30 minutes de parole, cela a largement laissé le temps à la salle de réagir. Les questions ont fusé. Sur la toxicité des marées vertes et le déni de beaucoup encore aujourd’hui. Sur les études qui démontrent toutes la responsabilité du nitrate agricole, études contestées par un “scientifique” qui publie plus dans la presse agricole que dans la presse scientifique. Sur un procédé naturel de dénitrification par le fer. Sur le délai de 2027 pour attendre seulement une réduction de la pollution.

Sur le coût de l’opération de ce plan assumée à hauteur de 1 2980 000 euros seulement par la filière agricole. Sur la perte de sable dans le ramassage des algues, que n’assume pas d’ailleurs le Syndicat Mixte du Trégor. Sur le comportement de citoyen que chacun doit avoir en consommant responsable. Sur les mesures gouvernementales qui favorisent des épandages de lisier encore plus importants et contrecarrent les mesures préconisées dans ce plan. Cette liste des questions n’est pas exhaustive. Chaque intervenant y a répondu en fonction de ses engagements, avec le réel souci de l’écoute de l’autre.

Il en ressort finalement :

deux approches différentes de la résolution de cette pollution. La première incarnée par Guy Pennec et Yann Binaut témoigne d’une confiance renouvelée aux acteurs de la filière agricole à qui il ne faut pas imposer des mesures mais la convaincre de leur bien-fondé. La deuxième, défendue par Yves-Marie Le Lay pose d’abord la priorité à la loi. Que l’Etat fasse appliquer d’abord la directive nitrate, consignée dans le code de l’environnement. Dans d’autres domaines la loi s’applique. Pourquoi pas ici ? Maintenant, rien n’interdit que cette application se fasse en concertation avec le monde agricole. Si on veut atteindre l’optimum environnemental, c’est bien avec lui qu’il faudra assurer l’équilibre de la fertilisation azotée de chaque parcelle, en passant vraisemblablement par des expérimentations.

Si chacun a apprécié la qualité des échanges, en ces périodes de torpeur estivale, ce débat a paru visiblement trop sérieux à Messieurs les Préfets ou leurs représentants, Monsieur le président du Comité de la Lieue de Grève, Monsieur le député de Morlaix, tous invités et tous absents, seul le dernier étant excusé. Visiblement aussi trop sérieux pour la presse papier invitée et dont l’annonce de cette manifestation dans les colonnes de leurs journaux a été très discrète. Comme si la chronique des plages se réduisait plus à celle des chiens écrasés qu’à celle d’un cheval intoxiqué en 2009…

Fort heureusement aujourd’hui internet, réseaux sociaux, journaux numériques répondent de mieux en mieux à cette demande d’information sur des thèmes qui concernent tous les citoyens. Mardi dernier, le public invité par ce biais est ressorti satisfait, avec des éléments pour se forger lui-même son opinion sur le sujet. N’est-ce pas l’essentiel ?




Mon Restau Responsable, pour une restauration collective plus éco-responsable

L’initiative Mon Restau Responsable a été lancée par la Fondation Nicolas Hulot et le Réseau Restau’Co en 2016. C’est un outil qui permet à toute collectivité qui le souhaite de gérer sa restauration de façon plus éco-responsable. Chloé Le Doledec, service civique au Réseau Cohérence en charge de l’initiative pour la région Bretagne, nous parle de ce que cette initiative apporte à ceux qui travaillent en cuisine tout comme à ceux qui consomment leur production.

Est-ce que l’initiative Mon Restau Responsable est une forme de label, comme par exemple le label bio, et est-ce qu’elle s’appuie de la même façon sur un cahier des charges strict ?
Non, ce n’est pas du tout le but de notre démarche. Il n’y a pas de cahier des charges ni d’organisme extérieur qui vient auditer pour décider si le label doit être accordé. Nous sommes une initiative d’amélioration. Nous fournissons un autocollant « Ici Mon Restau Responsable s’engage » mais ce n’est pas un label ni une certification. C’est la volonté de faire des efforts du restaurant qui est jugée, pas le résultat.
Il y a une garantie à la fin de la période de mise en place des engagements mais c’est une garantie participative sous forme d’un vote du public présent.

Comment se passe la mise en place du projet ?
Pour commencer, nous encourageons les responsables qui s’intéressent à l’initiative à remplir un questionnaire en ligne, qui fait environ 160 questions.
Cela prend approximativement une heure. Ce questionnaire permet d’évaluer de façon claire et rapide l’impact environnemental de l’activité d’une cuisine. Tout est considéré, depuis la nature et la provenance des ingrédients jusqu’aux produits d’entretien. À chaque question correspond une petite jauge. Quand elle est au rouge, cela signifie que l’impact environnemental est plutôt lourd. L’objectif serait de la faire passer au vert. Il n’y a pas de « mauvais élèves », l’idée est d’essayer d’améliorer la situation autant que possible suivant les contraintes auxquelles est soumis le restaurant. Une fois le questionnaire complété, je contacte la personne qui l’a rempli et, si elle souhaite continuer la démarche, une visite technique a lieu. Il est important de souligner encore une fois que cette visite n’est pas un audit. Elle est effectuée bénévolement par un autre acteur de l’initiative, souvent un chef de cuisine qui a lui-même appliqué l’initiative dans son propre restaurant. À l’issue de la visite, ensemble, ils discutent des améliorations possibles.

Comment ces améliorations sont-elles déterminées ?
Il y a quatre piliers autour desquels s’articulent les changements possibles. Le premier est le bien-être. Celui des convives, comme celui du personnel de cuisine. Cela implique les conditions de travail ainsi que l’impact des menus proposés sur la santé des consommateurs. Ensuite, il y a « l’assiette responsable », qui se concentre sur l’impact environnemental des aliments (méthodes de production, empreinte carbone du transport, etc.). Puis il y a les « éco-gestes », à savoir l’impact environnemental de la gestion de la cuisine : il s’agit de regarder si les produits d’entretien sont nocifs, s’il y a beaucoup de gaspillage alimentaire… Enfin, il y a « l’engagement social et territorial ». Cette partie concerne l’égalité d’accès au restaurant (avec par exemple des prix adaptés au quotient familial), l’égalité des opportunités de travail dans les cuisines (embauche de personnel handicapé, etc.), et le soutien de l’activité économique locale dans l’approvisionnement (contrats avec des producteurs locaux, etc.).

Est-ce que le prix du menu est affecté par les objectifs d’amélioration d’un restaurant ?
Beaucoup de leviers peuvent être actionnés pour contrôler les coûts, et le prix du repas n’est que l’un d’entre eux. Il est donc possible d’apporter des améliorations internes sans que les usagers paient plus cher pour autant.

Et après cette visite technique, que se passe-t-il ?
On organise une séance d’engagements publique.
Tout d’abord, les responsables du restaurant vont inviter un public, composé des diverses parties prenantes (usagers, fournisseurs, producteurs, associations locales…) à venir visiter la cuisine. Le personnel de cuisine leur en explique le fonctionnement. Ensuite, il y a une présentation durant laquelle l’impact environnemental actuel du restaurant est expliqué, ainsi que les mesures d’amélioration que le restaurant s’engage à prendre sur la base des quatre piliers. À la fin de la présentation, il y a une session de questions-réponses avec le public.
À l’issue de la prise d’engagements, le restaurant reçoit le logo « Ici Mon Restau Responsable s’engage », qui lui permet de communiquer sur sa démarche. Il a deux ans pour réaliser les objectifs qu’il s’est fixés, puis une autre réunion est organisée et c’est le public qui va garantir, avec un vote, que le restaurant a réellement progressé. Il s’agit d’une garantie participative, qui ne vaut que si le restaurant prend de nouveaux engagements.

Quel est votre rôle tout au long de la mise en place de l’initiative ?
Nous fournissons les outils comme le questionnaire de départ ou la visite technique, ainsi qu’un conseil sur les engagements si nécessaire. Ensuite, pendant la séance d’engagement, nous pouvons apporter notre aide dans l’organisation de la présentation. Certaines personnes peuvent ne pas savoir comment faire un powerpoint ou ne pas aimer parler en public par exemple, nous sommes là pour les aider s’ils le souhaitent. Mais cela demeure leur projet, sous leur contrôle.
Nous pouvons aussi proposer d’inviter des associations locales, comme par exemple des producteurs bio qui souhaiteraient travailler avec le restaurant, ou d’autres responsables de restaurants alentour qui sont tentés par l’initiative mais souhaitent observer d’abord une prise d’engagements. Nous facilitons la mise en place du projet et fournissons les outils mais ce sont les responsables qui décident de jusqu’où ils veulent aller, et ce sont les usagers qui décident si l’initiative a été suivie. L’idée est de mettre en place une dynamique vertueuse pour que les restaurants essayent constamment de s’améliorer, de façon autonome et suivant leur bon vouloir.

Pouvez-vous nous décrire une séance d’engagement publique ?
Dernièrement, j’ai assisté à une prise d’engagement pour une cantine scolaire. Le maire était là, ainsi que les professeurs, les parents et les élèves. Un petit goûter était organisé avec des gâteaux faits en cuisine, c’est très convivial. Les parents d’élèves étaient intéressés par la visite de la cuisine de l’école. Cela leur a permis d’échanger avec le personnel de cuisine. C’était également intéressant et valorisant pour le personnel de cuisine.
D’une manière générale, cette initiative crée du lien social.

Pour aller plus loin
www.restauration-collective-responsable.org

(crédit photo Alain Meyre, séance publique d’engagement de Triballat Noyal)