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Pierre Mollo : « Le plancton est à la base de tout »

Que peut-on dire, à l’heure actuelle, sur la situation de la biodiversité marine, et plus particulièrement du plancton ?

Il faut savoir que la biodiversité marine doit tout au plancton. Sans plancton, il n’y a rien, il est à la base de tout. Il est l’origine de la vie sur terre, et s’est formé dans des conditions extrêmes, il y a 3,5 milliards d’années. Il faut qu’il soit de qualité, et diversifié, pour qu’il y ait une grande biodiversité. C’est un élément fondamental.
Chaque fois que se produisent des événements naturels, de type éruptions volcaniques ou autres, on a une perturbation du plancton, et donc de la biodiversité qui en découle. Dans ces cas là, on n’y peut rien. Mais certaines fois, les actions humaines sont les responsables. Par exemple quand les hommes commencent à utiliser des pesticides pour les cultures ou le jardin. On fait entrer dans le sol des éléments chimiques, qui, avec le ruissellement des eaux, vont atteindre la mer. Des « micro-traces », c’est-à-dire des traces infimes de ces pesticides, vont avoir des effets sur le plancton.

Est-ce qu’on constate déjà une perte de plancton sur nos côtes bretonnes ?

En Bretagne, nous avons encore la chance d’avoir un écocysystème qui ne fonctionne pas trop mal. L’Océan Atlantique est grand, et on constate beaucoup de brassage de l’eau. Ce qui est moins le cas dans d’autres zones, comme en Méditerranée par exemple. Mais cela ne va peut-être pas durer. Il faut d’ores et déjà qu’on songe à l’état de l’eau qu’on laissera à nos petits enfants.
Selon moi, si il y a moins d’espèces sur le littoral aujourd’hui, c’est davantage lié à l’utilisation des pesticides, qui agissent directement sur l’état du plancton, qu’à la surpêche.

Etes vous optimiste pour l’avenir de la ressource plancton ?

Il y a 10 ans, j’étais moins optimiste. Mais depuis, on voit que les citoyens commencent à entendre parler du plancton et de son importance. Il joue un rôle essentiel dans notre vie, notre alimentation, et même notre respiration ! Avec la mise en place dewww.observatoire-plancton.fr/ l’observatoire citoyen du plancton, on sent que les choses bougent, que les citoyens se réapproprient ce monde de l’invisible. On parle encore beaucoup du plancton responsable des marées vertes, des cyanobactéries…Et si on parlait davantage du « bon » plancton ? Il faut que les citoyens puissent apprendre à connaître la fragilité des écosystèmes, des milieux, pour interpeller notamment les élus sur l’importance de ces micro-organismes.

 

Plus d’infos

/www.observatoire-plancton.fr/

Le programme détaillé de la journée du 16 mars organisé par l’Institut de Silfiac est disponible sur le site de l’institut
 




Révision du Sdage : l’action locale au cœur d’un schéma global

Sdage. Derrière cet acronyme quelque peu mystérieux se cache en réalité le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion de l’Eau, un outil qui permet d’établir la politique de gestion de l’eau au niveau d’un bassin, comme celui de Loire-Bretagne par exemple. L’Agence de l’Eau Loire-Bretagne, établissement public qui œuvre à l’échelle de ce bassin, le définit comme « un véritable programme de reconquête de la qualité de l’eau sur le bassin Loire-Bretagne qui fixe des objectifs, des échéances, des orientations et des dispositions à caractère juridique pour y parvenir.

Un Sdage est établi pour une durée de 6 ans. « En effet, il dépend de la directive cadre sur l’eau, qui est un cadre européen.et qui organise la gestion de l’eau par cycle de six années » explique Ingrid Ingrid Hermiteau, chef du service économie et gestion des eaux, direction de l’évaluation et la planification agence de l’eau Loire-Bretagne. En 2015, un nouveau Sdage sera donc instauré, jusqu’en 2021. Pour se faire, deux étapes, « piliers » du schéma, ont déjà été validées. Il s’agit de l’élaboration des « questions importantes », ainsi que l’adoption d’un état des lieux du Sdage actuel.

« Les questions importantes tournent autour de quatre grands enjeux : la qualité de l’eau, les milieux aquatiques, la quantité d’eau et la gouvernance », précise Ingrid Hermiteau. Le public a d’ailleurs été consulté sur ces questions importantes. Pas moins de 2400 remarques ont ainsi été collectées, qui ont contribuées à faire évoluer la rédaction de ces questions. « Il y a eu une demande de meilleure prise en compte des aspects économiques, ainsi que de l’anticipation face aux changements climatiques », raconte Ingrid Hermiteau.

Le Sdage 2014-2020 sera aussi construit sur un « état des lieux ». « Nous savons que 31% des eaux de surface du bassin Loire-Bretagne étaient en bon état écologique en 2011 », note Ingrid Hermiteau. Mais ce chiffre doit être doublé d’ici 2015, d’après les objectifs fixé par le Sdage en 2010. « Depuis 5 ans, l’état de l’eau se stabilise », d’après Ingrid Hermiteau, « Mais cette statbilité cache néanmoins un certain nombre d’hétérogénéité », notamment concernant la pollution par toxiques, encore mal appréhendée.

 
« Plus réalistes sur les objectifs à atteindre »

 

« Notre priorité est de diminuer les pollutions diffuses, qu’elles viennent de l’agriculture, de l’assainissement, ou des eaux pluviales », déclare quant à elle Virginie Dumoulin, sous-directrice de l’action territoriale, à la direction de l’eau et de la biodiversité, au Ministère de l’Ecologie. « Les premiers Sdage ont permis d’établir des connaissances sur les masses d’eau. Mais nous avons sous-estimé le temps de réaction des milieux », explique-t-elle. « Nous sommes désormais beaucoup plus réalistes sur les objectifs à atteindre, et pour cela, nous comptons beaucoup sur l’action locale, à savoir notamment les Sage (Schémas d’Aménagement et des Gestion des eaux, déclinaison à l’echelle locale d’un Sdage, ndlr), et sur l’aspect participatif dans les comités de bassins ».

« Il faut être réaliste et tirer les enseignements de ce qu’on a fait », commente Noël Mathieu, directeur général de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne. « Il faut prendre la mesure de la difficulté, ainsi que les moyens mis en oeuvre », poursuit-il.

 

Préserver les zones humides

 

Et concernant la région Bretagne, première région de France a ête entièrement couverte par les Sage ? Thierry Burlot, vice-président au conseil régional, chargé de l’environnement, affirme que « La Région s’inscrira pleinement dans le travail autour du Sdage, mais revendiquera ces spécificités régionales ». « Aujourd’hui, nous avons fait du chemin », reprend-il. « Il ne s’agit pas de nier nos responsabilités. Nous alons essayer de poursuivre le dialogue avec es acteurs économiques et sociaux, notamment les agriculteurs ».

Quelles perspectives alors pour la suite, et le prochain Sdage ? Pour Thierry Burlot, « Chaque Sage devra s’inscrire dans le Sdage, avec ses propres ambitions. Le Sdage doit être l’émanation des Sage ». « Maintenant, nous allons essayer d’atteindre au moins la barre des 61% de masses d’eau en bon état écologique », souhaite Joël Pelicot, président de la commission plannification au comité de bassin Loire-Bretagne. « Les zones humides sont également un élément extrêmement important. Il faudrait amener tous les départements du bassin à réaliser un relevé exshaustif de celles-ci, pour l’élaboration du Sdage », ajoute-il. « Les problème que nous avons, c’est l’affirmation d’une forte ambition », résume René Régnault, président de la commision locale de l’eau (Cle) du Sage Rance-Frémur-Baie de Beaussais. « Il faut conjuguer ambition globale et spécifificité locales, être ambitieux et pragmatiques », conclut-il.

 

L’association Eau et Rivières de Bretagne vigilante

 

L’association Eau et Rivières de Bretagne était présente cette année encore au Carrefour de la gestion locale de l’eau, où elle tenait un stand auprès des collectivités locales bretonnes. Sa présidente, Pascale Le Coustumer, a également participé à la séance pleinière du jeudi, sur le thème « La gouvernance de l’eau, quels enjeux et quelles pistes de réflexions en Europe, en France, en Bretagne ? ». Elle y a défendu 2 points : « D’abord, si une nouvelle forme de démocratie, qui rapproche les décisions concernant l’eau des territoires et des citoyens, voit le jour en Bretagne, alors cela doit nécessairement passer par un rééquilibrage dans les instances de décisions (comité de bassin, CLE des Sages, Coderst…) où les industriels et tenants du modèle agricole industriel sont sur-représentés et les usagers et simples citoyens bien impuissants. Ensuite, améliorer la formation des citoyens et des acteurs (élus notamment) impliqués dans la construction des schémas d’aménagement, aux enjeux environnementaux du 21ème siècle, pour leur permettre de résister aux pressions extérieures. », peut-on lire sur le site internet de l’association.

 

 
Plus d’infos

www.eau-loire-bretagne.fr/sdage

www.eau-et-rivieres.asso.fr/




Usagers de la mer, Citoyens, nous avons besoin de votre aide de toute urgence !

Malheureusement, malgré l’opposition de l’ensemble des élus des 13 communes du littoral, de 80 % de la population, de la mise en place du collectif associatif du Peuple des Dunes du Trégor (dont Longitude 181 Nature fait partie), des avis négatif de l’IFREMER, d’études d’impacts quasi inexistantes en totale contradiction avec la loi et je vous passe les détails….
Le dossier est toujours d’actualité sur le bureau du Ministre du redressement productif en attente de signature de l’ autorisation d’ exploitation minière pour 400 à 600 000 T annuelles (l’équivalent en volume de la Tour Montparnasse) sur 20 ou 30 ans par 35 m de fond !!!

Nous nous sommes rendus à Trébeurden afin de nous rendre compte par nous-même de la situation et de l’implication locale. Nous pouvons vous assurer que celle-ci est exemplaire et en complète cohérence avec la philosophie de Longitude 181 Nature. En effet, tous les métiers de la Mer sont représentés et ensemble pour exprimer leur détermination à protéger cet espace marin en tant que bien commun, et même les agriculteurs, premiers utilisateurs de ce sable coquiller pour amender leurs sols trop acides sont solidaires car estimant, et je les cite, "que la terre ne peut vivre au détriment de la mer". Ils travaillent d’ailleurs, activement, à la mise en place d’ autres solutions comme, par exemple, l’ utilisation de la coquille de crépidule, ce coquillage envahisseur déstabilisant le biotope marin, ou les déchets des conchyliculteurs et ostréiculteurs… quoiqu’’ il en soit je vous renvoie au site www.lepeupledesdunes.com pour plus d’ informations et de documentations.

Le contexte posé, quelle peut être votre action ?

N’ayant pu désamorcer la table ronde du 12 juillet, qui a réunie localement plus de 600 personnes, le ministère à programmé une réunion de "concertation" le 27 Août à Bercy à laquelle Longitude181 va assister, par ma présence, au sein du Collectif présidé par Alain Bidal. Nous souhaitons à cette occasion démontrer que le monde francophone de la mer et ses sympathisants, sait se mobiliser pour que le second pays au monde en superficie maritime soit un exemple pour la protection de cet environnement fragile et de sa biodiversité !

Lors de précédentes campagnes de ce type, les soutiens que nous avons obtenus nous ont permis de remporter de belles victoires en Mer d’Iroise, en Polynésie Française, pour le Parc National de Calanques, contre le finning des requins en Europe, pour l’inscription de cinq espèces de requins et de deux espèces de Mantas sur l’annexe II de la CITES, contre le référé du Maire de St Leu à La Réunion autorisant la chasse au requins dans l’Aire Marine Protégée,….
Ces victoires, c’est ensemble que nous les remportons, alors une fois de plus, nous avons besoin de votre soutien !

Vous trouverez donc en ligne une pétition à signer et partager au plus grand nombre! Rappelez-vous que pour la campagne Requins en Polynésie, nous avons pu réunir 40 000 signatures !!!! Nous devons prouver, comme pour le Parc National des Calanques, que la mer est l’affaire de tous et ne connaît pas les frontières! C’est un bien commun de l’humanité et nous avons la chance d’avoir les moyens juridiques de la défendre et d’exiger des politiques l’application des lois environnementales !

Nous savons que ce mois est le plus souvent un mois de vacances pour beaucoup d’ entre vous sur les plages, mais justement, c’est l’occasion de réfléchir, sur le sable ou pas, et se donner l’opportunité de toucher le plus grand nombre et de sensibiliser encore un peu plus ceux qui nous entourent!

Le temps presse…

 

Pour signer la pétition : www.petitionpublique.fr/PeticaoAssinar.aspx?pi=L181A
 




Energies renouvelables : entre équilibre d’approvisionnement et défi de stockage

Nous ne sommes pas encore en hiver, mais la météo s’est déjà déchaînée sur la Bretagne et son réseau électrique. Christian, la dernière tempête a privé près de 30 000 foyers d’électricité pendant plusieurs jours et nuits. Ce qui nous conduit à penser aux énergies renouvelables : en quoi peuvent-elles nous protéger des blackouts ? « Tout dépendrait de leur équilibre d’approvisionnement sur le réseau électrique » explique Markus Kauber, chargé de communication d’Enercoop Bretagne.

Selon lui, « si on développe, entretient et intègre les énergies renouvelables au réseau déjà existant, alors on augmente la stabilité de celui-ci. Pour mieux comprendre, comparons avec Internet : si un ordinateur tombe en panne, il n’y a pas forcément d’impact sur le réseau car il y a des alternatives : d’autres terminaux peuvent prendre le relais. D’où l’importance de bien développer l’intégration des systèmes » La décentralisation favorise ainsi la stabilité du réseau et limite le risque de panne totale.

Prévoir et agir sur la consommation pour mieux l’adapter à la production

Si l’intégration et l’entretien des énergies renouvelables sont indispensables à l’équilibre du réseau, ils vont de pair avec une bonne gestion des installations et de la production. En effet, pour Markus Kauber « il faut prévoir la production des énergies renouvelables en fonction des conditions météorologiques et ainsi maîtriser la demande selon la production : de cette manière, on introduit ces énergies sans nuire au fonctionnement du réseau ».

A ce titre, Bernard Multon explique dans un article de la revue Technologie, sciences et techniques industrielles*: « les autres voies de stockage de l’énergie sont l’exploitation des prévisions météorologiques, aujourd’hui déjà très performantes, pour la prédiction de la production éolienne et solaire, ainsi que le pilotage de la demande. Ce dernier point est déjà bien connu en France où des systèmes de tarification pertinents (heures creuses) ont été mis en place pour tenter de rendre la consommation d’électricité la plus proche possible des moyens de production nucléaire peu flexibles. Une tarification plus fine, permise par les compteurs dits intelligents, pourra à l’avenir autoriser un pilotage beaucoup plus fin de toutes les charges électriques non prioritaires, qui tolèrent d’être décalées dans le temps ou graduées en puissance. Enfin, la conduite des réseaux et leur instrumentation devra comporter beaucoup plus d’intelligence qu’aujourd’hui pour permettre le fonctionnement d’un système plus complexe. C’est tout cela qui est aujourd’hui largement médiatisé sous l’appellation "smart grids" ».

 

L’auto-consommation : une protection des pannes du réseau ?

Dans le cas d’une totale auto-consommation, les dégâts causés par des tempêtes sur le réseau électrique n’ont pas d’impact à grande échelle sur l’approvisionnement en énergie, puisque celle-ci ne dépend pas du réseau. C’est le cas de la famille Baronnet qui produit sa propre énergie au moyen de panneaux solaires et d’éolienne. Leur maison, située à Moisdon-La-Rivière, est totalement autonome. Mais d’une manière générale, « le stockage de l’énergie est un impératif » rappelle Markus Kauber.

Pour le moment,la solution la plus répandue reste le stockage dans des batteries, mais pas seulement. « Les lacs de pompage-turbinage, comme le projet, inachevé, de STEP (Station de Transfert Energie de Pompage) sur le lac de Guerledan (56) seraient une solution. Deux réservoirs d’eau permettent de pomper l’eau en hauteur lorsque l’on veut stocker. En cas de demande, l’eau est déversée vers le réservoir inférieur et décharge ainsi l’accumulateur. Des systèmes qui assurent le stockage et la stabilité d’approvisionnement énergétique », note Markus Kauber.

Selon Bernard Multon, « cette technologie possède encore un potentiel de développement en France. Des installations de barrages peuvent notamment être aménagées pour devenir réversibles et se transformer en centrales de pompage-turbinage. On peut aussi envisager d’exploiter le dénivelé naturel entre la mer et le haut de falaises, pour construire des STEP. Cela dit, la construction de telles installations n’est pas sans impact. Par exemple, des expropriations peuvent être nécessaires mais l’acceptabilité n’est pas acquise»

En cas de surplus de production d’énergie solaire ou des éoliennes…

…ou d’une manière générale, pour valoriser et pallier toute perte d’énergie, il est important de développer et perfectionner ces technologies de stockage. Reste que pour Bernard Multon, « le stockage de l’énergie est une expression qui nécessite souvent d’être clarifiée. Tout d’abord, il faut bien préciser s’il s’agit d’énergie électrique. Ensuite il existe certains moyens de stockage réversibles et d’autres irréversibles* (CF lexique en fin d’article, ndlr). En ce qui concerne les barrages par exemple, si ceux-ci ne sont pas équipés d’un réservoir inférieur et d’un groupe turbine-générateur capable de fonctionner en pompe-moteur, il sont irréversibles. »

Le stockage d’énergie : un moyen de flexibilité parmi d’autres

Autre moyen de stockage d’énergie électrique? Les batteries électrochimiques, dont 3 technologies sont particulièrement développées en France et dans le monde. Il s’agit des batteries au sodium-sooufre (NaS), au plomb-acide (qui, malgré leur présumée toxicité, sont aujourd’hui bien recyclées et donc peu polluantes) et au lithium. Pour Bernard Multon, « de nombreux moyens de flexibilité, à la fois de production et de consommation existent, et le stockage en est un parmi d’autres, mais sans doute le plus luxueux (cher et très performants). Par exemple, l’effacement diffus constitue une solution très économique pour ajuster la consommation instantanée. Il consiste à agir automatiquement sur des postes de consommation peu sensibles aux interruptions, comme les chauffe-eau ou le chauffage électrique qui peut être coupé pendant quelques dizaines de minutes sans pertes de confort sensible. La régulation rattrape ensuite l’énergie qui n’avait pas été consommée pendant l’interruption, c’est donc un report de consommation. Cette solution permet ainsi de décaler dans le temps la consommation d’énergie et de pallier un déficit instantané de production. »

Pour une transition énergétique douce !

« La méthanation, technique de production de méthane de synthèse renouvelable, est un moyen de consommer l’électricité de façon flexible mais non réversible (le but n’est pas a priori de refaire de l’électricité à partir du gaz). Le méthane ainsi produit peut remplacer le gaz naturel d’origine fossile en profitant des infrastructures et technologies existantes et ainsi constituer une voie de transition aisée. En effet, toute transition énergétique douce est à privilégier car elle a le plus de chance de fonctionner ! » estime Bernard Multon.

Il apparaît ainsi possible de stocker l’électricité sous forme de méthane synthétique. Celui-ci est créé à partir d’une réaction chimique combinant du CO2 issu
des cycles naturels et de l’hydrogène produit via une électrolyse de l’eau obtenue par une électricité renouvelable. Ce méthane synthétique peut être injecté dans les réseaux de gaz (gazomètres* (CF lexique) et conduites de gaz déjà existants ndlr) tout comme le gaz naturel. Cette solution se développe rapidement en Allemagne.

Méthanation et méthanisation: des solutions performantes…

Pour Bernard Multon, « L’idée est ici de produire des combustibles à partir des énergies renouvelables, notamment pour les véhicules terrestres». « La méthanation et la méthanisation (méthane issue de la décomposition de matière organique) sont des solutions dont les capacités de stockage sont très élevées », ajoute Markus Kauber. La méthanisation est d’ailleurs ce que projette de développer la ville de Locminé (56), en vue de produire du biogaz carburant. «Les véhicules électriques à batterie constituent, de la même façon que les installations de méthanation, des charges flexibles car ils peuvent être rechargés intelligemment avec une puissance ajustable dès lors qu’ils sont connectés suffisamment longtemps à une prise » note Bernard Multon.

Vers une meilleure valorisation de notre énergie consommée….

Lors de la production classique d’électricité (via des machines à combustion), beaucoup d’énergie est rejetée sous forme de chaleur dans l’environnement. Or les pertes d’énergies peuvent être valorisées, c’est la cogénération (production simultanée de deux formes d’énergies différentes dans le même processus). Elle est utilisée notamment au sud de Rennes via une chaufferie bois, et de plus en plus d’entreprises y ont recours pour chauffer leurs locaux.

 

*Septembre Octobre 2012, n°87 pp37

 

Lexique:

*Le stockage réversible, qu’est ce que c’est? *Par Bernard Multon:

L’énergie électrique peut se stocker en la transformant en une autre forme d’énergie par exemple chimique (batteries) ou mécanique gravitaire (en pompant de l’eau dans un réservoir en altitude) ou encore en combustible (hydrogène par électrolyse de l’eau). Si la transformation inverse est possible avec un niveau de performances acceptable, on parle de stockage réversible, puisque l’électricité initiale peut être restituée. Lors de telles transformations, il y a des « pertes », c’est-à-dire qu’une partie de l’énergie se transforme en chaleur généralement évacuée dans l’environnement.
Lorsque l’on effectue une double transformation (électricité -> forme intermédiaire, puis forme intermédiaire -> électricité) avec des pertes suffisamment faibles (rendement élevé), on dit que l’on a réalisé un stockage électrique réversible.
Si l’on effectue une seule transformation, par exemple de l’eau qui s’accumule dans un barrage pour produire ensuite de l’électricité ou encore si l’on chauffe de l’eau à partir d’électricité (stockage de chaleur dans un cumulus), on a affaire à un stockage d’énergie irréversible.
Dans certains cas de stockage réversible, par exemple via l’hydrogène, le rendement global sur cycle (stockage puis déstockage) est tellement faible (moins de 30%) que l’on peut s’interroger sur leur niveau de réversibilité.
 

"La méthanation* est un procédé industriel de conversion catalytique du dihydrogène et du monoxyde de carbone en méthane. Il est principalement utilisé dans les sites de synthèse d’ammoniac. Les ingénieurs du scénario négaWatt estiment que ce procédé pourrait permettre, dans un avenir proche, d’utiliser le méthane de synthèse comme vecteur de stockage et de transport de l’énergie d’origine renouvelable, produite de plus en plus massivement. Ainsi, les énergies renouvelables d’abord transformées sous la forme d’électricité pourraient être à nouveau transformées en hydrogène (par électrolyse de l’eau) qui, combiné au dioxyde de carbone résidu de combustion, produirait du méthane de synthèse injectable dans les réseaux de distribution et dispositifs de stockage déjà existants (voir « Power to gas »)".*Wikipédia.

"La méthanisation*par l’ADEME: La méthanisation (encore appelée digestion anaérobie) est une technologie basée sur la dégradation par des micro-organismes de la matière organique, en conditions contrôlées et en l’absence d’oxygène (réaction en milieu anaérobie, contrairement au compostage qui est une réaction aérobie).

Avantages: valorisation de la matière organique et de l’énergie, diminution de la quantité de déchets organiques, diminution des émissions de gaz à effet de serre, traitement possible des déchets organiques graisseux ou très humides, limitation des émissions d’odeurs.

Contraintes: complémentarité avec l’incinération et/ou avec le stockage en centres de stockages de déchets non dangereux, association avec une phase de compostage pour traiter les déchets ligneux, mise en place d’un traitement des excédents hydriques du process, intégration dans le montage du projet d’une recherche de débouchés pour écouler au mieux aussi bien le produit organique que l’énergie.

Un gazomètre* est un réservoir servant à stocker le gaz de ville ou le gaz naturel à température ambiante et à une pression proche de la pression atmosphérique. (Définition de Wikipédia*).

 
Plus d’infos:

http://www.enercoop-bretagne.fr/

http://www.ac-paris.fr/portail/jcms/p1_636633/technologie-n-181-septembre-octobre-2012?hlText=bernard+multon

http://www2.ademe.fr

 




Corinne Cuénot ou l’art du fer… dans la dentelle

Plasticienne installée à Tréguier depuis quelques années, Corinne Cuénot s’est lancée jeune dans la peinture au contact d’un grand-père peintre de paysage. A 19 ans, elle entrait dans un atelier préparatoire aux Beaux-Arts à Port Royal, puis de 1983 à 1989, elle devint élève de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Après une quinzaine d’années de pratique picturale, elle quittait Paris pour les Côtes d’Armor, et débuta la sculpture.

Très vite, le fil de fer s’impose comme son matériau de prédilection. Elle y joint d’abord du fil de  lin, de la toile de jute et plus récemment de la cire d’abeille. Son travail s’apparente souvent à du tissage, celui de la dentellière ou de l’araignée, un travail foncièrement féminin. Elle parle du temps, celui qui passe, qui abime parfois et qui détruit ; elle parle des corps, de leur fragilité, de leurs métamorphoses…

Trois questions à Corinne Cuénot :

Pourquoi avoir choisi le fil de fer ?

« Je travaille ce matériau un peu comme une dentellière ou une couturière ; j’aime cette matière d’apparence très froide (bleue acier) qui prend au fil du temps, en se patinant ou plutôt en s’oxydant, une couleur plus chaude, presqu’une matière vivante, puisque la rouille, si on n’y prêtait attention, la rongerait comme une maladie. Le fil se modèle à l’infini, joue avec la lumière en projetant des ombres portées qui provoquent une extension de l’œuvre.

Et les robes d’insectes ?

J’ai introduit des insectes dans mon travail alors que je travaillais sur des globes de mariés, ils symbolisaient la décrépitude, le grignotage du temps. Pour la cape de cérémonie qui représente une montée de coléoptères, mon idée était de construire un vêtement qui projetterait les ombres des insectes sur la personne qui la revêtirait. Il y a l’idée de transformation, de passage d’un état à un autre, d’un corps finissant et renaissant. Beaucoup de mes pièces sont en fait des vanités*.

Dans ma série de parures éphémères (robes, châle, gants, pantoufle de vers), j’ai voulu traduire la fragilité et l’impermanence des êtres, du monde vivant. C’est aussi une référence aux robes de « Peau d’âne » dans le film de Jacques Demy, un de mes films cultes. L’épisode des robes me fascine toujours autant et l’impossibilité ou presque de recréer les merveilles de la nature sur celles-ci est un défi que j’avais envie de tenter.

Pourquoi avoir choisi de vivre en Bretagne ?

Parce que, avec mon compagnon, nous partagions ce même désir et amour pour cette région. J’ai besoin de me sentir bien et en parfaite harmonie avec le lieu où je vis, c’est une condition d’épanouissement pour mon travail. Je ne sais pas si mes réalisations auraient été différentes ailleurs, mais c’est ici que je veux vivre et créer.

 

*La vanité est un genre pictural appliqué aux natures mortes, mettant en contraste des éléments symbolisant d’un côté la vie, l’activité, la nature et de l’autre la mort. Le terme « vanité » signifie littéralement « souffle léger, vapeur éphémère ».

Cet article a été rédigé sur la base du dépliant – fort bien tourné – remis aux visiteurs de l’exposition « Au fil du conte » par les organisateurs.

www.corinne.cuenot.free.fr

http://www.le-vallon.fr/le-vallon_art-visuel_expo.htm

 




Consultation sur l’eau : Eau et Rivières de Bretagne se mobilise

En quoi consiste l’association Eau et Rivières de Bretagne ?

 

Eau et Rivières de Bretagne est une association loi 1901 créée en 1969 par des pêcheurs de saumons et des naturalistes. Elle s’appelait alors « Association pour la protection du saumon en Bretagne » (APPSB). Dans les années 70-80, l’association fait parler d’elle et organise notamment des opérations de nettoyage de cours d’eau qui mobilisent de nombreux citoyens. En 1983, l’association change de nom et devient « Eau et Rivières de Bretagne », et ne traite non plus seulement de la question du saumon, mais de l’ensemble des questions liées à l’eau et au milieu aquatique.

Aujourd’hui, l’association agit dans le domaine de l’éducation à l’environnement, mais aussi dans le dialogue environnemental, ainsi que dans le domaine juridique. De même, elle a une mission de représentation dans de nombreuses instances (Ceser, Agence de l’Eau Loire-Bretagne, Commissions locales de l’eau…).

 

 

 

Quelles sont les actions que vous menez dans le cadre de la consultation du public sur l’eau ?

 

La consultation du public sur l’eau est quelque chose d’important pour Eau et Rivières de Bretagne. Nous avions déjà participé à la consultation précédente qui avait eu lieu en 2007-2008. Nous agissons principalement sur deux volets : la sensibilisation du grand public à la consultation et la production d’une expertise associative, notamment sur le Sdage. Ces deux volets se complètent.

Nous utilisons ainsi le plus possible nos compétences en matière se sensibilisation et d’éducation pour parler de la consultation. Sur 20 dates en Bretagne, nous avons ainsi pu présenter celle-ci et inviter le public à répondre sur place au questionnaire, à l’aide de nos outils : des vidéos, des panneaux d’explication sur le Sdage…Ainsi que la « caravane des économies d’eau ». Ce sujet est un bon prisme par lequel aborder la consultation.

Nous avons aussi organisé des réunions destinées aux acteurs de l’eau, toujours sur le thème de la consultation. Et l’association a également produit un document de 16 pages, disponible sur internet, qui donne la parole à différents acteurs oeuvrant dans le domaine de l’eau sur l’utilité des politiques publiques sur l’eau dans leur quotidien.

Nous avons également en tant qu’association produit un avis sur le Sdage, disponible à la lecture sur notre site.

 

 

 
Peut-on tirer un premier bilan de ces actions ?

 

Sensibiliser le public à la consultation sur l’eau n’est pas une chose aisée. Le questionnaire est un outil assez compliqué à prendre en main. Néanmoins, on se rend compte que parler de cette consultation suscite des échanges intéressants sur ce qu’est la réglementation environnementale par exemple. Le grand public a un avis sur ces questions.

 

 

 

Plus d’infos

La page du site d’Eau et Rivières de Bretagne consacrée à la consultation sur l’eau

 

 

 

 

http://www.eau-loire-bretagne.fr/

http://www.prenons-soin-de-leau.fr/