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L’établi des mots, une librairie rennaise de quartier coopérative

Rencontre avec Nadège Lucas, libraire à l’Établi des mots, une structure rennaise née de l’ambition de créer une librairie à la fois intégrée dans son quartier et dans laquelle les habitants participent pleinement à la vie du projet.

Située à Rennes, dans le quartier populaire du Blosne, et plus précisément au Quadri (lieu dédié à l’Économie Sociale et Solidaire), l’Établi des mots est une agréable librairie indépendante, généraliste et surtout coopérative. Le principe de cette dernière est d’être ancrée dans son quartier et d’être participative : les coopérateurs et coopératrices peuvent s’impliquer facilement et de la façon dont ils le souhaitent dans le fonctionnement de la librairie.

En effet, le sociétaire peut décider de s’impliquer en soutenant financièrement le projet (la part sociale s’élève à 20 euros) et en participant s’il le désire, aux commissions mises en place. Celles-ci traitent de l’animation, de la communication et de l’activité au jour le jour de la structure. Ainsi, les sociétaires peuvent s’impliquer aux côtés des 3 salariés en prenant part à des actions telles que : la tenue d’un stand sur un salon, l’organisation logistique d’une rencontre avec un auteur, la rédaction de coups de cœur, la décoration du lieu… Mais ils peuvent également choisir eux-mêmes certains livres proposés à la librairie. C’est le principe même de la « Table des Coop’s », située à l’entrée de la librairie, sur laquelle sont mis en avant des livres sélectionnés par les coopérateurs sur des thématiques diverses qui changent tous les trois mois (ex : la danse, le sport..).

La « Table des Coop’s »

L’un des principes fondateurs de L’établi des mots repose sur le respect d’une la ligne éditoriale qui a été établie avec les collaborateurs. En effet, les libraires sélectionnent les livres en essayant toujours de respecter les six thématiques relatives à cette ligne éditoriale, à savoir :

  • « Jeunesses plurielles » : pour proposer aux jeunes et aux enfants des livres valorisant la pluralité des enfances et des structures familiales,

  • « D’ici » pour soutenir et diffuser la création artistique et littéraire locale,

  • « Faire soi-même et ensemble » pour promouvoir des livres qui ont pour objectif l’apprentissage et la transition de connaissances,

  • « Multiculturalisme » car la librairie a à cœur de bâtir un espace où tout le monde peut s’exprimer,

  • « les Renversants » qui regroupent des livres tous aussi faciles qu’agréables à lire et qui sont proposés à des prix abordables,

  • « Le monde qu’on veut » pour mettre en avant des ouvrages qui ont vocation à penser et à questionner le monde d’aujourd’hui pour mieux préparer celui de demain.

La librairie tient également à adapter son offre au quartier dans lequel elle est implantée. C’est pourquoi dès le départ, la structure a souhaité créer un rayon petits prix (notamment en littérature et en jeunesse). De plus, en jeunesse, les sociétaires et libraires souhaitent proposer des livres disposant d’une diversité culturelle, familiale et sociale afin que tous les enfants puissent se sentir représentés dans leurs lectures.

Toujours dans l’optique d’accompagner le plus grand nombre sur les chemins du livre, la librairie développe des actions culturelles à destination du jeune public. Elle travaille notamment avec les écoles et les Centres de Documentation et d’Information des collèges alentours ainsi qu’avec leurs professeurs. Elle est également partenaire du Pass Culture et participe au programme régional d’éducation artistique et culturelle « Jeunes en librairie » qui a pour ambition de sensibiliser les élèves à l’ensemble de la chaîne du livre car le biais de partenariats entre des classes et des librairies.

Outre la volonté de L’établi des mots d’offrir à ses clients une grande diversité dans son offre, la structure a également à cœur de les accueillir dans un espace agréable, propice à la détente et respectueux de valeurs écoresponsables. Ainsi, la librairie a choisi de travailler avec une décoratrice d’intérieur et une graphiste pour remplir cet objectif. L’aménagement de la boutique a été pensé autour de l’éco-construction et de l’éco-aménagement et utilise donc des matériaux écologiques et recyclés. Les coopérateurs, guidés par la décoratrice, ont également pu s’impliquer dans la décoration en confectionnant les lustres, en construisant des meubles de rangement en palettes avec l’entreprise Boby and Co, en contribuant à la peinture (dont la composition est à base d’algues) ou encore en créant des poufs avec des chutes de tissus de voiles et de montgolfières. L’aspect écologique de l’aménagement et le goût avec lequel il a été pensé ont été récompensés récemment par le prix honorifique de l’aménagement intérieur de la revue Livres Hebdo. Pour la libraire, « il s’agit là d’une vraie reconnaissance ».

Cadre du prix honorifique de l’aménagement intérieur de la revue Livres Hebdo

Nous l’aurons donc compris, l’Établi des Mots est un projet coopératif qui tient à promouvoir la diversité et la multiplicité à la fois sociale et culturelle, tout en transmettant des valeurs écologiques et en faisant de son ancrage local une véritable force.

Le récent Coup de cœur de Nadège:

Le Grand Procès des Animaux, de Jean-Luc Porquet et illustré par Jacek Wozniak, éditions du Faubourg, octobre 2021, 14€90.

Une fable satirique et une réjouissante leçon d’écologie qui invite le lecteur à porter un autre regard sur le monde animal.Un véritable plaidoyer pour la biodiversité.

Jean-Luc Porquet sera en rencontre à la librairie L’établi des mots le vendredi 21 Janvier 2022 à 19h.

 

 

 

 

 

 

L’auteur préféré  de Nadège :

Nadège Lucas a un véritable faible pour le talent de l’auteur japonnais Haruki Murakami. « Dans ses œuvres, Haruki Murakami est très direct, presque cru. Il a un certain détachement et la dimension quelque peu fantastique qui plane dans ses ouvrages instaure une ambiance unique. », affirme-t-elle.

L’établi des mots

51 avenue des Pays-Bas

35200 Rennes

https://www.facebook.com/letablidesmots/

Lilou Guitton.




Un hors-série consacré à la santé durable

 

 

Le nnouvel hors-série de Bretagne Durable est disponible dans toutes les bonnes librairies, Biocoop, kiosques… N’hésitez pas à vous abonner et à en faire profiter vos amis !

N’hésitez plus à vous abonner en version papier ou PDF ! Toutes les informations et les différentes formules sont disponibles sur notre page"Abonnements"

 

Plus d’infos

www.harmonie-mutuelle.fr

 

 




Pacte d’avenir. Position des associations de protection et d’éducation à l’environnement en Bretagne

Comme tous les bretons attachés à leur territoire, nous sommes sensibles aux difficultés qu’éprouve pre’sentement notre région. Nos associations reconnaissent la nécessité d’une action d’urgence pour répondre aux désarrois individuels et collectifs de salariés touchés directement par la crise de l’agroalimentaire.

Mais le pacte d’avenir, élaboré de façon trop précipitée, ne peut se contenter de mesures conjoncturelles pour répondre à la crise structurelle qui frappe certaines des activités de notre région.

Nous présentons dans ce document à la fois :

– une demande de nos associations pour que le pacte d’avenir ne soit pas signe’ en l’e’tat et que le travail et la concertation sur les enjeux et les piliers 2 et 3 soient poursuivis.

– des remarques et propositions qui visent à alimenter le pacte d’avenir pour en faire un véritable pacte partagé, au service de l’indispensable transition écologique, sociale et territoriale de notre Région.

Le document complet est disponible en téléchargement ici, en version PDF




Des produits bio à la cantine? Oui, mais petit à petit…

Mercredi 9 octobre se tenait à Ploufragran (22), un colloque régional à l’initiative d’Inter Bio Bretagne consacré à l’introduction de la nourriture biologique dans la restauration collective. Un rendez-vous qui tombe à pic lorsqu’on sait que 75% des parents souhaitent introduire des produits bio dans les cantines de leurs enfants, ou encore que 59% des salariés désirent en profiter dans leur restaurant d’entreprise…Sans que cela soit mis en place pour autant. A ce titre, Jean-Paul le Dantec, représentant de la DRAAF estime qu’ "identifier le besoin est essentiel pour favoriser l’offre et la demande. Dans cette lignée, nous misons beaucoup sur les atouts d’une formation nationale, "Plaisir à la cantine" qui pendant 10 jours, forme les acteurs décideurs de la restauration collective sur tous les volets de cette activité".

Pour une introduction régulière et progressive

L’accès aux formations de gestion des cuisines collectives et l’offre de produits biologiques disponibles sur les territoires ne suffit pas à introduire des menus 100% bio dans les cantines et restaurants d’entreprise. Et ce n’est même pas l’objectif. En témoigne Agathe Perrin, animatrice à la MAB 22, (Maison de l’Agriculture Biologique), pour qui "l’accompagnement des collectivités vers une consommation biologique passe par une introduction régulière et progressive des produits. Élaborer des menus 100% biologiques est un leurre car le calendrier n’est pas toujours corrélé au plannings de productions locales des producteurs." Bio ou pas, certaines règles doivent tout de même triompher : Virgnie Fassel, coordinatrice à Inter Bio Bretagne, préconise ainsi de "privilégier les aliments locaux et de saison, puis les produits disponibles en Bretagne.  Ceci étant, lorsqu’il s’agit de denrées exotiques comme le riz, le quinoa ou a banane, à moins de s’en passer, il faut, le plus possible, s’en remettre aux produits bios et équitables."

La maîtrise des surcoûts

Autre chose : pour lutter contre le surcoût de la nourriture biologique dans la restauration collective, un sondage révèle que 82% des acteurs concernés misent sur la réduction du gaspillage, 72% font jouer la concurrence des fournisseurs, et près de la moitié estiment cela est lié à l’éducation alimentaire. Enfin, 35% des interrogés considèrent le groupement d’achat comme une autre solution possible. Des initiatives diverses et variées qui dénotent une réelle prise de conscience des efforts à faire dans ce domaine.

A Saint-Brieuc, l’heure est déjà à l’expérimentation d’une meilleure gestion des cuisines, et d’un approvisionnement choisi. "9 communes sur 14 approvisionnent leurs cantines en produits bio depuis la fin de l’année 2012. Philippe Faisant, Vice-président de Saint-Brieuc Agglomération en charge de l’Agenda 2, premier signataire de la charte a expliqué qu’une filière se crée avec un lien contractuel entre les communes et des groupements d’agriculteurs. Un groupement de commande permet à ces derniers de se partager les tâches. C’est une filière qui est en pleine création et qui pour le moment, permet une visibilité de 1 à 3 ans, si cette période d’essai est concluante". De son côté, Yann Yobé agriculteur biologique et membre de GAB 22 estime "qu’ une relation contractualisée entre une communauté de commune et des groupements d’agriculteurs est essentielle dans la gestion, la préparation et la visibilité des producteurs".

"20% n’est surtout pas une fin en soi"

Lors de ce colloque, la 2è version de la charte régionale "Il fait bio dans mon assiette" a lancé, tout comme le PNA (Programme National d’Alimentation) l’objectif d’atteindre, d’ici 2020, 20% de nourriture biologique dans la restauration collective. Quant aux 80% de nourriture "non-bio" restante, "la priorité reste le local et la réflexion continue" déclare Philippe Faisant avant de rappeler que "20% n’est surtout pas une fin en soi, surtout lorsqu’on sait que certaines agglomérations comme Lorient, fournissent près de 30% de produits bio.en restauration collective" Tout dépendrait notamment, de la politique d’approvisionnement de la collectivité concernée. L’appel est lancé.

Charte régionale "Il fait Bio dans mon assiette"

La charte définit un cadre d’engagements réciproques entre les acteurs de la filière Bio (fournisseurs et structures d’accompagnement) et ceux de la Restauration Collective pour l’introduction d’ingrédients Bio dans les repas.

Les acteurs de la Restauration Collective (appelés "utilisateurs" dans la charte) regroupent les collectivités territoriales et leurs restaurants, les restaurants administratifs, inter-administratifs, hospitaliers et inter-entreprises, les centres de loisirs, les maisons de retraite, les sociétés de restauration..

http://www.interbiobretagne.asso.fr/upload/File/RestaurationCollective/DocumentsUtiles/CharteRC-BioBretagne-2013-Globale.pdf

Les multiples atouts du Bio…

Yann Yobé, agriculteur convertit en bio depuis une quinzaine d’années et membre du GAB 22, explique que "l’intérêt de la culture biologique est sanitaire puisque les producteurs, consommateurs et animaux sont exposés à des risques moindres. Mais pas seulement. La dimension sociale n’est pas négligeable puisque ce mode de production crée de l’emploi local (30% de plus que la production conventionnelle en moyenne), et redynamise ainsi les territoires isolés, tout en créant du lien entre producteur et consommateur". Enfin, le recours à des produits bios dans la restauration collective, est, d’un point de vue économique intéressant, car une plus-value est tissées sur le territoire, et le coût de dépollution est nul, même si l’agriculture biologique est peu subventionnée par l’État (-35% sur le territoire français, par rapport aux denrées conventionnelles).

 
Plus d’infos:

http://www.interbiobretagne.asso.fr/il-fait-bio-dans-mon-assiette-colloque-regional-sur-l-introduction-des-produits-bio-en-restauration-collective-15-1791.html

 

 




« Vers une civilisation de convivialité »

« Vers une civilisation de convivialité », n’est ce pas un titre éloquent ? Marc Humbert, professeur d’économie politique à Rennes 1 et co-fondateur du réseau pluridisciplinaire international PEKEA (un savoir politique et éthique sur les activités économiques) est auteur de cet ouvrage paru en janvier dernier. A travers une soixantaine de pages, le professeur explique que le principe fondamental de convivialité est de bien vivre ensemble. Mais comment ? A travers des règles et des lois qui doivent promouvoir cette manière de vivre, mais pas seulement. L’auteur oppose tout d’abord cette nécessité de convivialité à l’efficacité technique et économique. Un « rouleau compresseur » selon lui, qui est pourtant le socle de notre civilisation actuelle. Marc Humbert appelle ainsi à faire un choix entre cette performance technique qui implique la maîtrise et l’exploitation de la nature par l’homme, et une civilisation conviviale où la seule valeur est…La vie ! Il remet en effet au cœur de cette nouvelle civilisation, la reconnaissance du don de la vie avec l’objectif de « vivre bien », de travailler ensemble et de chercher le bonheur collectivement. Il cite volontiers le concept du « buen vivir », développé dans les constitutions de certains états d’Amérique du Sud comme en Bolivie ou en Equateur.

 

Et si la Transition nous menait à une civilisation de convivialité ?

 

Autre chose. Selon Marc Humbert, l’une des fonctions initiales de la religion et de l’art, consiste à réguler la violence. Et ainsi contribuer à instaurer plus de convivialité au sein d’une société. Il note aussi que l’ESS, le commerce équitable, la monnaie locale, les forums sociaux mondiaux et locaux mais aussi les formes associatives et coopératives… sont également tout à fait conformes à l’orientation de convivialité. Les raisons? Leur action « n’est pas motivée par l’objectif d’accumulation du capital et du profit mais par la qualité et l’accessibilité du service rendu aux autres, à la société ». En somme, une civilisation de la convivialité est un art de vivre ensemble, une interaction générale entre les forces multiples, et non une volonté de maîtriser les autres. Exit donc, la course à l’excellence technique et au profit économique.

 

A quoi sert l’activité motivée exclusivement par l’intérêt individuel ?

 

Marc Humbert se réfère a plusieurs personnalités qui, à leur manière, ont ontribué à construire les bases du bien vivre ensemble. Il évoque ainsi Gandhi, Marx, Maurice Godelier, Georges Orwell et la Common Decency, ou encore Paul Ricoeur, Patrick Viveret et Marcel Mauss. Pour l’auteur, entretenir de bons rapports d’humanité permet de se sentir reconnu en tant qu’être humain. La convivialité est ainsi une force de vie, une force du « nous » intrinsèque à la nature. On peut lire page 47 : « Pour partager des ressources, il faut au préalable en avoir créées, dans une logique du travailler ou du « faire vivre ensemble » et non dans une logique de l’activité motivée exclusivement par l’avoir pour soi (à quoi ça sert?) et par l’accumulation qui guident le cheminement sur l’axe technico-économique ». Il écrit ainsi, citant Illich : « Nous serions plus heureux si nous pouvions travailler ensemble et prendre soin des autres ».

 

L’auteur boucle son ouvrage avec l’ébauche d’une Déclaration Universelle d’Interdépendance Généralisée qui vise à « affirmer puis engager des transitions propres à cheminer vers une civilisation conviviale ». A lire en version complète ici :http://lesconvivialistes.fr/declaration-interdependance.pdf

« Vers une civilisation de convivialité » Marc Humbert, Ed Goater, 60p, 10 euros.




Crise économique : par ici la sortie ! sur Tébéo

En période d’incertitude, de manque de repères et de sens, certaines valeurs montantes en faveur d’une économie plus humaine reprennent du galon. Dès 2014, le projet de loi dédié à l’économie sociale et solidaire suffira-t-il à irriguer l’ensemble des entreprises, pour remettre l’homme au cœur de l’économie territoriale ?

Le dossier "Crise économique : par ici la sortie !" est à lire dans le dernier numéro du magazine Bretagne Durable, disponible en version PDF et disponible dans toutes les bonnes librairies, Biocoop, kiosques… N’hésitez pas à vous abonner et à en faire profiter vos amis !