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Un tiers-lieu des transitions en gestation dans le Pays de Morlaix

Plume citoyenne de Justine Noll et Gérard Bau

Depuis plus d’un an, un projet de tiers-lieu des transitions est porté par l’ADESS, le pôle de l’économie sociale et solidaire du Pays de Morlaix, financé par le programme européen LEADER et Morlaix Communauté. Coordonné par Emilie Cariou-Menes chargée de mission, la première étape du projet a abouti en fin d’année 2022, à un diagnostic territorial dont les conclusions, très encourageantes, permettent à ce projet de progresser vers de nouvelles étapes à même de favoriser les synergies que d’autres acteurs de ce territoire particulièrement riche en initiatives de transitions, appellent de leurs vœux. Un retour sur la genèse de ce projet et de la structure qui le porte s’impose, avant d’en dévoiler les prochaines étapes.

Forte de plus de 55 adhérents, parmi lesquels figurent l’Auberge de Jeunesse de Morlaix, la Biocoop Coccinelle, Bretagne Vivante, le Buzuk/monnaie locale, Cellaouate, Don Bosco, Essence Bois, Les Genêts d’Or, Goupil/emploi- réemploi éthique, la Fondation Ildys, la Fondation Massé-Trévidy, la LPO, Luska/petite enfance, la Mutualité Française Bretagne, le Repair/recylcerie de matérieux, le Résam, l’URCPIE, l’ADESS*, Association pour le Développement de l’Economie Sociale et Solidaire en Pays de Morlaix, existe depuis 2009, accompagnant le développement de projets portés par des individus, des collectifs, des associations, qui vont dans le sens d’un monde plus juste et plus solidaire. Elle se propose de promouvoir une économie plus humaine, loin des logiques de profits à tout prix, et qui soit bien au service de tous et particulièrement des plus fragiles. L’économie que l’on rêve pour demain.

Depuis sa naissance, elle soutient et aide à l’émergence de projets innovants avec l’ambition de préparer une transition aux ramifications plurielles qui est perçue, par toutes et tous, comme de plus en plus nécessaire et urgente : Aujourd’hui, l’ADESS aide principalement à l’émergence de projets dans les secteurs de l’économie circulaire, de la réduction des déchets, de l’utilisation d’une monnaie locale, Bien d’autres initiatives émergent en ce moment, soutenues par l’ADESS qui rassemble des actrices et acteurs, petit.e.s et grand.e.s, convaincu.e.s qu’il faut penser les choses ensemble et trouver des manières de fonctionner plus coopératives.

L’ADESS partage ses locaux actuels de la route de Garlan à Morlaix, en fournissant des bureaux à des associations d’aide à la petite enfance, de protection de la nature, de revue et webmédia sur les transitions écologiques, d’aide à la créations d’entreprises, etc. Elle est déjà un lieu qui rassemble et met en lien des personnes d’horizons différents, un véritable pôle de l’économie sociale et solidaire sur son territoire où la convivialité est de mise.

Ses adhérent.e.s souhaitent aujourd’hui aller plus loin dans leurs ambitions, car l’urgence climatique et les bouleversements actuels de tous ordres y incitent, en voulant se rassembler autour des enjeux liés à LA transition, qui en recouvre plusieurs : écologique, sociale, économique, culturelle. C’est pourquoi l’ADESS a lançé en 2022, une grande enquête auprès des actrices et acteurs du pays de Morlaix autour de la mise en place d’un tiers lieu Des transitions.

Un tiers-lieu c’est quoi ? Un espace ? un lieu ? un carrefour ? (difficile à ce stade de dire ce qu’il sera. Mais une chose est certaine ce sera une opportunité pour toutes et tous (citoyen.ne.s de la société civile, institutions, politiques, professionnel.le.s, étudiant.e.s, retraité.e.s, etc.) de se rencontrer pour réfléchir et élaborer des projets. Et pour mettre en action ces volontés communes de rendre concrète cette transition. Chacun.e viendra avec ses savoirs, ses compétences et ses idées. Ses désirs et ses rêves, aussi, car c’est souvent à partir de rêves qu’émergent les grands projets. Martin Luther King a bien commencé comme ça lui aussi !

Tiers, cela veut dire que ce sont des espaces qui ne sont pas dédiés à une seule activité mais à plusieurs en même temps ou à côté les unes des autres, comme le sont déjà par exemple les bibliothèque/médiathèque/ludothèque/grainothèque qui accueillent les centres sociaux ou les bars/salle de spectacle, des élèves et étudiant.e.s autour de projets. Des lieux hybrides à fonctions multiples qui décloisonnent, qui favorisent le foisonnement en s’appuyant sur la richesse du lien entre les gens, leurs pratiques et leurs projets pour l’avenir.  Ce projet de tiers-lieu sur le territoire du Pays de Morlaix s’inscrit dans une dynamique régionale* qui témoigne d’un élan des plus encourageants et stimulants.

L’importante participation à l’enquête de l’ADESS a donné lieu à une restitution riche d’enseignements, le 29 novembre dernier (https://www.adess29.fr/3632-restitution-du-diagnostic-tiers-lieu-des-transitions-en-pays-de-morlaix/). Elle a ainsi confirmé une vraie motivation des habitant.e.s du territoire, des citoyen.ne.s de la société civile et des professionnel.le.s, affirmant leur volonté de prendre à bras le corps les défis qui nous attendent et la nécessité de réfléchir sur toutes les problématiques de notre vie (habitat, énergie, mobilité, travail, entraide, préservation du vivant). Elle montre leur désir de voir se créer un lieu-ressource afin de faire ensemble, de mettre en commun des idées et des ressources donc, mais surtout de créer, d’imaginer, car c’est bien là un des grands enjeux de demain :

-Comment allons nous, nous adapter en inventant de nouvelles manières de vivre plus responsables, plus écologiques et plus résilientes (qui s’adaptent aux chocs). Des lieux qui seront des relais, des occasions de partager nos connaissances à propos d’expérimentations réalisées ici ou ailleurs.

Il ressort également de cette étude, la volonté de trouver :

  • des espaces pour penser de façon très ouverte en partageant avec d’autres,

  • des espaces ressourçants pour se nourrir intellectuellement grâce à des bibliothèques partagées, des conférences, débats, formations, etc.,

  • des espaces pour créer, bidouiller, bricoler, inventer, tester comme des ateliers de réparation ou de recyclage en lien avec les ressourceries, ou la mise à disposition d’outils tels que des imprimantes 3D afin qu’ils servent au plus grand nombre,…

  • des espaces de soutien pour développer tout type de projet, car seul et sans appui, il est très difficile de passer d’une idée naissante à celle d’un vrai projet, voire même à la création d’une entreprise ou d’une association qui aura besoin de compétences techniques, comptables, communicationnelles, organisationnelles, etc.

  • des espaces pour se nourrir physiquement et intellectuellement.

Le discours futuriste, lu par Justine NOLL, administratrice du pôle ESS

Vous l’aurez compris, l’ADESS est une association qui accompagne, met en lien les personnes et les soutient dans leurs projets. Son ambition n’est pas seulement, de créer un lieu mais bien de prendre part à la dynamique collective locale autour des questions de transitions.

La première étape pour ce printemps 2023, sera donc de faire se rencontrer le plus largement possible les actrices et acteurs des tiers-lieux du territoire car il y en a déjà un certain nombre !

*https://www.adess29.fr/tag/adess-morlaix/

**https://www.bretagnetierslieux.bzh/




Participez aux Rencontres Régionales des Journalistes Jeunes

Inscrivez-vous aux Rencontres Régionales des Journalistes Jeunes Mercredi 18 mars de 09h30 à 17h30 au CRIJ (Centre Régional d’information Jeunesse) 4 bis cours des alliés – 35000 Rennes

 

L’association Bretagne Durable et Solidaire (eco-bretons.info) s’associe à Jets d’encre (association nationale pour la promotion et la défense de la presse d’initiative jeune) qui organise cette journée de formation gratuite, de débats et de rencontres.

 

Au programme :

 

  • ateliers théoriques : se lancer dans la création d’un journal ; comment faire une maquette efficace ; comment intégrer judicieusement une illustration ; Jusqu’où peut aller votre liberté d’expression

 

  • débat mouvant : la liberté d’expression en question

 

  • parcours journal web : élaboration d’un scénario puis réalisation d’un tutoriel sur « Comment créer son journal web »

 

  • parcours pour les accompagnateurs : avoir les bons outils pour accompagner la réalisation d’un journal jeune ; trouver sa place d’accompagnateur.

 

Des stands pour rencontrer des associations et organismes pour les jeunes :

 

  • Le CRIJ : Vous ne connaissez pas le Centre Régional d’Information Jeunesse ? Venez découvrir ses programmes, ses actions !

 

  • La Ligue de l’enseignement : Vous ne connaissez pas la Ligue ? Le dispositif des Juniors Associations qui vous permet de créer votre association en étant mineur ?

  • CLEMI : Venez découvrir les dispositifs et les actions que le Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information propose pour les jeunes !

  • Eco Breton : L’association Bretagne Durable et Solidaire vous présentera ses actions et ses projet. Les journalistes du site eco-bretons.info vous présenteront leur média collaboratif. Ils vous donneront conseils et astuces pour rédiger et diffuser de l’information sur le web !

 

 

Gratuit et ouvert à tous sur inscription

(formulaire disponible sur le site www.jetsdencre.asso.fr)

Petit-déjeuner, déjeuné et goûter offerts par l’association Jets d’encre.

Possibilité de covoiturer.

 

A propos de Jets d’Encre…

Cette association nationale qui promeut et défend la presse jeune vient de fêter ses dix ans. Bien implantée dans la région parisienne et en Rhône-Alpes grâce à ses Rézos régionaux, Jets d’encre vient de créer un Rézo en Bretagne. L’occasion pour les journalistes jeunes bretons de participer à ses formations et de bénéficier de son savoir-faire : création d’un journal, droit et déontologie de la presse jeune, liberté d’expression, techniques journalistiques…

Mais aussi un festival national de la presse jeune (Expresso), un concours national (Kaléïdo’scoop) et plein d’autres choses…

www.jetsdencre.asso.fr

 

 

A propos de Bretagne Durable et Solidaire

Née en 2009 à Morlaix (29), cette association édite un site web  collaboratif : eco-bretons.info. Son but ? Diffuser de l’information sur les Transitions en Bretagne et permettre aux citoyens et citoyens juniors, de publier leurs articles, photos et témoignages. Le concours « Reporter en Herbe » créé en 2013 avait permis à plusieurs dizaines de jeunes bretons de publier leurs articles en ligne. Aujourd’hui, Bretagne Durable et Solidaire revient sur le devant de la scène avec Jets d’Encre, afin de favoriser et accompagner l’expression des journalistes jeunes et bretons.

http://www.eco-bretons.info

 

 

Information et inscription :

 

Contact : Association Bretagne Durable et Solidaire

09 81 92 98 60 ou 06 52 85 27 48

Association Jets d’encre

01 46 07 26 76




Au fil de l’eau – Cycles de l’eau et réchauffement climatique – Interview audio avec les Petits Débrouillards Grand Ouest

Le mouvement des Petits Débrouillards est un réseau associatif présent sur tout le territoire national. Il a pour objectif de rendre accessible la culture scientifique et technique, pour tous et partout, et de développer l’esprit critique, de favoriser la pédagogie active et les démarches expérimentale et scientifiques.

Le thème de l’eau est régulièrement abordé par les Petits Débrouillards : chimie, physique, développement durable…lors notamment d’expériences.

Explications avec Maud Milliet, coordinatrice de l’antenne des Petits Débrouillards de Roscoff (29), qui nous explique ce que sont le cycle domestique et le cycle naturel de l’eau, ainsi que les effets du réchauffement climatique sur ce dernier.

Pour en savoir plus sur Les Petits Débrouillards Grand Ouest, dirigez-vous par là : https://www.lespetitsdebrouillardsgrandouest.org/

Qualité de l’eau, enjeux écologiques, adaptation au changement climatique, santé publique, sécheresses, risque d’inondation… Les questions de l’eau vous intéressent ?

Répondez en ligne à la consultation du comité de bassin Loire-Bretagne et de l’État, et participez à la définition de la stratégie pour l’eau et les inondations. La consultation est ouverte du 2e novembre 2018 au 2 mai 2019 sur le site www.prenons-soin-de-leau.fr.




Kub’Tivez vous ! Rencontre avec des zozos zinzins d’oiseaux

Dans le cadre de notre partenariat avec KuB, le web média breton de la culture, nous vous proposons une nouvelle sélection à découvrir gratuitement sur leur site internet. Au programme : des oiseaux !

Cocheurs, de Baptiste Magontier (2021-52′)

Tous les ans en Octobre, il arrivent à Ouessant, chaussés de leurs bottes, munis de sac à dos, jumelles, longue-vue…Eux, ce sont les « cocheurs ». Des fous d’oiseaux, ornithologues, passionnés de la plume, souvent amateurs, qui cherchent à observer le maximum d’espèces de volatiles, rares de préférence. Ils se disputent le titre de celui qui en verra le plus. Un classement existe, sur le site cocheurs.fr. Martinet Cafre, Tarier de Sibérie, Mouette Ivoire…n’ont plus de secrets pour eux. Dans ce milieu encore très masculin (même si les femmes sont de plus en plus nombreuses), certains n’hésitent pas à faire des milliers de kilomètres, sillonnant la France métropolitaine, ou l’étranger, d’un bout à l’autre, pour faire une observation et la rajouter à leur « collection ». On suit alors Antoine, qui est prêt à parcourir 1700 km pour un oiseau. Ou encore Hugo, jeune cocheur nantais, arrivé lui aussi sur Ouessant, ainsi que Laurent, Fred, et les autres. Une drôle de petite communauté avec son langage bien à elle, qui se réunit pour des discussions sans fin autour de leur passion. C’est ce qui les anime dans leur « chasse aux trésors », plus que la course au record. Le plaisir d’être dehors, d’observer, la joie de trouver, et d’ajouter un nouvel oiseau à sa collection impalpable. Mais pas toujours facile d’accord ce hobby dévorant à sa vie personnelle ou professionnelle ! De même, quid de l’impact carbone de tous les déplacements ? Ces enjeux importants sont aussi évoqués dans le film.

Ces cocheurs et cocheuses que le documentaire met de manière sympathique en lumière sont attachant.e.s. On découvre une pratique encore inconnue du grand public, et une nouvelle façon de faire lien avec le vivant. Ces « doux-dingues » nous font passer un chouette moment.

Voir le film : https://www.kubweb.media/page/cocheurs-oiseaux-passion-sport-baptiste-magontier/

Piou Piou Piou (Avant qu’on ne soit cuit, cuit, cuit), de Julie Maréchal (2021-16′)

Julie Maréchal est une réalisatrice bretonne, originaire de la région de Lorient. Elle a choisi ce territoire pour son court-métrage documentaire. Dans celui-ci, il est question des oiseaux, mais ce ne sont pas eux qui occupent le cadre. Toute l’attention est focalisée sur ceux et celles qui les observent sur le littoral : le professionnel et son compteur, l’amateur qui attend désespérément des aigrettes, une jeune femme qui observe des bernaches avec humour, un trio de promeneuses qui découvre les tadornes, un dénicheur de mouettes, une fillette qui regarde les goélands se reposer…ainsi qu’une classe qui apprend à observer. En mettant à l’honneur celles et ceux qui se passionnent pour les oiseaux, le documentaire met aussi en avant le lien qui nous unit au vivant. Original et instructif.

Voir le film : https://www.kubweb.media/page/piou-piou-piou-cocheur-observation-oiseau-kerner-julie-marechal/

Plus d’infos :

https://www.kubweb.media




Santé et environnement : « La société civile peut jouer son rôle »

« L’amiante, les PCB, les hydrocarbures, les champs électromagnétiques, les pertubateurs endocriniens…vont influencer l’environnement, ainsi que notre santé. Il est difficile de mettre en place des politique de prévention, il y a notamment le fort poids des lobbies à surmonter. Mais la société civile peut jouer son rôle », explique Anne Barre, présidente de l’association WECF, structure oeuvrant pour faire entendre la voix des femmes dans le développement durable et les politiques environnementales. Les femmes justement, « dont la santé est particulièrement touchée et concernée par les pollutions environnementales, car leur corps stocke davantage de polluants que celui des hommes, et elles peuvent les transmettre au bébé », précise Anne Barre. Mais si les femmes sont plus exposées, elles sont également porteuses de solutions. « L’ONU dit d’ailleurs qu’elles sont au cœur de ces problématiques, et mettent en œuvre des solutions ». Mais les politiques ne sont-elles pas trop lentes ou trop timides dans le domaine ? Et quel peut être le poids de la société civile dans le domaine ? Ces questions ont été les fils conducteurs des débats de l’après-midi.

 

« Quand les associations arrivent à se mobiliser sur le bon sujet, et par le bon biais, on obtient des résultats »

 

Pour Corinne Lepage, avocate, ancienne ministre de l’environnement et ancienne députée européenne, la santé environnementale est un sujet « tout à fait essentiel ». « Cette question est d’ailleurs totalement liée à notre modèle économique, et à la manière dont nous vivons », affirme-t-elle. Même son de cloche pour Leïla Aïchi, sénatrice EELV, qui a notamment impulsé une commission d’enquête sur la pollution de l’air. « La question de l’environnement et de la santé sont reliées à un prisme économique ». Toutes les intervenantes dénoncent également le rôle important des lobbies. « Les lobbies ont un véritable poids économique » s’insurge ainsi Leïla Aïchi. Autre opinion partagée : l’importance de la société civile et du rôle que celle-ci peut jouer dans le domaine de la santé environnementale, un domaine qui touche directement le citoyen. « Nous sommes dans un univers dans lequel il y a de plus de en plus de réglementations qui peuvent être utilisées par la société civile », affirme ainsi Corinne Lepage. « Quand les associations arrivent à se mobiliser sur le bon sujet, et par le bon biais, on obtient des résultats », poursuit-elle. Un pouvoir multiplié à l’échelle de la planète, grâce à Internet. « Avec le web et le partage d’informations dans le monde entier, on assiste à la naissance d’une forme d’organisation et de résistance de la part de la société civile, qui peut cheminer ainsi vers d’autres comportements, et d’autres types de produits », estime-elle encore. Pour Régine Boutrais, représentante de l’Anses (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail), « L’ouverture de l’expertise à la société civile a des effets positifs, notamment via la montée en compétences des parties prenantes ou encore via le fait que c’est un relais particulièrement efficace vers les divers publics, pour améliorer la protection des citoyens et des consommateurs ». L’idée d’avoir nécessairement une action citoyenne qui s’appuierait sur des outils juridiques suit son chemin…

 

 

A écouter aussi, notre interview de Corinne Lepage

 

 
Plus d’infos

http://www.wecf.eu/francais/

http://www.reseau-coherence.org/

http://www.force5association.fr/

 




D’une saison l’autre, ce Petit Jardin Discret des Spontanées en baie de Morlaix

Il en va de l’élaboration de certains articles comme des graines en dormance : le temps qu’il faut y fait son œuvre avant que, sortant de terre, les germinations puis les floraisons en quête de lumière s’offrent aux regards. Ainsi, au cours de  l’été 2022, nous avons rencontré une première fois un grand gaillard venu de l’est de la région pour accompagner bénévolement dans sa mue, le Jardin de l’association Traon Nevez, sur le site du Dourduff-en-mer, commune de Plouézoc’h.

Ancien régisseur de spectacles vivants, Maxime Boiteux a entamé une reconversion professionnelle, avec un BTS Aménagement paysager/écojardinage responsable à Combourg pour se consacrer désormais à un autre type de spectacle : celui des métamorphoses du vivant, en particulier végétal.

Serait-ce la fréquentation des sols vivants et des vers qui conduit les jardiniers à habiter si poétiquement le monde et à se connecter entre eux ? Nous sommes tentés de le croire. Devenant paysagiste naturel, Maxime est entré en relation avec Tiphaine Hameau, autre artiste-jardinier qui a réveillé tout en douceur depuis quelques années les Jardins de l’ancienne Manufacture de tabacs, à la demande de Morlaix Communauté, et que nous avions rencontré au début de l’hiver 2021 : http://www.eco-bretons.info/rencontre-tiphaine-hameau-en-ce-lent-jardin/.

Tiphaine Hameau et Maxime Boiteux

A quelques centaines de battements d’ailes d’oiseau marin, un autre jardin a appelé ces deux-là. Au Dourduff-en-Mer, sur la palud de Mez-ar-Zant, tout proche du sentier côtier (GR34) menant nos pas baladeurs vers Térénez en Plougasnou et bien au-delà, l’ancien jardin du château de Trodibon vit depuis des années à l’abri d’un grand mur qui l’enclôt, au rythme des activités proposées par l’équipe associative de Traon Nevez. Celle-ci anime le site du même nom appartenant à la Fondation Massé Trévidy qui gère une trentaine d’établissements sociaux ou médico-sociaux dans le Finistère. Le jardin, avec son potager et son verger, s’est ainsi longtemps conjugué en mode partagé, avec des ateliers de jardinage animés par les éducateurs des jeunes de l’Institut Médico-éducatif/IME, des événements ponctuels tels que des expositions de photos naturalistes, organisés par des étudiant..e.s en BTS gestion et protection de la nature du lycée voisin de Suscinio : https://traonnevez.fr/le-jardin/.

Il est des rencontres entre vivants où parmi eux, certain.e.s humain.es entretiennent des « égards ajustés » – chers au philosophe Baptiste Morizot* – avec, non pas ce qui les environne, comme s’il s’agissait de quelque chose qui leur est extérieur, mais avec ce qui fait intimement partie de leur être, comme une altérité familière. C’est donc tout naturellement que leur verbe s’y accorde, poétiquement. En témoigne celui de Maxime s’adressant aux membres de l’association Traon Nevez, en mai 2022, pour y présenter la « note d’intention » que lui a dicté ce « Petit Jardin Discret des Spontanées ». Nous vous invitons à le découvrir ici :

Note d’Intention – Jardin Traon Nevez – Maxime Boiteux

Sur son site, à la page dédiée à Traon Nevez, la Fondation Massé Trévidy présente ainsi la démarche de Maxime : « À la suite d’une analyse du sol du potager, et après recoupement avec les dires de passants, il a fait une proposition d’aménagement atypique du jardin : valoriser les adventices présentes (les « mauvaise herbes ») en retrouvant leurs propriétés pharmaceutiques, culinaires et architecturales. »

Maxime devant un tas de foin, à la fois propice à la relaxation des corps et à l'amendement du sol

S’en est suivi une étape préparatoire dans le cadre d’un stage de deux semaines sous la houlette de Tiphaine Hameau, en vue d’analyser le sol du lieu et d’y effectuer un impressionnant relevé des végétaux, tant par sa diversité que par l’inventivité humaine à les nommer et les qualifier, telles la Scrofulaire noueuse, la Potentille rampante, l’Eupatoire chanvrine, la Houlque laineuse, la Buglosse toujours verte et bien d’autres…

Puis Maxime a investi le jardin tout au long du mois d’août 2022 pour une résidence de travail au cours de laquelle nous l’avons donc rencontré et où il nous expliqua sa démarche de ménagement bien plus que d’aménagement du lieu. En partant toujours du faire avec l’existant, le spontané végétal, forcément évolutif – le fameux « jardin en mouvement » cher au jardinier Gilles Clément -, la gestion sur place des eaux de pluie, des déchets (rien ne sort, tout se transforme, comme ces ronces qui ont quitté les abords du lavoir de Traon Nevez pour nourrir et décompacter le sol), l’installation de pyramides de cultures, de haies sèches ou haies de Benje, la prise en compte des insectes et auxiliaires, le jardin devenant également un poste d’observation animalière. Enfin la volonté de transmettre la dynamique impulsée à d’autres forces vives humaines, l’esprit collectif restant la priorité de l’équipe de Traon Nevez.

Entretien estival avec Maxime expliquant sa démarche

Depuis les débuts de son aventure, Maxime tient un carnet de bord fort bien documenté et partagé sur son compte Instagram (https://www.instagram.com/club_du_vivant/), avec des écrits, des photos, des dessins, et  sur lequel il consigne tout ce qu’il a entrepris et continue de faire, dans cette si belle collaboration avec le vivant.

Et puis l’automne s’en est venu. Et puis l’hiver. D’une saison l’autre, Maxime revient ponctuellement en ce jardin. Entre temps, il s’est installé en Ille-et-Vilaine, en tant que paysagiste naturel. Sur sa carte de visite, un blason on ne peut plus explicite associant végétal, animal et quelques mots : « Born to baie wild »!

En février dernier, nous sommes revenus à leur rencontre, Maxime et le Petit Jardin Discret des Spontanées. Ils nous y ont montré comment les végétaux se sont appropriés les lieux, « véritables petits hôtels à organismes vivants », non sans avoir fait l’éloge évidente de la lenteur et de la contemplation. Maxime mettant l’accent sur la parcimonie des gestes et des ressources fossiles : « depuis l’aménagement de cet été, un seul coup de tondeuse, soit ¾ litres d’essence sans plomb pour 3600m2 sur 6 mois. Un fauchage annuel effectué avec Maksen, un étudiant en BTS GPN de Suscinio et des zones laissées à la pousse sauvage de graminées. » Les haies sèches installées abritent moult insectes, rongeurs, hérissons, oiseaux ainsi que des graines locales amenées par des rouges-gorges, moineaux et autres petits descendants de dinosaures à plumes dont l’évocation appelle ces mots habités de Baptiste Morizot* : « Nous avons tous, nous vivants, un corps épais de temps, fait de millions d’années, tissé d’aliens familiers, et bruissants d’ancestralités disponibles ».

Ainsi va la vie en ce jardin dont la tranquillité est jusqu’à présent à peine dérangée par les visites des promeneuses et promeneurs qui franchissent toujours la première fois ses grilles – très souvent ouvertes – avec un étonnement teinté de joie paisible… et aussi quelque lecture informative à l’entrée du jardin, l’apport de graines de connaissance sur les occupants végétaux et animaux favorisant leur respect.   Car telle a toujours été la volonté de l’association et désormais celle de Maxime : que ce lieu reste accessible à toutes et tous, dans le respect de ses occupants, passagers ou plus durables, comme par exemple les quelques arbres fruitiers pour lesquels, Raymond Lachuer, expert local de la taille et membre de l’association Bretagne Vivante, est venu il y a quelques semaines partager son savoir-faire, ou encore le projet à venir de buvette estivale axé sur les plantes locales.

Le printemps est là.

« Tel un îlot d’intimité entre eux mondes, celui des grands arbres et celui des imposants Homo Sapiens. Il accueille, discrètement dressée au ras du sol, une considérable richesse de spécimens à feuilles prenant racine dans sa longue carrière de terre agricole à présent apaisée. Sol riche, sol varié, sol préservé comme un trésor enfoui que nul promeneur ne saurait deviner… Et pourtant cette véritable richesse du jardin, agrémentée par des millions d’années d’activité souterraine, par plusieurs décennies de travail en surface et surtout par une conservation minutieuse à l’état déruption végétale, ne demande qu’à s’épanouir » – Maxime Boiteux.

* « Manières d’être vivant », par Baptiste Morizot (éditions Actes Sud, collection Mondes Sauvages – Pour une nouvelle alliance, 2020).

Crédits photos : Maxime Boiteux, Marie-Annick Troadec, Laurence Mermet.