1

« Au delà des clôtures » : « Montrer que la transition vers d’autres systèmes agricoles est possible »

Dans le cadre du festival Alimenterre, le film « Au delà des clôtures » est projeté auprès du grand public et de scolaires. Ce documentaire met en lumière des agriculteurs qui ont choisi de changer leurs pratiques et d’adopter des systèmes plus respectueux de l’environnement et leur garantissant une meilleure autonomie. Rencontre avec Séverine Duchêne, co-réalisatrice du documentaire, et Nicolas Finot, fils d’un des agriculteurs et protagoniste lui aussi du film, tous deux de passage au lycée agricole de Suscinio-Morlaix pour une projection-discussion avec les élèves de 1ère STAV.

Pourquoi avoir voulu réaliser un film documentaire ?

Séverine : Avec Mathieu, le co-réalisateur, nous étions étudiants tous les deux à Agro Paris Tech, en agronomie. Tout au long de nos études, on ne voyait que les systèmes classiques d’élevages. Grâce à des rencontres, nous avons découvert des solutions plus économes et autonomes, comme les systèmes herbagers. Pourquoi ceux-ci ne sont pas plus répandus ? Quels sont les freins à leur mise en place et leur développement ? C’est pour répondre à ces questions que nous avons voulu faire un film pour aller à la rencontre d’éleveurs qui étaient en transition dans leurs pratiques, et qui soit visible aussi bien par des personnes du monde agricole que des gens plus éloignés.

Comment s’est déroulé le tournage ?

Séverine : Nous avons fait une année de césure durant nos études pour le réaliser, entre le master 1 et le master 2, en 2020. Nous étions autonomes dans la recherche des témoignages des agriculteurs, sur plusieurs territoires français, qui ont tous répondus à un appel que nous avions lancé sur Facebook. On a aussi été accompagnés par une chef-opéatrice professionnelle, Cassiana. Le tournage a duré un mois et demi, dans trois fermes. Mathieu et moi avons passé 10 jours avec les agriculteurs avant le tournage, pour le préparer.

Quel est l’objectif du film ?

Séverine : Avec « Au delà des clôtures », nous avons voulu mettre en avant d’autres systèmes de production et montrer que la transition vers ceux-ci était possible. Pas forcément facile, mais en tout cas faisable. Le tout en restant le plus neutre possible. Il n’y a pas de voix off, nous voulions laisser les éleveurs parler. Dans les histoires que nous montrons, ils ont du repenser leur façon de produire, de s’organiser, remettre en question leur façon de pratiquer leur activité agricole. Ils étaient à fond dans leur exploitation, et se sont dit à un moment « Peut-être qu’on est allés au bout du système, socialement et économiquement on va dans le mur ». On voulait montrer ces témoignages forts, et courageux, car il en faut du courage pour oser se remettre en cause.

Nicolas et Séverine

Le film présente la mise en place de systèmes herbagers, pas toujours évidents à mettre en place. Qu’est-ce-qui est plus compliqué pour les éleveurs avec ce type de démarche ?

Nicolas : Dans le système classique, on sait chaque jour ce qu’on va donner aux vaches. Avec l’herbe, c’est plus aléatoire, il n’y a de rythme donné, surtout au début. Il faut gérer la pousse, les stocks, les surfaces dont on a besoin, convertir des terres… Ca oblige à tout repenser. Et la transition en herbager entraîne au début plus de dépenses, et une production moindre. Psychologiquement, ça peut être dur pour l’agriculteur, ça peut faire peur. Souvent, le passage à ce type de système se fait à cause d’un élément déclencheur, comme par exemple une crise ou le départ d’un associé, comme c’est le cas pour la ferme de mon père et mon oncle.

Qu’avez-vous retiré de la réalisation et de la participation à ce documentaire ?

Séverine : J’ai beaucoup appris sur de nouvelles pratiques agricoles, sur le côté technique de l’élevage, sur la gestion d’une ferme. Les systèmes herbagers présentent plusieurs intérêts, notamment sur le plan économique, sur l’autonomie, sur la préservation de la biodiversité, la lutte contre l’érosion des sols, le stockage du carbone… J’ai aussi bien sûr découvert le domaine de l’audiovisuel, que je ne connaissais pas. Sans oublier le côté humain qui a été très important : les témoignages ont été très forts, touchants.

Nicolas : J’ai pris conscience du courage qu’il a fallu à mon père et mon oncle pour changer leurs pratiques et passer sur un nouveau système. Je me suis rendu compte que c’était important de garder l’esprit ouvert, de se tenir au courant des différentes évolutions, pour changer de manière positive.


« Au délà des clôtures », trois histoires de changement sur trois territoires

Le documentaire fait la part-belle aux témoignages. On fait connaissance avec Olivier et Patrick, deux frères installés en Haute-Marne, Paul et Margaux, qui élèvent des vaches laitières dans le Maine-et-Loire, et Romain, installé en bio, qui reprend la ferme de son père dans le Finistère. Trois histoires de familles comme on voit beaucoup en milieu agricole. Mais ici, l’accent est mis sur leur cheminement, leur transition vers des systèmes plus autonomes et respectueux des animaux, des hommes et de l’environnement. Ils abordent sans détour leurs doutes, leurs difficultés, mais aussi leur prise de conscience qu’il est possible « de faire autrement ». Sans voix off, c’est leur parole qui est mise à l’honneur. Un film optimiste, joliment réalisé, qui nous fait mieux comprendre comment fonctionne le système classique, ses limites, et ce qu’il est possible de changer pour aller vers du mieux. Du mieux à la fois pour la planète, mais aussi pour les éleveurs.


Les projections :

Vendredi 12 novembre à Quévert (22), bar Kenvad à 20h

Jeudi 18 novembre aux Portes du Coglais (35), Centre Culturel, à 20h

Le mercredi 24 novembre à Chateaubourg (35), cinéma Etoiles à 20h30

Le jeudi 25 novembre, A Acigné (35), cinéma Le Foyer à 20h30

Plus d’infos :https://www.facebook.com/DeTERREmines




A Chartes-de-Bretagne, elles dansent pour une planète vivante

Avec À bout de souffle , la compagnie de danse bretillienne Océane s’en prend à la pollution plastique avant d’entrer bientôt en Osmose avec nous.

« Le souffle c’est la vie… Notre planète est à bout de souffle… Entre air et mer… » « À bout de souffle… Du blanc, du bleu, du vert, au gré des courants d’eaux, des courants d’airs… Ombres légères ondulées qui traversent nos océans magiques, nos campagnes endormies ; entremêlées, enchevêtrées, entortillées, multipliées, multipliées, multipliées… Planète Panique ! Plastique Pas Fantastique ! Les ombres tentaculaires s’effilochent, se déchirent, multipliées, multipliées, multipliées, je ne vois plus l’horizon, je n’entends plus le chant des sirènes ; elles s’accrochent, s’engouffrent, j’étouffe…. À bout de souffle… ».

C’est avec les mots de Julie Benoît, l’une des danseuses, que nous entrons dans À bout de souffle, 30ème pièce chorégraphique de la compagnie de danse contemporaine Océane qui en donnera une représentation samedi 25 mai prochain, à Chartres-de-Bretagne (1), où Agnès Chevalier exerce et où le spectacle fut donné pour la première fois en mai 2022.

Co-créatrice et animatrice de la compagnie bretillienne depuis 1990, la danseuse, chorégraphe et pédagogue Agnès Chevalier eut un choc il y a quelques années en découvrant le Sénégal envahi par les déchets plastiques, en particulier les sachets d’eau à usage unique (2) : « Je me sens concernée comme beaucoup aux questions d’environnement et à la planète que nous laisserons aux futures générations… j’avais envie de leur transmettre la vision de cette horreur mais également une vue optimiste si chacun en prend conscience et fait sa part. »

C’est tout naturellement à travers la danse qu’Agnès Chevalier a choisi de nous toucher. Dans À bout de souffle, les déchets envahissent notre environnement… avec poésie, les danseuses traversent les paysages au gré des envols de sac plastiques qui se mêlent, s’entortillent, s’engouffrent, jusqu’à l’étouffement.

Danseuse de la compagnie depuis ses débuts, Tiphaine Creac’h-Coulombel renchérit : «il s’agit de rendre visible et sensible une pollution hélas devenue quotidienne, globale, incontournable, à laquelle hélas on s’habitue. Par le biais de ce spectacle, nous nous adressons à la sensibilité des personnes pour créer de l’émotion et pour surtout nous amener à l’action, pas à l’éco-anxiété qui paralyse ! ».

La prochaine création de la compagnie, Osmose, met justement l’accent sur la joie du vivre ensemble, la conscience du collectif. Elle se fait en mode participatif avec des adolescent.e.s intégré.e.s au travail d’écriture, notamment par des ateliers d’improvisation.

La compagnie Océane travaille avec des danseuses confirmées, d’âge et de niveau adaptés aux exigences chorégraphiques d’Agnès Chevalier et en fonction des projets. Elle recrute des jeunes à partir de 10 ans pour les former. Avec elles, Agnès Chevalier mène un travail de création et d’interprétation qui leur permet l’apprentissage de la prise de responsabilité, de l’autonomie, de la vie en groupe, de la concentration personnelle, de l’écoute, de l’acceptation de l’autre. Son choix du spectacle de rue correspond particulièrement à l’idée qu’a la compagnie de la pratique de la danse : l’ouverture sur l’extérieur, la rencontre du néophyte, la danse de la vie quotidienne…

Pratiquement toutes les danseuses ont intégré la compagnie lorsqu’elles étaient adolescentes. Certaines sont ensuite devenues danseuses professionnelles.

Dernier détail qui n’en est pas un : tous les costumes sont faits maison, avec des tissus autant que possible récupérés.

L’urgence écologique s’invite de plus en en plus dans la création artistique, et elle fait bien ! Touché.e.s à l’endroit de notre sensibilité et de nos émotions – comme ici, par la grâce de la danse – celles-ci pourraient bien rebattre les cartes de nos relations avec le vivant, nous faire entrer dans l’ère du symbiocène, cher à Glenn Albrecht (3).

Contact : Agnès Chevalier – directrice artistique – Tél : 0299692724 Email : compagnieoceane35@gmail.com

(1) Samedi 25 mai, à 16h30 au parc de loisirs Grand’voile, dans le cadre du Festival écocitoyen « J’agis pour ma planète » (programme : https://www.calameo.com/read/000596713ba64f7075090)

(2) « Le pays a adopté en 2020 une loi interdisant les plastiques à usage unique, mais celle-ci est restée lettre morte en ce qui concerne l’eau en sachet, dont la fabrication et la distribution font travailler des milliers de personnes. », nous dit Le Monde dans un article du 13 octobre 2023.

A découvrir également sur rfi en avril dernier : https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-afrique/20240422-s%C3%A9n%C3%A9gal-%C3%A0-dakar-le-fl%C3%A9au-des-d%C3%A9chets-plastiques-perdure.

(3) « Les émotions de la terre », par Glenn Albrecht, éd Les Liens qui Libèrent.




A Moisdon-la-Rivière (44), la maison autonome donne des idées…

Ils ont choisi l’autonomie énergétique il y a 17 ans. Pour y parvenir, Brigitte et Patrick Baronnet ont installé 6 m2 de photopiles sur le toit de leur maison à Moisdon-la-Rivière (44). Et une éolienne de 4m60 de diamètre qui culmine à 18m de haut dans leur jardin. A cela s’ajoutent des récupérateurs d’eau de pluie, des ouvertures au sud, des isolants naturels, un banc thermique…Une bonne dose d’ingéniosité et une réelle prise en main de leur consommation. « Nous consommons environ 1,3 kw/h d’énergie par personne et par jour. Il faut prendre conscience de ce que signifie un watt et aller régulièrement voir le compteur avec ses enfants » explique Patrick Baronnet, fier d’avoir « coupé le cordon ombilical avec EDF ». Il en va de même pour l’eau qui sert uniquement à l’alimentation, la douche et au lavage des vêtements. « Les toilettes sèches, pour certains, c’est une corvée. Pour nous, c’est un plaisir parce que ça a du sens » affirme Patrick. Et pour l’alimentation, outre les légumes sortis tout droit de la terre du jardin enrichie au compost, les Baronnet s’approvisionnent chez les producteurs bio du coin. « Changer son alimentation, c’est le premier acte politique que l’on puisse faire » note Patrick.

3 E, 3 piliers

Ce couple, devenu célèbre pour son engagement environnemental, poursuit la visite de sa maison dite des « 3 E ». Qu’est ce que c’est ? « Écologique, économique, entr’aide. C’est une maison où l’on retrouve les trois piliers du développement durable, en somme. Paille, laine de mouton, terre crue, chanvre, énergie solaire…les ressources locales sont immenses. Le coût énergétique est faible si il y a une proximité : le projet est cohérent  lorsqu’on prend en compte les ressources qu’il y a autour. Il faut créer du sens, une harmonie, une localisation de l’économie et ainsi repenser l’aménagement du territoire » estime Patrick avant de lâcher : « Faire son jardin, sa maison, être autonome est un acte hautement politique. Plus on travaille, plus on consomme, et plus on a besoin d’argent. L’autonomie passe par le changement de soi ». Des mots qui raisonnent dans les esprits des 30 visiteurs. « C’est facile à dire ! » dénoncent certains, regards tantôt admiratifs, tantôt curieux, envers ce Patrick Baronnet pour qui tout semble si simple. Il rétorque :« l’autonomie, par définition n’existe pas. Elle n’est pas possible, c’est une question de degrés, de nuances. On est dépendant de l’air, de l’eau, de la lumière, de la nourriture. L’homme n’est pas libre, mais libérable. Lorsqu’on a compris cela, l’environnement fait intrinsèquement partie de nous mêmes. Reste à choisir ses dépendances ».

La créativité est liée au bonheur

Il sait parler Patrick. Et il en a vu de toutes les couleurs, sur les plateaux télé, quand une journaliste le prenait pour un marginal. « Les 14 et 15 juin 1997, nous avons organisé un éco-festival à la maison. C’était l’un des premiers en France. Nous prévoyions de recevoir qu’une centaine de personnes. Et finalement plus de 5 000 individus ont franchi le pas de notre jardin. Un marginal fédère-t-il autant de monde autour de lui ? Autre chose, 80% des ressources de notre planète sont consommées par 20% des êtres humains. Alors que 20% des hommes consomment 80% des ressources naturelles. J’ai fait le choix de consommer comme les 80% d’êtres humains. Aujourd’hui, je vous pose à nouveau la question : est-ce moi, le marginal ? »

Une aventure vers l’autonomie…

La visite se poursuit dans un zome, une construction qui porte le nom d’une forme géométrique composée de losanges. Chez les Baronnet, le zome est constitué de 12 côtés, entièrement construits à partir de matériaux naturels, et peut accueillir plusieurs dizaines de personnes. Et le débat reprend. Économie, éducation, créativité, politique…Cela pourrait durer des heures, tant chacun a des questions à poser. Mais il est déjà temps de s’en retourner. Alors, avant de partir, certains emportent un ou plusieurs livres ou DVD signés des Baronnet, histoire de faire partager cette belle aventure pour l’autonomie, avec ceux qui souhaitent se lancer. Et puis, comme Greg Bradel disait, « on est puissant si on en a la conviction ».

 

Quelques conseils de Patrick et Brigitte…

-Quel est le secret de l’éolien ? Il faut qu’elle se mette en route avec un vent faible. Lors de votre achat, demandez sa courbe de puissance en fonction du vent : l’éolienne doit être sensible à la moindre brise. Si elle commence à émettre de la puissance à partir de 6 km/h de vent, c’est bien !

-Pour stocker l’énergie, les batteries sont essentielles. Pourquoi ne pas opter pour les batteries solaires ? Elles ont une espérance de vie de 35 à 40 ans.

-Adapter sa maison aux standards permet de réduire les coûts des matériaux…

-Faites capter la lumière du soleil par des briques de terre crue : elles diffusent la chaleur accumulée lorsque la température baisse.

-Pour purifier l’eau, n’hésitez pas à utiliser la pouzzolane, une pierre volcanique.

-Si vous désirez créer un banc thermique, incorporez des bouteilles de verre et une plaque de schiste noire pour attirer et conserver la chaleur.

 
Plus d’infos:

http://www.heol2.org/

http://www.nature-et-culture.org/




Au fil de l’eau : Eau et biodiversité-interview audio avec l’URCPIE

Dans le cadre de la consultation sur l’eau qui se déroule jusqu’au 2 mai, Eco-Bretons vous propose une série d’interviews audio consacrés aux différents enjeux liés à l’eau en Bretagne.

Aujourd’hui, rencontre avec Mari, de l’URCPIE Bretagne (Union Régionale des Centres Permanents d’Initiatives pour l’Environnement), qui nous explique ce qui se cache derrière le terme de « trame verte et bleue », et en quoi consiste le projet « Chemins » qui lui est consacré.

 

 

Pour en savoir plus sur le projet « Chemins », dirigez-vous par là : https://tvbchemins.com/

 

 

Qualité de l’eau, enjeux écologiques, adaptation au changement climatique, santé publique, sécheresses, risque d’inondation… Les questions de l’eau vous intéressent ?

Répondez en ligne à la consultation du comité de bassin Loire-Bretagne et de l’État, et participez à la définition de la stratégie pour l’eau et les inondations. La consultation est ouverte du 2e novembre 2018 au 2 mai 2019 sur le site www.prenons-soin-de-leau.fr.

 




Au fil de l’eau – Préservation du patrimoine lié à l’eau : les lavoirs – Interview audio avec Au Fil du Queffleuth et de la Penzé

L’association Au Fil du Queffleuth et de la Penzé est basée à Pleyber-Christ, près de Morlaix. Elle existe depuis 1992. Elle propose des animations tous publics à la découverte du patrimoine naturel et culturel du Pays de Morlaix (balades nature et patrimoine, chantiers de bénévoles, ateliers créatifs). Elle s’occupe également de travaux d’entretien et de gestion des sentiers de randonnées, de réhabilitation de zones humides. Elle travaille aussi sur la conception de supports de découverte du patrimoine : expositions, publications, inventaires…Et propose des animations et interventions sur des thèmes liés au développement durable (déchets, jardinage au naturel, énergies renouvelables…). Aline Moulin, éducatrice environnement au sein de l’association, nous parle dans cette interview du projet autour des lavoirs qui est mené par l’association, notamment sur la commune du Cloitre-Saint-Thegonnec.

 

Qualité de l’eau, enjeux écologiques, adaptation au changement climatique, santé publique, sécheresses, risque d’inondation… Les questions de l’eau vous intéressent ?

Répondez en ligne à la consultation du comité de bassin Loire-Bretagne et de l’État, et participez à la définition de la stratégie pour l’eau et les inondations. La consultation est ouverte du 2e novembre 2018 au 2 mai 2019 sur le site www.prenons-soin-de-leau.fr.




Sur la Vilaine, Taranis et Enercoop misent aussi sur la petite hydroélectricité

Quel objectif se donne le réseau Taranis concernant le développement de la petite hydroélectricité?

Lisa Croyère : Taranis est un réseau de porteurs de projets citoyens d’énergies renouvelables : éoliens, photovoltaiques, bois-énergies. Et pour l’instant, un projet micro-hydroélectrique est en cours. Il s’agit d’une installation de production énergétique (d’une puissance inférieure à 10 000 kW, ndlr), transformant l’énergie hydraulique d’un cours d’eau en énergie électrique. Le réseau Taranis a pour objectif de réunir ces porteurs de projets autour de groupes de travail afin qu’ils puissent réfléchir ensemble à différentes questions juridiques par exemple, ou encore comment mobiliser au niveau local, quelle démarche financière…

Lors de la journée Innov’Deiz, vous avez particulièrement évoqué la micro-hydroélectricité. Pour quelle raison ?

Cette année, un groupe de travail s’est réuni trois fois autour du projet micro-hydroélectrique du Moulin de Boël (35). C’est un projet concret mais qui s’essouffle un peu car les démarches en amont sont très longues, les approches juridiques sont complexes, notamment en ce qui concerne le droit à l’eau. Des études d’impact environnementales sont également assez poussées : il faut étudier l’impact des installation sur les poissons migrateurs, sur les cours d’eau…Le moindre impact est pris en compte. En étant à la fois complexe mais concret, ce projet nous semblait particulièrement intéressant et pertinent à évoquer lors de la journée Innov’Deiz, à Rennes.

Quelle puissance d’énergie peut-on produire avec un système de petite hydroélectricté ?

La capacité de production des installations varie en fonction des plusieurs critères: le débit, la hauteur brute, des composantes… En moyenne, cette production est de 640 kw/h. En comparaison, un lave-linge consomme 2kw/h. A l’année, après 7000 heures de production, cela représente 2100 mw/h environ. A noter que 40% du temps de fonctionnement d’une centrale micro-hydroélectrique est en pleine puissance. Quant au prix de revente à ERDF, le tarif varie de 6,25 à 11,23 centimes du kw/h et la durée des contrats est d’en moyenne 20 ans. A titre de comparaison, la revente de l’énergie l’éolienne est de 8,2 centimes kw/h.

Le projet de Gwilen Elektric vise à développer des projets de micro-hydroélectricté sur les bords de la Vilaine. Ce fleuve est-il propice au développement de ces installations?

Nicolas Debray : Oui, car tous les sites de la Vilaine sont équipés d’un seuil. C’est à dire des différences de hauteur, des marches qui ont été construites il y a des années. La Vilaine est d’ailleurs quasiment faite en escaliers et elle possède beaucoup d’écluses. A chaque fois qu’on a un seuil, nous avons la possibilité de créer un système hydroélectrique. L’idée est de profiter de ces aménagements pour les développer. C’est un aménagement très vieux mais la plupart du temps, il suffit d’installer des turbines. Pour l’instant sur la Vilaine, 6 lieux sont identifiés entre Messac et Rennes comme étant susceptibles d’accueillir ces installations, mais un seul espace est pour l’instant initié, il s’agit du Moulin de Boël, à Bruz (35) dans le cadre du projet de Gwilen Elecktric.

Où en est-on dans l’avancée de ce projet au Moulin de Boël ?

Un collectif s’est créé avec des riverains, des collectifs et des associations. Ils se réunissent pour le moment au cours de réunions informelles.

Quelle est la capacité énergétique des petits projets hydroélectriques ?

Grosso modo, ces systèmes permettent la consommation de 20 à 50 foyers. En production d’énergie, c’est l’équivalent d’un parc photovoltaïque d’une centaine de mètres carrés. Mais du point de vue de la mise au point, des études d’impact, l’installation d’un système hydroélectrique s’apparente davantage aux projets éoliens.

L’énergie hydroélectrique est-elle propre ?

L’énergie propre n’existe pas : pour développer des systèmes hydroélectriques, il faut des turbines, des installations en béton qui ne sont pas sans impact sur l’environnement. En revanche, c’est une énergie produite en continu et qui ne nécessite pas de carburants fossiles. C’est une énergie renouvelable basée sur l’exploitation de flux naturels d’énergie. Tout en prenant en compte les contraintes écologiques, il faut se concentrer pour trouver des solutions au développement de ces projets. La politique d’aujourd’hui est de rendre tout compliqué par des études longues. En tant que promoteurs et défenseurs des projets micro-hydroélectriques, nous souhaitons identifier les cours d’eau qui rendent possible le développement de ces systèmes. En Bretagne, il est temps que la région se positionne favorablement au développement des projets citoyens d’énergies renouvelables.

Qu’est-ce qu’une petite centrale hydroélectrique (PCH) ? par l’ADEME :

Une PCH se définit comme une installation de production énergétique, d’une puissance inférieure à 10 000 kW, transformant l’énergie hydraulique d’un cours d’eau en énergie électrique.

Les deux facteurs essentiels de la récupération d’énergie disponible sont la hauteur de chute et le débit d’eau, qui dépendent du site et qui doivent faire l’objet d’études préalables pour déterminer le projet d’aménagement.

Plus d’infos:

www.eolien-citoyen.fr/accueiltaranis.html

http://www.enercoop-bretagne.fr/?page_id=456