1

Festivals bretons : un plan pour le déplacement du public

80% à 90% du bilan carbone d’un festival provient des transports ! Un impact énorme pour l’empreinte carbone d’une telle manifestation, qui a amené le Collectif des Festivals engagés pour un développement durable et solidaire en Bretagne (Fedds) à réfléchir et lancer en expérimentation un « plan de déplacement des festivaliers ». « Le plan découle directement d’une enquête que nous avions menée en 2011-2012 auprès de 4000 festivaliers sur 20 manifestations, concernant leur déplacements : comment ceux-ci étaient venus, comment comptaient-ils repartir, quels étaient les freins à l’utilisation de tel ou tel type de transport », précise Maryline Chasles, directrice du Collectif. Une enquête qui a permis aussi de mettre en évidence les enjeux liés à la thématique des transports : sécurité routière, mais aussi tourisme, ou encore accessibilité aux personnes à mobilité réduite.

« Suite à cette enquête, nous avons donc construit un plan d’action, en concertation entre les festivals et les partenaires transports en Bretagne, ainsi que l’Ademe », poursuit Maryline. Ce plan d’action a été mis en place pour une durée de 3 ans, de 2013 à 2015. « Il se décline en 4 axes : des dispositifs de transport favorisant la mobilité et l’accessibilité des festivaliers ; l’information et la communication sur les modes de transport ; des services d’accueil pour les festivaliers sur le territoire ; et enfin la coordination des acteurs et des dispositifs de transports », explique la directrice. Un copilotage a été mis en place avec l’Ademe, la Région, les départements, Rennes Métropole, le Comité Régional du Tourisme, la SNCF, ainsi que des acteurs de la prévention routières, qui se réunit 2 ou 3 fois par an.

 
Trois expérimentations

 

Trois festivals bretons, membres du collectif, ont été alors accompagnés plus spécifiquement sur la partie « transports » : Le Festival de Cornouaille à Quimper (29), le Festival Bonus à Hédé (35), et le festival Au Pont Du Rock à Malestroit (56). Pour chaque événement, un diagnostique a été réalisé, inventoriant toutes les possibilités déjà existantes : bus, train, covoiturage, vélo…

Un travail a ensuite été réalisé avec les festivals et les Autorités Organisatrices de Transports (AOT) : « Par exemple, pour le festival Au Pont Du Rock à Malestroit dans le Morbihan, le Département a renforcé la fréquence du passage des bus près du festival. Deux navettes ont ainsi été programmées, ainsi qu’un retour le dimanche midi vers Vannes », indique Maryline. Pour le festival de théâtre « Bonus », les passages des bus ont là aussi été renforcés. « Mais c’est un festival de petite capacité, il a fallu réadapter l’offre, car elle ne correspondait pas forcément à la fréquentation et aux habitudes du public, qui covoiture davantage pour ce gente d’événement », précise la directrice. Du côté du Festival de Cornouaille, un travail de concertation, inspiré du plan de déplacement des festivaliers, a été mis en place à l’échelle du festival. L’accent a été mis sur l’accueil du public, avec la présence de parking-relais pour accéder à la manifestation.

 

« Un travail à mener sur l’information et la communication »

 

Mais d’autres festivals bretons proposent eux aussi des solutions pour les déplacements. C’est le cas par exemple du festival Panoramas à Morlaix, ou Astropololis à Brest, qui, comme d’autres, peuvent être rejoints en TER avec la Région Bretagne qui propose des allers-retours à 15 euros. « Il y a eu aussi des trains dédiés avec des horaires spécifiques pour rejoindre Panoramas », explique Maryline. « Une partie du public de Panoramas et Astropolis vient de Rennes. Le voyage en train marche plutôt bien pour ces festivals », poursuit-elle. D’autres proposent des déplacements en bateau, comme on peut le voir au festival du Bout du Monde à Crozon. Et le covoiturage reste une valeur sûre, « une pratique assez naturelle, notamment pour les jeunes, qui remplissent davantage les voitures », analyse Maryline. En milieu urbain, il est possible aussi de venir en festival à vélo !

Si les solutions existent, il reste maintenant à amener le public à changer ses pratiques et à passer du « tout voiture » (qui sert d’ailleurs parfois aussi de lieu où dormir durant le festival !) a des transports plus respectueux de l’environnement. « Il y a tout un travail à mener , notamment au niveau de l’information et de la communication, sur la possibilité d’utiliser ces modes de transports. On a assez peu de maîtrise sur le changement de comportement du public dans le domaine des déplacements », explique Maryline. Le développement des technologies du numérique, de plus en plus présentes sur les festivals (paiement dématérialisé, application pour mobiles…), pourrait être un levier pour amorcer ce changement, notamment auprès du jeune public, toujours plus connecté. Toutes ces questions seront abordées à l’automne, après la saison estivale, lors d’un bilan après trois ans de travail et d’expérimentation autour du « plan de déplacement des festivaliers ».

 

Plus d’infos

http://www.lecollectifdesfestivals.org

http://www.lecollectifdesfestivals.org/collectif/2013/09/comment-les-festivaliers-se-deplacent-ils-en-bretagne/

http://www.lecollectifdesfestivals.org/collectif/2013/06/le-collectif-lance-un-plan-de-deplacements-festivalier/

 




Vers une santé durable !

« 60 % des petits garçons nés aujourd’hui fêteront leurs 80 ans et les petites filles seront 80 % dans ce cas. C’est deux à trois fois plus qu’en 1950 ! » s’exclame Bertrand Garros, en introduction de cette journée riche en débats. « La mortalité maternelle et infantile ont également considérablement diminué. Nous sommes maintenant dans un double enjeu : la qualité de la vie et l’égalité d’accès à la santé », poursuit cet expert des questions de santé, ancien président de l’Institut national de la prévention et d’éducation pour la santé (l’Inpes).
« C’est bien par l’action collective, l’innovation sociale et la mise en réseau des acteurs, chère aux Bretons, que ce double enjeu pourrait bien être comblé », a complété Jean Ollivro, géographe et écrivain.

Education, Alimentation…

Durant près de 3 heures d’échanges filmés, la douzaine d’intervenants (Cpam, Mutualité Française, Mission locale de Rennes, ATD ¼ monde, Cres, Collectif interassociatif…) ont insisté sur « l’importance de l’éducation », autour des questions de santé. « Education au sein de la cellule familiale », pour favoriser la prévention et les bonnes pratiques, comme l’a souligné notamment Claude Martin, directeur de recherche au CNRS et enseignant à l’école des hautes études en santé publique (EHESP). Mais aussi éducation au sein de l’école, en faveur d’une alimentation saine par exemple et d’une activité physique régulière, « deux points clés pour prévenir notamment l’obésité », a précisé Yann Menot de la Mutualité Française Bretagne, en donnant l’exemple du programme de prévention contre l’obésité : Nutrimut.
La question des inégalités sociales de santé a également été approfondie durant ce temps fort. Désormais, le constat est clair : les personnes en état de précarité se prennent moins en charge, voire retardent – notamment en période de crise, leur accès au soin. Autant de raisons de les accompagner pour éviter qu’ils mettent leur santé en second plan. Comme le souligne Pierre Saglio, ex-président d’ATD quart Monde dans la dernière table-ronde dédiée à l’impact de la précarité sur la santé : « Nous devons impérativement nous unir, nous mettre ensemble. Nous devons nous unir entre acteurs de la santé, entre professionnels, responsables administratifs et usagers. Nous avons besoin d’apprendre ensemble, de réfléchir ensemble, de comprendre ensemble ce qui peut et doit être fait pour rejoindre ceux qui ont le plus de difficulté à accéder aux soins. »

 

Plus d’infos

Retrouvez dès la fin de semaine les premières interviews vidéos des intervenants et mi-novembre l’intégralité des débats en vidéo sur :

www.bretagne-durable.info

www.harmonie-mutuelle.fr

www.ars.bretagne.sante.fr




Un tiers-lieu des transitions en gestation dans le Pays de Morlaix

Plume citoyenne de Justine Noll et Gérard Bau

Depuis plus d’un an, un projet de tiers-lieu des transitions est porté par l’ADESS, le pôle de l’économie sociale et solidaire du Pays de Morlaix, financé par le programme européen LEADER et Morlaix Communauté. Coordonné par Emilie Cariou-Menes chargée de mission, la première étape du projet a abouti en fin d’année 2022, à un diagnostic territorial dont les conclusions, très encourageantes, permettent à ce projet de progresser vers de nouvelles étapes à même de favoriser les synergies que d’autres acteurs de ce territoire particulièrement riche en initiatives de transitions, appellent de leurs vœux. Un retour sur la genèse de ce projet et de la structure qui le porte s’impose, avant d’en dévoiler les prochaines étapes.

Forte de plus de 55 adhérents, parmi lesquels figurent l’Auberge de Jeunesse de Morlaix, la Biocoop Coccinelle, Bretagne Vivante, le Buzuk/monnaie locale, Cellaouate, Don Bosco, Essence Bois, Les Genêts d’Or, Goupil/emploi- réemploi éthique, la Fondation Ildys, la Fondation Massé-Trévidy, la LPO, Luska/petite enfance, la Mutualité Française Bretagne, le Repair/recylcerie de matérieux, le Résam, l’URCPIE, l’ADESS*, Association pour le Développement de l’Economie Sociale et Solidaire en Pays de Morlaix, existe depuis 2009, accompagnant le développement de projets portés par des individus, des collectifs, des associations, qui vont dans le sens d’un monde plus juste et plus solidaire. Elle se propose de promouvoir une économie plus humaine, loin des logiques de profits à tout prix, et qui soit bien au service de tous et particulièrement des plus fragiles. L’économie que l’on rêve pour demain.

Depuis sa naissance, elle soutient et aide à l’émergence de projets innovants avec l’ambition de préparer une transition aux ramifications plurielles qui est perçue, par toutes et tous, comme de plus en plus nécessaire et urgente : Aujourd’hui, l’ADESS aide principalement à l’émergence de projets dans les secteurs de l’économie circulaire, de la réduction des déchets, de l’utilisation d’une monnaie locale, Bien d’autres initiatives émergent en ce moment, soutenues par l’ADESS qui rassemble des actrices et acteurs, petit.e.s et grand.e.s, convaincu.e.s qu’il faut penser les choses ensemble et trouver des manières de fonctionner plus coopératives.

L’ADESS partage ses locaux actuels de la route de Garlan à Morlaix, en fournissant des bureaux à des associations d’aide à la petite enfance, de protection de la nature, de revue et webmédia sur les transitions écologiques, d’aide à la créations d’entreprises, etc. Elle est déjà un lieu qui rassemble et met en lien des personnes d’horizons différents, un véritable pôle de l’économie sociale et solidaire sur son territoire où la convivialité est de mise.

Ses adhérent.e.s souhaitent aujourd’hui aller plus loin dans leurs ambitions, car l’urgence climatique et les bouleversements actuels de tous ordres y incitent, en voulant se rassembler autour des enjeux liés à LA transition, qui en recouvre plusieurs : écologique, sociale, économique, culturelle. C’est pourquoi l’ADESS a lançé en 2022, une grande enquête auprès des actrices et acteurs du pays de Morlaix autour de la mise en place d’un tiers lieu Des transitions.

Un tiers-lieu c’est quoi ? Un espace ? un lieu ? un carrefour ? (difficile à ce stade de dire ce qu’il sera. Mais une chose est certaine ce sera une opportunité pour toutes et tous (citoyen.ne.s de la société civile, institutions, politiques, professionnel.le.s, étudiant.e.s, retraité.e.s, etc.) de se rencontrer pour réfléchir et élaborer des projets. Et pour mettre en action ces volontés communes de rendre concrète cette transition. Chacun.e viendra avec ses savoirs, ses compétences et ses idées. Ses désirs et ses rêves, aussi, car c’est souvent à partir de rêves qu’émergent les grands projets. Martin Luther King a bien commencé comme ça lui aussi !

Tiers, cela veut dire que ce sont des espaces qui ne sont pas dédiés à une seule activité mais à plusieurs en même temps ou à côté les unes des autres, comme le sont déjà par exemple les bibliothèque/médiathèque/ludothèque/grainothèque qui accueillent les centres sociaux ou les bars/salle de spectacle, des élèves et étudiant.e.s autour de projets. Des lieux hybrides à fonctions multiples qui décloisonnent, qui favorisent le foisonnement en s’appuyant sur la richesse du lien entre les gens, leurs pratiques et leurs projets pour l’avenir.  Ce projet de tiers-lieu sur le territoire du Pays de Morlaix s’inscrit dans une dynamique régionale* qui témoigne d’un élan des plus encourageants et stimulants.

L’importante participation à l’enquête de l’ADESS a donné lieu à une restitution riche d’enseignements, le 29 novembre dernier (https://www.adess29.fr/3632-restitution-du-diagnostic-tiers-lieu-des-transitions-en-pays-de-morlaix/). Elle a ainsi confirmé une vraie motivation des habitant.e.s du territoire, des citoyen.ne.s de la société civile et des professionnel.le.s, affirmant leur volonté de prendre à bras le corps les défis qui nous attendent et la nécessité de réfléchir sur toutes les problématiques de notre vie (habitat, énergie, mobilité, travail, entraide, préservation du vivant). Elle montre leur désir de voir se créer un lieu-ressource afin de faire ensemble, de mettre en commun des idées et des ressources donc, mais surtout de créer, d’imaginer, car c’est bien là un des grands enjeux de demain :

-Comment allons nous, nous adapter en inventant de nouvelles manières de vivre plus responsables, plus écologiques et plus résilientes (qui s’adaptent aux chocs). Des lieux qui seront des relais, des occasions de partager nos connaissances à propos d’expérimentations réalisées ici ou ailleurs.

Il ressort également de cette étude, la volonté de trouver :

  • des espaces pour penser de façon très ouverte en partageant avec d’autres,

  • des espaces ressourçants pour se nourrir intellectuellement grâce à des bibliothèques partagées, des conférences, débats, formations, etc.,

  • des espaces pour créer, bidouiller, bricoler, inventer, tester comme des ateliers de réparation ou de recyclage en lien avec les ressourceries, ou la mise à disposition d’outils tels que des imprimantes 3D afin qu’ils servent au plus grand nombre,…

  • des espaces de soutien pour développer tout type de projet, car seul et sans appui, il est très difficile de passer d’une idée naissante à celle d’un vrai projet, voire même à la création d’une entreprise ou d’une association qui aura besoin de compétences techniques, comptables, communicationnelles, organisationnelles, etc.

  • des espaces pour se nourrir physiquement et intellectuellement.

Le discours futuriste, lu par Justine NOLL, administratrice du pôle ESS

Vous l’aurez compris, l’ADESS est une association qui accompagne, met en lien les personnes et les soutient dans leurs projets. Son ambition n’est pas seulement, de créer un lieu mais bien de prendre part à la dynamique collective locale autour des questions de transitions.

La première étape pour ce printemps 2023, sera donc de faire se rencontrer le plus largement possible les actrices et acteurs des tiers-lieux du territoire car il y en a déjà un certain nombre !

*https://www.adess29.fr/tag/adess-morlaix/

**https://www.bretagnetierslieux.bzh/




Kub’Tivez vous ! Rencontre avec des zozos zinzins d’oiseaux

Dans le cadre de notre partenariat avec KuB, le web média breton de la culture, nous vous proposons une nouvelle sélection à découvrir gratuitement sur leur site internet. Au programme : des oiseaux !

Cocheurs, de Baptiste Magontier (2021-52′)

Tous les ans en Octobre, il arrivent à Ouessant, chaussés de leurs bottes, munis de sac à dos, jumelles, longue-vue…Eux, ce sont les « cocheurs ». Des fous d’oiseaux, ornithologues, passionnés de la plume, souvent amateurs, qui cherchent à observer le maximum d’espèces de volatiles, rares de préférence. Ils se disputent le titre de celui qui en verra le plus. Un classement existe, sur le site cocheurs.fr. Martinet Cafre, Tarier de Sibérie, Mouette Ivoire…n’ont plus de secrets pour eux. Dans ce milieu encore très masculin (même si les femmes sont de plus en plus nombreuses), certains n’hésitent pas à faire des milliers de kilomètres, sillonnant la France métropolitaine, ou l’étranger, d’un bout à l’autre, pour faire une observation et la rajouter à leur « collection ». On suit alors Antoine, qui est prêt à parcourir 1700 km pour un oiseau. Ou encore Hugo, jeune cocheur nantais, arrivé lui aussi sur Ouessant, ainsi que Laurent, Fred, et les autres. Une drôle de petite communauté avec son langage bien à elle, qui se réunit pour des discussions sans fin autour de leur passion. C’est ce qui les anime dans leur « chasse aux trésors », plus que la course au record. Le plaisir d’être dehors, d’observer, la joie de trouver, et d’ajouter un nouvel oiseau à sa collection impalpable. Mais pas toujours facile d’accord ce hobby dévorant à sa vie personnelle ou professionnelle ! De même, quid de l’impact carbone de tous les déplacements ? Ces enjeux importants sont aussi évoqués dans le film.

Ces cocheurs et cocheuses que le documentaire met de manière sympathique en lumière sont attachant.e.s. On découvre une pratique encore inconnue du grand public, et une nouvelle façon de faire lien avec le vivant. Ces « doux-dingues » nous font passer un chouette moment.

Voir le film : https://www.kubweb.media/page/cocheurs-oiseaux-passion-sport-baptiste-magontier/

Piou Piou Piou (Avant qu’on ne soit cuit, cuit, cuit), de Julie Maréchal (2021-16′)

Julie Maréchal est une réalisatrice bretonne, originaire de la région de Lorient. Elle a choisi ce territoire pour son court-métrage documentaire. Dans celui-ci, il est question des oiseaux, mais ce ne sont pas eux qui occupent le cadre. Toute l’attention est focalisée sur ceux et celles qui les observent sur le littoral : le professionnel et son compteur, l’amateur qui attend désespérément des aigrettes, une jeune femme qui observe des bernaches avec humour, un trio de promeneuses qui découvre les tadornes, un dénicheur de mouettes, une fillette qui regarde les goélands se reposer…ainsi qu’une classe qui apprend à observer. En mettant à l’honneur celles et ceux qui se passionnent pour les oiseaux, le documentaire met aussi en avant le lien qui nous unit au vivant. Original et instructif.

Voir le film : https://www.kubweb.media/page/piou-piou-piou-cocheur-observation-oiseau-kerner-julie-marechal/

Plus d’infos :

https://www.kubweb.media




D’une saison l’autre, ce Petit Jardin Discret des Spontanées en baie de Morlaix

Il en va de l’élaboration de certains articles comme des graines en dormance : le temps qu’il faut y fait son œuvre avant que, sortant de terre, les germinations puis les floraisons en quête de lumière s’offrent aux regards. Ainsi, au cours de  l’été 2022, nous avons rencontré une première fois un grand gaillard venu de l’est de la région pour accompagner bénévolement dans sa mue, le Jardin de l’association Traon Nevez, sur le site du Dourduff-en-mer, commune de Plouézoc’h.

Ancien régisseur de spectacles vivants, Maxime Boiteux a entamé une reconversion professionnelle, avec un BTS Aménagement paysager/écojardinage responsable à Combourg pour se consacrer désormais à un autre type de spectacle : celui des métamorphoses du vivant, en particulier végétal.

Serait-ce la fréquentation des sols vivants et des vers qui conduit les jardiniers à habiter si poétiquement le monde et à se connecter entre eux ? Nous sommes tentés de le croire. Devenant paysagiste naturel, Maxime est entré en relation avec Tiphaine Hameau, autre artiste-jardinier qui a réveillé tout en douceur depuis quelques années les Jardins de l’ancienne Manufacture de tabacs, à la demande de Morlaix Communauté, et que nous avions rencontré au début de l’hiver 2021 : http://www.eco-bretons.info/rencontre-tiphaine-hameau-en-ce-lent-jardin/.

Tiphaine Hameau et Maxime Boiteux

A quelques centaines de battements d’ailes d’oiseau marin, un autre jardin a appelé ces deux-là. Au Dourduff-en-Mer, sur la palud de Mez-ar-Zant, tout proche du sentier côtier (GR34) menant nos pas baladeurs vers Térénez en Plougasnou et bien au-delà, l’ancien jardin du château de Trodibon vit depuis des années à l’abri d’un grand mur qui l’enclôt, au rythme des activités proposées par l’équipe associative de Traon Nevez. Celle-ci anime le site du même nom appartenant à la Fondation Massé Trévidy qui gère une trentaine d’établissements sociaux ou médico-sociaux dans le Finistère. Le jardin, avec son potager et son verger, s’est ainsi longtemps conjugué en mode partagé, avec des ateliers de jardinage animés par les éducateurs des jeunes de l’Institut Médico-éducatif/IME, des événements ponctuels tels que des expositions de photos naturalistes, organisés par des étudiant..e.s en BTS gestion et protection de la nature du lycée voisin de Suscinio : https://traonnevez.fr/le-jardin/.

Il est des rencontres entre vivants où parmi eux, certain.e.s humain.es entretiennent des « égards ajustés » – chers au philosophe Baptiste Morizot* – avec, non pas ce qui les environne, comme s’il s’agissait de quelque chose qui leur est extérieur, mais avec ce qui fait intimement partie de leur être, comme une altérité familière. C’est donc tout naturellement que leur verbe s’y accorde, poétiquement. En témoigne celui de Maxime s’adressant aux membres de l’association Traon Nevez, en mai 2022, pour y présenter la « note d’intention » que lui a dicté ce « Petit Jardin Discret des Spontanées ». Nous vous invitons à le découvrir ici :

Note d’Intention – Jardin Traon Nevez – Maxime Boiteux

Sur son site, à la page dédiée à Traon Nevez, la Fondation Massé Trévidy présente ainsi la démarche de Maxime : « À la suite d’une analyse du sol du potager, et après recoupement avec les dires de passants, il a fait une proposition d’aménagement atypique du jardin : valoriser les adventices présentes (les « mauvaise herbes ») en retrouvant leurs propriétés pharmaceutiques, culinaires et architecturales. »

Maxime devant un tas de foin, à la fois propice à la relaxation des corps et à l'amendement du sol

S’en est suivi une étape préparatoire dans le cadre d’un stage de deux semaines sous la houlette de Tiphaine Hameau, en vue d’analyser le sol du lieu et d’y effectuer un impressionnant relevé des végétaux, tant par sa diversité que par l’inventivité humaine à les nommer et les qualifier, telles la Scrofulaire noueuse, la Potentille rampante, l’Eupatoire chanvrine, la Houlque laineuse, la Buglosse toujours verte et bien d’autres…

Puis Maxime a investi le jardin tout au long du mois d’août 2022 pour une résidence de travail au cours de laquelle nous l’avons donc rencontré et où il nous expliqua sa démarche de ménagement bien plus que d’aménagement du lieu. En partant toujours du faire avec l’existant, le spontané végétal, forcément évolutif – le fameux « jardin en mouvement » cher au jardinier Gilles Clément -, la gestion sur place des eaux de pluie, des déchets (rien ne sort, tout se transforme, comme ces ronces qui ont quitté les abords du lavoir de Traon Nevez pour nourrir et décompacter le sol), l’installation de pyramides de cultures, de haies sèches ou haies de Benje, la prise en compte des insectes et auxiliaires, le jardin devenant également un poste d’observation animalière. Enfin la volonté de transmettre la dynamique impulsée à d’autres forces vives humaines, l’esprit collectif restant la priorité de l’équipe de Traon Nevez.

Entretien estival avec Maxime expliquant sa démarche

Depuis les débuts de son aventure, Maxime tient un carnet de bord fort bien documenté et partagé sur son compte Instagram (https://www.instagram.com/club_du_vivant/), avec des écrits, des photos, des dessins, et  sur lequel il consigne tout ce qu’il a entrepris et continue de faire, dans cette si belle collaboration avec le vivant.

Et puis l’automne s’en est venu. Et puis l’hiver. D’une saison l’autre, Maxime revient ponctuellement en ce jardin. Entre temps, il s’est installé en Ille-et-Vilaine, en tant que paysagiste naturel. Sur sa carte de visite, un blason on ne peut plus explicite associant végétal, animal et quelques mots : « Born to baie wild »!

En février dernier, nous sommes revenus à leur rencontre, Maxime et le Petit Jardin Discret des Spontanées. Ils nous y ont montré comment les végétaux se sont appropriés les lieux, « véritables petits hôtels à organismes vivants », non sans avoir fait l’éloge évidente de la lenteur et de la contemplation. Maxime mettant l’accent sur la parcimonie des gestes et des ressources fossiles : « depuis l’aménagement de cet été, un seul coup de tondeuse, soit ¾ litres d’essence sans plomb pour 3600m2 sur 6 mois. Un fauchage annuel effectué avec Maksen, un étudiant en BTS GPN de Suscinio et des zones laissées à la pousse sauvage de graminées. » Les haies sèches installées abritent moult insectes, rongeurs, hérissons, oiseaux ainsi que des graines locales amenées par des rouges-gorges, moineaux et autres petits descendants de dinosaures à plumes dont l’évocation appelle ces mots habités de Baptiste Morizot* : « Nous avons tous, nous vivants, un corps épais de temps, fait de millions d’années, tissé d’aliens familiers, et bruissants d’ancestralités disponibles ».

Ainsi va la vie en ce jardin dont la tranquillité est jusqu’à présent à peine dérangée par les visites des promeneuses et promeneurs qui franchissent toujours la première fois ses grilles – très souvent ouvertes – avec un étonnement teinté de joie paisible… et aussi quelque lecture informative à l’entrée du jardin, l’apport de graines de connaissance sur les occupants végétaux et animaux favorisant leur respect.   Car telle a toujours été la volonté de l’association et désormais celle de Maxime : que ce lieu reste accessible à toutes et tous, dans le respect de ses occupants, passagers ou plus durables, comme par exemple les quelques arbres fruitiers pour lesquels, Raymond Lachuer, expert local de la taille et membre de l’association Bretagne Vivante, est venu il y a quelques semaines partager son savoir-faire, ou encore le projet à venir de buvette estivale axé sur les plantes locales.

Le printemps est là.

« Tel un îlot d’intimité entre eux mondes, celui des grands arbres et celui des imposants Homo Sapiens. Il accueille, discrètement dressée au ras du sol, une considérable richesse de spécimens à feuilles prenant racine dans sa longue carrière de terre agricole à présent apaisée. Sol riche, sol varié, sol préservé comme un trésor enfoui que nul promeneur ne saurait deviner… Et pourtant cette véritable richesse du jardin, agrémentée par des millions d’années d’activité souterraine, par plusieurs décennies de travail en surface et surtout par une conservation minutieuse à l’état déruption végétale, ne demande qu’à s’épanouir » – Maxime Boiteux.

* « Manières d’être vivant », par Baptiste Morizot (éditions Actes Sud, collection Mondes Sauvages – Pour une nouvelle alliance, 2020).

Crédits photos : Maxime Boiteux, Marie-Annick Troadec, Laurence Mermet.




Ils récupèrent l’eau tombée du ciel !

Olivier et Leïla, parisiens d’origine venus habiter Peillac dans le Morbihan, rénovent une maison sur la commune. Férus d’écologie, ils pratiquent le jardinage au naturel, ont acquis un poêle un bois et ont enduit leurs murs avec de la chaux. Ils ont également fait le choix d’installer leur système de récupération d’eau de pluie.
Leur consommation annuelle totale d’eau « peut être estimée à 70 m3 », chiffre Olivier. Le volume d’eau utilisée par le couple pour les toilettes, le jardin, le lavage des voitures et la machine à laver, s’élève d’après leurs calculs à 32 m3 d’eau, soit à peu près la moitié de leur consommation annuelle totale. Autant dire que l’eau directement tombée du ciel leur permet de réaliser des économies non négligeables. Tout ceci grâce à l’installation qu’ils ont mis en place avec l’aide de professionnels. Ce dispositif se compose de plusieurs éléments essentiels :

Quelle cuve choisir ?

La cuve de récupération d’eau sert à stocker les eaux pluviales. Celle choisie par Leila et Olivier s’apparente à une cuve en béton, d’une capacité de 5 m3, enterrée dans le sol. Elle a été installée lors d’une opération de terrassement, réalisée par un spécialiste. « On trouve ce type de cuve béton très facilement, il n’est pas forcément nécessaire d’aller l’acheter chez un spécialiste de la récupération d’eau de pluie », précise Olivier Spadi.
Côté tarif, Olivier a dû débourser 460 euros hors taxes pour son acquisition. Pour information, sachez qu’il existe également des cuves de récupération d’eau de pluie en inox, plastique et bois, qu’on peut également laisser à l’air libre. Du côté des prix, tout dépend de l’utilisation (enterrée ou non, pour le jardinage ou une utilisation domestique) et du volume choisi. On trouve de petits récupérateurs d’eau de pluie d’une capacité de 210 litres à placer sous une gouttière pour arroser son jardin à partir de 20 euros. Et des cuves plus perfectionnées à enterrer, d’une capacité de 7 500 litres, coûtant aux alentours de 4 000 euros.
Le choix est donc vaste…

Opérer les bons raccordements

Ici, l’eau s’évacue des gouttières en convergeant vers un tuyau qui conduit directement à la cuve en béton. Le tuyau par lequel circulent les eaux pluviales est équipé d’une grille empêchant les feuilles et débris divers de s’accumuler dans la cuve de récupération. Le trop perçu d’eau est redirigé vers un puits perdu qui existait déjà. De cette façon, toute l’eau est récupérée. La cuve est également raccordée pour le pompage de l’eau, par le surpresseur, ainsi qu’à un dispositif permettant d’évaluer le niveau d’eau de pluie restant dans la cuve.

Le pompage de l’eau, un point clé

L’eau de pluie stockée dans la cuve en béton est pompée grâce à un appareil appelé « surpresseur ». Installé dans la buanderie, celui-ci est muni d’un clapet, d’une vanne et d’un filtre. « Ce dernier ne permet pas la potabilisation de l’eau, mais plutôt l’élimination des dernières macro-particules, ce qui convient notamment pour la machine à laver », explique Olivier. Le supresseur permet la redistribution de l’eau de pluie pompée vers les toilettes, le lavabo de l’atelier attenant et la machine à laver. A noter également, la nécessité de prévoir un raccordement au réseau d’eau potable, au cas où la cuve d’eau de pluie serait vide. Ce basculement du réseau de récupération d’eau de pluie au réseau d’eau potable peut se faire automatiquement, mais Olivier et Leïla l’activent manuellement.

Au total, Olivier estime le coût de son installation de récupération d’eau de pluie à 2 700 euros hors taxe, et hors crédit d’impôt de 700 euros dont il bénéficiera l’année prochaine. Un tarif qui s’explique par les travaux importants de plomberie nécessaires. Soit in fine, environ 2 000 euros. Les économies réalisées pourront être chiffrées d’ici quelques mois, l’installation de la récupération d’eau de pluie ne fonctionnant que depuis deux mois.

 

Droits et usages de l’eau de pluie

L’eau de pluie peut être utilisée en extérieur et intérieur, mais uniquement pour l’usage des toilettes, du lavage du sol et du lave-linge. Les deux réseaux – eau de ville, eau de pluie – doivent être totalement séparés et les robinets porter un pictogramme « eau non potable ». Si l’eau de pluie vient à manquer, le groupe de pompage doit être prévu pour basculer automatiquement sur l’eau de ville avec un dispositif de déconnexion physique aux normes, et ce pour empêcher tout retour d’eau dans le réseau d’eau potable.
Si l’utilisation des eaux de pluies entraîne un déversement d’eau dans le réseau d’assainissement, la mairie doit en être prévenue, via un formulaire de déclaration. Le rejet de ces eaux entraînera le paiement de la redevance d’assainissement, soit entre 0,9 et 1,20 euros/m3 d’eau. Un compteur spécifique est alors obligatoire.

 

Des astuces pour économiser l’eau

Outre la chasse aux fuites, la fermeture des robinets quand on se savonne sous la douche ou quand on se lave les dents et la récupération d’eau de pluie, il existe d’autres astuces pour réaliser des économies d’eau. L’ADEME publie à ce sujet sur son site une fiche pratique qui donne quelques « tuyaux » pour réduire sa consommation d’eau. On peut ainsi installer un limitateur de pression sur son arrivée d’eau pour limiter les débits aux robinets, installer des réservoirs de chasse d’eau moins volumineux ou encore mettre en place des embouts limitateurs de débits sur les douchettes ou nez de robinet.
Plus d’infos : http://www.ademe.fr/bretagne/actions_phares/energie_maitrise/conseils_eau.asp

 

Plus d’infos

Le blog d’Olivier et Leïla

Un livret en PDF édité par le Tour de l’Energie Bretagne sur la récupération d’eau de pluie

http://www.eau2pluie.com/

http://www.bhell-environnement.fr/