1

Pourquoi si peu d’algues vertes à Saint-Michel-en-Grève cette année ?

Les algues vertes type ulva, ici ulva armoricana, prolifèrent deux fois au moins leur volume par jour dans de bonnes conditions de lumière, de chaleur et de nutriments. Il suffit qu’un de ces paramètres fasse défaut et la machine s’enraye. Les algues ainsi produites massivement au printemps et en été essentiellement, occupent toute la lame d’eau parce qu’elles ne vivent que flottantes, jamais fixées. Par le jeu des vents et des courants la plupart d’entre elles échouent sur les côtes. Ou elles sont ramassées, ou elles pourrissent sur place avec le danger qu’elles représentent alors avec le dégagement d’hydrogène sulfuré. Mais elles sont aussi, ce qui est délibérément ignoré par la quasi-totalité des pouvoirs publics, enfouies dans le sable par le courant et les vagues. Là, à tous les niveaux de la marée, elles disparaissent à la vue et même souvent à l’odorat. Se constituent ainsi des vasières composées d’un substrat meuble gorgé d’hydrogène sulfuré issu de la décomposition de ces algues enfouies privées de lumière. C’est dans une vasière de ce type qu’est mort le cheval à Saint-Michel-en-Grève en 2009, et qu’a été gravement intoxiqué son cavalier. Ceci est officiellement reconnu par le dernier jugement de la Cour d’Appel de Nantes. Aucune de ces zones dangereuses n’est à ce jour signalée. Il est prévu de la faire en collaboration avec Sauvegarde du Trégor sur la Lieue de Grève.

L’hiver, en l’absence de chaleur et surtout de lumière, la production cesse ou tourne au ralenti. Ne subsiste au large de la baie de Locquirec et de Saint-Michel-en-Grève qu’un stock réduit de ces algues dérivantes. C’est à partir de ce stock que redémarre la prolifération dans de bonnes conditions de lumière, de chaleur, c’est à dire à partir du printemps. C’est donc la météo de l’hiver qui détermine la production de marées vertes de l’été suivant. Hiver doux et sans tempête, à quoi rajouter un printemps ensoleillé, sont marées vertes assurées. C’est le cas en 2011. Et l’inverse cette année en 2014.

Ce n’est pas le froid qui a fragilisé le stock hivernal, comme en 2013. Ce sont les tempêtes. Comment ont-elles agi ? D’abord, l’effet des vagues au large ne se réduit pas à une agitation de surface. C’est à plusieurs mètres de profondeur, en fonction de la hauteur des vagues, que le brassage de l’eau se fait sentir. Il atteint donc les couches d’algues posées sur le fond sableux le plus souvent, les agite au point de les disloquer, de les émietter, sans qu’elles puissent se développer en l’absence de lumière, et occasionnellement de chaleur.

Ce brassage est d’autant plus efficace que ces algues sont très fragiles. De cet émiettement, on passe rapidement à la pulvérisation en trop petites cellules pour que la croissance puisse repartir au printemps.

Deuxième facteur, ce brassage n’affecte pas que les algues. Il agit directement sur les mouvements de sable et provoque un enfouissement des algues, qui en l’absence de lumière sont condamnées à pourrir et à disparaître.

Le troisième facteur agit comme le second, mais plus à partir des effets de la houle, mais de celui des rivières dont la force du courant est décuplée par les volumes d’eau issus de l’abondance des précipitations. Quand on voit les mètres d’épaisseur de vase emportés par le courant du Douron le long de son estuaire, on comprend sans mal comment ce fort courant a pénétré dans la mer et agit bien au-delà de la laisse de basse-mer en accroissant encore l’enfouissement des algues ou leur dispersion vers le large, bien au-delà de la zone d’une profondeur de 20 mètres, là où les algues ne survivent plus à cause de la moindre luminosité.

Le quatrième facteur est aussi lié au débit décuplé d’eau des rivières parvenant à la mer. Comme ces rivières reçoivent l’eau de toutes les pluies des bassins versants en amont, cette eau a ruisselé à travers des champs, souvent à nu l’hiver, et a entrainé avec elle, en même temps que le nitrate, la terre et la matière organique du sol, d’autant plus que les zones humides et les talus supprimés ne jouent plus leur rôle de tampon. Cet apport de matière en suspension a provoqué un voile opaque marron, très visible de la côte au débouché de ces rivières, voile qui a occulté les zones tapissées de ce stock hivernal d’algues, a persisté au printemps et privé de lumières ces ulves.

Pendant plusieurs mois, le stock hivernal d’algues a subi ces assauts répétés des tempêtes et des fortes précipitations, au point de ne laisser que quelques algues survivantes, bien insuffisantes pour réalimenter une prolifération massive.

Alors pourquoi cette forte réduction dans la baie de Lannion et l’abondance dans les baies de Saint-Brieuc et Douarnenez ? Tout simplement, puisque dans ces deux baies, le stock hivernal est beaucoup plus important et qu’il a été, de fait, moins affecté. Ensuite des configurations locales peuvent jouer. Ainsi les moulières de Hillion cassent une grande partie de la houle du large et atténue ses effets sur les algues dérivantes.

Ainsi, l’homme n’y est pour pas grand chose dans cette réduction des marées vertes. Et quand il l’est, c’est bien involontairement. Preuve s’il en est : un taux de nitrate toujours important dans l’eau des rivières. Mais, en l’absence d’ulva armoricana, bien malmenées par les tempêtes hivernales, ce sont d’autres algues moins fragiles qui profitent de ce nutriment. D’où l’abondance d’entéromorphes, algues vertes filandreuses, qui n’ont pas, fort heureusement, le même potentiel de croissance que les ulves et qui se dessèchent plus qu’elles ne pourrissent quand elles s’échouent. Elles ne sont vraisemblablement pas les seules à profiter de ce nitrate agricole dans le milieu marin.

Chaque fois que vous arpentez aujourd’hui la Lieue de Grève, ouvrez grands les yeux ! Respirez et faites le plein d’iode marin ! Ne perdez pas une miette de cet exceptionnel moment de vie. Car demain, hélas ! nous ne sommes assurés de rien… Les marées vertes et leur bouillonnement d’hydrogène sulfuré rôdent. Même si elles ont plus de mal à reconstituer leurs stocks, parce qu’une grande partie du nitrate dans le milieu marin a été consommée par d’autres algues, qui peut croire qu’elles ont dit leur dernier mot ?

Yves-Marie Le Lay, président de Sauvegarde du Trégor le 3 août 2014

Note de la rédaction et pour plus d’information concernant ce sujet :

Algues Vertes. Plan de lutte en baie de Saint-Brieuc : quels résultats ?

Pour aller plus loin :

Notre article




Bilan 2019 de l’Observatoire du Climat : Deux pas en avant, un pas en arrière

(Plume Citoyenne) L’association Climate Chance a publié le deuxième bilan annuel de l’Observatoire Mondial de l’action climatique des acteurs non-étatique le 26 novembre, c’est à dire une semaine avant l’ouverture de la COP 25 à Madrid. Malgré ses imperfections, ce rapport est certainement un utile complément d’information pour alimenter les négociations qui y auront lieu.

L’association
Climate Chance, présidée par le sénateur écologiste Ronan Dantec,
s’est créée en amont de la COP 21 pour regrouper tous les acteurs
non-étatiques reconnus par la Convention cadre des Nations Unies sur
les Changements Climatiques (CCNUCC) , collectivités locales,
entreprises, ONG, syndicats, communauté scientifique, représentants
du monde agricole, de la jeunesse, des peuples autochtones et des
femmes). L’idée sous-jacente est que ces 9 groupes d’acteurs,
généralement bien ancrés dans des territoires identifiés, sont
autant que les Etats les moteurs des mesures d’atténuation du
changement climatique dont ils accompagnent les efforts voire parfois
pallient les carences.

C’est
pour rendre compte de ces actions multiformes et de leurs effets que
Climate Chance a créé l’Observatoire Mondial de l’action climatique
des acteurs non-étatiques dont ce n’est que la deuxième édition.
Ceci explique vraisemblablement les lacunes de ce rapport, liées
principalement au manque d’informations fiables disponibles.

En
fait, il ne s’agit pas là d’un rapport de plus mais plutôt d’un
méta-rapport, synthèse aussi large que possible de multiples
rapports produits par ces acteurs non-étatiques. Afin d’en faciliter
la lecture, il a été découpé en 4 cahiers, un cahier Sectoriel,
un cahier Territoires, un cahier Finances en collaboration avec
Finance for tomorrow , auquel a été rajouté cette année un cahier
« Adaptation », en collaboration avec le Comité 21,
tellement il est apparu à toutes les parties prenantes que, dans
bien des domaines, l’heure n’était plus seulement à la réduction
des émissions de gaz à effet de serre mais déjà à la mise en
œuvre d’action permettant aux acteurs de s’adapter aux conditions
climatiques en changement rapide.

Ces 4
cahiers sont d’inégale valeur et cette inégalité reflète assez
bien les écarts d’investissement et le degré de maturation de la
réflexion et de l’action.

Sans
conteste, le cahier « finances » est le plus décevant.
Tout d’abord, il est très court, à peine 17 pages là où les
autres franchissent allègrement la barre des 100 pages. Ensuite, il
ne met pas évidence de réalisations tangibles. On sent à travers
les milliards alignés, qui de toute façon restent inférieurs aux
besoins tels que défini par exemple par le rapport Stern, qu’il y a
beaucoup de recyclage de coups déjà partis et quand des engagements
sont pris, leurs auteurs se situent prudemment à l’échelle du
demi-siecle.

Le
cahier le plus touffu est sans conteste celui qui est consacré aux
territoires. En effet, il tente de relater l’action des collectivités
territoriales qui, en dehors ou en plus de l’action de leurs
gouvernements respectifs ont constitués des alliances
intercontinentales incluant le plus souvent des engagements
contraignants. Mais comme ces alliances sont très diverses comme
l’est la taille des collectivités publiques qu’elles rassemblent,
l’observatoire a du mal de rendre compte de l’effectivité de leurs
actions. C’est d’autant plus difficile qu’il s’agit encore d’actions
à caractère expérimental, que les méthodologies ne sont pas
stabilisées et que les données fiables manquent.

Il
reste cependant que ce cahier est un excellent outil pour les
décideurs ou les futurs décideurs locaux puisque, outre la
présentation des résultats obtenus en matière de réduction des
émissions de gaz à effet de serre par 13 collectivités
territoriales réparties sur les 5 continents, ce cahier décrit
surtout 80 expériences menées dans autant de territoires
différents, dans des contextes très variés. La lecture en est
inspirante. Il convient de noter enfin que la partie centrale du
cahier présente un glossaire des différentes coalitions
territoriales existant actuellement, ce qui se révèle utile pour se
retrouver dans cet enchevêtrement d’organisations.

Mais
les deux cahiers les plus riches en matière d’information sont sans
conteste le cahier adaptation » et le cahier « sectoriel ».

Le
premier, qui est une innovation au sein de l’Observatoire de Climate
Chance, présente l’immense avantage de préciser ce qu’on entend par
« adaptation » et surtout capitalise sur l’expérience
accumulée depuis plus d’une décennie par l’ONG Comité 21. Il
permet également de montrer le chemin parcouru au fil des COP pour
faire comprendre que dans certains cas, l’urgence n’est déjà plus à
la mise en œuvre de mesure d’atténuation mais bien au déploiement
immédiat de mesures d’adaptation. Mais surtout l’intérêt final de
ce cahier est d’illustrer le caractère innovant et parfois
inéluctable de cette démarche en reprenant, en effet miroir en
quelque sorte, les thématiques développées par l’Observatoire dans
les 3 autres cahiers « Territoires », « Secteur »,
« Financement » .

En
dernier lieu, l’observatoire publie un quatrième cahier dit
« sectoriel ». Compte tenu de la difficulté actuelle à
produire rapidement des données fiables, cette analyse par secteur
se focalise sur 6 secteurs : «énergie », « transport »,
« bâtiment », « industrie », « déchets »,
« usage des sols ».

S’il
fallait résumer en peu de mots ce cahier de 160 pages, cela
tiendrait en trois séries de chiffres :

en
2018, la croissance économique a été de +3,8%, la consommation
d’énergie de +2,1% et celle des émissions de gaz à effet de serre
à +1,7%

En
2017, les chiffres étaient respectivement de + 3,7%, 2,3% et
2,2%

Sur la
période 2005-2016, incluant donc la récession de 2008-2011, de
+3,4%, +1,5% et +1,4%

Ainsi
donc, avec quelques fluctuation, la croissance économique est de
moins en moins gourmande en énergie et cette énergie est de moins
en moins émettrice, ce qui pourrait être un bon signe si les
progrès en matière d’efficacité énergétique et en matière de
décarbonation de cette énergie n’avaient été systématiquement
inférieurs à la croissance toujours très forte de l’activité
économique. Comme il semble acquis que les pays émergents, mais
aussi les pays en développement revendiquent de rattraper le
standard de vie des pays les plus avancés alors que ceux-ci ne sont
pas près à réduire ne serait-ce qu’un peu le leur, la croissance
économique, toutes choses égales par ailleurs, continuera d’être
forte au moins pour la prochaine décennie, ce qui implique
évidemment que les différents secteurs devront accentuer fortement
leurs efforts en matière d’efficacité énergétique et surtout dans
le remplacement des sources fossiles par des sources plus propres
dans le mix énergétique.

Le
choix des sous-titres de chaque fiche de ce cahier suffit à définir
la tonalité générale de ce bilan

ÉNERGIE
Production d’électricité – Les mutations du secteur doivent
encore porter leurs fruits

TRANSPORT
Deux pas en avant, un pas en arrière

BATIMENTS
Orchestrer les acteurs du bâtiment pour accélérer la baisse des
émissions

INDUSTRIE
Dans l’attente de ruptures technologiques

DÉCHETS
Un secteur porté par les actions locales sous tensions
internationales

USAGE
DES SOLS La pression sur les forêts ne fléchit pas malgré la
mobilisation croissante des acteurs

Pour
paraphraser le titre donner à la fiche « transports »,
il convient de passer du rythme « deux en avant, un pas en
arrière » au rythme « deux pas en avant, quatre pas en
arrière » si au niveau mondial, on souhaite atteindre
l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre fixé
par l’Accord de Paris. Cela veut dire que pour la plupart des
secteurs, il s’agit maintenant de passer aux travaux pratiques,
partout.

Pour
aller plus loin :

les
liens avec les documents de l’Observatoire (en PDF)

  • Cahier par secteurs

https://www.climate-chance.org/wp-content/uploads/2019/11/fr_c1_complet_def.pdf

  • cahier territoires (en version anglaise)

https://www.climate-chance.org/wp-content/uploads/2019/11/en_c2_complet_def.pdf

  • cahier adaptation

https://www.climate-chance.org/wp-content/uploads/2019/11/fr_c4_complet_def.pdf

  • cahier finances

https://www.climate-chance.org/wp-content/uploads/2019/11/climatechancef4t-cahier-finance-2019-version-numerique.pdf




On parle de nous

  • Emission radio de RCF du 04/09/2023 : Eco-bretons, web-média des transitions en Bretagne :

https://www.rcf.fr/culture/magazine?episode=397873

 

 

  • Article de Ouest-France du 10/04/2023, pour parler de notre partenariat avec l’Agence Locale de l’Energie et du Climat du Pays de Morlaix Heol :

https://www.ouest-france.fr/bretagne/morlaix-29600/heol-et-eco-bretons-informeront-sur-la-renovation-thermique-a-morlaix-9323cf72-d394-11ed-b0a4-6b21df97497d

 

 

  • Article de la Revue Mutualisée du Réseau Bretagne Solidaire, présentant Eco-Bretons

A lire ici :  REVUE-3-Transitions-14

 

 

Intervention de Dominique Guizien, président d’Eco-Bretons, sur la webradio de Plougasnou Naan’Art, pour parler du financement participatif, en 2017 :

 

Interview de Marie-Emmanuelle Grignon, journaliste, sur la radio associative de Sérent (56) Plum’Fm, pour parler du financement participatif, en 2017:




Corinne Lepage « La coalition des citoyens a beaucoup de pouvoir »

 

 

A lire aussi

http://www.eco-bretons.info/ecomag/echos/un-colloque-autour-femmes-sant%C3%A9-et-lenvironnement

 

Plus d’infos

http://www.wecf.eu/francais/

http://www.reseau-coherence.org/

http://www.force5association.fr/

 

 

A venir, un article retraçant les moments forts du colloque.

 




KuB’tivez-vous ! Sélection de décembre

Dans le cadre de notre partenariat avec KuB, le Web média breton de la culture, nous vous proposons une nouvelle sélection à découvrir gratuitement sur leur site internet.

Avec mes abeilles, d’Anne Burlot et Glenn Besnard (2016, 52’)

« Je me suis réveillé un jour et j’ai dit je veux être apiculteur », Richard travaillait alors dans l’informatique à Paris après des études de philosophie. Son histoire s’écrit aujourd’hui à Sauzon (Belle-Île-en-Mer) où il s’est « trouvé avec les abeilles ». La journaliste, formée à l’IUT de Lannion, Anne Burlot est allée à sa rencontre et à celles d’Anne-Françoise et de Louis-Joseph.

Son documentaire bourdonne de vie et de plans qui susciteront émerveillement pour les amoureux de la nature et frissons pour les apiphobes. Apiphobe ? Le moine Louis-Joseph a tout pour l’être, étant allergique aux piqûres d’abeilles… mais non, ses ruches sont devenues un « lieu de méditation », de relation avec Dieu pour lui. Illuminé par la série animée Joë chez les  abeilles (1960), il tient aujourd’hui son élevage dans une admiration totale  de ses amies jaunes et noires.

Loin de ce coin de tranquillité, Anne Burlot nous amène avec surprise dans la proche banlieue parisienne, au Pré Saint-Germain (Seine-Saint-Denis) sur la terrasse d’Anne-Françoise, infirmière en hôpital pédiatrique. La rencontre est attendrissante. L’apicultrice amatrice parvient à entretenir ses ruches dans un cadre qui semble pourtant austère et les utilise pour changer le regard que leur portent les enfants en organisant des ateliers éducatifs.

Avec mes abeilles est une belle réussite. Il intrigue et pousse à la réflexion sur notre société en établissant des parallèles éloquents avec ces petites bêtes qui effraient souvent plus qu’elles n’émerveillent. Tant bien même qu’elles pourraient nous servir d’exemples.

Voir le film : https://www.kubweb.media/page/burlot-besnard-avec-mes-abeilles/.


Thermostat 6, de Maya Av-ron, Marion Coudert, Mylène Cominotti et Sytine Dano (2018, 5’)

Ce court métrage animé de quatre élèves de l’école de l’image des Gobelins met en scène un repas (ou plutôt un festin) de famille que tout le monde connaît : la mère et le père, la grande sœur et son petit frère et le grand-père. Le cadre idéal pour dessiner les maux qui tourmentent notre société.

Le couple parental forme un duo de consommateurs déraisonnés n’ayant que faire de l’état de leur maison (la Terre), legs du doyen de la tablé qui ne veut pas qu’on « touche à ses fondations », malgré une fuite d’eau inarrêtable (métaphore du dérèglement climatique) que Diane l’adolescente s’efforce de réparer sans aucun soutien. Le tout sous les yeux d’un petit garçon qui est sur le point de se faire emporter dans « le flot des conséquences des problèmes non réglés des générations précédentes ».

Les dessins sont originaux, réussis et très bien animés. Le scénario est bien senti et fait passer son important message avec légèreté et humour. Ce court métrage est à montrer à petits et grands pour une prise de conscience assurée, si ce n’est pas déjà le cas.

Visionner le court métrage : https://www.kubweb.media/page/thermostat-6-animation-gobelins-avron-cominotti-coudert-dano-climat/.


La rentrée de la transition alimentaire – Bio et local (2019)

Nous vous proposons une page que l’équipe de KuB a produite en partenariat avec le Parc naturel régional (PNR) du Golfe du Morbihan sur la journée table ronde et rencontres « Transition alimentaire – Expériences en cours dans le Golfe du Morbihan ». Un événement qui s’est déroulé le 19 septembre 2019 à la scène de musiques actuelles Echonova, à Vannes.

L’objectif de cette journée était de mettre en lumière les acteurs du mouvement sur le territoire pour proposer des solutions aux consommateurs notamment. KuB était présent et en a ressorti un résumé efficace et dynamique.

La première partie est certainement la plus entraînante : une vidéo dans laquelle les invités du PNR témoignent de leur expérience réussie dans le bio et local. On découvre ainsi l’initiative de la mairie de Vannes qui a recruté un agriculteur fonctionnaire pour cultiver les terres communales afin d’offrir des repas 100% bio et locaux aux cantines de la ville. Ou encore, la démarche du transformateur Loïck de Feraudy (La Marmite bretonne) qui mise sur des conserves d’ingrédients bretons uniquement.

Le deuxième acte de cette table ronde est plus technique donc moins aisée à suivre pour le grand public mais offre une « remise en contexte » solide de Henri Rouillé d’Orfeuil, ingénieur agronome et pilote « Alimentation » de RESOLIS. Une critique ouverte de la dérive « mondialisée » et « agro-industrialisée » de notre système alimentaire, conclue par des propositions sensées pour une « révolution agro-écologique ».

Nous vous conseillons donc cette page de KuB qui vous apportera des clés et des connaissances sur les enjeux de la transition alimentaire, véritable nerf de la lutte pour le climat.

Consulter la page : https://www.kubweb.media/page/rentree-transition-alimentaire-relocalisation-parc-naturel-regional-golfe-morbihan/.


Notre sélection de novembre : https://www.eco-bretons.info/kub-tivez-vous-selection-de-novembre/.

Plus d’infos :

https://www.eco-bretons.info/wp-content/uploads/2020/11/KuB_KulturBretagne-Baseline-300x261.png



Le feuilleton de l’été « Les mots valises » : L’innovation (chapitre 3, épisode 2)

Tout d’abord, commençons par l’exercice de vocabulaire:voici la définition qu’en donne le Conseil Supérieur de l’Economie Sociale et Solidaire

« L’innovation sociale consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins sociaux nouveaux ou mal satisfaits dans les conditions actuelles du marché et des politiques sociales, en impliquant la participation et la coopération des acteurs concernés, notamment des utilisateurs et usagers.

Ensuite, si on va sur les sites des différentes organisations qui fédèrent l’Économie Sociale et Solidaire, on trouve une multitude d’exemples pour illustrer ce qu’est pour eux l’innovation sociale.

Si cela vous intéresse, vous trouverez les liens vers ces sites en fin de l’article dans la rubrique « pour aller plus loin ».

Ce qui frappe d’emblée dans ces abondantes floraisons d’expériences, c’est d’abord sa grande diversité : quasiment aucun domaine de la vie quotidienne n’est épargné.

En second lieu, on ne peut pas ne pas remarquer que toutes ces expériences ont le même fondement : la solidarité, entre ceux qui savent et ceux qui demandent à apprendre, entre gens aisés et d’autres moins bien lotis, entre générations, au sein d’un même territoire entre acteurs économiques. Il s’agit bien là de nouvelles façons de tisser des liens sociaux. Nouvelles façons ? Cela reste quand même à voir. La nouveauté est évidente quand il s’agit par exemple de partager les nouvelles technologies ou lutter contre les effets les plus évidents de notre mode de consommation dispendieux (les déchets). C’est déjà moins évident dans d’autres cas et je prendrai ici deux exemples. Les logements intergénérationnels qui sont présentés comme une innovation sociale ne font que recréer des modes de cohabitation qui existaient dans nos campagnes et même parfois dans nos villes jusqu’à un passé récent. Les AMAP ressemblent quand même fortement aux marchés locaux où les producteurs vendaient directement aux consommateurs locaux les produits de leur travail. Ici l’innovation, n’est pas tant de créer un nouveau type de liens au sein de la société que de retrouver sous une forme nouvelle des liens qui existaient, je dirais naturellement, dans une société organisée différemment. Alors, l’innovation sociale, c’est parfois faire du neuf avec du vieux ? Oui et non. Si on se limite aux effets, la réponse serait plutôt oui. Si on se réfère aux ressorts de ces nouvelles approches de la vie en commun, ce se serait plutôt non car ce qui fait la différence, ce sont les acteurs et leurs motivations. Ce qui était fondé là sur un lien naturel , la famille ou le canton, s’enracine ici dans une démarche qu’on peut qualifier de politique si on veut bien admettre que l’objet de la politique c’est de faire évoluer la société vers un fonctionnement meilleur.

Et on retrouve là les mécanismes qui au XIX° siècle ont déclenché des mouvements qui confluèrent vers ce que nous appelons l’économie sociale et solidaire : le mouvement coopératif, le mouvement mutualiste et tous leurs avatars.

Cette filiation devrait d’ailleurs nous faire réfléchir. En effet, quand on regarde ce que sont devenus certains fleurons de cette économie, on peut s’inquiéter de l’évolution possible de ce ces innovations sociales. Après tout, les plus belles réussites financières de ces dernières années sont issues d’innovations sociales, mais celles-ci ont été captées à des fins commerciales par des gens astucieux. Et c’est là que nous retrouvons la définition donnée par les hommes de marketing de l’innovation : « l’innovation, ce serait une invention qui aurait trouvé son marché. »

Pour que l’innovation sociale reste autre chose que cela, il est donc nécessaire qu’elle garde intact son principal ressort, la solidarité ; c’est pourquoi, je préférerai parler maintenant d’innovation solidaire.

Si vous voulez aller plus loin dans la connaissance de ces innovation, vous pouvez consulter les sites ci-dessous -liste non exhaustive-. Vous pouvez aussi vous exercer à rechercher des initiatives qui relèvent de cette catégories sur un site qui en parle beaucoup au quotidien http://www.eco-bretons.info/ ou même sur l’ancien site http://old.eco-bretons.info/

http://www.avise.org/decouvrir/innovation-sociale/innovation-sociale-de-quoi-parle-t-on

http://www.atelier-idf.org/connaitre-ess/innovation-sociale/innovation-sociale-exemples-franciliens/

http://www.lelabo-ess.org/-developper-l-innovation-sociale-.html

http://fonda.asso.fr/-Exemples-d-innovations-sociales-.html