Samedi 14 et dimanche 15 décembre, se déroulait, rue Saint Louis, à l’Atelier Noir Noir https://ateliernoirnoir.com/, dans le centre de Rennes, une vente de Noël un peu particulière …
En effet, Lucile Viaud avec deux designer du Studio Poirier-Bailay https://www.poirierbailay.com/ y vendaient de 8h à 22h leurs créations.
Des décorations, des vases, des plats… si vous avez manqué cette vente, ne vous inquiéter pas, vous pouvez encore commander en ligne http://atelierlucileviaud.com/ !
Diplômée de l’École Boulle, elle est récompensée plusieurs fois notamment pour son projet de design halieutique Ostraco.
C’est suite à la découverte du cuir de poisson que lui vient l’idée d’utiliser les résidus de coproduits marins (coquilles, arêtes, algues, carapaces) pour créer de nouveaux matériaux. Dans le cadre de son projet d’études, elle expérimente les multiples possibilités qu’offrent ces ressources marines. En découle deux découvertes : le plâtre et le verre marin.
C’est ce dernier que Lucile Viaud continue de décliner au Laboratoire Verres et Céramiques de l’Institut des Sciences Chimiques de Rennes https://iscr.univ-rennes1.fr/. Parmi ses créations le verre marin glaz dont le nom désigne en vieux breton « glas » cette teinte entre le vert et le bleu que prend parfois la mer bretonne, couleur naturelle dont a hérité le verre de Lucile Viaud.
En 2018 avec l’éco-musée de Plouguerneau https://www.ecomusee-plouguerneau.fr/ et l’association Karreg hir elle participe à la 35ème fête du goémon. Du coupage au brûlage, le travail des goémoniers y est reconstitué et mis à l’honneur. Suite à cette cérémonie, Lucile Viaud récupère le pain de soude. Ce pain de soude sera ensuite réduit en poudre fine. Les micro algues remplacent la silice (matériau que l’on trouve habituellement dans les minéraux, comme le sable) qui permet la vitrification du verre, alternative à l’exploitation du sable dont on va bientôt manquer partout dans le monde.
Néanmoins, cette « récolte » doit se faire dans le respect des éco systèmes marins ! Les laisses de mer, c’est-à-dire les débris naturels marins laissés sur la plage, constituent l’habitat et la nourriture de nombreuses espèces.
Rien ne se perd…
Si par malheur il vous arrivait de casser une des créations de Lucile, ne le jetez surtout pas ! Vous pouvez la renvoyer à l’atelier où votre objet sera refondu et réparé. Ce verre est donc recyclable à l’infini !
Autre fait notable, pas de perte dans la production du verre marin. Après le broyage des coquillages, arrêtes, algues et carapaces, on obtient deux poudres. Une composée de grains fins, c’est celle utilisée pour le verre de Lucile et une autre plus épaisse. Cette dernière, inutilisable dans la fabrication du verre n’est pas perdue : elle est utilisée pour faire des lunettes en coquillages par l’entreprise Friendly Frenchy https://www.friendlyfrenchy.fr/fr/ basée à Auray (56). Ainsi toute la ressource est utilisée.
Des recettes en fonction de chaque région.
Pour le chef cuisinier Hugo Roellinger, Lucile Viaud conçoit un duo d’assiettes creuses et de fioles pour ses plats végétariens, eux aussi, à bases d’algues.
En dehors de la Bretagne, Lucile Viaud a également réalisé d’autres commandes, toujours aussi surprenantes et innovantes, rappelant toujours l’histoire du lieu.
Par exemple, elle réalise les vitraux du musée Denys-Puech https://musee-denys-puech.rodezagglo.fr/, à Rodez dans l’Aveyron et ceux d’une petite chapelle située, à Montarnal, sur les rives du Lot (toujours dans l’Aveyron) ont été fabriqués à partir de coquilles d’escargots et de sable du Lot. Le sable du Lot était à une époque la seule marchandise produite par le petit village de Montarnal. Cette création a été baptisée « verre de Rouergue ». Décidément avec Viaud et Soulages, l’Aveyron est gâté en termes de vitraux !
Son prochain projet sera inspiré de la Lorraine dont elle est originaire. Tout ce qu’on peut vous dévoiler c’est qu’il fera écho à l’histoire industrielle de la région et à l’histoire personnelle de Lucile…
Chercheuse, designeuse et artiste.
Par son travail Lucile Viaud cherche à sensibiliser sur l’importance des ressources et du patrimoine naturel. Au-delà du design et de ses recherches, elle est aussi artiste. Du 7 au 28 février 2020 elle exposera ses sculptures de micro-algues à la galerie Mira http://www.miraecodesign.com/ à Nantes, spécialisée dans l’éco design !