Les collégien.ne.s de l’Ile de Batz à la découverte des oiseaux
Le collège des Iles du Ponant, qui se déploie sur Ouessant, Sein, Molène, Batz, Groix et Houat, proposait le vendredi 10 juin aux élèves une journée autour du développement durable. Reportage sur l’Ile de Batz, sur laquelle les collégien.e.s ont pu partir en balade ornithologique avec la LPO.
L’Ile de Batz, à quelques encablures de Roscoff, compte à l’année un peu moins de 500 habitants. Et un collège de 15 élèves ! En effet, comme sur les autres îles de Sein, Ouessant, Molène, Groix et Houat, une antenne du collège des Iles du Ponant, située dans le bourg accueille les jeunes dès la sixième, jusqu’en troisième. Et en ce vendredi 10 juin, c’est une journée spéciale, autour du développement durable, qui attend les collégiens et collégiennes, sur toutes les îles. « Mais chaque antenne propose des actions différentes », explique Claude Loupgris, professeur documentaliste. A Batz, la journée va donc s’articuler autour d’une intervention de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO). Au programme : un peu de théorie le matin, et une balade ornithologique l’après-midi. « L’idée, c’est aussi de faire du collège de l’ile de Batz un refuge LPO », poursuit Claude.
196 espèces sur l’Ile
Viviane Troadec, animatrice, et Jean-Claude Féru, vice-président de la LPO Bretagne, sont donc venus à la rencontre des élèves. « La LPO est la plus grande association de protection de la nature en France », expliquent-ils. Elle est née en 1912, suite à des « minis safaris » durant lesquels on pouvait tuer des macareux moines, sur les Sept Iles, à Plomeur-Bodou (22). « Ces oiseaux ont bien failli disparaître », poursuit Viviane. « Il y a eu une mobilisation pour créer alors la réserve des Sept Iles ». Réserve qui est d’ailleurs encore aujourd’hui gérée par la LPO.
Mais il n’y a pas que le macareux qui est en voie d’extinction. De manière générale, le nombre d’oiseaux décline. « Sauf des espèces généralistes qui arrivent à s’adapter, comme par exemple le merle noir », selon les deux spécialistes. Et 67% des 17 espèces d’oiseaux marines nichant en Bretagne sont aujourd’hui menacées de disparition ! La faute aux activités humaines principalement : utilisation de pesticides, pratique de la chasse à la glue pour certaines espèces, diminution des espaces naturels…La LPO continue encore de se mobiliser, via des actions d’éducation à l’environnement, des études sur le peuplement des oiseaux, et la protection de ceux-ci.
L’ile de Batz, qui se trouve dans la Manche, est un passage obligé pour certaines espèces migratrices qui y font escale. « Dont certains oiseaux très rares, notamment nordiques, qui sont vues de manière occasionnelle », précise Viviane. On a compté sur l’île un total de 196 espèces. Mais comment les reconnaître ? Grâce un guide « Oiseaux des jardins » disponible sur internet, rien de plus simple ! En suivant des questions qui sont des clés d’identification, on peut différencier facilement l’accenteur mouchet du moineau, le bouvreuil pivoine du pinson des arbres, ou l’hirondelle rustique avec l’hirondelle des fenêtres. « Il faut également faire attention à la taille, aux couleurs, à la forme de la queue, des pattes, du bec, et au milieu dans lequel évolue l’oiseau », complète Viviane.
Fous de bassan, Puffins des baléares et huitriers-pies
Place maintenant à la pratique. Munis de longues-vues et de jumelles, la petite troupe, constituée des collégien.ne.s, de professeur.e.s, part à la rencontre des oiseaux, guidée par Viviane et Jean-Claude. Direction la côté nord de l’île, constituée de dunes, la partie la plus sauvage. En cheminant dans les chemins le long des champs, on peut déjà observer des hirondelles qui volent à basse altitude, et des moineaux. Mais c’est en arrivant sur le sentier côtier que l’on rentre dans le vif du sujet. Au loin, la houle fait se déchaîner de grosses vagues, formant comme des moutons blancs. Quelques chalutiers passent à l’horizon, ainsi qu’un ferry en partance pour les îles britanniques. Les élèves braquent leur jumelle vers le large, et Viviane et Jean-Claude installent les longues-vues. Grâce à un émetteur Bluetooth, il est possible de les relier à une tablette, permettant au groupe de regarder en temps réel ce qu’on peut observer. Soudain, Viviane repère des fous de bassan. Facilement reconnaissables à leur corps blanc, leur tête tirant sur le jaune et leurs ailes dont le bout est noir, il viennent se nourrir sur le littoral de l’île de Batz . Un peu plus loin, c’est un couple de Tadorne de Belon qui cherche de la nourriture. Grâce à la longue-vue de Jean-Claude, les élèves les observent tour à tour. Les deux volatiles, qui ressemblent à un mélange entre canard et oie, ont des corps blancs, une tête vert foncé, et des becs rouges, ce qui leur confère une allure particulièrement reconnaissable. « Ils peuvent installer leur nid dans des terriers de la lapins », précise Viviane. « Et le goéland est un de leur prédateur ». Celui-ci est d’ailleurs présent en nombre sur la côte, mais on peut aussi le croiser dans le bourg de l’ile.
Le petit groupe, jumelles à la main, poursuit la balade au milieu des dunes, peuplée de linaigrettes, ces plantes dont la fleur ressemble à du coton. Un pipit est en train de faire sa parade nuptiale : il vole et monte très haut, pour ensuite se laisser tomber d’un coup. Drôle de rituel ! Direction maintenant une petite pointe, qui permet d’observer en toute discrétion, et dans le silence pour ne pas les effrayer, une petite colonie d’huitriers-pies. Ceux-ci sont postés sur un îlot rocheux. « Un reposoir », précise Viviane. « Ils attendent que la mer descendent pour pouvoir se nourrir ». Munie de jumelles, elle repère tout à coup des oiseaux peu communs. « Des puffins des baléares ! Ca c’est assez extraordinaire ! », s’enthousiasme-t-elle. En effet, c’est une espèce endémique de ces îles espagnoles. Mais cet oiseau marin, qu’on considère comme étant le plus menacé d’Europe, quitte sa région d’origine à partir de juin pour venir visiter les eaux bretonnes.
Il est temps maintenant de prendre le chemin du retour vers le collège. Les élèves y retournent riches d’avoir pu découvrir davantage la faune ornithologique de l’île. Mieux connaître, c’est aussi avoir envie de mieux protéger la biodiversité…
Plus d’infos
https://college-ilesduponant.ac-rennes.fr/ (notamment la rubrique « un collège engagé pour l’environnement »)