L’éco-pâturage, une technique à surveiller de pré

L’éco-pâturage, une technique à surveiller de pré
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Dans la région Rennaise se cache une ferme pas comme les autres. Matthieu Pirès élève ses animaux de communes en communes. Ses troupeaux ont un parcours atypique, c’est de l’éco-pâturage. Une technique qui permet aux villes d’entretenir leurs espaces verts de manière écologique tout en permettant à un éleveur de profiter de leurs terrains. La demande ne cesse d’augmenter mais Matthieu Pirès doit encore se battre pour faire respecter son métier.

« Dès mon enfance, je faisais brouter mon cheval pour entretenir les espaces verts. » Très tôt, Matthieu Pirès s’intéresse à l’entretien des zones urbaines. Depuis ses huit ans, il est bénévole dans des associations environnementales. Aucun de ses parents n’est agriculteur, mais il se lance dans un lycée agricole. En 2013, il commence à faire brouter ses bêtes dans une commune, puis deux et crée finalement la ferme de Milgoulle, sans aucune terre personnelle. Aujourd’hui, il élève plus de 500 animaux, travaille avec une trentaine de communes et possède seulement un demi hectare comme siège d’exploitation. Un pari risqué. Mais le jeune éleveur sait ce qu’il fait : “ Les communes étaient demandeuses, elles cherchaient une solution à l’entretien des espaces verts ”, insiste-t-il.

Une grande demande

La ferme est d’abord lancée grâce à un financement participatif. Par la suite, les demandes fusent. L’éco-pâturage se révèle très utile pour entretenir des zones compliquées d’accès. Les zones humides par exemple sont particulièrement difficiles à gérer avec des engins mécaniques. Mais le réel atout de cette technique reste la limitation de la pollution des eaux par les herbes coupées qui se décomposent au sol. Ce phénomène d’eutrophisation est alors réduit par les animaux qui ne laissent aucune miette de leur repas. Aujourd’hui, l’éco-pâturage, se répand. Mais les éleveurs n’ont pas tous la même vision de la technique. “ Beaucoup de communes louent des bêtes comme pour remplacer des tondeuses, mais nous sommes des éleveurs avant tout ”, explique Matthieu Pirès. La différence de ces offres passe également par l’étendu de la zone d’action. “ Certains sont capables de se déplacer des centaines de kilomètres pour subvenir aux demandes des différentes communes de France mais ça n’a rien d’écologique ! ” Des trajets incompréhensibles pour cet éleveur qui a déjà refusé des demandes de Nantes ou Limoges. La ferme de Milgoulle a d’ailleurs décidé de maintenir son périmètre d’action aux alentours de Rennes. Marielle Deport est la première adjointe de Châteaugiron, l’une des premières communes entretenue par la ferme Milgoulle. Pour elle aussi, l’aspect environnemental est un point fondateur de cette technique : D’autres personnes nous ont contacté mais elles n’avaient pas la même démarche. Avec peu de connaissances sur les animaux, elles sont plus loin géographiquement et n’élèvent pas de races anciennes… ” Matthieu Pirès n’a jamais démarché de communes et ne compte pas le faire. Pour lui, le bouche-à-oreille fonctionne déjà très bien.

Peu de retombées

En revanche, son activité d’éleveur est encore loin du compte :“Économiquement c’est vraiment difficile. On demande quand même aux communes de financer les frais liés à la labellisation bio de la viande. ” Avec deux salariés à plein temps, ainsi que quelques apprentis ou saisonniers de temps en temps, la ferme de Milgoulle essaye de s’en sortir coûte que coûte. Il faut dire que l’éco-pâturage offre un cadre naturel aux animaux, qui ont besoin de beaucoup plus de temps pour se développer. Mais ces contraintes sont également liées à la race rare et locale des moutons avranchins qui s’engraissent beaucoup plus lentement. Certes, la ferme de Milgoulle n’a pas à se soucier des loups mais les zones urbaines présentent elles aussi des points négatifs. En cinq ans, 700 agneaux ont été volés. Tous les ans, les frais pour soigner le troupeau des attaques de chiens s’élèvent à 10 000 euros.

Mais Matthieu Pirès ne s’inquiète pas : “ C’est un investissement à long terme, il faudra attendre environ 10 ans de plus pour voir si ça fonctionne ” Des années qui s’avèrent décisives pour les élevages. Depuis 5 ans, on suit l’évolution des troupeaux qui s’adaptent aux conditions climatiques, par exemple. Aujourd’hui, on a même des chevaux ! ”, explique Marielle Deport. Même si l’éco-pâturage peut donner une bonne image à une ville, elle peut au contraire révolter les personnes anti-viande. Des enjeux politiques auxquels Matthieu Pirès refuse de participer, “ on verra comment ça évolue et s’il faut planter des salades je le ferais mais je ne veux pas servir à une ville juste pour son image…” En attendant, la ferme de Milgoulle compte bien élever ses 400 brebis, 30 bovins, 75 chèvres et 3 chevaux autant que possible.

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Olympia Roumier