L’eau, les vivants, ça crée Stèle !

L’eau, les vivants, ça crée Stèle !
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L’exposition Stèle* restitue au travers d’une installation dans la Chapelle de Christ en Guimaëc (pays de Morlaix) le fruit d’une réflexion entre l’eau, la vie, les cycles et l’invisible en empruntant les codes des sacramentaux, des objets d’usage religieux et des savoir-faire artisanaux. Elle marque la fin d’un cycle de recherches autour des lavoirs du Finistère entamé il y a 4 ans par le binôme La toute première fois, composé des artistes Emilie Maréchal et Sylvain Descazot**, invité par les Moyens du Bord***.

Après avoir questionné les légendes, les us et coutumes des lavoirs, la valeur de l’eau****, le binôme a pris un temps sur la commune de Guimaëc pour déchiffrer les stèles présentes dans la construction des lavoirs et comprendre leurs déplacements d’usage. Emilie et Sylvain se sont particulièrement intéressé aux organismes vivants dans les lavoirs à la suite de curages de ces derniers et du recensement des espèces présentes.

Le tout en collaboration avec les personnes bénéficiaires des chantiers d’insertion de l’ULAMIR Lanmeur – dans le cadre d’un projet solidaire soutenu par la DRAC – qui ont participé à la conception et à la réalisation de certaines pièces, pensées en réaction et partage des savoirs de chacun·e.en ateliers. Avec l’accompagnement du CPIE, le binôme d’artistes a alors appréhendé la vie microscopique et l’importance de celle-ci.

« L’existence étant impermanence, faite d’apparitions et de disparitions successives, tout ce qui existe apparaît et disparaît : végétaux, minéraux, animaux, hommes, etc. Parce que le temps est intrinsèquement lié à l’existence, naissances et morts se succèdent sans que nous puissions les arrêter. »

Le Bénitier accueille le visiteur et propose une première interprétation, celle du temps en plaçant l’humain dans le cycle des êtres vivants et l’invitant à manuscrire par un fusain d’autres espèces. Par un écoulement goutte à goutte, se crée un dialogue entre la pièce d’eau suspendue, la stèle de schiste gravée et l’instant. Cette goutte est le point de départ d’une chronologie de la vie sur terre et le lien entre toutes les espèces. En écoulement continu, elle évoque l’érosion, le travail du temps sur une matière minérale. En témoignent par la suite les estampes/échantillons redessinées de stèles funéraires présentes dans les lavoirs. La fragilité des matériaux utilisés et l’impression à partir de la vase ponctionnée dans le lavoir du Prajou soulignent l’éphémère de la vie humaine, mais aussi ses transformations et changements d’état. L’ Homme entre alors dans un cycle bien plus vaste que sa propre existence, appelant à l’humilité face à l’interdépendance et l’égalité entre toutes les espèces vivantes sur la terre. La première apparue, le plancton, produit plus de 50% de l’oxygène de l’air que nous respirons. Il apparaît ici dans le vitrail, au travers d’une observation microscopique d’une goutte d’eau (grâce à l’utilisation du microscope Curiosity prêté par l’association Plankton planet) s’improvisant en icônes protéiformes et déesses invisibles, origines de la vie sur terre et témoins d’une chronologie universelle.

Stèle propose une contemplation douce et apaisée de la place de l’Homme et de son échelle.

L‘exposition est visible jusqu’au 21 mai, en la Chapelle Christ de Guimaëc, du vendredi au dimanche, ainsi que le jeudi 18 mai, de 10h à 18h.
Cette exposition a été réalisée avec la participation de :
– Chantier d’insertion environnement : Claude Le Ber (encadrant), David Boulo, Mathieu Desmartins, Grégory Bourgeois, Samuel Léon, Christophe Malandain, Glenn Michel, Renaud Dieu (pièces d’osier, typographie et gravure stèle)
– Chantier d’insertion numérique : Adrien Ferron (encadrant – étalonnage son), Kenny Bonvalet (confection vidéo vitrail)
– Service Civique ULAMiR CPIE : Nathan Le Maire (suivi général sur le projet), Ewen Povie (prises de vue plancton)
– Éducateurs environnement ULAMiR CPIE : Thomas Bassoullet, Géraldine Gabillet (prises de vue plancton & initiation biologique)
Remerciements à l’association Plankton planet pour l’utilisation de leur microscope Curiosity (outil de médiation cocréé par Noan Le Bescot), Isabelle Frémin, Rémy Constantin, Clémentine Page, Zaïg Page-Castel, Guillaume Castel, Bernard Coulou, Alain Tirilly, Catherine Baron, la mairie de Guimaëc et les amis de la chapelle. Les artisans : Coat Leron (gravure), Paint Shop (laquage structure), Rose-Marie Recourse (osier), Simon Muller (pièce de verre).

*Cette exposition est le fruit d’un travail mené dans le cadre d’un projet solidaire, conduit par Les Moyens du Bord avec l’ULAMIR-CPIE de Lanmeur et soutenu par la DRAC de Bretagne – pôle Action Territoriale et le Conseil départemental du Finistère – dispositif Culture Solidaire.

**Le binôme La toute première fois se compose d’Émilie Maréchal, réalisatrice/comédienne, vivant à Bruxelles et Sylvain Descazot, designer/sérigraphe, habitant en Bretagne. Leurs recherches communes s’articulent autour de l’archaïsme, le rituel et le «faire». En utilisant des formes et volumes simples, des matières pauvres sublimées et la mise en scène des corps dans des actions primitives, le binôme estampe, crée des objets ou propose des installations immersives.

*** Située dans la Manufacture des Tabacs à Morlaix, l’association Les Moyens du Bord souhaite faire découvrir l’art contemporain à toutes et tous. Spécialisée dans le multiple d’artistes, c’est-à-dire toute forme d’art reproductible (gravure, sérigraphie, photographie, etc.), elle œuvre au soutien des artistes, tout en participant au dynamisme du territoire via des expositions, le salon de la petite édition Multiples, des résidences de recherche et de création, une artothèque et une boutique solidaire : https://lesmoyensdubord.fr/

**** Voir l’article : https://www.eco-bretons.info/quand-leau-des-lavoirs-vibre-avec-shumann/

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