Dégoûté par la pollution des océans, le grand navigateur Yvan Bourgnon s’est lancé un nouveau défi : nettoyer les mers, sensibiliser et rechercher des alternatives. Il y a deux ans, le skipper a créé l’association The Seacleaners, spécialement dédiée au projet Manta : un bateau dépollueur inédit. Une vingtaine de personnes travaillent aujourd’hui activement pour le créer.
Au départ, c’était la réalisation d’un tour du monde à l’identique de celui de ses six ans. Un rêve de nostalgie qui va ramener Yvan Bourgnon à une réalité brutale.
Connu pour ses courses impressionnantes et ses bateaux performants, le Morbihannais voulait revenir à ses premières virées d’enfance en voiliers, au plus près de la nature. Un voyage qui lui a permis de constater les dégâts de notre consommation. Un choc pour le skipper qui n’imaginait pas qu’une telle pollution soit possible en 30 ans. Tous les ans, ce sont plus de 8 millions de tonnes de déchets qui retrouvent les océans. Ce tour du monde va finalement pousser le skipper à créer l’association The Seacleaners pour réduire la pollution plastique en mer.
Un mastodonte original
Un projet que certains ingénieurs, étudiants ou associations du monde entier ont également entrepris. Mais chaque invention a sa particularité. Le bateau dépollueur imaginé à la Trinité-sur-Mer, sera le premier à développer autant de système d’autonomisation à bord. Cette sorte de multicoques gigantesque sera équipé de tapis roulants, aspirateurs de déchets. Il pourrait alors en récolter 250 tonnes et les trier. Avec ses 600 m³ de capacité de stockage, le Manta pourra avancer grâce à ses voiles, éoliennes, panneaux solaires ou même son installation de pyrolyse pour transformer quelques déchets plastiques en carburant, si nécessaire. Sa parfaite autonomie lui permettra donc d’accéder rapidement à des zones polluées. Objectif : couvrir les côtes ou estuaires, principaux lieux de provenance des déchets.
L’invention ne passera pas inaperçue. Aussi grand qu’un terrain de football et haut comme l’arc de triomphe, le projet est gigantesque, à la hauteur de la pollution marine.
Toute une philosophie
Mais le projet Manta ne s’arrête pas là. En plus d’être écologique, les déchets récupérés seront ensuite transformés en carburant pour les usagers sur la terre ferme. L’association créerait donc une économie circulaire liée à ce carburant “recyclé”. Mais Yvan Bourgnon et son équipe ont bien conscience que le Manta ne suffira pas. “ Un seul bateau ne pourra pas dépolluer la totalité des océans. Il en faudrait au minimum 300 pour avoir un réel impact ”, explique le Community
Manager de Seacleaners , Antoine Rodat. La sensibilisation et l’éducation sont donc des points essentiels de l’association qui met en place des préventions à la pollution plastique dans les classes de collèges et lycées. Pour aller encore plus loin dans la lutte contre les déchets, le projet Manta devrait également favoriser le développement des recherches sur la pollution marine. L’association compte bien faire monter des chercheurs et journalistes à bord pour leur permettre de récolter de nouvelles informations en mer. Antoine Rodat insiste d’ailleurs sur le fait que le projet Manta est développé dans une démarche open data, avec la mise à disposition des plans du bateau pour les gouvernements, ou structures qui souhaiteraient le construire.
Pour l’heure, l’année 2019 devrait permettre de trouver les constructeurs et de réaliser les premières phases de tests. L’embarcation devrait voir le jour en 2023. Les études de faisabilité ont été effectuées mais il reste à réunir les 30 millions d’euros nécessaires à la construction par l’intermédiaire de mécénats ou principalement, par des dons.