(Communiqué de presse de Bretagne Vivante) C’est l’un des oiseaux les plus intelligents du monde. Les ornithologues en ont recensé 67 couples dans toute la Bretagne en 2017, contre une vingtaine seulement à la fin des années 1990, l’espèce ayant fortement progressé dans la région ces dernières années. A ne pas confondre avec la corneille ou le corbeau freux, le grand corbeau (Corvus corax) est le plus gros des corvidés français, avec une envergure atteignant les 1m10, la taille d’une buse.
Nichant initialement dans les falaises côtières, le grand corbeau est une espèce qui avait pratiquement disparu de Bretagne et fortement régressé en France. Il est classé sur la liste rouge régionale des espèces en danger. Mais bonne nouvelle : protégée, étudiée et suivie depuis les années 60 par un réseau de bénévoles de plusieurs associations naturalistes (Bretagne Vivante, GEOCA, LPO), l’espèce se porte mieux !
Selon Thierry Quelennec, ornithologue à Bretagne Vivante qui présentait une communication sur l’espèce lors des Rencontres d’ornithologie bretonne ce week-end, à Saint-Lunaire, « c’est la systématisation des sentiers côtiers qui a créé initialement la chute des effectifs de grands corbeaux de Bretagne, à la fin des années 70. En effet, le tracé de ces sentiers n’a à l’époque pas été réfléchi pour la préservation de l’avifaune. Le passage constant des promeneurs trop près des falaises occasionne trop de dérangements pour ces animaux farouches ».
Heureusement, l’oiseau a trouvé refuge dans des carrières de l’intérieur des terres. Ces carrières de granulat recréent artificiellement le milieu naturel de l’espèce. C’est là que s’est peu à peu reconstituée la population, qui cette année retrouve des effectifs qu’elle connaissait autrefois. Elle commence désormais à revenir également sur ses anciens lieux de nidification en falaise côtière.
En effet, cet oiseau, comme tous les corvidés, est réputé pour son intelligence, ce que confirme Thierry Quelennec : « Ce sont des animaux très observateurs, qui réfléchissent. Maintenant que le sentier côtier est installé depuis plus de trente ans, certains oiseaux se sont réinstallés sur la côte dans des secteurs peu visibles du sentier. Si ces derniers sont suffisamment tranquilles, les grands corbeaux parviennent à s’adapter. »
Tout laisse à penser que cette population, encore très réduite mais pourtant dynamique devrait peu à peu s’étendre et dépasser les frontières bretonnes.
« Toutes ces bonnes nouvelles font que le grand corbeau ne devrait plus être une ombre du passé », conclue l’ornithologue.