Le feuilleton de l’été « Les mots-valises » : Le développement durable (Chapitre 1, épisode 3)

Le feuilleton de l’été « Les mots-valises » : Le développement durable (Chapitre 1, épisode 3)
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Il y a comme cela des mots ou des expressions qui apparaissent, deviennent à la mode et ont un tel succès que, finalement, tout le monde se les approprie. Évidemment, comme il s’agit d’expressions nouvelles, leur signification reste un peu floue et chacun y met ce qu’il veut, un peu comme dans une valise.

Cet été nous nous intéresserons à quatre expressions qui sont dans le ton de ce site : développement durable, transitions (qui peut être énergétique ou écologique, voire les deux à la fois), innovation ( qui peut-être sociale, technologique, commerciale) et démocratie participative (forcément participative, aurait dit Marguerite Duras)

Troisième épisode : Et si le développement durable était un carré magique ? Voire une pyramide?

Essayons d’abord de poser le problème de manière la plus irréfutable possible.

Avec Pareto, à la recherche de l’équilibre

Nous savons que toute modification de l’équilibre ne sera acceptable que si chaque partie prenante a l’impression qu’elle est gagnante à chaque évolution du modèle. En mathématique, cela s’appelle une optimisation sous contrainte et nous avons appris des mathématiciens qu’il existe un moment où ces évolutions arrivent à un optimum. Cela s’appelle l’optimum de Pareto qu’on peut définir ainsi : l’optimum n’est pas atteint tant qu’un avantage obtenu par l’une des parties prenantes se traduit par un désavantage au moins égal pour une autre partie prenante ou si vous préférez, on atteint l’équilibre optimal de Pareto dés lors que tout avantage supplémentaire obtenu par une partie prenante se traduit par un désavantage supérieur pour au moins l’une des autres parties prenantes.

Comme nous le voyons, c’est une question mathématique que seuls les mathématiciens sont à même de résoudre. Tant qu’à résoudre des problèmes complexes, autant qu’ils s’attaquent à celui-là plutôt qu’à des algorithmes permettant de faire fonctionner de façon quasi automatique des salles de marché. Mais les mathématiciens n’ont pas à leur disposition les outils de mesure permettant d’alimenter leurs modèles.

NO PIB

En effet, nous sommes pauvres en outils de mesures simples et la tyrannie du PIB a un peu éclipsé tous les autres efforts pour trouver un moyen de mesurer le progrès humain. Une des premières étapes donc pour sortir le développement durable de ses antagonismes terribles est de donc de développer les outils statistiques permettant de rendre mieux compte de la réalité, des autres réalités que de la seule réalité économique. Les travaux menés il y a près de 10 ans par la commission Sen-Stiglitz vont dans ce sens mais cela reste les réflexions d’un aréopage d’économistes. Mais supposons ce problème d’approvisionnement statistique résolu, nous ne serions pas pour autant au bout de nos peines. Il faudra encore faire travailler nos experts de l’optimisation sous contrainte et c’est là que nous nous heurtons à une question que jusqu’à présent nous avions soigneusement évité d’aborder : qui nous dira ce qui est un avantage supérieur ou un désavantage supérieur ?

La quatrième dimension : la démocratie

Dans une organisation politique comme celle où nous vivons et aspirons de continuer à vivre, ces questions sont au cœur du débat démocratique. La démocratie, la voilà la grande absente du schéma initialement décrit. En effet, sans démocratie, il est difficile de pouvoir trancher ce qui est bon et ce qui l’est moins, de faire la part des choix entre ceux qui vivent dans le court ou le moyen terme, ceux qui n’ont d’horizon que celui de leur propre durée sur terre et ceux dont la vision ne saurait se limiter à l’échelle du siècle. le débat démocratique est là pour nous éclairer en s’appuyant sur tout l’outillage dont la description a à peine été abordée dans le paragraphe précédent.

Cela voudra dire que nous passons d’un schéma à trois dimensions à un schéma en quatre dimensions. Peut-on, pour rester dans la phraséologie symboliste, alors parler d’un « carré magique » du développement durable ? Ne devrions-nous pas plutôt parler de pyramide du développement durable dont le sommet serait évidemment la démocratie ? Cela serait évidemment préférable.

ET en termes de durabilité, une pyramide, ça se pose un peu là ! [à suivre]

Dominique Guizien

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Dominique Guizien