L’association Eau et Rivières a organisé son colloque annuel le 28 novembre à Rennes. Au programme de ce 20ème rassemblement : la question du changement climatique et de l’eau potable pour demain.
Quelle eau potable pour demain ? C’est autour de cette grande question que ce sont déroulés les débats lors du vingtième colloque de l’association Eau et Rivières de Bretagne, qui a eu lieu le 28 novembre à Rennes. Une centaines de personnes, adhérents, bénévoles, salariés, sympathisants… se sont réunis pour évoquer les grandes questions liées à l’eau en Bretagne, à l’heure où «Le dérèglement climatique est déjà là, et impose de réfléchir dès maintenant aux impacts de celui-ci sur l’eau, pour la Région Bretagne. », a déclaré en introduction Alain Bonnec, président de l’association. « Le bassin Loire-Bretagne s’est doté d’un plan d’adaptation au changement climatique, porté par l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne », s’est-il félicité. Mais il a également rappelé que le dérèglement climatique va concourir à une augmentation de la concentration des polluants dans l’eau, mais aussi à une eau en quantité moindre à certaines périodes, couplé à la probabilité de déplacement de personnes à la recherches d’un climat tempéré qu’ils pourraient trouver dans la région.
L’eau, une ressource fragile
Ceci amène donc à s’interroger sur la ressource en eau. Qui de sa quantité ? On sait ainsi que 330 à 350 millions de mètres cubes d’eau sont prélevés par an en Bretagne, dont 70% pour l’eau potable, a ainsi révélé Olivier Naulleau, de la Dreal Bretagne. L’exploitation des eaux superficielles restent à l’heure actuelle majoritaire. Mais on exploite aussi les eaux souterraines. Mélanie Bardeau, Directrice du Bureau de Recherches Géologiques et Minières, a ainsi précisé que « Si les eaux souterraines sont moins utilisées que les eaux de surface, elles sont néanmoins présentes un peu partout. Chaque année 106 millions de m3 sont pompés dans les eaux souterraines, via 3000 forages environ ». Moins de la moitié de ces prélèvements sont destinés à la consommation humaine. Avec le changement climatique, la ressource souterraine va ainsi devenir primordiale. D’autant que si la Dreal a noté « très peu d’évolution concernant la sévérité des étiages, et leur durée », « Il semble néanmoins se dessiner une prolongation des périodes de basses eaux vers l’automne , détaille Olivier Naulleau.
La qualité de l’eau
La question de la qualité de l’eau a bien entendu été aussi abordée. Nitrates, micro-polluants, pesticides, cyanobactéries…l’eau bretonne est et a été soumise à rude épreuve. « Le meilleur traitement, c’est celui qu’on a pas à faire », estime Laurent Geneau, directeur du syndicat mixte Eau du Bassin Rennais, société privée locale dans laquelle les actionnaires ne sont que des actionnaires publics. Un syndicat qui va être confronté à la hausse de la démographie dans les années à venir. « d’ici 2030, les besoins vont augmenter de 20%, ce qui représente 5 millions de m3 supplémentaires par an ». Selon Laurent Geneau, on peut utiliser deux leviers pour protéger la ressource en eau : la lutte contre les pollutions « ponctuelles », et la lutte contre les pollutions diffuses, ce qui peut être par les politiques de bassins versants.
Jean Duchemin, ingénieur sanitaire membre de l’Académie de l’Eau, a quant à lui étudié la présence des micro-polluants dans l’eau, et notamment des perturbateurs endocriniens. Selon lui, « La santé n’est pas en péril par l’eau potable ». Il estime qu’on a « la chance d’avoir une eau potable de bonne qualité ».
Eau et aménagement du territoire
Autre question qui a été abordée : l’eau et l’aménagement du territoire. Selon Yves Lebahy, de l’association des Géographes de Bretagne, « L’eau est une question essentielle en terme d’aménagement du territoire ». Selon lui, « La contrainte climatique est bien là », « La quantité d’eau peut devenir du jour au lendemain plus parcimonieuse » . Mais le problème est que l’Homme n’anticipe pas, est imprévoyant, a perdu la mémoire « qui portait sur des temps longs », et donc ne sait plus comment réagir face à ces phénomènes. Il va falloir notamment préparer les cœurs de ville à des soucis de circulation des eaux et de submersion marine.
Aménagement du territoire, aspect quantitatif de la ressource, qualité…En abordant ces problématiques, « On apporte des éléménts de réponse à la question et à l’enjeu du meilleur rapport qualité prix au robinet », conclut Gilles Huet, délégué régional d’Eau er Rivières de Bretagne. « Le meilleur rapport qualité-prix de l’eau du robinet s’obtient à partir d’une ressource brute de qualité ». Il a également souligné l’importance de ne pas abandonner les captages, pour ne pas que la connexion entre le consommateur et la ressource se perde. Concernant le changement climatique, Gilles Huet a rappelé la nécessite qu’il fallait toujours avoir à l’esprit les bouleversements qu’il va engendrer sur la ressource en eau de la Bretagne. « Nous avons le devoir, d’alerter dans toutes les réunions où nous participons, les décideurs sur ce sujet ».