Dans le Mené, secteur vallonné à 30 minutes au sud de Saint-Brieuc, se trouve une ferme pas tout à fait comme les autres…Baptisée Organic Worms, elle produit du lombricompost grâce aux…centaine de milliers de vers de terre élevés par Anaïs et Romain. Rencontre.
Buzuk, buc, beghin…en Bretagne, il y a plusieurs façon de nommer le ver de terre, ou lombric. En France, on estime qu’il y a au moins 130 espèces de vers de terre ! Tous les jardiniers connaissent bien le Lumbricus Terrestris, ou lombric commun, celui qu’on retrouve le plus souvent dans nos sols. Long, il a un corps mou et strié, constitué d’anneaux, et il appartient à la famille des annélides.
Sous leur apparence peu attirante, les vers de terre sont pourtant essentiels. Les endogés par exemple, qui peuvent être de grande taille, creusent des galeries dans le sol. Ce sont des « laboureurs », il aèrent la terre et permettent ainsi à l’eau de mieux s’infiltrer. Les épigés, quant à eux, sont de plus petites tailles et vivent plus près de la surface ou dans la matière organique en décomposition (par exemple le compost). Ils créent de l’humus
Ce sont eux qu’élèvent Anaïs et Romain dans leur ferme lombricole, en plein cœur du Mené. « 300 000 têtes, c’est le plus grand élevage des Côtes d’Armor ! », sourit la jeune femme. Grâce à ces petites bêtes, le couple récolte tous les mois du lombricompost, résultat de la digestion de fumier par les vers. « Composé de millions de crottes de vers de terre, il est très riche en micro-organismes et peut s’utiliser en tant qu’engrais au pied des plantes », détaille Anaïs. Organic Worms, nom de l’entreprise, fait partie de la soixantaine de professionnels de ce type en France. Une activité encore peu commune !
L’aventure au pays des « beghins » a démarrée il y a quelques années « Romain avait découvert, lorsqu’il était étudiant en bac+3 dans le domaine du recyclage, le lombricompostage lors d’un stage», raconte Anaïs. « Il a trouvé ça génial ! Mais on avait 20 ans, c’était un peu compliqué de se lancer. » Alors après quelques années passées dans l’industrie, notamment pharmaceutique, le couple choisit de changer de direction et de se lancer dans la lombriculture, il y a presque 5 ans. «A l’époque, je cogitais vis à vis de mon métier, notamment sur la question des déchets », se remémore Anaïs. Leur activité en compagnie des vers de terre permet à Anaïs et Romain de mettre désormais en cohérence leurs valeurs et leur vie professionnelle. « On travaille dans une démarche qu’on veut écologique : on propose par exemple des lombricomposteurs en bois, qui à la base était destiné à être détruit. Ils sont construits par les travailleurs de l’Esat de Plémet », précise Anaïs. « On fait également de l’upcycling : on utilise des sacs de malts et des sacs de farines qu’on récupère. Et on vend aussi en vrac. On fait comme nos vers, on transforme des déchets et on les réduit! ». La dimension locale est également importante pour les deux jeunes lombriculteurs : le fumier dont se nourrissent les vers vient des fermes voisines, certains restaurateurs du coin donnent leurs déchets organiques pour qu’ils soient compostés, et les fertilisants liquides et lombricomposts sont vendus dans des commerces essentiellement situés dans les Côtes-d’Armor. On peut aussi venir acheter directement sur place. L’occasion pour Anaïs et Romain de présenter leur cheptel de vers et les trois serres de leur exploitation, et peut-être donner envie à d’autres de se lancer dans cette voie !
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