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Conversion en bio : Â»Content de ne pas avoir Ă  travailler avec des produits phytosanitaires Â»

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Pourquoi avoir fait le choix de la conversion ?

En 2009, juste avant mon installation, le technicien porc fermier d’Argoat nous a prévenu que, au-delà de deux ans, il n’y aurait pas forcément de débouchés garantis dans la filière. Deux ans, c’est la durée de la conversion du système. Et puis, je trouvais déjà la bio positive. D’abord parce qu’en bio, on n’utilise pas de produits phytosanitaires. Je suis très content de me dire que je n’ai pas eu et que je n’aurais pas à travailler avec des produits phyto. Pour le voisinage et puis aussi pour moi-même, pour des raisons de santé.
En plus, mes parents avaient dĂ©jĂ  fait une dĂ©marche de rĂ©duction des intrants : engrais et phyto. Ils avaient aussi beaucoup avancĂ© sur l’autonomie de l’exploitation et leur capacitĂ© Ă  produire leur propre alimentation. Nous sommes Ă  environ 85% d’autonomie alimentaire. Le passage en bio m’a aussi aidĂ© Ă  faire ma place sur la ferme. Quand les cĂ©dants sont installĂ©s depuis 30 ans, ils connaissent bien leur système et c’est dur de faire passer ses idĂ©es. Or, avec la bio, on est obligĂ© de rĂ©flĂ©chir diffĂ©remment. Nous avons remis en cause les anciennes pratiques pour en apporter de nouvelles.

Comment ont Ă©voluĂ© vos rĂ©sultats techniques et Ă©conomiques ? En ĂŞtes-vous satisfaits ?

Il est encore trop tôt pour le dire puisque je ne suis en conversion que depuis mai 2009. Mais dans l’étude économique, j’ai déjà prévu de réduire le nombre d’animaux pour accroître la valeur ajoutée et pérenniser l’embauche d’un salarié. Les prévisionnels en bio me laissent penser que cette embauche est possible. Par rapport au conventionnel, le coût de production d’un animal est deux fois plus élevé. Mais la valorisation va tripler. Il faut dire aussi que la ferme était vraiment saine quand j’ai opté pour la conversion. C’est indispensable et ça a aidé à faire les investissements.

Quels conseils donneriez-vous Ă  un candidat Ă  la conversion ?

Les rotations sont plus rapides en bio. Elles se font quasiment tous les 3 ans. Il faut donc s’y remettre à chaque fois et c’est quand même plus compliqué techniquement. Nous avons donc acheté une bineuse pour biner les céréales. C’est nouveau sur l’exploitation. Il y a aussi l’alimentation des animaux. Le plus dur avec le porc, c’est l’apport en protéine. J’ai donc commencé à faire du soja pour en apporter dans l’alimentation en faisant un tourteau gras. Il faut faire attention aussi à la situation économique de la ferme. Avec le porc, pour passer du conventionnel au bio, il y a beaucoup d’investissements au niveau des bâtiments ou du matériel.
Pour avoir plus de garanties de revenus, ma priorité c’est l’autonomie : j’ai décidé d’adapter mon troupeau à ma capacité de production végétale et pas l’inverse. Cela permet d’avoir à acheter le moins d’aliment possible à l’extérieur.

Comment avez-vous vĂ©cu la baisse des rendements sur votre exploitation ?

En première annĂ©e de conversion, la baisse de rendements n’a pas Ă©tĂ© Ă©norme. Mais les pratiques de mes parents n’étaient pas non plus très loin des pratiques bio. Pour la seconde annĂ©e de  conversion des cultures, ça se prĂ©sente assez bien. Elles sont encore relativement propres. Et puis l’expĂ©rience commence Ă  entrer. Par exemple, je ne suivrai pas les recommandations du technicien sur le mĂ©lange pois / triticale la prochaine fois, car lĂ , il y a trop de pois. Je vais aussi faire plus attention aux pigeons car ils ont l’air de particulièrement apprĂ©cier les cultures bio. Ils ont dĂ©jĂ  fait des dĂ©gâts sur le soja. J’ai mis un Ă©pouvantail et ça a l’air dĂ©jĂ  mieux.

Comment votre temps de travail a-t-il Ă©tĂ© impactĂ© par la conversion ?

Sur les cultures, il y a plus de temps de travail car il y a plus de passages et plus d’interventions. Avec les rotations plus rapides, il y a aussi une augmentation du temps d’observation. Sur l’élevage, je souhaite travailler en litière accumulée et non en litière raclée pour réduire les interventions et simplifier le travail. La maternité est le poste qui demande le plus de travail et j’espère au moins ne pas l’augmenter avec le passage en bio. Ma priorité ne sera pas la croissance de la productivité mais la mise en place d’un système qui fonctionne et dégage un revenu.

Comment vous ĂŞtes-vous armĂ©s pour la maĂ®trise des adventices ?

Je me forme essentiellement sur le terrain et grâce à des techniques bio que mon père a apprises et me transmet. Il y a aussi des formations proposées par le groupement des agriculteurs bio du Finistère, des réunions entre producteurs, organisées par la chambre d’agriculture et qui permettent d’échanger. Les échanges avec les autres producteurs sont vraiment importants pour s’épauler sur des solutions techniques ou pour profiter de l’expérience des autres.

 

 

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