Un peu de terre et beaucoup de partage

Il est des lieux qui racontent les hommes mieux que les mots. Depuis une douzaine d’années, à La Guette en Beauvais, un éco-domaine se construit sur les piliers du partage et de la simplicité volontaire. Le lieu-dit de La Guette se situe sur la commune de Paimpont, en lisière de la forêt de Brocéliande. Riche de monuments mythologiques comme l’hostié de Viviane ou le tombeau des géants, des druides et autres initiés viennent y célébrer leurs rituels. Mais c’est aussi un lieu de passage pour les touristes, randonneurs et pélerins. Au coeur de cet espace s’étend, sur deux hectares et demi, le domaine d’Alexis. Fervent défenseur de la simplicité volontaire, jardinier et écrivain à ses heures, ce retraité a dédié ce lieu à la paix, aux alternatives et à la recherche de la simplicité. Pour entretenir et animer le lieu, il a fondé l’association « Ecologie pratique », qui propose à de jeunes retraités bénévoles ou volontaires, de s’adonner à cette tâche.

Simplicité, partage et alternatives au centre des rencontres

L’association ouvre le lieu à l’organisation d’événements de toutes sortes, allant dans le sens de cette philosophie. Il s’agit par exemple  d’organiser des ateliers sur la connaissance des plantes, la fabrication de cosmétiques naturels, le jardinage en biodynamie ou encore la construction d’un four solaire. Les défenseurs de la simplicité volontaire se rassemblent régulièrement pour témoigner et échanger autour de leur mode de vie. « Nous accueillons aussi des évènements internationaux comme l’année dernière, un grand rassemblement de frugivores (adeptes du régime alimentaire constitué de fruits, légumes crus ou encore graines germées ndlr)», relate Alexis. Et l’année prochaine seront organisés des ateliers de crudivorisme. Pour accueillir au mieux et au plus simple tout ce petit monde, l’éco-domaine est équipé de toilettes sèches et de douches solaires, à proximité d’un hangar construit pour s’abriter, manger et accueillir des expositions thématiques.

 

Des igloos en terre-paille, co-construits pour co-héberger

L’éco-domaine abrite également deux igloos en paille appelés « kerpaille », dont l’un est actuellement en construction, ainsi qu’un autre en terre, appelé « kerterre ». Construites lors de chantiers participatifs, ces petites habitations reflètent d’autant l’esprit du lieu, de par leur conception. Les kerpailles sont montées en bottes de paille, trempées dans un mélange de terre et de chaux, pour que le revêtement final y adhère. Les bottes sont alors assemblées sur des fondations en pierre qui les protègent de l’humidité. Enfin, un enduit en terre et chaux vient recouvrir les murs. La construction est couverte d’un toit de yourte, en bois et toile, au centre duquel se trouve un puits de lumière. Quand à la kerterre, première construite, les murs sont constitués de terre mélangée avec un peu de paille. Le toit est fait d’un mélange de terre, de chaux et de foin, maintenu par un branchage entremêlé. L’étanchéité du toit est assurée par une toile en goudron, en attendant la réalisation d’une toiture végétale. La Kerterre a été construite en deux mois, par des personnes volontaires acompagnées d’un formateur. Achevée en été 2013, elle est depuis habitée par des personnes de passage, comme en ce moment un ingénieur parisien venu chercher autre chose, envisager la vie différemment. Si cette habitation est en soi un lieu de partage pour les hommes, elle l’est aussi pour la nature : des nichoirs ont été introduits dans les murs pour accueillir les insectes et les oiseaux.

 

 

 

© Benoît Vandestick

 

 

© Benoît Vandestick