Ils s’engagent pour nettoyer les plages

Ils s’engagent pour nettoyer les plages

A quelques kilomètres du bourg de Santec, non loin de Roscoff, se situe le hameau du Dossen. Le lieu est connu pour sa plage de sable blanc, haut lieu du surf sur la cĂ´te du Nord Finistère. En cet après-midi de Mars, les averses laissent place Ă  une jolie Ă©claircie et au vent. Le soleil chauffe le sable blanc, battu par les vagues. Un temps idĂ©al pour les jeunes surfeurs venus avec leur club disputer une compĂ©tition. Ils ne sont pas seuls sur la plage aujourd’hui. Une grande tente blanche attire l’oeil, postĂ©e non loin de l’entrĂ©e du site. Il s’agit du point d’accueil de la Surfrider Foundation, association qui organise les Initiatives OcĂ©anes, une opĂ©ration de sensibilisation et de ramassage des dĂ©chets sur les plages, tous les ans depuis 18 ans. A l’intĂ©rieur, Marie-AmĂ©lie NĂ©ollier, responsable du bureau breton de l’association, Ă  Brest, s’active. CoiffĂ©e d’une casquette et d’un sweat-shirt de couleurs, elle coordonne l’évĂ©nement. « Les initiatives ocĂ©anes peuvent se dĂ©rouler toute l’annĂ©e, mais la pĂ©riode phare se situe du 21 au 24 mars Â», explique-t-elle. « Chacun peut s’inscrire sur le site, et on peut ainsi organiser soi-mĂŞme un nettoyage de plage. La Surfrider Foundation fournit des kits, avec affiches et sacs Â», poursuit-elle. Il y a ainsi environ 150 nettoyages par an rien qu’en Bretagne !

« 75% des dĂ©chets sont en plastique Â»

Pour le moment, un petit groupe se dĂ©place sur la plage, armĂ© de gants en caoutchouc et de sacs poubelles aux couleurs de l’évĂ©nement. Il s’agit d’enfants des centres de loisirs de Morlaix et Santec, venus en voisins se familiariser avec le ramassage des dĂ©chets. Sous l’oeil vigilant de leurs animateurs et de la Surfrider Foundation, ils sont Ă  l’affĂ»t de tout ce qui peut joncher le sable : canettes, sacs plastique, capsules, mĂ©gots.. « J’ai trouvĂ© une bouteille d’eau vide! Â», lance un petit garçon, parti Ă  l’exploration des rochers. « 75% de ce que nous ramassons est en plastique Â», commente Marion Ollivier, chargĂ©e de mobilisation chez Surfrider, qui suit le petit groupe. « Et on va trouver Ă©galement beaucoup de dĂ©chets provenant de la pĂŞche, comme des bouts de corde ou de filets, ou des restes de casiers. C’est logique, car la Bretagne est une rĂ©gion oĂą cette activitĂ© est très pratiquĂ©e, et le rail de Ouessant est une grande zone de passage de bateau », ajoute-elle. Il est ainsi estimĂ© que 80% des dĂ©chets prĂ©sents sur les plages proviennent de la terre, 10% de la mer, et 10% sont produits directement sur les plages.

Le problème des « mĂ©dias filtrants Â»

Hormis les insolites chaussures, coton-tiges, cartouches de fusil de chasse, ou…sous-vĂŞtements qu’on peut trouver sur le sable et dans les rochers, d’autres petits morceaux de plastique rond attirent Ă©galement l’oeil. Il s’agit de « mĂ©dias filtrants Â». « Ce sont de petits supports qui contiennent des bactĂ©ries, utilisĂ©s dans les stations d’épuration pour purifier l’eau Â», prĂ©cise Christina Barreau, chargĂ©e de mission « DĂ©chets aquatiques Â» au niveau national, pour Surfrider Foundation, qui s’est dĂ©placĂ©e sur le terrain breton pour l’occasion. « On les retrouve sur la plage dès qu’il y a un dĂ©bordement des eaux, un accident, ou quand la station d’épuration est mal adaptĂ©e Â», poursuit la chargĂ©e de mission. Ces « mĂ©dias filtrants Â» arrivent ainsi en masse sur le littoral, notamment ici en Bretagne, mais surtout sur les plages du Sud de la France. « Le plastique est un vĂ©ritable problème Â», dĂ©plore Christina, « En jetant des dĂ©chets dans la nature, les gens ne se rendent pas compte qu’ils vont atterrir sur la plage, Ă  cause du ruissellement des eaux de pluie et du circuit des cours d’eaux Â», explique-t-elle. D’oĂą le travail de sensibilisation rĂ©alisĂ© auprès des enfants, Ă  l’occasion du ramassage, auquel participe Ă©galement AurĂ©lie, venue en voisine de Plouigneau. Elle a chaussĂ©e ses bottes bĂ©nĂ©volement pour donner un coup de main. « C’est la première fois que je participe Ă  une opĂ©ration de ce type Â», confie la jeune femme, un sac poubelle Ă  la main. « Souvent, je me promène sur la plage, et je vois quantitĂ© de dĂ©chets que je ne ramasse pas, faute de sac… Â», avoue AurĂ©lie. « Je suis allĂ©e visiter la page internet de la Surfrider Foundation, et j’ai vu qu’il y avait une opĂ©ration Ă  Santec, alors je suis venue. Cela me permet de dĂ©couvrir comment un ramassage se passe, comment cela s’organise. Et j’en apprend aussi plus sur les dĂ©chets Â», confie-t-elle, tout en rĂ©flĂ©chissant d’ores et dĂ©jĂ  Ă  « organiser elle-mĂŞme un ramassage sur une plage Â». Car c’est bien toute l’annĂ©e que les citoyens peuvent s’engager et agir pour lutter contre la pollution des ocĂ©ans, grâce Ă  des opĂ©rations de ce type organisĂ©es par des associations, ou pourquoi pas, par eux-mĂŞmes !

 
Plus d’infos

www.surfrider.eu

www.initiativesoceanes.org

 

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Anne Guédo