Quel a été votre objectif en réalisant ce tour de France des candidats aux municipales ?
Je l’ai fait pour plusieurs raisons. La première, c’est que j’ai l’impression que nous sommes aujourd’hui dans une phase de transition, entre un modèle avec une gouvernance à bout de souffle, et un modèle qui est en train d’émerger, de se réinventer, avec des politiques locales incluant davantage les citoyens. Les élections municipales sont un moment charnière, durant lequel les idées émergent, les questions aussi. J’avais envie de voir ce qu’il se passait sur le terrain, de repérer les bonnes pratiques.
La deuxième raison est que je fais partie du collectif Démocratie Ouverte , qui cherche à instaurer une démocratie participative. Nous avons créé une plate-forme internet, baptisée « Parlement et citoyens », afin de permettre des co-construction de loi avec la participation des citoyens. Des candidats aux municipales nous ont contacté à ce sujet et ont évoqué la possibilité de co-construire leur programme avec des citoyens. Cela a été pour moi l’occasion de mettre un premier « pied » dans la campagne pour les municipales, et d’avoir encore plus envie d’aller à la rencontre des candidats.
Comment s’est déroulé votre tour des candidats, et notamment votre passage en Bretagne ?
Je suis parti de Paris, pour passer un peu de temps dans chaque région. C’est cependant un peu frustrant de ne pas rester longtemps dans chaque territoire. En général, j’ai été très bien reçu, de manière très simple. Certains ont néanmoins refusé de me voir. En Bretagne, je suis resté un bon mois et demi. J’y ai rencontré une quinzaine de candidats. Nous avons notamment parlé, en plus de la question de la démocratie et des pratiques innovantes, de régionalisme, et de la question des bonnets rouges.
Qu’est ce qui vous a particulièrement marqué en Bretagne ?
Un de mes souvenirs les plus marquants restera mon passage dans la commune de Trémargat (22), où j’ai rencontré le maire, Eric Bréhin. Ce qui se passe là-bas est particulièrement intéressant, notamment la recherche d’une certaine forme de consensus et la mise en place de chantiers participatifs, notamment pour la rénovation du bourg. C’est intéressant quand l’élu ne se considère pas comme un maire « bâtisseur », mais plutôt comme un animateur de la vie locale, qui incite les citoyens à agir eux-mêmes, réveille des envies, dans la logique d’une dynamique citoyenne qui prenne le pas sur une logique de service public.
Qu’avez-vous noté, au fil de vos rencontres, concernant la démocratie ?
L’ère du « maire bâtisseur » semble en voie d’extinction. On travaille moins sur la conception de de grands projets, de gros bâtiments pour la ville par exemple, comme on le voyait beaucoup avant. On voit désormais plus de modèles de gouvernance co-construits avec les citoyens. Beaucoup ont cette envie, mais restent encore démunis sur la manière d’y parvenir. Il y a encore des choses à faire, notamment en terme de formation des élus et des citoyens, notamment par le biais de l’éducation populaire.
Et concernant les liens entre internet, démocratie et élus ?
Il y a plusieurs façons d’aborder cette question. Premièrement, les élus sont confrontés au numérique de par l’équipement, les possibilités de connexion et la qualité de celle-ci, dans leur commune. Dans un second temps, de plus en plus d’élus se posent aussi la question de la dématérialisation des services, facilitées par l’utilisation du numérique. Et enfin ils réfléchissent également à l’utilisation du web pour la démocratie, sur la façon de l’utiliser dans ce cadre.
Visionnez l’entretien d’Armel Le Coz avec Eric Bréhin, maire de Trémargat (29).
Plus d’infos
Le blog d’Armel Le Coz, où des vidéos de rencontres avec les candidats sont disponibles