Favoriser l’épanouissement des adultes handicapés par l’activité professionnelle et la création artistique, voici l’objectif des « Genêts d’Or ». Après un travail avec le calligraphe Mohamed Idali qui avait donné lieu a l’exposition « l’Art de la récup » cet ESAT (établissements et services d’aide par le travail, ndlr) de Landivisiau (29), se lance dans une collaboration avec l’artiste Plasticienne Stéphanie Doroche. « Depuis 3 ans, nous sommes installés dans de nouveaux locaux. C’est un bel ensemble, nous disposons d’un grand mur de terre. Dès le début, nous nous sommes dit que ce bâtiment avait un fort potentiel. Nous avons donc eu une idée : laisser des artistes investir le lieu en permettant aux résidents de participer à la création artistique », explique Gabrielle Prigent, éducatrice à l’Atelier Alterné et l’une des porteuses de ce projet avec notamment Janick Le Guével.
Stéphanie Doroche, qui appartient au collectif Daoulas Création, a invité des volontaires de l’ESAT et du foyer de vie (personnes à handicap plus lourd dans l’incapacité de travailler ndlr) à utiliser des feuilles Canson de grands formats. Celles-ci sont découpées au cutter et percées à l’aiguille. « Cela donne une impression d’arbres vus du dessus, où la lumière du soleil transperce les feuilles. On peut y voir aussi le cosmos avec des planètes… » détaille Gabrielle Prigent. Pour éviter qu’ils se blessent, les résidents sont invités à ne travailler qu’avec les aiguilles, et non les cutter.
L’art : un vecteur d’épanouissement et d’évasion
Pour mettre au point l’exposition, deux semaines d’atelier avec Stéphanie Doroche et des éducateurs ont été nécessaires. Trois groupes de personnes ont ainsi été formés : un groupe était composé de résidents de l’ESAT, les deux autres ont réuni à la fois des résidents de l’ESAT et du foyer de vie. « Ces derniers ayant des handicaps plus lourds, l’approche est totalement différente. Au total, environ 25 volontaires ont été réunis pour cette exposition. Certains n’ont pas accès à l’art, et lorsqu’ils se mettent à créer, ils se découvrent une passion. Le fait d’être ensemble fédère le groupe. D’autant plus que cela change de la routine, les résidents établissent un contact avec des personnes de l’extérieur, des artistes. Cela les emmènent vers d’autres dimensions et suscite un autre regard des éducateurs qui découvrent les résidents sous un jour différent. D’autres participent de manière passive, et restent observateurs. Cela ne les empêche pas de vivre l’ambiance et c’est déjà une évasion pour eux ».
L’exposition gratuite et ouverte à tous, est composée des créations de la plasticienne qui sont mises à la vente, et d’une autre partie des créations des résidents. Elle porte sur deux thèmes :
Lame
Lame… La lame de cutter devient l’outil, le vide le motif. Les formes percées se répètent, transforment le papier en dentelle. L’ensemble évoque des formes organiques, géographiques ou végétales… à la recherche d’un motif commun. L’installation des dessins en suspension propose une déambulation dans l’espace ou les dessins et leurs ombres apparaissent en positif et négatif, selon les points de vue, jouant avec la lumière.
Les cœurs
La série « les cœurs » est composée de plusieurs dessins réalisés à partir de différentes techniques. La collection de dessins en monotype rouge représente les contours de l’organe. Ils sont présentés ensemble, soulignant la répétition du même « motif », le cœur, cependant toujours unique. L’autre partie, « les cœurs paysage » sont des dessins qui explorent le contenu à travers des jeux de forme et de couleurs. « C’est étonnant de voir comment les créations de certains résidents reflètent leur personnalité. C’est très émouvant de découvrir les individus sous un autre jour. Certains y prennent goût au point qu’il ne veulent plus s’arrêter de créer. Ces initiatives sont à la fois enrichissantes, elles développent la créativité et fédèrent le groupe » note avec enthousiasme Gabrielle Prigent.