Oeufs : la crise couve encore !
Des centaines de milliers d’œufs. Voilà le volume détruit en août par des producteurs bretons, dans plusieurs villes de la région. Des opérations « coups de poing », par lesquelles les producteurs ont voulu faire entendre leur raz-le-bol, notamment d’une trop grande faiblesse des cours.
Des cours qui dégringolent, selon eux, du fait d’une surproduction, entraînée notamment par une nouvelle directive européenne sur le bien-être animal. Des investissements lourds ont dû être entrepris, entraînant du même coup une augmentation de la production chez certains, afin de les rentabiliser.
Combinée à une baisse de la mortalité des animaux, et la suppression des aides à l’exportation, la situation a entraîné une hausse du volume d’oeufs disponible sur le marché.
Résultat : une grosse colère des producteurs. Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, les a réunis lors d’une entrevue le 13 août à Rennes (35). Entrevue à l’issue de laquelle diverses mesures ont été annoncées, comme par exemple la création d’un guichet unique pour les éleveurs ayant des difficultés à rembourser, accroissement des vides sanitaires entre les différents lots de poules, afin de réduire mécaniquement la production…
Bio et label rouges : bonne fluidité du marché mais prix injustes
En attendant, la situation est toujours tendue. Si les éleveurs apprécient les efforts réalisés, ils se laissent un délai pour juger de la descente du cours de l’oeuf. Si tel n’est pas le cas, ils promettent de nouvelles actions.
La Confédération Paysanne dénonce quant à elle « une fuite en avant comme solution d’avenir ». Du côté de la distribution de productions alternatives d’oeufs (label rouge ou biologiques), Denis Paturel, gérant de l’entreprise Agri Bio Europe, n’est guère optimiste. « On va laisser passer 2013 comme ça, on ne gagnera pas d’argent. Je n’ai pas changé la rémunération de nos producteurs, pour qu’ils puissent réaliser les mêmes marges qu’avant », avoue-t-il. « Si la fluidité du marché, pour nous en bio ou en label rouge, n’est pas mauvaise, les prix pratiqués ne sont pas justes non plus pour nous, car nous sommes traités au même titre que les œufs conventionnels. C’est bien toute la filière qui trinque », estime-t-il. « Si rien ne change, avertit l’industriel, 2014 va être une très mauvaise année », espérant une salvatrice revalorisation des prix.