Elle vient de remporter le second prix des trophĂ©es de l’habitat de RH 22 (RĂ©seau Habitat 22) et a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e pour le prix architecture de Bretagne 2014. Deux belles reconnaissances pour la maison bioclimatique de Françoise Emerard, implantĂ©e depuis cette annĂ©e Ă Perros-ÂGuirec, dans les CĂ´tes d’Armor. « J’avais envie d’avoir une maison en bois depuis longtemps et la conception Ă©cologique Ă©tait importante pour moi », rapporte Françoise. Pour rĂ©aliser ce projet, elle a fait appel Ă SĂ©bastien Morfouace, architecte spĂ©cialisĂ© dans la construction Ă faible empreinte sur l’environnement, qui lui a proposĂ© une maison bioclimatique. Un habitat de ce type est pensĂ© de façon Ă optimiser Ă son avantage le climat et l’environnement du lieu oĂą il se situe. En pratique, le chauffage et la climatisation sont assurĂ©s en tirant le meilleur parti du rayonnement solaire, de l’inertie thermique des matĂ©riaux et de la circulation naturelle de l’air. On cherche Ă©galement Ă favoriser l’éclairage naturel.

© Atelier Morfouace
Un juste Ă©quilibre entre optimisation environnementale et bien-Âvivre
La maison est composĂ©e de deux volumes liĂ©s par un entre-Âdeux Ă toiture-Âterrasse et orientĂ©s diffĂ©remment pour optimiser l’exposition au soleil. Mais l’orientation de la maison ne prend pas seulement en compte la question de l’optimisation solaire. « La maison doit ĂŞtre agrĂ©able Ă vivre et c’est pourquoi l’idĂ©e Ă©tait aussi de cadrer selon la vue », explique SĂ©bastien. On entre par le premier volume, oĂą se trouve la cuisine, qui fait aussi salle Ă manger. Cette pièce est exposĂ©e vers le nord et se prolonge sur une serre en polycarbonate exposĂ©e au sud. La serre s’ouvre sur le jardin par deux portes coulissantes placĂ©es de chaque cĂ´tĂ© des deux angles extĂ©rieurs. « Ça me permet de me sentir Ă l’extĂ©rieur tout en Ă©tant abritĂ©e. C’est très agrĂ©able en miÂ-saison. », tĂ©moigne Françoise.
L’autre volume abrite un sĂ©jour exposĂ© sud, coupĂ© d’une chambre avec salle d’eau et WC par deux panneaux de bois coulissants. CeuxÂ-ci permettent d’agrandir la pièce pour augmenter la perspective. L’exposition Ă l’est de la chambre apporte un bel Ă©clairage le matin et Ă©vite que la pièce soit trop chaude en Ă©tĂ©. Aussi la fenĂŞtre panoramique situĂ©e Ă hauteur de torse donne vue sur le jardin lorsqu’on est debout et vue sur la mer quand on est sur le lit. A l’étage, salon Ă plafond haut avec mezzanine qui rejoint par un petit couloir une chambre avec salle d’eau et toilette. L’exposition est la mĂŞme que pour le rez -de-chaussĂ©e. La fenĂŞtre panoramique basse du salon laisse apparaĂ®tre la vue lorsqu’on s’assied sur le canapĂ©. Françoise et SĂ©bastien ont optĂ© pour cette idĂ©e, puiqu’on passe plus de temps assis que debout dans un salon.

© Atelier Morfouace
« A l’intérieur comme à l’extérieur, le bois ne demande aucun entretien »
La maison a été construite sur un terrain à forte pente, sous lequel se situent deux failles humides et avec un sol stable situé à quatre mètres de profondeur. Pour économiser de grandes quantités de béton au niveau des fondations, l’architecte a opté pour des pieux d’acier vissés, qui ont accueilli la dalle en bois sur laquelle repose l’ossature. La structure, les bardages et terrasses sont conçus en bois de douglas local. « A l’intérieur comme à l’extérieur, le bois ne demande aucun entretien », explique la résidente.
Au fil des années, le bois va perdre ses premières couleurs et griser. Mais il ne s’abîme pas pour autant, il s’agit simplement d’une couche de protection que le bois développe naturellement. La couverture est en zinc : « L’ardoise n’est pas produite localement, il n’y en a plus à proximité. C’est vrai que le zinc demande de l’énergie pour être produit mais il a l’avantage d’être recyclable à 100 %. », explique Sébastien. L’eau de pluie est récupérée, stockée dans une citerne de 3 000 litres et utilisée pour les toilettes et le jardin. L’isolation, en ouate de cellulose et fibre de bois, protège efficacement la maison des échanges thermiques. Ainsi, la déperdition par heure et par m2 de surface de contact avec l’extérieur n’est que de 0.28 m3. Ce qui est très proche de la performance d’une maison passive qui est de 0.2m3/heure/m2. Un poêle à bois suffit alors pour chauffer toute la maison. « La température est uniforme et c’est très agréable, constate Françoise. En plus, le bois donne plus la sensation d’être au sec et au chaud que dans une maison traditionnelle. »
Le dossier:
Article 1: L’architecture des infinies perceptions
Article 2: Des conceptions et structures biodiversifiées pour habiter au naturel
Article 3: Ecocum: Construire et vivre ensemble, dans le respect de son environnement
Article 4: La maison bioclimatique: adapter l’habitat à son environnement
Article 5: Portfolio: Habitat Ă©cologique