La Bretagne est la première région française en performance de recyclage. Et en 2013, elle comptait 52 % de trieurs systématiques contre 44 % pour l’ensemble du pays. Les deux décennies de prévention et de sensibilisation à la gestion des déchets n’auront pas été sans conséquence sur la conscience collective : « Quand on parle d’environnement, la gestion des déchets est la première chose à laquelle les gens pensent, avec l’énergie. », rapporte Nicolas Bernard, chargé de développement durable pour la ville de Concarneau. Mais il existe encore une forte divergence de sensibilité à ces questions, au sein de la population. « Une petite partie de la population est très sensible à ces questions et fait beaucoup d’efforts alors qu’une autre en est totalement opposée. Mais 90 % des personnes sont plutôt dociles : elles ont compris l’intérêt de réduire les déchets mais cherchent avant tout le confort et agissent si cela ne les inconforte pas trop. », constate Estelle Caudal, animatrice prévention déchets à Concarneau. De ce fait, l’accès aux dispositifs est un facteur déterminant dans la pratique du recyclage. Selon Eco-emballages, le taux de trieurs systématiques s’élève à 58 % lorsque le point d’apport volontaire se situe à moins de 2 minutes de l’habitat, alors qu’il n’est que de 39 % lorsque celui-ci se trouve à plus de 15 minutes. « On remarque aussi une augmentation des déchets en période estivale, ajoute Estelle. Beaucoup de touristes ne trient pas. Pour endiguer la situation, Concarneau Agglomération met en place des outils de prévention particuliers en été comme, par exemple, un sac cabat sur lequel sont affichées les consignes de tri. »
« Aujourd’hui la population met plutôt bien en pratique le recyclage mais toute la prévention reste à faire. »
Si dans l’ensemble, les rapports montrent que les pratiques de tri et de recyclage se sont plutôt bien intégrées au quotidien, la quantité de déchets produits ne cesse de croître. En 2012, 676 kilos de déchets ménagers par habitant ont été récoltés en Bretagne. Soit une hausse de 11 % de tonnes de déchets récoltés entre 2005 et 2011. « L’information est passée pour le tri et les Bretons recyclent. Mais en ce qui concerne la réduction des déchets, il y a encore beaucoup de travail.», explique Nicolas Bernard. « Il faut dire qu’on part de loin, relate Nicolas Ulrich, chargé de mission de gestion des déchets à Morlaix. Avant les années 80, tout partait en décharge. Puis on a commencé à trier et recycler mais ce n’est que dans les années 90 que le consommateur a été incité à trier ses déchets. La gestion des déchets a donc eu lieu avant la prévention des déchets. Aujourd’hui la population met plutôt bien en pratique le recyclage mais toute la prévention reste à faire. ». Une tendance à la réflexion sur la consommation est observée actuellement et peut aller dans le sens de la réduction des déchets. Mais les raisons n’en sont pas pour autant environnementales. « Avec la crise, il y a un retour au « faire soi-même » mais il peut s’agir d’un mouvement passager. La question environnementale n’est que rarement la première préoccupation. », constate Nicolas Bernard.
« Pour faire plus d’effort, on constate que la population a besoin d’être incitée. »
Les collectivités peuvent user de leviers pour inciter la population à réduire ses déchets. C’est le cas, par exemple, de la taxe incitative sur les déchets. « Pour faire plus d’effort, on constate que la population a besoin d’être incitée. Dans la plupart des collectivités, on paye pour le ramassage des ordures en fonction de la superficie de sa maison. Le système incitatif consiste à faire payer le foyer en fonction de ses déchets. C’est très efficace car on touche au porte-feuille des gens. Cependant, une bonne médiation est nécessaire, pour éviter les fraudes. », explique Estelle. « Tout le monde à une part de responsabilité, ajoute Nicolas Ulrich. Les rayons des grandes surfaces, par exemple, sont remplies tout au long de la journée de nouveaux produits. Les consommateurs vont acheter le produit le plus récent, allant le plus loin en date. Au final des produits restent et sont jetés. » Mais la sensibilisation passe aussi par l’éducation auprès des plus jeunes : « La réforme des rythmes scolaires a permis d’instaurer des modules « faire soi-même ». Ca plait beaucoup aux enfants. Les ados sont aussi sensibilisés en participant à des chantiers de protection de l’environnement. » Pour Estelle, la sensibilisation est un travail nécessaire qui doit se faire en continu : « Elle donne sens aux actes des personnes et ainsi leur donne envie d’agir ».