Le climat et ses bouleversements, il en a été question lors de la soirée du jeudi 15 janvier au Roudour, à Saint-Martin-Des-Champs. Jean Jouzel, climatologue de renommée internationale et vice-président du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolutions du climat) , et Jean-Claude Pierre, porte-parole du Réseau Cohérence et cofondateur des associations Nature et Culture, Eau et Rivières de Bretagne et de l’Institut de Silfiac, sont intervenus devant un public nombreux. « Les équilibres naturels qui régissent le fonctionnement de notre planète sont bouleversés par deux phénomènes : le réchauffement climatique, et l’érosion de la biodiversité », a ainsi expliqué en préambule Jean-Claude Pierre. En cause notamment, les activités humaines. « Nous sommes sortis de l’éocène et du miocène, de ces périodes qui nous ont précédées, pour entrer dans l’anthropocène. C’est en effet l’espèce humaine, forte de moyens scientifiques et techniques sans précédent, qui devient le facteur principal de l’évolution de notre biosphère », assure-t-il.
Partout, des indices de réchauffement
Un propos qui fait écho à celui de Jean Jouzel. « Les activités humaines modifient la composition de l’atmosphère, en augmentant la concentration des gaz à effet de serre », explique-t-il. « En 2013, près de 75% des émissions de gaz à effet de serre étaient dus au Co2, issu des combustibles fossibles pour environ 90% », poursuit-il. Si l’effet de serre a une action bénéfique, son augmentation se traduit par un accroissement de la chaleur dans les basses couches de l’atmosphère, ce qui participe au réchauffement de la planète. « L’effet de serre est en augmentation indéniable », affirme le climatologue. « Et le réchauffement climatique est sans équivoque, et sans précédent : chacune des trois dernières décennies a été successivement plus chaude à la surface de la terre que toutes les décennies précédentes, et ce depuis 1850 », poursuit le scientifique.
De nombreux indices attestent d’un réchauffement climatique : augmentation de la température des océans, et ce dans toutes les couches dans les 700 premiers mètres, diminution de la couche de glace, augmentation du niveau de la mer. « Où que l’on soit, il y a des indices de changement climatique », commente Jean Jouzel.
« Il est extrêmement probable que l’influence de l’homme soit la cause principale du réchauffement »
Après cinq rapports, le Giec peut apporter une réponse claire quand aux liens entre réchauffement climatique et activités humaines. « Il est extrêmement probable que l’influence de l’homme soit la cause principale du réchauffement observé depuis le milieu du 20ème siècle », déclare Jean Jouzel.
Le GIEC a élaboré en ce sens plusieurs scénarii, dont un scénario « émetteur » en gaz à effet de serre. Dans ce dernier, si l’on continue comme aujourd’hui, la température « augmenterait de 6 à 7 degrés au siècle prochain », d’après le climatologue. « Le réchauffement est inéluctable, mais si l’on arrive à limiter l’augmentation de la température à +2 degrés, nous pouvons encore réussir à nous adapter ».
Mais que pouvons-nous alors faire ? « Le GIEC ne donne pas de recommandation », précise Jean Jouzel. « Il donne des élements pour que les décideurs politiques prennent des mesures ». En ce sens, la prochaine conférence sur le climat qui aura lieu à Paris fin 2015 est cruciale. « Il y a une forte attente, car il s’agira de définir quelles sont les actions à mettre en œuvre après 2020 », indique le climatologue. « Mais d’ici là, il faudra également agir », conclut-il.