Qu’est-ce que l’économie collaborative ?
Covoiturer. Partager un jardin maraîcher. S’associer pour acheter en direct au producteur. Proposer son canapé. Echanger sa maison. Travailler dans un espace de « co-working ». Troquer une heure de cours d’anglais contre une heure de bricolage…
Proposant l’échange, la mise en commun ou l’usage partagé des ressources comme alternative à la propriété exclusive, l’économie collaborative ou « économie du partage » paraît être une opportunité de développement permettant de répondre au besoin de transition économique du pays de Morlaix, ayant connu ces dernières années une crise agricole et industrielle. Ces pratiques, mettant en lien des personnes en « pair à pair » : de particuliers à particuliers, ou entreprises à entreprises, créent de plus du lien social dans la communauté d’usagers et de contributeurs, et pourraient dans certains cas permettre de réduire la pression écologique sur les ressources et ainsi contribuer à un développement durable, comme dans le cas du covoiturage. Tout cela paraît séduisant. Mais comment distinguer les initiatives réellement solidaires, durables et équitables des start-ups dont la finalité première demeure de rémunérer le capital, telles UberPop, AirBnB ou encore BlablaCar ? Et comment mesurer les éventuels effets bénéfiques de certaines de ces pratiques sur l’environnement ?
Développement des initiatives collaboratives sur le pays de Morlaix
Comme partout, les pratiques collaboratives se développent sur le territoire du pays de Morlaix, et des initiatives avec un ancrage local émergent : espaces de co-working comme La Sphère à Landivisiau ou l’Embarcadère à Plougasnou, collectif de jardiniers en herbes comme Incroyables comestibles à Morlaix[1], monnaie locale le Buzuk[2], habitants «Greeters » proposant des visites touristiques[3], clubs d’investisseurs CIGALES (plusieurs sur le territoire), boîtes à troc, jardins partagés, etc.
Comment accompagner et guider ces initiatives ? Les acteurs publics doivent –ils les soutenir ? Les laisser se développer sans intervenir ? En encadrer certaines lorsqu’elles représentent une concurrence déloyale face aux acteurs traditionnels ? Par exemple, alors que la ville d’Amsterdam a signé un accord fiscal avec AirBnB, visant à s’assurer de la collecte de la taxe hôtelière (afin que les mêmes règles s’appliquent à tous), certaines villes ont opté pour le blocage de ce service et d’autres pour le laisser-faire.
De novembre à février, cartographie des initiatives locales lors des « Instants Collaboratifs » proposés par le Pays de Morlaix et l’ADESS
Avec le pays de Redon, le pays de Châteaubriand et Rennes Métropole, le pays de Morlaix est un des quatre territoires pilotes du programme DOMINO, coordonné par l’association COLLPORTERRE. Ce programme vise à outiller les acteurs locaux afin de faire des pratiques collaboratives un levier de modes de vie durables.
La première étape consiste à cartographier les initiatives locales de chaque territoire. Suite à une soirée-débat sur l’économie collaborative le 5 novembre dernier à la CCI de Morlaix, le Pays de Morlaix et l’ADESS – pôle de développement de l’Economie Sociale et Solidaire – ont lancé une série « d’Instants Collaboratifs » depuis novembre 2015. Lors de ces courts rendez-vous conviviaux intervient d’abord un membre d’une initiative locale présentant cette démarche, puis les participants échangent sur les pratiques collaboratives connues sur le territoire.
En novembre, l’Instant collaboratif #1 s’est déroulé en présence des Incroyables Comestibles de Morlaix au nouvel espace de coworking La Sphère de Landivisiau. Puis, en décembre, l’Instant collaboratif #2 a démarré avec la présentation de la Monnaie locale, « Le Buzuk », au bar Le Clédérix à Cléder.
Grâce à ces moments d’échange et au bouche à oreille, près d’une quarantaine d’initiatives collaboratives sont aujourd’hui recensées sur le territoire. Deux rendez-vous sont encore à venir : le prochain le 27 janvier au bar Le Tempo à Morlaix, de 18h à 19h avec « L’Atelier Paysan » (Collectif pour la conception et l’auto-construction d’outils de travail adaptés à l’agriculture biologique), et le 10 février 2016 (lieu et intervenant à déterminer).
Et ensuite ?
Une fois cette étape terminée, une cartographie des initiatives sera diffusée en ligne et donnera une vision d’ensemble des pratiques collaboratives sur le pays de Morlaix. Cette cartographie permettra d’avoir une vision précise de ce phénomène. Quels sont les secteurs d’activité les plus concernés ? Y a-t-il des secteurs de notre territoire où le phénomène est plus important ? Ces initiatives bénéficient-elles de soutiens de la part des acteurs du territoire ?
L’étape suivante sera de constituer un groupe de travail local plus large constitué d’une pluralité d’acteurs du territoire pour décider collectivement de la position à adopter face au développement des pratiques collaboratives. En mars et avril 2016, ce groupe travaillera en ateliers afin de construire un outil d’évaluation des initiatives collaboratives, dont pourront s’outiller les acteurs publics pour guider leur développement. L’outil pourra aussi être utilisé par d’autres acteurs : structure d’accompagnement à la création d’activité ou porteur de projets par exemple.
Vous connaissez des pratiques collaboratives sur le territoire du pays de Morlaix, en tant qu’utilisateur ou bien porteur de projet ? Vous pouvez participer au travail en cours en remplissant ce questionnaire.
Plus d’infos sur : http://www.bretagne-consommation-collaborative.net/
[1] http://incroyablescomestiblesmorlaix.blogspot.fr/
[2] https://monnaiepaysdemorlaix.wordpress.com/