Pachamerica: Notes de vagabondage instructif et conscient

À la poursuite de l’espoir vert…

 

Un article liminaire dédié à la Terre, ce vaisseau dont nous les “plus de 7 milliards”, ne sommes que les humbles passagers…

Amenuisement des ressources, détérioration des sols et de la qualité de l’eau, fonte des glace, déforestation, centrales nucléaires qui pètent, poison dans nos assiettes…

On pourrait continuer l’énumération pendant des siècles de cycles lunaires sans avoir passé en revue le 1000ème de tout ce qui dysfonctionne gravement sur notre bonne vieille terre.

L’actu est brûlante: L’économie globalisée favorise un productivisme sans limites, ravage nos écosystèmes (produits chimiques, semences hybrides et OGM en tête) et génère des inégalités post-coloniales à l’échelle planétaire. Des valeurs individualistes et consuméristes qui conduisent inexorablement à la destruction des solidarités et donc à une perte d’identité accentuée par l’homogénéisation des modèles culturels.

 

Voilà ou nous en sommes, un appauvrissement des cultures, des terres agricoles autant que nos mode de vie, usages, coutumes et traditions. Un alarmant constat, une marée noire de mauvaises nouvelles qui pourrait nous faire céder à la haine – et son large choix d’actes subséquents: poser des bombes, prendre les armes…- ou au désespoir, souvent assorti d’une ordonnance bourrée de prescriptions nocives pour surmonter la dépression ou plutôt s’éteindre le cerveau.

 

Oui mais…Parallèlement, au 4 coins du monde des gens se bougent, se mobilisent pour protéger à leur échelle le fragile équilibre entre l’Homme et la nature et défendre nos droits fondamentaux à commencer par celui de vivre dans un environnement sain. 

 

Alors, pour ne plus enrager vainement contre les criminels de l’agro-pharmaco-pétroléo-n’co- industrie, mieux vaut restaurer ses capacités d’émerveillement à la vue d’un paysan qui s’adonne à la perma/polyculture et produit avant tout par amour de sa terre et non pas du profit qu’elle génère. 

 

Refusant de succomber aux affres d’une sinistrose contreproductive, j’ai choisi de partir à la rencontre de modèles qui m’inspirent et de m’entourer de gens endossant une foule d’appellations qui laissent rêveur: défricheurs du possible, artisans du libre et autres esprits sains de notre temps, tous auteurs du changement qu’ils veulent voir dans ce monde.

 

Nul besoin d’aller très loin pour satisfaire ce besoin viscéral de réenchantement, mais ça reste quand même sacrément instructif de se pencher sur les savoirs et traditions de nos voisins! Au détour d’un nombre incalculable de causettes nocturnes consistant essentiellement à boire, reboire, défaire et refaire le monde à coup de grandes tirades, il m’est arrivé d’évoquer la Pacha Mama sans pour autant saisir tous les reliefs que ces termes mythiques recouvraient. Car bien plus qu’un concept, ce respect de la terre nourricière est au cœur de la cosmovision des peuples andins depuis des milliers d’années.

 

Cette vision du monde est dorénavant consacrée par la notion de ‘’Buen Vivir’’ dont sont imprégnées les cultures des peuples autochtones de toute l’Amérique du sud et centrale. Vivre en harmonie au sein de la communauté, entre communautés et avec la nature qui est à la base de tout et dont nous ne sommes qu’une infime partie: Le Buen Vivir (Sumak Kawsay en quechua) exprime une relation avec l’environnement qui incarne l’opposé du profit et de la marchandisation. L’Équateur a été le 1er pays à reconnaitre légalement des droits à la nature en intégrant le concept de Sumak Kawsay à sa Constitution en 2008. Bien connue pour ses luttes sociales sans concession et son président indigène, la Bolivie a suivi le mouvement l’année d’après.

 

Force est de constater que les effets de la conquête espagnole et de la mondialisation sur les pays d’Amérique du Sud n’ont pas pour autant fait disparaitre leurs richesses en terme de savoirs et de ressources naturelles.

 

Curieuse de comprendre comment les peuples originels allient traditions et modernité, je suis donc partie faire un tour de l’autre coté de l’Atlantique à la découverte de pays au sein desquels une large partie- voire la majorité- de la population est indigène: Pérou, Bolivie, Équateur et Colombie. Ce périple aura pour ultime étape le Costa Rica, bien connu pour avoir basé son économie sur sa foisonnante biodiversité. Avec un net intérêt pour les modes de préservation de la diversité des espèces végétales — plus particulièrement les plantes médicinales -, je suis allée à la rencontre de communautés, hommes et associations ayant mis en place des actions concrètes pour sauvegarder leur patrimoine génétique et culturel.

 

À l’heure où les industries pharmaceutiques et agroalimentaires sont devenues 2 des plus puissants lobbies au monde, la question de savoir comment se soigner et se nourrir librement est juste cruciale.

 

Si les conventions internationales font l’apologie de la souveraineté alimentaire et de la santé publique un enjeu majeur, planter et consommer les espèces végétales de son choix relève du parcours du combattant! De l’interdiction d’utiliser des semences paysannes non inscrites au catalogue officiel au brevetage du vivant par les consorciums agro-chimiques pour fournir en nouveaux produits la médecine dite conventionnelle), on ne compte plus les restrictions à nos libertés essentielles mais heureusement, « il reste de braves gens », des résistants pour se préoccuper du devenir de la Pacha Mama: Si señor, el Buen Vivir survivra!

 

 

Itinéraire d’une enfant en quête de réenchantement.