« Le jour du dépassement » : encore une catastrophe annoncée !

Mais on n’en est pas encore à devoir se rationner.

C’est pourquoi la publication annuelle de l’ONG Global Footprint Network a fait autant de bruit. La presse d’un seul chœur a relayé le message. Voici deux des titres les plus sobres qu’on pouvait lire le 20 août matin

http://www.actu-environnement.com/ae/news/mardi-19-aout-dette-ecologique-jour-du-depassement-22473.php4#xtor=ES-6

Depuis mardi 19 août, l’humanité creuse sa dette écologique

http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/environnement-ca-y-est-2014-lhumanite-vit-sur-terre-credit-19-08-2014-156166?utm

Environnement. Ça y est : pour 2014, l’humanité vit sur Terre à crédit !

 

 

De l’Humanité au Figaro, du Monde au Parisien, ils en ont tous parlé et parfois les titres valaient leur pesant de catastrophisme.

On comprend bien cet engouement de la presse pour cette information. C’est encore le mois d’août, les universités d’été n’ont pas encore sonné la rentrée politique. C’est un sujet auxquels nos concitoyens sont sensibles, même si cela ne se voit pas dans les urnes (mais à qui la faute ?) et surtout, la peur, cette grande trouille irrationnelle, fait toujours vendre, qu’il s’agisse de l’insécurité en banlieue, des virus balladeurs ou comme ici de l’extinction de la planète.

Mais qu’en est-il réellement ?

Comme toujours, je suis dubitatif face à ces indices uniques, sensés retracer un phénomène en un chiffre ou comme ici en une date et ce « jour du dépassement » n’échappe pas à la règle.

Tout d’abord, tout dépend des paramètres qu’on prend en considération et du poids relatif qu’on donne à chacun. J’ai trop lu de rapports consacrés à ces questions pour ne pas m’interroger sur la connaissance exacte que nous avons collectivement des effets de l’action de l’Homme sur son environnement. J’ai trop lu de rapports concernant l’état déplorable des outils statistiques de la plupart des Etats pour ne pas être circonspect sur la qualité des données qui servent à élaborer ces indicateurs.

 

Par acquis de conscience, je suis allé sur le site de l’ONG en question

Voici ce que j’y ai trouvé :

http://www.footprintnetwork.org/fr/index.php/GFN/page/footprint_science_introduction/

5.400 données par pays et par an dans 150 pays ! Même avec une méthodologie très sophistiquée et des standards de collecte de l’information très rigoureux, cela reste encore un exercice d’une grande incertitude quant à son résultat final.

 

Mais que faut-il en conclure ?

Que cela ne sert à rien de faire peur aux gens ? Certes pas.

Que ce n’est pas à partir du 20 août que nous avons commencé à consommer la biocapacité de l’année prochaine ? C’est vraisemblable.

Mais que ce soit le 19 août ou le 27 août, voire même le 9 août, date bénie entre toutes (private joke), ce n’est pas cela qui est important, c’est qu’à calcul constant et toutes choses égales par ailleurs, cette date arrive de plus en plus tôt.

 

En effet, la démarche de GFN est peut-être scientifique, elle est surtout pédagogique : ainsi une fois par an, on parle dans la presse , la grande, pas les petits sites branchés développement durable, de l’épuisement progressif des richesses et l’image de « vivre à crédit » parle bien à nos contemporains surtout à ceux qui manquent le plus de ressources. Tiens, tiens, voilà un parallèle intéressant entre la pauvreté individuelle et l’appauvrissement de la planète : vivre à crédit, beaucoup s’en accommodent mais peu résistent longtemps « aux fins de mois » qui commencent dès le 15.

Grâce à Global Footprint Network, nous nous rappelons au moins une fois par an que nous vivons au-dessus de nos moyens et que cela va en s’empirant. Viendra un moment où pour eux, la fin de l’année commencera en juin. Peut-être qu’alors, contrairement à ce que pense la représentante de WWF, il ne sera plus temps de réagir.

 

Réagir ? Mais comment réagir chacun dans notre coin ?

Il se trouve que dans la presse du même jour, on trouvait également cet article

http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/cacao-prix-feve-flambe-celui-chocolat-aussi-19-08-2014-156159?utm_source=newsletter&utm_medium=OFentreprise&utm_campaign=20140820_local_votreNewsletter

Cacao. Le prix de la fève flambe, celui du chocolat aussi

Mais ça n’a rien à voir, me direz-vous ? En êtes-vous si sûr ? Regardons cela d’un peu plus près. S’il y a pénurie de cacao, c’est qu’on produit moins qu’on ne consomme. Et si on produit moins, c’est pour deux raisons : la concurrence de l’huile de palme, dont on sait maintenant que c’est une belle saloperie pour notre santé http://www.cosmopolitan.fr/,tout-sur-l-huile-de-palme-et-ses-dangers,2510882,1875462.asp

 

Et les aléas climatiques.

 

Pour rétablir la balance, il faut donc soit produire plus, soit consommer moins.

 

Produire plus, c’est

1° soit remettre en culture les terres abandonnées aux palmiers à huile et cela suppose d’accepter de payer plus cher le cacao aux producteurs, mais c’est une solution stupide puisque justement le but du raisonnement est de payer le cacao moins cher ou qu’ un fort mouvement d’opinion contre l’utilisation de l’huile de palme par les industries agro-alimentaires et cosmétiques tarisse la demande d’huile de palme

2° soit augmenter les rendements en épuisant un peu plus vite les sols

 

Consommer moins c’est

1° soit une impossibilité pour la majeure partie du monde qui consomme moins de 100 grammes par an

2° soit un impératif de santé publique pour une petite minorité qui se gave. A titre d’illustration, la consommation moyenne d’un Français , c’est deux tablettes de 100 grammes à 60% de teneur en cacao par semaine, toutes les semaines de l’année !

 

Comme on peut difficilement demander à la majorité de la population mondiale de manger moins de chocolat, ce qui serait injuste, on voit bien que la seule solution est donc pour nous de manger moins de chocolat et de le payer plus cher. L’un dans l’autre ça peut s’équilibrer et peut-être même qu’en prime quand vous mangerez du chocolat, ce sera vraiment du chocolat et non cet ersatz que permet la législation européenne.

Mon D
ieu, on est bien loin de l’empreinte écologique ! Pas tant que cela : si nous appliquions ce même raisonnement à toute notre consommation, peut-être pourrions nous manger des chocolats à Noël sans avoir le remord de nous dire que nous mangeons, depuis six mois déjà, en ces fêtes de fin d’année, les friandises qu’auraient dû manger nos petits-enfants.

Elementaire, non ?