« Les p’tits doudous » : ce n’est pas dur d’être humain

« Les p’tits doudous » : ce n’est pas dur d’être humain
image_pdfimage_print

« Même plus mal ! »

Quand on parle santé, on pense inévitablement à la maladie et souvent à l’hôpital. C’est donc d’un hôpital que vient cette belle idée, l’hôpital Sud de Rennes. Dans cet établissement, il passe environ 4.000 enfants par an pour y subir une intervention chirurgicale nécessitant une anesthésie. Plus que d’autres, ces petits vivent avec angoisse le moment du passage au bloc opératoire. C’est pour dédramatiser ce moment que les personnels hospitaliers, anesthésistes, infirmières de bloc et aides-soignantes se sont mobilisés pour dédramatiser cet instant. Cela a commencé par la distribution de « doudous » aux enfants, un petit compagnon qui les accompagne tout au long du parcours et qui les attend en salle de réveil. En outre, chaque enfant reçoit à son arrivée, un de ces masques qui servent à endormir et une boîte de gommettes, pour le personnaliser. C’est ce masque, « leur » masque qui servira ensuite au moment proprement dit de l’anesthésie. Evidemment, comme le doudou, il le garde en souvenir en quittant l’hôpital. Et comme si cela ne suffisait pas, l’association vient de développer un jeu vidéo sur tablette tactile «  le héros, c’est toi » qui permet à l’enfant de vivre en jouant, tout son parcours hospitalier. Trois idées, c’est trois fois rien mais cela change totalement la façon dont les enfants vivent leur passage à l’hôpital. Se faisant, les hospitaliers démontrent que santé peut rimer, comme le voudrait l’OMS, avec «état de bien-être » et non plus avec souffrance et angoisse

 

« Ne perdez pas le fil ! »

Ce serait un beau projet de rénovation du service public hospitalier s’il n’y avait que cela mais pas de quoi en faire un prix du jury des trophées bretons du développement durable, s’il n’y avait le reste. En effet, ces infirmières anesthésistes ont eu l’idée de financer leurs actions en récoltant des déchets recyclables que produisent inévitablement les règles de prophylaxie dans les blocs opératoires. Ainsi elles récupèrent les fils jetables des bistouris électriques et les lames des laryngoscopes. Il s’agit là de cuivre et d’autres métaux qui deviennent rares. Dire qu’elles récupèrent est en dessous de la réalité, car c’est en fait l’ensemble de l’équipe opératoire, chirurgiens y compris, qui jouent le jeu. Et ce qui était un geste exceptionnel, récupérer le fil du bistouri, est devenu un geste banal dans les blocs opératoires. Certes, ce n’est pas grand-chose , 10 grammes par fil récupéré, mais en fin d’année cela fait 1 tonne de matériau ainsi récupérée et revendue aux entreprises de recyclage.

Du coup, la direction de l’hôpital s’est aussi intéressée à la question puisque cette tonne vient en déduction des déchets pollués que produisent tous les hôpitaux et qui leur coûtent environ 600 euros par tonne.

Ce projet est donc maintenant devenu le projet de l’hôpital. Certes, cela reste dur de travailler dans un hôpital mais cela a changé l’ambiance de travail et ceci n’est pas sans influence aussi sur le bien-être de tous les malades.

Forte de ces succès et confortée par ce trophée, l’association « les p’tits doudous » a maintenant d’autres ambitions, notamment diffuser leur jeu vidéo « le héros, c’est toi » , dans tous les services hospitaliers recevant des enfants en France mais aussi à l’étranger. Ce jeu est une création 100% bretonne puisque le concepteur est une entreprise rennaise et le designer un Nantais. Les doudous aussi sont nantais.

Vous avez aimé cet article? Vous pouvez désormais le partager !

Dominique Guizien