Créé en mars dernier pour sensibiliser le plus grand nombre de personnes de son territoire sur l’importance de l’eau, le Collectif Mammennou Dour dans les Abers organise une Marche de la Source de l’Aber Wrac’h jusqu’à l’embouchure au cours de cette dernière semaine de mai. Un parcours qui laisse toute sa place au sensible…
Un parcours sur 7 étapes le long des rives de l’Aber Wrac’h a commencé samedi 25 mai à Trémaouezen, avec un rituel d’ouverture à la fontaine Saint-Jean. Il s’achèvera le samedi suivant 1er juin avec un temps fort qui débutera au Centre de la mer de l’Aber Wrac’h. Les participant.es se poseront toute la journée sur le port pour élargir les échanges avec celles et ceux qui partagent les préoccupations du collectif, notamment par des retours d’expériences d’autres territoires et des festivités.
Le but de cette Marche de la source à la mer est de poser un regard croisé sur l’Aber et sur l’eau en s’appuyant sur la traçabilité de la présence des personnes sur le territoire, et en ouvrant le dialogue pour mieux envisager ensemble l’avenir, avec toutes les actrices et tous les acteurs du territoire.
Son itinéraire est ponctué de pauses conviviales dans les différentes communes traversées – Trémaouezan, Ploudaniel, Trégarantec, Le Folgoët, Le Drennec, Lanarvily, Loc-Brévalaire, Jernilis, Plouvien, Lannilis, Plouguerneau, Landeda – dans le but de favoriser les rencontres intergénérationnelles, entre élèves d’écoles et de collèges, aîné.es, membres actifs d’associations, riverain.es et autres actrices et acteurs du territoire. Cela se fait surtout dans une approche globale et sensible qui allie les arts, les sciences, les mémoires, la transmission, la bonne humeur et la fête.
Car là réside l’originalité de la démarche du collectif Mammennou Dour, à l’instar des Atlas socioculturels de l’eau, initiés par l’association Eau & Rivières de Bretagne* et portés collectivement par différentes actrices et acteurs dans les territoires. Une approche stimulante qui permet d’associer et de relier les unes et les autres en convoquant, outre les usages et les savoirs, leurs rapports au sensible, à la mémoire, aux émotions que cela suscite, à travers l’eau, la rivière, la mer. Des temps sont ainsi consacrés à une perception attentive de l’environnement (ce qui nous environne mais aussi ce qui nous traverse), ainsi qu’à l’expression artistique.
Dans l’excellent édito de son numéro de l’automne/hiver 2022/2023, la revue d’Eau & Rivières de Bretagne donnait la plume à Antoine Lauginie, pilote de la commission Eau « Culture de l’association. Celui-ci y développait très pertinemment l’intérêt d’une approche socioculturelle de notre rapport à l’eau. En voici un extrait : « Face à l’urgence et à la gravité des enjeux actuels, l’approche culturelle et artistique – parce qu’elle en appelle à notre expérience du monde, à nos mémoires partagées et à notre sensibilité – porte un espoir : celui d’élargir le combat écologique au-delà du cercle militant et de le faire avec comme mots-clés le plaisir et l’élan de la création et du partage. Il s’agit alors d’explorer le champ des possibles pour, dans les temps inquiets que nous vivons, nous laisser encore ravir par « la merveille de la nature ». Il s’agit aussi de dire nos manières de ressentir et d’habiter le monde et de contribuer ainsi à construire un récit commun fait de voix multiples partagées. Cette approche culturelle de ce qui nous relie au vivant peut nous amener à requestionner la gouvernance de la gestion de l’eau et des rivières, pour y associer, au-delà de la sphère technique et administrative, ce qui touche au domaine des attachements et du vécu de la rivière.(…) »
Crédits photos : Marjolaine Abaléa.