Dans le centre-Bretagne, des guitares uniques et écologiques

Basé à la Prenessaye à côté de Loudéac, Gildas Vaugrenard, alias DasViken Guitars (« Pour l’éternité » en Breton), est un artisan pour qui lutherie doit rimer avec écologie. Dans son atelier, il fabrique des guitares uniques, à base de bois local, de récupération, et sans plastique ni produits issus de l’industrie pétrochimique.

C’est en pleine campagne, sur la commune de la Prenessaye, non loin de Loudéac, que Gildas a choisi d’installer son activité de luthier. L’atelier, situé juste à côté de son habitation, accueille le visiteur avec ses bonnes odeurs de bois. A proximité, des champs et de nombreux arbres, un beau jardin potager. Un petit paradis dans lequel prennent vie des guitares pas comme les autres. Car Gildas, avec son entreprise DasViken Guitars, a fait le choix d’un mode de fabrication atypique dans le paysage de la lutherie. Sa démarche se veut être la plus écologique possible. « En fait, je fais de l’éco-conception », sourit celui qui est diplômé de l’Ecole Supérieure du Bois de Nantes et qui y a aussi enseigné quelques années. Un passage en Afrique lui fait prendre conscience du fléau de la déforestation, de l’exploitation des arbres mais aussi de la main d’œuvre locale. « De l’esclavage moderne », assène-t-il. Courant 2013, il décide de changer de vie et choisit alors de s’installer comme luthier, « un rêve de gosse ». Il apprend le métier en autodidacte, et souhaite l’exercer selon ses convictions, avec la volonté d’un monde plus juste et plus durable.

Pas
de peinture ni de vernis

« A la recherche d’une certaine cohérence » , il applique les valeurs qu’il défend à son artisanat. Ainsi, Gildas n’utilise pas de bois exotique. « Je travaille avec du bois local, et du bois de récupération », explique-t-il. Les guitares (qui sont toutes des guitares électriques) sont ici réalisées avec du frêne, du cormier…ou même à base de porte d’armoire en noyer, ou encore de douelles de fût de Cognac en chêne ! Le luthier a également proscrit l’utilisation du plastique pour ses créations, préférant l’alliance du bois et du métal, notamment l’aluminium qui est là aussi récupéré auprès de recycleurs spécialisés. Les sillets (pièce située à l’extrémité supérieure du manche des instruments à corde, ndlr) sont par exemple confectionnés à base d’os. Dans son atelier, Gildas n’utilise pas non plus de produits issus de la pétrochimie. Les colles utilisées sont à base de poisson, d’os ou de nerfs (fabriquées à base de sous-déchets de l’industrie agroalimentaire), et aucune guitare n’est peinte ni vernies. « Je préfère l’huile de lin, de la térébenthine, ou de la cire d’abeille », précise Gildas, pour qui « la lutherie, c’est une forme d’alchimie ». Pour prolonger la démarche, il s’efforce aussi de planter un arbre sur son terrain pour chaque guitare fabriquée.

Une
guitare pour des haies bocagères

Planter des arbres, c’était aussi le cœur du projet « La Dissidente », que le luthier de la Prenessaye a coordonné. « On s’est regroupés à vingt jeunes luthiers de toute la France dans une association baptisée « La Confrérie des Luthiers Pas Ordinaires » », raconte Gildas. « La Dissidente » est le nom de la guitare qui a été fabriquée collectivement, et qui a été proposée en lot à travers une tombola mise en place sur le site de financement participatif Kengo ». 12 000 euros ont ainsi pu être collectés. Ils ont permis de planter un peu plus d’1 km de haies bocagères sur le territoire de Loudéac Centre Bretagne Communauté, avec Breizh Bocage. « Et 135 plants ont été aussi mis en terre à Bordeaux, avec des classes de primaires », ajoute le luthier, pour qui coopération, entraide mais aussi pédagogie vont évidemment de paire avec son activité.

Pour plus d’infos : http://dasviken.com/