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Solidarité Internationale : l’engagement passe aussi par la jeunesse !

Les jeunes bretons ont-ils toujours la réputation de globe-trotters ? La jeunesse se caractérise par la construction de l’indépendance, de l’identité, l’apprentissage des responsabilités et la curiosité. Chacun sait qu’en se cherchant, elle recherche l’expérimentation. Elle apprend non seulement à faire des choix, mais aussi à gérer ses désirs et les contraintes d’une société dans laquelle elle est amenée à trouver sa place. Dans ce parcours de vie, une année à l’étranger ou plus peut être bénéfique au niveau de la connaissance de soi et de l’ouverture culturelle, qui favorisent un développement personnel tout au long de la construction de ses projets d’avenir.
En Bretagne, que ce soit pour découvrir une autre culture ou s’engager pour une cause, les voyages sont une priorité pour un tiers des 550 000 jeunes Bretons, un chiffre en progression constante depuis 2006. Dans l’enquête réalisée par le Centre Régional Information Jeunesse l’année dernière, il est recensé que la notion de plaisir est la plus souvent évoquée comme motivation à l’engagement avec un chiffre de 57%. Ainsi, quatre jeunes sur dix se sont engagés par esprit de solidarité, et 35% d’entre eux se sont engagés pour approfondir leurs connaissances. Si l’engagement se fait plutôt au niveau local selon l’enquête, il n’en reste donc pas moins une très grande curiosité pour découvrir d’autres horizons… (Enquête réalisée sur 3500 jeunes, dont 64% issus de l’enseignement supérieur.)
 

 

Emmanuel Motte : « J’avais prévu de faire un an de césure pour découvrir d’autres choses que les études, voir les choses par moi-même, faire quelque chose d’original en aidant les autres, et découvrir l’Afrique. »

 

Voyager, cela peut être aussi pour s’engager et être volontaire pour une cause qui nous tient à coeur. Pour aller dans ce sens, la solidarité internationale est un moteur important dans les actions que chacun peut mettre en œuvre dans le but d’aider les autres, améliorer les conditions de vies des populations et dans la prise de conscience des inégalités Nord-Sud.
C’est ce qu’a vécu Emmanuel Motte, étudiant à Rennes 1 et résident à Pordic (22), qui a décidé lui aussi de partir pendant 6 mois à Lomé, capitale du Togo :

« J’avais prévu de faire un an de césure avec mes études pour voir les choses par moi-même, faire quelque chose d’original en aidant les autres, et découvrir l’Afrique. C’est un continent dont on n’entend pas beaucoup parler dans les médias. La première étape était donc de bien me renseigner pour connaître les possibilités d’actions qui existaient. J’ai fais des recherches sur Internet, pris rendez-vous avec des associations à Rennes et à Saint-Brieuc, et c’est finalement une association parisienne qui m’a accompagné dans mes choix. J’ai été guidé vers l’association du Comptoir des Jeunes Togo située dans la capitale de Lomé, car je voulais allier la découverte d’une culture à l’action de volontariat. Elle agit pour le développement local et la réduction de la pauvreté, mais aussi pour l’éducation, l’environnement et la vie sociale. Je suis donc parti d’octobre 2012 à avril 2013 : j’avais vraiment envie de faire un séjour assez long pour vivre cette expérience à fond et m’intégrer.

Là-bas, j’étais assistant secrétaire et travaillais alors pour la communication et le renforcement associatif du CDJ Togo (recherche de partenaires, de financement, de volontaires…) C’est une association où les personnes sont très ouvertes sur tes envies d’agir ! Par exemple, il y a un orphelinat à Lomé et spontanément je me suis rapproché d’eux. Ainsi, j’allais deux fois par semaine faire du soutien scolaire en allant chercher les enfants à l’école, les ramener chez eux, les emmener au sport. J’ai également vécu au rythme d’un camp chantier avec notre équipe de volontaires, qui visait à aider à la mise en oeuvre de projets pour l’amélioration des conditions de travail des agriculteurs, en leur donnant des graines et des conseils par exemple. Pour Noël, nous avons pu être en partenariat avec une école de Rennes pour offrir des jouets aux enfants de Lomé. Un autre partenariat a été créé avec une pharmacie de Pordic (22) pour sensibiliser la population à la carie dentaire, une infection répandue qui s’aggrave vite dans le pays, car l’hygiène dentaire n’est ni facile d’accès, ni remboursée. Nous avons donc pu distribuer des brosses à dents et du dentifrice à la population. Pour une association locale togolaise, cela apporte de la crédibilité auprès des structures étrangères, et notamment européennes, d’avoir des volontaires expatriés dans le cadre de partenariats potentiels. On peut voir que le travail que font les associations est souvent celui que sont sensées faire des instances politiques. Celles-ci ne sont pas forcément fragiles mais surtout indifférentes à la misère de leur peuple, car le Togo est gouverné par la même famille depuis plus de 40 ans. »

Entre les cours de géo-politique et l’immersion dans une autre culture, la prise de conscience des inégalités Nord-Sud prend une dimension réelle toute autre sur le terrain. Un voyage nécessite donc une préparation et un accompagnement avec des associations prévues à cet effet, car « 6 mois au Togo, c’est totalement dépaysant, ça crée un choc culturel assez important. Je me suis habitué à vivre autrement, et ce que j’ai pu retenir de cette expérience est ma capacité à relativiser les problèmes qu’on peut rencontrer en France, assuré d’avoir un toit. Et je retiens surtout la spontanéité et la chaleur humaine des Togolais ! »
 


Les Togolais(es) en action pour le projet de reboisement à Nigmana © CDJ TOGO

Quand « Voyage » rime avec Engagement associatif et Vision d’avenir

Ainsi, Emmanuel ne s’est pas arrêté à ces 6 mois d’expérience. Lorsqu’on lui propose de reprendre l’antenne française du Comptoir des Jeunes Togo qui est presque inactive, il fait revivre l’association avec Tommy Halleybone, trésorier de l’association. « Après réflexion, je voulais continuer à aider le Togo depuis la France et j’ai remarqué que mon travail était encore plus efficace depuis la France. Mais attention, il ne s’agit pas de mettre les pieds dans les affaires des autres en imposant quelque chose de « meilleur.» Aider, cela se fait selon les besoins et demandes de la population. Autrefois, les associations françaises étaient très directives quant aux actions à mener, mais l’idée ici c’est que les Africains savent d’eux-mêmes ce qui est bon pour eux, et qu’ils prennent donc des décisions en autonomie. Pour nous, la solidarité internationale c’est être une association partenaire du pays en question et à l’écoute des Togolais(es) pour les aider à réaliser leurs projets. »

Le CDJ France apporte donc un appui humain, matériel et financier au CDJ Togo en agissant sur plusieurs volets : le soutien des projets menés localement par l’ONG à Lomé dans les domaines de l’éducation (soutien scolaire, construction de salle de classe, sensibilisation/animation…), le social (réinsertion des enf
ants des rues), l’environnement (projet d’assainissement des quartiers, reboisement, banque de semence…).
« On accompagne également les futurs volontaires en France dans leurs démarches, avec la possibilité d’effectuer des stages et des conventions prévues à cet effet. » précise Emmanuel. « Avec le recul, je dirais que les gens vivent au jour le jour. En France on essaie toujours de prévoir l’avenir, mais là-bas ce n’est pas possible. Ça se traduit aussi par la spontanéité des gens qui peuvent nous offrir des choses et nous accueillir même s’ils ne pourront peut-être pas manger le lendemain ; pour eux l’important est le moment présent qu’ils vont vivre. Cette proximité entre les gens est remarquable et vraiment chaleureuse ! »

En ce qui concerne l’engagement, l’ancien volontaire agissant aujourd’hui aux côtés des Togolais(es) rapporte que l’essentiel est d’identifier ce qu’on aime faire avant toute chose. Agir dans ce sens permet de s’ouvrir l’esprit et de ne plus être seulement un étudiant en se sentant plus utile. C’est une expérience qui lui a même permis de dessiner son avenir, en s’orientant vers un Master spécialisé dans l’Économie sociale et solidaire, mais également avec une année consacrée à une spécialisation dans le domaine du développement durable.

 

En savoir plus :

Soutenir un programme à destination des enfants des rues
ONG CDJ TOGO
https://www.facebook.com/cdj.togo
https://www.facebook.com/CDJFranceTogo
 




Monnaie locale: pourquoi avons-nous tout à y gagner?

 

« Contre combien de menhirs m’échanges-tu ton rosier? » ai-je demandé. « 30 menhirs« , m’a-t-on répondu. « D’accord, je le prends! » C’est ainsi que s’est déroulé le rendez-vous interseliste de Concarneau, dimanche 19 mai à l’abri du marin, un local associatif situé face à la ville close. En tant que nouvelle adhérente, on m’offre 100 menhirs que je peux échanger contre des plants, des livres, des vêtements, des pots de confiture que d’autres ont apporté…Ou encore des services rendus: « qui peut m’aider à tailler mes massifs, la semaine prochaine? » Les bras se lèvent, les volontaires se proposent. L’ambiance va bon train ce dimanche, pour ces « échangeurs de menhirs » de Concarneau et d’ailleurs : « Je viens de Douarnenez, m’explique Jeannine. C’est en 2008 que j’ai pris connaissance des principes de cette monnaie locale, basée sur les services rendus, la solidarité, les échanges non-marchands. Je suis désormais adhérente à l’association, je donne et reçois des services. Et participe à des journées comme celle-ci ». Elle poursuit: « entre Douarnenez, Landerneau et Concarneau où je me déplace pour les réunions de selistes, j’ai rencontré énormément de monde. Et de tous milieux. En plus de la qualité de l’échange, je connais désormais des personnes que je n’aurai jamais rencontré dans la vie de tous les jours« . 

 

Transmettre, c’est valoriser

 

De son côté, Avel, issue du milieu associatif et militant estime: « c’est justement ce monde là qui devrait être notre quotidien: échanger des services contre des savoirs ou des plantes contre des livres… » Et ainsi miser sur la solidarité et la coopération. En fin d’après-midi, Christelle est volontaire pour nous expliquer comment cuisiner des algues. A la réunion précédente, Jean-Yves avait donné des cours de danse: salsa, tango, samba… Pour Avel, ces échanges vont bien au-delà de l’absence d’argent: « transmettre des connaissances, c’est aussi prendre confiance en soi, c’est valorisant. Et cela fait circuler de bonnes pratiques« . C’est évident, me direz-vous. Et si ça ne l’était pas tant que cela? Pourquoi ne pas troquer une recette de grand-mère contre l’appentissage de quelques pas de danse? Nous avons tout à y gagner. A nous de montrer l’exemple!

Plus d’infos:

http://www.selidaire.org/spip/

http://www.infolocale.fr/concarneau_29039_le-sel-de-concarneau-ou-les-echangeurs-de-menhirs–reseau-d-echanges_155791/contact

 




Un magazine féminin poussé vers le haut

Saviez-vous que les goélands posaient de réels problèmes au centre pénitentiaire pour femme de Rennes ? « La psychose s’est installée à l’été 2012. Des attaques se concentrent sur les uniformes bleus de la prison, au point de paralyser les déplacements à l’intérieur de la détention. Les auteurs de ces forfaits ? De charmants oiseaux au bec capable de casser des pierres. » L’article est signé Lady J, qui participe, comme une quinzaine d’autres détenues, à l’élaboration de Citad’elles, « le féminin sans barreaux ». « On ne voulait pas faire un « guide de la vie en prison » comme cela se fait souvent », rapporte Alain Faure, coordinateur de projets aux Etablissements Bollec – une association issue d’un collectif d’illustrateurs. Après avoir réalisé divers fanzines au sein de la prison pour hommes, le but était de « faire quelque chose de plus professionnel : on cite nos sources, on vérifie nos informations, on fait des recherches… Et on s’impose aussi une contrainte de temps ». Pari réussi : le rythme trimestriel a été tenu pour la parution des trois premiers numéros, et les articles et illustrations – entièrement réalisés par les détenues qui sont encadrées par les professionnels de l’association et de la Ligue de l’Education – offrent 40 pages de qualité.

Lady J, par exemple, est allée à la rencontre d’une codétenue pour en retirer cette anecdote illustrant son article : pour se venger des goélands qui lui avaient, la veille, volé son repas, celle-ci leur a tendu un piège en posant sur sa fenêtre de belles tartines de mayonnaise qu’elle avait fortement chargée en… piment, « pour les dégoûter à jamais ! » S’en suit un entretien avec un membre de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) qui donne un éclairage sur le comportement des goélands.

 

Permissions et blues du retour

Les articles de ce magazine féminin, entièrement réalisé au centre pénitentiaire pour femmes de Rennes, sont souvent à l’image de celui de Lady J : il est souvent question de prison, mais avec un regard peu commun, qui n’hésite pas à prendre une certaine distance avec l’univers carcéral. Regroupées au sein d’un comité de rédaction, ce sont les détenues elles-mêmes qui déterminent les sujets. « Elles abordent les thèmes qui leur tiennent à cœur, témoigne Alain Faure. On s’aperçoit que les sujets sont de plus en plus exigeants. A leur initiative, on va bientôt traiter de choses plus graves, comme les violences faites aux femmes. Cela montre qu’elles se sont totalement approprié le projet. » Le journal est diffusé gratuitement au sein de l’établissement de Rennes ainsi que dans les médiathèques des prisons pour femmes du grand Ouest*. Les lectrices peuvent y trouver des conseils de maquillage, des articles sur l’importance de prendre soin de soi en prison, des recettes de cuisine, des jeux etc. Mais aussi des débats et des enquêtes sur les permissions et le blues qui peut apparaître lors du retour en détention, sur la sexualité en prison, sur le fait d’être une mère en détention, sur les bénéfices du yoga…

La mise en page, particulièrement soignée, est là pour valoriser leur travail. Les membres de l’association Bollec qui travaillent avec elles ont ainsi pu constater qu’elles se montraient « de plus en plus à l’aise avec l’écriture et dans la prise de parole devant un groupe ». Le secret ? « On leur donne la possibilité de s’exprimer », explique Alain Faure. Le quatrième numéro, déjà bien avancé, devrait encore sortir à la date prévue. Du vrai travail de pros…

 

 

Au sommaire du dernier numéro de l’Age de Faire

RENCONTRE AVEC ZUMRA NURU
Cet Ethiopien a créé, sur des règles simples de partage et de respect, la communauté Awra Amba, souvent citée comme le Marinaleda africain.

 

LA PAROLE AUX PLANTES
Avec verve et ironie, le botaniste Francis Hallé dément la prétendue supériorité du règne animal sur le végétal. Passionant et décoiffant !

 

Dossier : PRISONS : UN AUTRE REGARD
Venues de l’intérieur et de l’extérieur, des idées pour rompre l’isolement des prisonniers et ouvrir des fenêtres vers une justice plus humaine.

 

LE PIANISTE ET LES VAGABONDS
A Nanterre, au Centre d’accueil et de soins hospitaliers, rencontre entre un musicien de jazz japonais et un public marqué par la précarité.

 

REPORTAGE : Des détenus en fin de peine réapprennent la liberté

La Ferme de Moyembrie, dans l’Aisne, accueille des détenus en fin de peine et les accompagne sur le chemin de la reconstruction, en leur offrant un « vrai » travail et une écoute dans un cadre familial.

• Climat : ça chauffe encore / Le maïs OGM définitivement interdit ?

• Nous avons tous besoin du Smic / La fin des cabines téléphoniques

• Eleveuses de cochon d’Inde au Pérou/ Des Indiens contre le plastique

• Antilles : les assos torpillent l’épandage aérien

• Lire, écouter, voir / Un festival pour les femmes / Spécial prison

• Précurseurs de la décroissance : Epicure ou l’économie du bonheur

• A Athènes, on cultive l’ancien aéroport / Le vélo en docucomédie

• Jean Bouteille, la petite entreprise du liquide en vrac

• Le Mans a plus d’une fête dans son parc

• Fiche pratique : en forme grâce aux huiles végétales

• Fiche pratique : fabriquer des pommades naturelles

• Histoires d’école : actions de terrain à Villefranche-de-Rouergue

• Forum des lecteurs / Agenda / Annonces




Foires bio et alternatives : comment séduisent-elles de nouveaux publics ?

Plusieurs milliers de personnes se rendent à la foire bio de Riec-sur-Belon tous les deux ans. Non seulement ce nombre est constant, mais les manifestations de ce genre sont de plus en plus nombreuses en Bretagne. Pour attirer le public, et pas uniquement les personnes déjà convaincues par des solutions alternatives, « on utilise des appâts« , ironise Jean-Pierre Andrieux. « On crée un environnement convivial, le plus ouvert possible. Cela passe par des animations, notamment auprès des enfants ». Notons également que dans les foires bio, les trois aspects de nos vies quotidiennes sont représentés : se nourrir, se loger et se vêtir. 

Autre volet, l’engagement et la solidarité:  « les associations de lutte contre les inégalités, et les projets inutiles ont également leurs stands. Cela permet de dynamiser leurs actions et d’avoir une tribune auprès du grand public » souligne l’organisateur. 

 

Susciter le débat et la réflexion

 

Autre point important pour rassembler?  Les conférences. Elles permettent la réflexion et le débat. « Nous invitons des personnalités reconnues compétentes dans un domaine particulier. Jean-Marie Pelt, Gilles-Eric Séralini, José Bové ou encore Lilian Le Goff, Marc Dufumier ou Marie-Monique Robin sont déjà venus animer des conférences« , note Jean-Pierre Andrieux. « Les semences », voilà le thème retenu cette année. Ce sujet ne concerne pas uniquement les agriculteurs, mais l’ensemble des citoyens ». Une thématique populaire donc, pour un événement qui vise à réunir le plus grand nombre. Et qui encourage la consommation raisonnée!

 

 




A Brest, un café associatif fait revivre tout un quartier

Quand on remonte les pavés de la rue de Saint-Malo, la plus ancienne de Brest, on trouve à une intersection un café sobrement nommé « Au coin d’la rue ». A l’intérieur, un groupe de jeunes d’un quartier voisin apprend à tricoter sur de confortables canapés. Quelques tables plus loin, des femmes s’initient à l’origami tout en riant à gorge déployée tandis que, derrière le comptoir, l’inépuisable Mireille prépare des boissons chaudes, bios et issues du commerce équitable.

Un peu plus tard, Gégé, la soixantaine bien tassée, pousse la porte et va de table en table pour saluer les clients. Il s’arrête ici et là pour discuter ou observer une famille jouant aux jeux de société. Dans ce petit microcosme, il semble tout à fait naturel de parler à des inconnus. « On passe voir les gens, rencontrer de nouvelles personnes et se vider l’esprit », résume un habitué.

Mais derrière le calme serein de ce salon de thé associatif se cache une histoire haute en couleur. En  2010, Mireille, une figure du quartier,  cherche un lieu pour organiser des projections de films. Elle repère ce bâtiment inoccupé appartenant à la mairie. « Quand j’ai été leur demander la clé, ils ne savaient même pas qu’ils l’avaient ! Alors on l’a récupérée, et on ne l’a jamais rendue », raconte-t-elle, le sourire jusqu’aux oreilles.

Un café participatif

Avec quelques acolytes, Mireille commence par remettre en état ce bâtiment, alors « totalement détérioré ». L’idée est d’en faire « un lieu où l’on se sent bien, bâti à partir des désirs de chacun ». Et dans ce quartier populaire, les envies sont parfois très pragmatiques. « Au début, les gens avaient besoin d’une connexion à internet. On a donc mis des ordinateurs à disposition. Et les personnes qui se faisaient couper le téléphone venaient ici pour passer des coups de fil et rétablir leur ligne. »

Reconnaissant l’utilité sociale du lieu, la mairie a laissé coulé et a même mis à disposition de nouvelles machines et un animateur pour guider les moins à l’aise avec les nouvelles technologies.« Puis naturellement, c’est devenu un café, on y a installé une bibliothèque, une épicerie, des ateliers, des concerts… On voit ce qui manque et on le met en place », résume Mireille.

Et la programmation n’est pas la chasse gardée de la petite équipe du Coin de la rue composée d’un service civique et de volontaires, dont l’infatigable Mireille. « Les voisins proposent un truc le jeudi et le samedi s’organise une soirée Guadeloupe avec des odeurs de friture partout dans la cuisine et du rhum. Ils avaient complètement investi le lieu. Ici, les gens du quartier se retrouvent. L’endroit est à tout le monde. Quand ils ont besoin de quelque chose, ils demandent et ils le trouvent souvent ici ».

 

Chacun peut organiser les ateliers de son choix au Coin d’la rue. Ici, trois habituées s’initient à l’origami.

Un lieu de rendez-vous

Même si les prix sont abordables, personne n’est obligé de consommer et le « Coin d’la rue » est vite devenu un lieu de réunion pour ceux qui n’en avaient pas, et notamment les enfants. « On vient pour les ordinateurs et pour la bonne ambiance. Ça nous fait une sortie, un un endroit pour se retrouver. On vient 3 ou 4 fois par semaine depuis que c’est ouvert », racontent David et Ismae, deux garçons d’une dizaine d’années. « Ça permet aux gamins du quartier qui n’ont pas d’activité culturelle à proximité d’aller sur internet, de se retrouver ou de lire des bouquins », confirme Isabelle, une prof d’histoire très attachée au projet.

Mais bien qu’il soit toléré par l’équipe municipale, le statut du café reste flou. « C’est plus ou moins un squat. Nous n’avons pas de bail mais on s’entend bien. La mairie a bien compris que c’était dans l’intérêt de tous et a financé la mise aux normes des locaux. Ils nous font confiance et voient que ce qu’on fait marche. On organise beaucoup de fêtes sans jamais demander l’autorisation et ça se passe toujours très bien », argue-t-elle.

Ni bordel, ni bistrot

Et cette énergie nouvelle a fait un bien fou a un quartier qui agonisait.« Avant il y avait des marins, des bistros, des bordels, La marine a périclité, le quartier est resté populaire mais les bistros ont disparu », résume Mireille. Mais son arrivée a changé la donne. C’est par hasard qu’elle tombe sur cette rue et découvre que c’est la plus vieille de Brest, une des rares à avoir survécu aux bombardements qu’a essuyés la ville pendant la seconde guerre mondiale.

« A l’époque c’était un énorme dépotoir, mais je suis quand même tombée amoureuse. On l’a progressivement nettoyée, on a enlevé des tonnes de déchets. Je me suis installée en squat il y a 24 ans dans une des maisons abandonnées et je suis toujours là aujourd’hui », raconte Mireille qui a créé une association pour mettre en valeur le patrimoine bâti et historique tombé dans l’oubli de cette rue plus que centenaire.

Aux beaux jours, cette estrade construite par les habitants accueille spectacles et concerts.

Une certaine fierté retrouvée

« C’est devenu un lieu de balade connu de tous les Brestois. J’y emmène mes élèves en sortie patrimoine car à Brest, il n’y a plus rien à part cette rue », abonde Isabelle, la professeur d’histoire membre de l’association. Et les gens n’y viennent pas que pour les vieilles pierres. Sur les estrades et les bars construits lors de chantiers collectifs, se déroulent des fêtes qui réunissent plusieurs générations. « C’est la meilleure ambiance de Brest. C’est familial, les gens sont contents de s’y voir », affirme un voisin qui ne loupe pas une édition.

En un quart de siècle, Mireille et ses compères ont transformé la rue  et ceux qui y vivent aussi. « Le quartier avait la réputation d’être pauvre et violent. Maintenant, les habitants voient que leur rue est connue et qu’ils n’habitent plus le quartier où personne ne va. Ça leur redonne une certaine fierté ».

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Plus d’infos

www.tourdefrancedesalternatives.fr/

 

 




Notre-Dame-des-Landes: la mobilisation ne faiblit pas

Les opposants au projet d’aéroport à Notre-Dame-Des-Landes (29) ont répondu présents à la manifestation organisée samedi 22 février à Nantes. Alors que les chiffres oscillent entre 20 000 et 50 000 selon les sources, la mobilisation était nationale. 522 tracteurs ont été stationnés dans les rues nantaises et 63 bus affichés complets sont arrivés de toute la France. Dans le cortège, on pouvait voir défiler paysans, associations de défense de l’environnement, partis politiques, et des milliers d’autres militants, musiciens, clowns et citoyens venus exprimer pacifiquement leur refus du projet d’aéroport. « Nous avons fait le déplacement aujourd’hui à Nantes, car il est de notre devoir de citoyen de dire non à un projet destructeur pour l’environnement et inutile » explique Grégoire, chargé de mission au sein de l’association SOS Loire Vivante.

« Il y a d’autres priorités, il faut penser aux générations futures et cesser de gaspiller les énergies » explique une cinquantenaire. « Les aéroports existants n’ont pas atteint leurs pleines capacités, optimisons ce qui existe, pour le moment, il n’y a pas urgence ! En période de crise, tout cet argent peut servir à autre chose » estime à son tour, une autre militante cinquantenaire venue de Sarzeau, dans le Morbihan. «Beaucoup déplorent une manifestation violente, c’est oublier qu’une soixantaine de bus sont venus de toute la France. Des personnes de toutes les générations se sont levées tôt et ont voyagé ensemble, dans une ambiance festive, familiale et solidaire. Dans le bus ou dans la foule, en manifestant avec nos drapeaux et nos tee-shirts de toutes les couleurs, nous avons le sentiment de parler d’une seule et même voix, sans violence ni haine. Nous sommes simplement dans le refus de l’absurde. C’est ce que je retiens de cette manifestation», souligne quant à elle une jeune femme.

Malgré une minorité en colère, l’ambiance est pacifiste

 

Yohann, la trentaine, citoyen breton engagé note à son tour : « Le projet d’aéroport est une absurdité écologique et économique. Je suis fils d’agriculteurs, je connais l’importance de la terre. On gagnerait plus en terme d’emplois à conserver et multiplier les petites exploitations, à maintenir la Zad en terre agricole, qu’à construire cet aéroport ». Concernant la manifestation, il souligne :«C’est très bien qu’il y ait autant de monde, notamment venus du Sud de la France. Il y avait aussi d’autres manifestations de soutien organisées ailleurs en France au même moment, comme par exemple à Lyon. Malgré une minorité en colère, l’ambiance est pacifique ». En effet, la manifestation s’est terminée par des heurts entre certains militants et les forces de l’ordre. Une quinzaine de citoyens et 4 policiers ont ainsi été blessés. Néanmoins, la majorité des opposants au projet d’aéroport présents samedi ont défilé pacifiquement dans les rues de Nantes. Reste à savoir si cette manifestation qui a mobilisé des milliers de citoyens sera entendue par les politiques. Affaire à suivre.

Voici un sondage Sondage IFOP pour Agir pour l’environnement :

Moins d’un quart des français soutient le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes Paris, le 22 février 2014 :
 
Alors que plusieurs milliers d’opposant-e-s s’apprêtent à manifester samedi22 février à Nantes, Agir pour l’Environnement, l’Acipa et Attac rendent public un sondage exclusif IFOP concernant la construction de l’aéroport de Notre-Dame des Landes. A la question : » D’après ce que vous en savez et en considérant à la fois les incidences économiques, écologiques et climatiques d’un tel projet, estimez-vous que la construction du nouvel aéroport Notre-Dame-des-Landes doit être maintenue ou non ? »,  seuls 24% des sondés estiment que la construction de l’aéroport de Notre-Dame des Landes doit être maintenue. Une majorité de 56% s’y oppose et 20% ne se prononcent pas. Pour Stéphen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’Environnement, »A l’inutilité intrinsèque d’un tel projet s’ajoute donc une véritable impopularité. Il est grand temps que le gouvernement et les élus locaux ouvrent les yeux et renoncent à ce projet d’aéroport« . Pour Geneviève Azan, porte-parole d’Attac, « l’entêtement ne saurait être une justification crédible pour imposer un projet inutile et coûteux. Alors que la France accueillera la prochaine conférence onusienne sur le climat, la volonté du gouvernement d’imposer un nouvel aéroport sur une vaste zone humide relève la schizophrénie d’un pouvoir qui peine à mettre en cohérence le dire et le faire, les discours et les actes« . Pour Julien Durand, porte-parole de l’ACIPA, « le gouvernement doit entendre l’opposition qui s’exprime depuis plusieurs années à l’encontre de ce projet et l’abandonner définitivement. Le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes est un GPIII, un Grand Projet Inutile, Imposé et Impopulaire, gaspilleur de terres agricoles et d’argent public ! »
Cette étude a été effectuée selon la méthode des quotas auprès de 1011 personnes représentativesde la population française âgée de 18 ans et plus du 12 au 14 février 2014.