Liberté d’expression ? Ils avaient protesté nus contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la justice les poursuit

Soutenus par une centaine de militants bravant le froid matinal, Erwan et Elise, les « Camille à poil », comparaissaient mercredi 7 janvier devant la cour d’appel de Rennes. En mars 2013, le tribunal de Saint Nazaire les avait condamnés à quinze jours de prison avec sursis pour s’être dénudés devant les gendarmes en novembre 2012, lors de la vaine tentative d’évacuation de la Zad de Notre-Dame-des-Landes.

« Problème de liberté d’expression »

L’avocat des prévenus a axé sa plaidoirie sur la définition, imprécise selon lui, de l’outrage par l’article 433.5 du code pénal, et le fait que cet article n’a jamais été soumis au contrôle du conseil constitutionnel. « Un outrage qui est mal défini vient sanctionner un délit d’opinion », a plaidé l’avocat. « Les éléments constitutifs de l’outrage par geste sont flous, la définition légale du délit n’est pas claire. De plus, l’outrage est-il dans le geste ou dans le ressenti de la personne qui se sent outragée ? »

Selon la jurisprudence, le lancer d’œufs, le renvoi de bombes lacrymogènes ou les crachats ont été qualifiés d’outrage. Pas la nudité, a ajouté l’avocat qui met en avant la portée symbolique du geste, évoquant au passage le célèbre tableau de Delacroix, dans lequel la Liberté guidant le peuple avance dépoitraillée.

« Il s’agit d’une condamnation pour l’exemple, et il y a un problème de liberté d’expression par rapport à un acte symbolique », a-t-il martelé. Pour lui, il y a là matière à une QPC, question prioritaire de constitutionnalité, procédure juridique de contrôle de constitutionnalité sur une loi promulguée.

Procès politique

Ces arguments ont été jugés « de faible portée » par l’avocat général, pour qui l’article en question est « conforme à la constitution », et ne donne pas lieu à une QPC. Au terme du délibéré, le président de la cour a donné raison au parquet, refusant de soumettre la question à la cour de cassation « faute de caractère sérieux ».

Interrogés à la barre, Erwan et Elise ont réfuté le caractère outrageant de leur geste, renvoyant la cour aux vidéos dans lesquelles on les voit déambuler tranquillement, « sans provocation, sans intention d’outrager ni attitude irrespectueuse ».

Elise a réaffirmé le fait que, si elle « ne se sent pas capable de porter des banderoles, ou de lancer des projectiles », la nudité est pour elle un moyen d’expression poétique qui lui permet de représenter la fragilité de la nature. Erwan, en larmes, a également asséné à la cour : « J’ai énormément de mal à comprendre que nous soyons traités comme des criminels pour avoir simplement enlevé nos vêtements, alors que d’autres n’auront pas à répondre d’actes bien plus graves », évoquant les mutilations par flashball et la mort de Rémi Fraisse.

L’avocat général a demandé la confirmation de la peine prononcée par le tribunal de Saint-Nazaire, et l’avocat des prévenus a requis la relaxe.

A la sortie du tribunal, Elise s’est dite « agréablement surprise par le fait d’avoir été écoutée, contrairement à la première audience, mais un peu déçue que la question de constitutionnalité n’ait pas été retenue ». Erwan, lui, ne se sent « pas naïf sur le caractère très politique de cette affaire », et regrette « que l’on n’ait pas saisi l’occasion de ce procès pour reparler de la criminalisation des militants ».

Un procès politique de plus dans le dossier de Notre-Dame-des-Landes ? Rendez-vous le 18 février, date du rendu de la décision de la cour d’appel de Rennes.

Lien vers l’article original : http://www.reporterre.net/Liberte-d-expression-Ils-avaient

 




Il s’est passé quelque chose…

Tout d’un coup, ils ont délaissé leurs maisons, leur confort, leurs écrans, leurs histoires personnelles. Là, dans la rue, ils ont regardé droit dans les yeux, l’image pourtant terrifiante de ces trois assassins qui tuent aussi facilement que dans les jeux vidéo. Ils ont dit à tous leurs commanditaires que plus personne ne leur imposera ce que leurs parents ont gagné pour eux. Les temps de la soumission à un ordre arbitraire et violent sont abolis. En battant le pavé, ils ont dit par leurs pieds qu’ils étaient la liberté d’expression, c’est à dire la liberté originelle, parce que c’est par elle que commencent toutes les autres. Ils ont dit que leur société était laïque, donc qu’elle faisait vivre ensemble toutes les religions et toutes les croyances. Ils ont dit que c’est ni le sexe, ni l’âge, ni la
couleur de la peau, ni la confession qui font le citoyen. Etre citoyen, c’est porter la République tout entière, avec cette volonté de vivre ensemble en s’enrichissant de la singularité de l’autre.

Elles et ils n’étaient pas seuls. A côté d’elles et eux, leurs voisins les plus proches les ont accompagnés pour porter le même message, les mêmes valeurs, la même détermination. Des citoyens africains, américains, asiatiques, à Paris et aux quatre coins de la planète, ont voulu aussi participer à cet événement. Jamais manifestation ne fut si européenne. Et de cette Europe enfin dépouillée de ses oripeaux de père Fouettard de l’austérité, s’est répandue aux quatre coins de la Terre cette leçon d’humanisme, tant dévoyé jusqu’à présent. Et, étaient là pour l’entendre en ce jour de janvier 2014, chefs d’Etat et de gouvernement de plusieurs dizaines de pays. Ne soyons pas dupes. Demain, combien d’entre eux sauront en tirer profit au bénéfice de leurs concitoyennes et concitoyens ? Qu’ils se méfient toutefois. Car, si dans l’histoire, les peuples n’ont pas toujours été sages, en ce 11 janvier 2014, ils ont su pourtant leur donner une grande leçon de sagesse qu’ils auront à coeur de leur rappeler, s’il le faut.




Bernard Jouan : «  La Bretagne devrait s’inspirer de ce qu’elle sait des Suds pour se remettre en question »

Cela fait un demi-siècle que Bernard Jouan, agronome breton, s’investit dans la solidarité internationale. L’aventure a débuté en 1965 lorsque Bernard, incité par sa femme Marie-Pascale, a monté un dossier de coopérant au lieu de s’engager dans l’armée. C’est au Niger que Bernard a été envoyé et c’était là ses premiers pas sur la terre africaine. Durant deux ans, il a participé à une mission d’agro-développement local, avec le CIRAD (Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le développement), au cours duquel il a, en plus de son activité de recherche-développement, réalisé un inventaire des maladies qui affectent le mil et le sorgho.

 

Des compétences professionnelles au service de la coopération internationale

 

De retour en France, Bernard s’installe à Pacé, commune située au nord de Rennes, avec sa famille et reprend son travail à l’INRA. Arrivé dans l’institut en tant qu’agent contractuel scientifique, il a, avec son équipe, accueilli dans son laboratoire des étudiants et doctorants des quatre coins du monde tout au long de sa carrière qu’il termine en tant que directeur de recherches de 1ère classe. « Je me suis porté tuteur de thèse pour de nombreux étudiants étrangers, surtout africains. », rapporte Bernard. La pathologie végétale, il en a fait sa spécialité : d’abord sur la Betterave, puis sur la Pomme de terre. Ce tubercule, originaire d’Amérique du Sud et cultivé en Europe depuis le début du XVIIème siècle, est très peu gourmand en eau (50 litres pour un kilogramme produit) et possède d’excellentes qualités nutritives (notamment riche en amidon). L’agronome y a vu alors un formidable potentiel dans la lutte contre la faim par l’auto-suffisance alimentaire : « La Pomme de terre avait déjà fait ses preuves en sauvant la France de la famine vers la fin du XVIIIème siècle. », rappelle-t-il. Bernard s’investit alors dans de nombreuses associations de solidarité internationale, notamment sur des actions au Sahel et propose aux étudiants, agronomes et paysans de travailler au développement de la filière Pomme de terre. Les connaissances croissantes qu’il a tiré de ses travaux à l’INRA lui ont permis d’améliorer continuellement l’implantation et la production du tubercule. En 1984, il entre dans le conseil d’administration de l’AERP (Association Européenne pour la Recherche sur la Pomme de terre) qu’il présidera de 1990 à 1993.

 

De l’engagement associatif local à la solidarité internationale

 

Dès son arrivée à Pacé, Bernard s’est investi dans la vie associative de la commune et a participé avec d’autres bénévoles à la vie de la MJC (Maison des Jeunes et de la Culture), où il animait un club nature. En dehors de la commune, il a rejoint plusieurs associations de solidarité internationale et s’est engagé tout particulièrement dans la création de la délégation Bretagne d’Agro Sans Frontière (ASF). « C’est arrivé un peu par hasard, explique Bernard, j’assistais à une réunion d’agronomie lorsqu’un ancien collègue m’a proposé de créer une délégation bretonne pour l’association ASF ». Entre 1983 et 1984, une période de forte sécheresse frappe le Mali et les conséquences sur la production agricole engendrent une grave famine. L’agronome s’implique alors dans l’intervention au Mali que conduit le département de l’Ille-et-Vilaine et dont donnera suite l’AIVM (Association de jumelage Intercommunal entre l’Ille-et-Vilaine et la région malienne de Mopti). Cinq ans plus tard, il fait partie de la municipalité, qui à l’initiative du maire de l’époque (F. Vénien) décide du jumelage de Pacé avec Konna (grande commune rurale de la région de Mopti). Bernard a présidé la CASI-Bretagne (Coordination des Associations de Solidarité Internationale en Bretagne) de 2010 à 2013 et est aujourd’hui membre d’une vingtaine d’associations bretonnes de solidarité internationale.

 
« On parle de solidarité internationale mais nous devrions plutôt parler d’échange international »

 

Pour Bernard, la solidarité internationale ne se traduit pas par un apport unilatéral : « On apporte des savoir-faire qui soutiennent le développement humain. La situation là-bas serait-elle pire si on y allait pas ? Pas sûr… Mais on s’enrichit beaucoup de ce qu’on apprend là-bas. Les populations du Nord s’enrichissent en expériences professionnelles et humaines. Un voyage touristique n’apporterait pas cela. C’est grâce à cela aussi qu’on réfléchit sur notre façon de vivre, qu’on remet en question notre agriculture. Cet engagement nous permet donc de voir les problèmes du monde dans une autre dimension. Certains partis politiques nous accusent d’utiliser l’argent public des Français pour rien. Mais ils ne prennent pas la question dans le bon sens. On ne devrait pas parler de solidarité internationale mais d’échange international. » Si l’expérience en solidarité internationale permet à ses acteurs d’intégrer cet aspect, il n’est pas pour autant compris de tous : « Il y a un décalage entre le monde citoyen et politique. Les élus n’affichent que rarement la solidarité internationale dans leurs priorités. Pour eux, la solidarité doit toujours être locale. Aussi, les citoyens ne sont pas vraiment demandeurs malheureusement. Et puis d’une façon générale, pour le politique, la question du développement humain n’est jamais la préoccupation, ici comme là-bas. Beaucoup de décideurs du sud sont formés à la politique occidentale. Les questions d’autonomie et d’agriculture locale sont abandonnées. C’est aussi ce vers quoi tend le libre-échange international. », observe Bernard.

 

Selon vous, que serait une Bretagne durable?

« On ne peut pas dire que tout ce qui a été fait en matière de développement en Bretagne soit mauvais. Après la seconde guerre mondiale, les gens avaient peu de moyens et s’il n’y avait pas eu de développement la situation n’aurait pas évolué. En Bretagne, le développement humain a été mis en avant par divers organismes. Mais le développement a été très rapide et le contrôle de l’évolution nous a échappé. Je pense, par exemple, aux pesticides et à la destruction du bocage. Il faut dire aussi que la pression des commerciaux sur les agriculteurs a été énorme. C’est pourquoi nous devons insister pour que les acteurs du développement choisissent leur développement en connaissance de cause. Donc, pour construire une Bretagne durable, il nous faut d’abord reconnaître ce qui a été fait de bon et ce qui a été fait de mauvais. Il s’agira ensuite de trouver des organisations qui reprennent ce qui a été fait de bon pour le mettre en avant. Je pense que pour opérer ces changements, la Bretagne devrait s’inspirer de ce qu’elle connaît des Suds pour se remettre en question, individuellement et collectivement. »




Cette semaine, la solidarité internationale à l’honneur


CASI2014 Silvia LAZARTE Bolivie par ecobretons

 

 

 

 

Au programme de la semaine de la solidarité internationale en Bretagne….

Cette année encore, de nombreux événements sont organisés dans les quatre départements bretons ainsi qu’en Loire-Atantique. Rencontres, débats, ateliers, témoignages…mais aussi expositions ou ciné-débat sont programmés. Tout le programme est disponible sur le site http://www.lasemaine.org . N’hésitez pas également à consulter notre agenda !

 

 

 

Plus d’infos

http://www.casi-bretagne.org/




Vieilles Charrues, Rock en Seine, Eurockéennes : Quand les festivals agissent pour l’accessibilité des personnes en situation d’handicap

Jean-Marc Pautras (Président du festival des Eurockéennes), François Missonnier (Directeur et Fondateur du festival Rock en Seine) et Jérôme Tréhorel (Directeur général des Vieilles Charrues) ont collaborés autour d’une charte mise en place pour favoriser l’accès des festivals aux personnes en situation d’handicap © Marion Moureau

 

 

 

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Ls Vieilles Charrues, un festival eco-citoyen

 




Les Vieilles Charrues n’oublient pas les otages

Pour écouter l’interview, cliquez sur le carré rouge avec la flèche blanche, situé en haut , à côté du titre de l’article !

 

Plus d’info

-du-monde.com/base/-Actualites-sur-les-otages-au-.html

http://www.vieillescharrues.asso.fr/2014/

 

A retrouver aussi jusque lundi, nos autre articles consacrés au festival, avec notamment une interview de Jérôme Tréhorel, directeur du festival, et Quentin Sibéril, chargé de mission développement durable.