Kub’Tivez vous ! Rencontre avec des zozos zinzins d’oiseaux
Dans le cadre de notre partenariat avec KuB, le web média breton de la culture, nous vous proposons une nouvelle sélection à découvrir gratuitement sur leur site internet. Au programme : des oiseaux !
Cocheurs, de Baptiste Magontier (2021-52′)
Tous les ans en Octobre, il arrivent à Ouessant, chaussés de leurs bottes, munis de sac à dos, jumelles, longue-vue…Eux, ce sont les « cocheurs ». Des fous d’oiseaux, ornithologues, passionnés de la plume, souvent amateurs, qui cherchent à observer le maximum d’espèces de volatiles, rares de préférence. Ils se disputent le titre de celui qui en verra le plus. Un classement existe, sur le site cocheurs.fr. Martinet Cafre, Tarier de Sibérie, Mouette Ivoire…n’ont plus de secrets pour eux. Dans ce milieu encore très masculin (même si les femmes sont de plus en plus nombreuses), certains n’hésitent pas à faire des milliers de kilomètres, sillonnant la France métropolitaine, ou l’étranger, d’un bout à l’autre, pour faire une observation et la rajouter à leur « collection ». On suit alors Antoine, qui est prêt à parcourir 1700 km pour un oiseau. Ou encore Hugo, jeune cocheur nantais, arrivé lui aussi sur Ouessant, ainsi que Laurent, Fred, et les autres. Une drôle de petite communauté avec son langage bien à elle, qui se réunit pour des discussions sans fin autour de leur passion. C’est ce qui les anime dans leur « chasse aux trésors », plus que la course au record. Le plaisir d’être dehors, d’observer, la joie de trouver, et d’ajouter un nouvel oiseau à sa collection impalpable. Mais pas toujours facile d’accord ce hobby dévorant à sa vie personnelle ou professionnelle ! De même, quid de l’impact carbone de tous les déplacements ? Ces enjeux importants sont aussi évoqués dans le film.
Ces cocheurs et cocheuses que le documentaire met de manière sympathique en lumière sont attachant.e.s. On découvre une pratique encore inconnue du grand public, et une nouvelle façon de faire lien avec le vivant. Ces « doux-dingues » nous font passer un chouette moment.
Piou Piou Piou (Avant qu’on ne soit cuit, cuit, cuit), de Julie Maréchal (2021-16′)
Julie Maréchal est une réalisatrice bretonne, originaire de la région de Lorient. Elle a choisi ce territoire pour son court-métrage documentaire. Dans celui-ci, il est question des oiseaux, mais ce ne sont pas eux qui occupent le cadre. Toute l’attention est focalisée sur ceux et celles qui les observent sur le littoral : le professionnel et son compteur, l’amateur qui attend désespérément des aigrettes, une jeune femme qui observe des bernaches avec humour, un trio de promeneuses qui découvre les tadornes, un dénicheur de mouettes, une fillette qui regarde les goélands se reposer…ainsi qu’une classe qui apprend à observer. En mettant à l’honneur celles et ceux qui se passionnent pour les oiseaux, le documentaire met aussi en avant le lien qui nous unit au vivant. Original et instructif.
Les berniques à portée de clic, grâce à l’application « Bernic&clic »
https://bernic.bzh/
Optimiser l’espace de l’habitat pour une meilleure performance environnementale : les principes d’une maison bioclimatique
La forme d’une maison et la distribution de ses pièces ont un impact fondamental sur le confort des usagers et la consommation d’énergie du logement, c’est pourquoi il convient d’y réfléchir en amont de tout projet de construction.
C’est le principe de l’architecture bioclimatique, qui vise à concevoir sa maison de façon à profiter au maximum des phénomènes climatiques. Il s’agit de mesures de bons sens, qui n’engendrent pas de surcoût (au contraire !) et permettent d’importantes économies d’énergie par rapport à des constructions traditionnelles.
Grâce à la réglementation thermique 2020, les constructions d’aujourd’hui sont beaucoup plus performantes, et demandent une vraie réflexion sur la conception du bâtiment. Mais les principes du bioclimatisme peuvent aussi être intégrés dans le cadre d’un projet de rénovation.
Voici une liste des principales actions qui définissent une architecture bioclimatique :
Construire une maison compacte, en forme de carré ou de rectangle : un bâtiment complexe multiplie les surfaces des parois extérieures et sera donc plus difficile à chauffer qu’un bâtiment compact ou offrant des parois mitoyennes.
Organiser les pièces de la maison en fonction de la course apparente du soleil : on place les pièces de vie côté sud (voire sud-est ou sud-ouest), pour plus d’apports en chaleur et en luminosité, et les pièces moins utilisées, comme la salle de bains ou le cellier, côté nord. Ces espaces constituent des zones « tampons » idéales pour protéger le reste du logement du froid.
Privilégier de grandes ouvertures au sud, pour maximiser les apports solaires, notamment en hiver, et les limiter au possible au nord, à moins de s’équiper en fenêtres à isolation renforcée (VIR).
Garantir le confort d’été, en se protégeant de la surchauffe estivale. Pour cela, on peut équiper le logement de débords de toit, de brise-soleil ou encore adapter la végétation environnante pour obtenir de l’ombre en été et du soleil en hiver (avec des arbres à feuilles caduques par exemple).
Maximiser l’isolation et l’étanchéité à l’air, afin de conserver l’énergie captée par l’architecture bioclimatique à l’intérieur de la maison. C’est notamment pour cette raison que les constructeurs privilégient les ouvertures « à la française » plutôt que les baies coulissantes, qui, au-delà d’être plus couteuses, sont aussi moins étanches.
Pour réussir un projet bioclimatique, l’orientation de la maison est donc indispensable. Il faut donc porter une attention particulière au choix du terrain. Dans l’idéal, celui-ci offrira une orientation nord/sud, avec un espace dégagé au sud.
L’agence locale de l’énergie et du climat du Pays de Morlaix HEOL œuvre pour la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique. Elle offre notamment des conseils neutres et gratuits sur la rénovation thermique, les énergies renouvelables et les économies d’énergie. Plus d’infos sur 02 98 15 18 08 et www.heol-energies.org .
Sur les traces des loutres dans la Vallée du Douron
An Dour, le service public de l’eau de Morlaix Communauté, propose tout l’été un programme d’animations pour mieux connaître et préserver la biodiversité, dans le cadre du programme trame verte et bleue, et en compagnie des associations environnementales locales. Jeudi dernier, les participant.e.s ont pu partir en balade sur la traces des loutres dans la Vallée du Douron avec l’Ulamir-CPIE. Reportage.
Le soleil brille en ce jeudi de juillet. Les températures sont clémentes. C’est la bonne occasion pour se rafraichir grâce à une balade le long du Douron, à la découverte des traces de loutres. Car oui, celles-ci sont présentes sur le cours d’eau long de 35 kilomètres, qui sépare le département des Côtes-d’Armor du Finistère. L’objectif de l’après-midi est non pas de les apercevoir (elles sont discrètes et ne sortent que la nuit), mais de détecter leurs traces, dans et autour du Douron.
Le rendez-vous est donné à Pont-Menou, sur la commune de Plouegat-Guerrand, dans le Finistère, tout près de la frontière costarmoricaine. C’est Géraldine Gabillet, animatrice è l’Ulamir-CPIE, qui nous accompagnera. La balade est proposée dans le cadre du programme trame verte et bleue, par le service biodiversité de Morlaix Communauté, qui fait partie désormais de la régie publique de l’eau An Dour.
Une fois le groupe d’une trentaine de participant.e.s réuni.e.s, direction le petit chemin qui serpente sous les arbres, le long de la rivière. Première étape : Géraldine explique qu’elle a caché des objets incongrus dans cet endroit mais utiles à l’observation des loutres, sur un petit tronçon du sentier qui se trouve devant nous. Il faudra ouvrir l’oeil pour les repérer. En file indienne, petits et grands se prêtent au jeu et cherchent avec leurs yeux. Un bon moyen d’aiguiser notre sens de l’observation ! Rapidement, paire de jumelles, loupe, boite à observation, planche d’identification des empreintes, épuisette, lampe…sont retrouvés. Tout ce matériel est utile pour débusquer les traces des loutres. Le kit du parfait chercheur étant reconstitué, nous continuons notre cheminement. Derrière un talus, quelques vaches, curieuses, nous saluent en dépassant leurs têtes. Le bruit de l’eau se mêle au chant des oiseaux, notamment à celui du pouillot véloce. Tout au long du chemin, Géraldine a accroché des questions aux branches des arbres, ce qui permet d’aborder plus en détail la vie des loutres. Première interrogation : la loutre est-elle un mammifère, un rongeur, ou un mustélidé ? Pas si simple…En réalité, c’est à la fois un mammifère et un mustélidé. « De la même famille que la fouine, la martre, ou la belette », précise l’animatrice. « Ce sont tous des animaux qui ont un corps fuselé. La loutre fait entre 1m et 1m20, avec la queue, et entre 6 et 8 kilos ». Pour mieux s’en rendre compte, une maquette grande nature de l’animal debout a été apportée. Plus impressionnant que ce qu’on pourrait penser au premier abord ! On l’observe rarement, car elle est discrète, et nocturne. « Et quand elle est dans l’eau, on ne la voit presque pas, elle peut restée plusieurs minutes immergée. Sa queue fait office de gouvernail, et ses moustaches de radar. Autre particularité : sa fourrure, qui comprend entre 60 000 et 80 000 poils par centimètres carrés. Une densité exceptionnelle comparé par exemple au chien, qui, lui, en a 200 à 600 ! », poursuit Géraldine.
En Bretagne, on trouve désormais des loutres presque partout, sauf au nord de Rennes. L’espèce, qui avait quasiment disparue dans les années 70, notamment à cause de la chasse et de la destruction des habitats, est protégée depuis 1981. Sur le Douron où nous nous trouvons, les loutres sont revenues dans les années 90. Une dizaine vivent maintenant le long des 35 km du cours d’eau. On peut les trouver également ailleurs dans le secteur, notamment à Morlaix. Elles fréquentent aussi d’autres milieux aquatiques tels que les ruisseaux, les marais, les littoraux…normal pour un animal essentiellement piscivore, mais qui peut également manger des amphibiens ou des oiseaux à l’occasion. Dans des catiches, tanières dans lesquelles elles vivent au bord de l’eau, elles donnent naissance à des loutrons, généralement un à trois individus.
Nous poursuivons maintenant notre promenade en nous rapprochant de l’eau. Cette fois-ci, nous allons essayer de voir si nous pouvons repérer des empreintes de loutres sur les rives. A l’aide de fiches descriptives, en petits groupes, nous nous penchons sur les endroits boueux pour voir si elles sont passées récemment dans le secteur. Manifestement, ce n’est pas le cas…nous ne voyons pas les empreintes caractéristiques de l’espèce, à savoir cinq doigts en éventail avec de petites griffes attenantes.
Mais on peut trouver d’autres indices de la présence du mustélidé : les épreintes. C’est le nom qu’on donne aux crottes de loutres. On les trouve sous forme de petits tas, dans les lieux important pour les animaux. Elles jouent un rôle stratégique dans la communication entre individus, et indiquent leurs passages dans la zone. « Les épreintes ont une odeur de poisson, on y retrouve des écailles. Elles ont aussi une odeur caractéristique de miel », précise Géraldine, qui nous invite à continuer le long du chemin.
La dernière pause de la balade se déroule tout près de la route, au pied d’un pont. Sous celui-ci, le Douron poursuit son cours. C’est là que nous allons enfin trouver une trace de la présence des loutres : une épreinte justement, sur un rocher plat, au creux du lit de la rivière. Pour la voir de plus près, nous descendons une petite pente, en nous frayant un passage parmi la végétation dense. Pas de doute, avec son odeur de miel et de poisson, c’est bien une déjection de loutre.
L’animal est donc bien passé par là, en contrebas de la route où des camions et des voitures sont en train de circuler. C’est d’ailleurs la circulation automobile qui constitue aujourd’hui l’un des principaux dangers pour l’espèce : de nombreuses loutres se font malheureusement percuter sur la chaussée, notamment la nuit. Ce qui a amené à la construction de passages spéciaux sous les routes, pour qu’elles puissent continuer leur chemin sans crainte.
Il est l’heure maintenant de rebrousser chemin, non sans admirer une dernière fois le Douron et sa belle vallée sauvage, où s’épanouissent de nombreuses espèces végétales et animales, parfois si discrètes qu’on ne les remarque pas, comme ici la loutre, qui mérite pourtant toute notre attention.
Pour aller plus loin :
Une carte issue du site du GMB (Groupement Mammalogique Breton), qui présente la répartition de la population de la loutre en Bretagne.
Le GMB propose aussi de participer au suivi de la loutre en Bretagne, en faisant part des observations ponctuelles ou en participant aux protocoles de suivi.
Et en bonus, une vidéo de loutre, quelque part en amont du bassin versant du Léguer (22), la seule rivière labellisée « rivière sauvage » de Bretagne, et où les loutres sont présentes. Vidéo prise par piège photo par Samuel Jouon.
A Lorient, Guillaume veut lancer un village d’habitats légers réversibles en pleine ville
A Lorient, Guillaume Nicol lance le projet « Village Colibri ». Objectif : créer un lieu de vie avec 25 emplacements d’habitats légers, tels que des tiny houses, yourtes, maisons en containers…au cœur de la ville, et en location pour des personnes touchées par la crise du logement. Un espace d’accueil ouvert au grand public pour des animations réalisées par des associations partenaires locales est prévu, ainsi qu’un autre consacré aux innovations dans les éco-matériaux, les habitats réversibles et les low tech. Un financement participatif est lancé pour payer la construction d’une première tiny house, qui sera fabriqué par des élèves d’un lycée professionnel voisin.
Créer un lieu qui accueillerait à la fois des habitats réversibles, des ateliers, conférences, ainsi que des innovations en construction et low tech. Tel est dans les grandes lignes le projet Village Colibri, porté par le lorientais Guillaume Nicol. Ancien travailleur dans l’aéronautique, il a décidé de prendre une autre trajectoire et de se lancer dans une démarche qui aurait « un impact local ». « Je travaillais comme automaticien, sur des pièces d’avions en carbone. Certes, ceux-ci étaient devenus moins lourds, mais ce n’est pas pour autant qu’on les utilisait moins, on voyage toujours plus », explique-t-il. « En parallèle, à la maison, on mettait de plus en plus de gestes écologiques en place dans notre quotidien, et dans notre consommation. Mais je me suis rendu compte qu’il fallait aller plus loin que l’échelle individuelle, et passer au collectif ». De recherches en rencontres, il découvre le Ty Village de Saint-Brieuc et ses Tiny Houses pour étudiants. Un type de lieu de vie qui correspond bien aux aspirations de Guillaume, à savoir « apporter davantage d’écologie en zone urbaine, créer un pont entre les écolieux qu’on trouve en zone rurale, et les villes ». Pour lancer son projet, il a pu aussi bénéficier de l’incubateur du Tag56, et du fonds de dotation Kernae.
Innovation et accueil du grand public
Le Village Colibri devrait donc s’installer sur un terrain de 5000m2, appartenant à la ville de Lorient, et situé non loin de l’université. Guillaume y imagine trois « pôles » : une zone d’habitation, de 25 emplacements, dédiés aux habitats réversibles de type tiny house, maison en container, yourte…Un espace commun sera dédié aux habitant.e.s, qui comprendra une grande cuisine, une buanderie, des ateliers…Ces logements seront loués en priorité aux étudiant.e.s, retraité.e.s, jeunes travailleurs et travailleuses, familles monoparentales… « A toutes les personnes impactées par la crise du logement et ayant des difficultés financières », détaille Guillaume. A noter qu’une partie de ces habitations sera réservés pour des « séjours découvertes » en mode « slow tourisme », afin de découvrir ce type d’habitat, ou pour des entreprises (télétravail).
Le deuxième pôle du village sera un autre espace commun, mais cette fois dédié à l’accueil du grand public : élus, citoyen.ne.s, enfants, entreprises… « pour des ateliers de sensibilisation, de vulgarisation, par exemple autour du cycle de l’eau, de l’économie sociale et solidaire…des temps à la fois pratiques et théoriques, en partenariat avec les associations du secteur », précise Guillaume.
Le troisième pôle sera lui consacré à l’innovation, en se basant notamment sur le modèle des habitations présentes dans le village. « Toutes ont leurs avantages et leurs inconvénients. On pourrait pas exemple travailler sur un meilleur confort thermique pour les tiny houses, ou une meilleure isolation phonique pour les yourtes ». Les éco-matériaux et les low tech seront aussi au cœur des expérimentations, en lien avec le département de recherche de l’UBS, qui sera à proximité.
Afin de financier la construction d’une des tiny house du village qui sera réalisée localement par des élèves du lycée professionnel Julien Crozet à Port-Louis, Guillaume Nicol a lancé un financement participatif sur Kengo, avec l’objectif de réunir 6000 euros. Il reste encore onze jours pour y participer.