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Cinéma – Walkabout : mûrir en milieu aride.

Compétiteur cannois sorti en 1971, Walkabout relate
l’histoire d’un frère et d’une sœur abandonnés dans le bush australien par leur
père. Ce dernier se donne la mort après avoir essayé de les abattre. La jeune
fille fait preuve d’un étonnant pragmatisme et d’une grande maturité. Elle ne
panique pas face à la mort de son père et son premier réflexe est de protéger
son frère, âgé quant à lui d’environ six ans, de ce père. Et, quasi
instantanément, ils se mettent en route, sans pleurer leur père, sans larmes,
sans panique.

Un film à portée
universelle ?

De ces deux enfants on ne sait rien de précis, ni leur âge
ni leur nom, seulement qu’ils sont issus d’une famille visiblement aisée, un
anonymat comme pour donner à cette histoire une dimension universelle et c’est effectivement,
un film sur l’humanité.

Survivants à l’infanticide, les deux enfants, plus
particulièrement la grande sœur, adolescente d’une quartorzaine d’années, font
preuve de beaucoup de courage et de sens pratique.

Après avoir trouvé refuge quelques heures dans un oasis dont
l’eau s’assèche bien vite, ils font la rencontre d’un adolescent aborigène en
plein « walkabout », un rite de passage à l’âge adulte consistant à
vivre seul dans la nature pendant plusieurs mois, celui-ci les prend, très
naturellement, sous son aile. Le jeune homme connait parfaitement la géographie,
la faune et la flore l’« outback ». S’ensuivent des jours qui
semblent, heureux composés de jeux, de chasse et de longues baignades. Si ces
trois jeunes gens semblent former une fratrie, des sentiments amoureux ou du
moins d’attirance naissent quasi instantanément dès la rencontre entre les deux
adolescents. A aucun moment, l’un ou l’autre ne fera preuve d’irrespect, de
comportements déplacés, ce malgré la difficile communication entre ces deux
jeunes gens que langue et culture séparent. Les rapports des adultes, semblent reposer
sur le non-dit, la tromperie et, malgré une langue et une culture commune ne semble
ne pas parvenir à se comprendre.

De la puissance
des images.

Le film repose en grande partie sur une vision utopique mais
non naïve, du mode de vie aborigène de l’époque, en opposition au mode de vie
occidental. Cette vision n’est jamais exprimée verbalement, le film ne contient
d’ailleurs que peu de dialogues et aucune narration, ce qui d’ailleurs laisse
au spectateur la liberté de « trancher ». Cette opinion est en effet
plutôt exprimée par l’image, par une opposition de plans dont on se demande
parfois la provenance. Sont ainsi opposées les différentes méthodes de chasse
du jeune aborigène à celle d’hommes en 4×4, le rapport à l’art lorsque petit
garçon arbore fièrement sur son dos, comme un blason, une peinture de kangourou
que lui a dessinée le jeune aborigène en opposition au spectacle d’autres
aborigènes exposant des dizaines de petites sculptures identiques réalisées pour
un genre de foire à folklore. Sont également comparées les relations
homme/femme avec du côté des deux adolescents, une relation saine, basée sur le
respect et la douceur, et de l’autre, des flirts graveleux (un groupe de
scientifiques travaillant dans le désert où l’unique femme fait figure de proie
et d’objet sexuel) reposant sur la duperie et la moquerie.

Au-delà, du sens que l’on peut donner à ces images, Walkabout
est également, d’un simple point de vue esthétique, un très beau film et l’on
reconnait dans ces images aux couleurs tangerine et indigo, la patte de celui
qui fit ses débuts dans la direction artistique de Lawrence d’Arabie. Ces
images presque kaléidoscopiques de drôles d’animaux et de superbes paysages
australiens sont sublimées par la musique de John Barry. On peut d’ailleurs
supposer que ces animaux et ces paysages sont filmés comme du point de vue d’un
aborigène.

Un film qui invite
à la réflexion avant et après 14 ans.

Si Walkabout est un film de survie, il
est aussi un film d’amour, d’initiation et semble être le fruit d’une réflexion
non simpliste, ouverte et approfondie, sur le consumérisme, le rapport de
l’homme à la nature, de l’homme à ses semblables.

Si Walkabout figure sur la liste British Film Institute des 50 films à voir avant d’avoir 14 ans, ne vous estimez surtout pas trop âgé pour le regarder, il s’agit d’un film qui fait réfléchir à tout âge, et qui -selon moi- peut encore, si ce n’est plus profondément, résonner à l’âge adulte.

A lire :

  • Le chant des pistes (The Songlines) – Bruce Chatwin (1987) : l’auteur britannique voyant sa vue le quitter, abandonne sa vie d’expert en peinture moderne pour partir à la rencontre des nomades du monde et dans ce livre des aborigènes australiens et leurs itinéraires chantés.
  • Walkabout – James Vance Marshall (1959) : roman librement adapté par Edward Bond et Nicolas Roeg pour le film éponyme, retraçant l’histoire d’un frère et d’une sœur devant se débrouiller dans le désert australien suite à un crash aérien.



Vidéo. Les assos s’engagent. La compagnie Artefakt sur le chemin de la transition.

(Plumes Citoyenne) Dans le but d’accélérer les transitions sur le territoire breton, le réseau Cohérence a décidé de recueillir les témoignages d’associations bretonnes ayant pris des engagements en faveur de la transition.  Des gestes du quotidiens à la mise en place d’actions exemplaires, le but est de faire découvrir des initiatives inspirantes, et permettre de mutualiser les bonnes pratique et les partenariats.
Ils nous présente la compagnie Artefakt, situé à Lanhélin. L’association propose des spectacles et utilise un bus transformé en espace culturel itinérant pour des projections, des spectacles et des expositions.
Ils ont décidé  de privilégier le réemploi et la mutualisation pour leurs décors, mobiliers, costumes(…)   David HARISTOY, son président, nous raconte…




Rob Hopkins : L’imagination au pouvoir !

(Rediff) Samedi 28 septembre 2019, Rob Hopkins était présent à Hanvec, au Domaine de Menez Meur, dans le cadre d’une journée proposée par le Conseil Départemental du Finistère autour de l’environnement. Il est venu évoquer, outre le mouvement des Villes en Transition dont il est l’initiateur, le rôle primordial de l’imagination dans la transition. Interview.

On utilise énormément le mot « transition » aujourd’hui. Mais pour vous, quel est le sens ce de terme ?

Nous avons commencé à utiliser le mot « transition » pour décrire le mouvement que développions, parce que c’est un mouvement de transition de notre monde actuel, qui utilise beaucoup d’énergies fossiles, où il y a beaucoup d’anxiété et de solitude, vers un monde qui lui n’utilise pas pas d’énergie fossile, et meilleur que le monde où nous sommes aujourd’hui.

Ce nouveau monde est un monde qui est plus nourrissant, plus connecté, dans lequel la nourriture est meilleure, l’air est pur……mais nous utilisons le mot « transition » parce que ce qui est le plus important, c’est la manière dont on atteint ce nouveau monde, le « pari » entre les deux, et la façon dont y arrive.

Désormais,
nous pensons le mouvement de la transition comme un mouvement de
communautés en train de ré-imaginer et de reconstruire le monde. On
doit rêver de ce que nous voulons que l’avenir soit, et le créer
par la suite.

Le
mouvement de la transition a démarré dans ma petite ville, en
Angleterre. Désormais, il y a des groupes de transition dans 50 pays
à travers le monde, et une centaine de groupe en France ! C’est
un mouvement qui s’organise de lui-même, du bas vers le haut,
centré sur des solutions très positives.

L’imagination est quelque chose de très important, dans ce mouvement ?

Oui, je le pense. Je viens justement de passer les deux dernières années à écrire un nouveau livre qui va sortir dans quelques semaines, qui traite de l’imagination. Je pense que nous vivons actuellement dans une période où le réchauffement climatique pourrait être considéré comme étant un échec de l’imagination. Notre imagination est confrontée à une déferlante de défis sans précédent. Au moment même de notre histoire où nous devons être les plus imaginatifs, elle est confrontée à de très grandes difficultés. Pour moi, la transition est un vrai travail d’imagination, quand nous essayons de créer les conditions pour que les gens puissent se rencontrer et imaginer le monde de différentes manières. Les gens se sentent en sécurité, avec d’autres personnes qui soutiennent leurs idées. il y a des événements ou des endroits où ils peuvent commencer à rêver, à envisager les choses de manières différentes…Mais c’est toujours à base de « Ok, allons y et faisons quelque chose  samedi prochain à 15h ». C’est très concret. Ca combine cela, la ré-imagination et le « faire », mais avec le livre que j’ai écrit, j’ai essayé de démontrer qu’il fallait donner de nouveau une valeur à l’imagination.

Que pensez-vous de la collapsologie ?

Je suis assez partagé sur la collapsologie. Je pense que ce qui est bien avec la collapsologie, c’est qu’on a conscience que le monde, qui semble permanent et solide, est en fait très fragile.. C’est une bonne chose d’avoir ça en tête, c’est comme dans le bouddhisme où les gens méditent sur l’impermanence et sur le fait qu’on peut mourir à chaque instant, ce qui amène à vivre davantage dans le présent. Je pense qu’il y a des outils très utiles en collapsologie. Je crains par contre que certains messages et la manière dont la collapsologie se diffuse, ne rendent les gens désespérés, leur donnent l’impression qu’il est trop tard, et que le collapse est inévitable.

Ma
principale préoccupation par rapport à ce sujet, c’est que je
vois des gens qui sont très absorbés par l’effondrement, qui
perdent beaucoup de temps et beaucoup d’espoir, et je ne pas sûr
de savoir à quel point c’est une bonne idée. Mais il y a beaucoup
de gens supers en collapsologie, qui font un super travail. Je pense
quand même si vous voulons réussir, et nous devons réussir, nous
devons croire que c’est possible de le faire. Et parfois,
j’ai le sentiment que certains messages font que les gens ont
l’impression que c’est trop tard…

Quel conseil pouvez-vous donner à quelqu’un qui veut s’engager dans le mouvement des transitions ?

Je lui dirais « inspire toi » ! , lis des choses, regarde des films comme par exemple « Demain », ou d ‘autres œuvres du même style, qui sont pleines de solutions et d’idées. Il y a un très bon guide sur le site internet de Transition France, qui s’appelle « Le guide essentiel pour participer à la transition », et qui peut vous apporter tout ce dont vous avez besoin pour commencer, réunissez un groupe là où vous vivez, trouvez des gens autour de vous qui partagent le même intérêt, même si vous n’êtes pas nombreux, envisagez la façon dont vous pourrez travailler ensemble et commencez à faire des choses rapidement, des choses concrètes. C’est un équilibre entre ré-imaginer et reconstruire, prendre le temps de rêver avec d’autres personnes mais aussi « faire ».

Je pense que le pessimisme est un luxe que je n’ai pas!

Rob Hopkins

Comment faites vous pour être si optimiste ?

Je ne pense pas être optimiste tout le temps. Je suppose que j’ai foi en les êtres humains, ils sont capables de choses incroyables.

Je suis inspiré par les temps anciens, où les gens faisaient les choses très rapidement et étaient très concernés. Je vais visiter beaucoup d’endroits où les gens font des projets incroyables, cela m’a beaucoup inspiré.

Je
pense que si vous observez les signes du changement climatique et que
vous ne vous sentez pas terrifié, c’est que vous n’avez pas observé
correctement. Il faut donc le faire de nouveau. Mais
si vous passez du temps avec le mouvement de ceux qui agissent, vous
devez vraiment vous sentir optimistes parce qu’il y a une incroyable
énergie qui monte dans le monde entier.

J’ai
participé aux grèves du climat organisés par les jeunes, ça m’a
rendu très optimiste. J’ai aussi de l’espoir parce que je crois
que si je me sens désespéré, je ne réussirai pas grand-chose. Je
pense que le pessimisme est un luxe que je n’ai pas!

Crédit photo : Léonore Virion




La recette. Les muffins zéro déchet

Cette semaine, on retrouve une nouvelle recette de Laetitia de Zéro Déchet Tregor : les muffins salés zéro déchet !

Ingrédients : 

150
g de Pain Rassis réduit en chapelure

150g
de Farine de blé (ou autre)

1
C à S Rase de Bicarbonate de Soude Alimentaire

40
cl de Lait Demi-écrémé (ou lait végétal)

4
fanes de Carottes (à ajuster selon vos goûts)

125
g de feta ou encore des croûtes de fromage (selon vos goûts)

3
oeufs 

2
c à c d’huile d’olive

Option : possibilité d’ajouter du gruyère ou emmental râpé, des graines de tournesol

Recette : 

Récupérer
les fanes de légumes : Radis, Carottes, Navets, Panais.

Lavez
les fanes. Coupez les grosses tiges trop coriaces et filandreuses.
Hâchez finement.

Mixez
le pain rassis (ici on utilise du pain complet aux graines).

Râpez
le fromage comté, emmental, parmesan.

Dans
un saladier, pesez et versez le pain rassis, la farine, le
bicarbonate de soude alimentaire. 

Mélangez,
ajoutez doucement le lait, les oeufs et l’huile d’olive tout en
continuant de mélanger. 

Ensuite
rajoutez les fanes de légumes hachées finement et les morceaux de
fêta (ou autres légumes selon vos goûts). 

Mélangez
et versez dans les moules. 

Parsemez
ensuite de graines et fromages préalablement râpés (en option).

Enfin
mettez le four à 180°C pendant 25 minutes environ.




Portrait de femmes N°2. Solen de Mars, l’Effet Papillon à Baud (56)

Rencontre
avec Solen de Mars, fondatrice de la recyclerie-tiers lieu « L’Effet
Papillon » à Baud (56), et créatrice de bijoux. Dans son
riche parcours, transition, rencontres et « faire ensemble »
tiennent une place majeure.

Direction Baud pour rencontrer Solen, à l’Effet Papillon. Un tiers lieu, dans lequel se trouve une partie recyclerie. Une structure que Solen a montée avec Virginie, une amie. « L’idée de la recyclerie, c’était de financer un espace collectif, associatif évidemment. On a 300 mètres carrés d’espace partagé, on a un salon de thé, il y a des ordinateurs à disposition. On essaie aussi de faire de l’accompagnement au développement de projets personnels, professionnels ou collectifs ». L’objectif, explique Solen, était « d’avoir un lieu à partager, qui soit différent de la salle associative gérée par la mairie, et différent de la bibliothèque. Qui soit vraiment un lieu associatif où l’on pourrait être qui on est. Un axe nous paraissait important : le fait d’être un lieu qui accepte tout le monde. On a pensé à un bistrot, mais on n’avait pas forcément envie de gérer la partie fête. L’essentiel pour nous était que les gens puissent travailler, réfléchir ensemble à des solutions pour eux et pour les autres ».

Un projet qui fait sens dans le parcours de la morbihannaise. Née « anarchiste » par ses parents, dans une famille sans grands moyens financiers, elle a connu très tôt « la débrouille ». Les rencontres au fil du temps avec des gens « qui n’avaient plus de sens dans leur vie » la marquent. « A un moment, ça me rendait malade », confie-t-elle. « Je me suis dit qu’il fallait trouver des solutions, car je suis plutôt d’un naturel optimiste et idéaliste ». « Mais pas bisounours ! », précise-t-elle en riant.

Très vite, elle embraye sur un métier créatif, à savoir costumière de théâtre. Puis, direction l’événementiel. Mariée à un musicien, elle devient manageuse de groupes, et organisatrice de concerts un peu partout en Bretagne. « Je m’occupais déjà beaucoup des autres à l’époque », se remémore-t-elle. Bricoleuse, elle travaille également un temps dans le bâtiment. Habitant à un moment donné à Rochefort-En-Terre, à l’Est du Morbihan, elle se lance alors dans la céramique et lance avec des amies une bijouterie de terre cuite dans la commune. Sans oublier l’ouverture d’une boutique de bonbons dans un local attenant ! « J’ai essayé pleins de trucs », explique cette touche-à-tout.

Il y a neuf ans, Solen se lance dans son activité de bijoutière, formée par un maitre colombien. Cela lui permet de mieux gagner sa vie et d’être indépendante financièrement, ce qui lui offre alors la possibilité de travailler sur d’autres projets en parallèle. Après la création d’une première association sur Baud, qui avait pour objectif de « créer des prétextes pour que les gens se rencontrent », vient, de fil en aiguille, la création de l’Effet Papillon, et la volonté de s’impliquer sur des sujets « sur lesquels il y a matière à bouger » selon elle. C’est ainsi que Solen devient porte-parole de la Marche contre Monsanto. « Mais là j’ai flippé, j’ai angoissé en fait, parce que tous les dossiers qu’on ouvre sont pires que ce qu’on imagine. ». Elle préfère se concentrer alors sur la mise en œuvre de solutions.

C’est
ainsi qu’elle participe à la création d’un GFA (Groupement
Foncier Agricole). Dix hectares de terres ont été achetés pour un
paysan-boulanger. Quelques hectares restent disponibles pour un
maraicher. Solen est aussi secrétaire du Pôle de développement de
l’Economie Sociale et Solidaire du Centre Bretagne. Elle anime une
émission de radio, baptisée « Qu’ESS », sur la radio
associative Radio Bro Gwened.

Autre projet : la création d’une pépinière d’activités agri-culturelles. « A l’Effet Papillon, on reçoit tout type de personnes, on est plutôt sur un axe de sensibilisation pour montrer aux gens qu’on peut faire autrement, petit à petit, et réfléchir ensemble. Avec la Pépinière, l’idée est de créer quelque chose qui soit plus axée sur la transition réelle : travailler sur les low techs par exemple », explique Solen. « Mais avec toujours le même concept, c’est-à-dire mettre à disposition des outils et des espaces de travail pour des gens qui voudraient monter des projets, comme par exemple une épicerie vrac, une maison des semences paysannes… » poursuit-elle. Un atelier « bois » et un atelier « métal » sont déjà prévus, ainsi qu’une forge. En réflexion, l’installation de ruches, ou encore l’accueil de stages. « Toujours des choses très sérieuses, et d’autres qui le sont moins, comme l’organisation d’une Nuit de la Soudure, ou d’une Fête Foraine ! ». La philosophie du projet, c’est aussi de faire diminuer, dans l’approche économique, la partie argent : pas d’emprunt, « on fait avec ce qu’on a, on imagine », affirme Solen. «Par exemple sur la partie low techs, l’idée est de pouvoir fabriquer des outils qui permettent de vivre confortablement, mais pas au détriment de notre environnement ».

« L’idée n’est pas de gommer, de repartir à zéro mais de partir de nos connaissances actuelles pour transformer les choses.« 

La transition écologique, qui anime tous les projets dans lesquels Solen s’investit, est pour elle « Nécessaire. On vit dans une société qui est arrivée à sa fin. Je ne m’inscrit pas dans la collapsologie, parce qu’on ne sait pas… C’est comme l’effet papillon, on ne connaît pas les conséquences demain de ce qu’on fait aujourd’hui. Si on devait tout effacer aujourd’hui le tableau de notre histoire, on referait les mêmes erreurs. L’idée n’est pas de gommer, de repartir à zéro mais de partir de nos connaissances actuelles pour transformer les choses. », analyse-t-elle. « Et puis être sobre, on est entourés d’un tas de choses dont on n’a pas besoin. Revenons à l’essentiel, proches les uns des autres, respectueux de notre environnement, non énergivores. Et puis pensons à nous faire du bien ! ». Elle explique : « J’ai vécu pendant 8 ans dans la forêt, sans raccordement aux réseaux d’eau et d’électricité. Je m’étais dit que j’aurai l’électricité le jour où je serais capable de la produire. A un moment donné, on a toutes les connaissances pour ça. Et donc j’avais une rivière qui passait à côté, j’ai utilisé le concept des vases communicants pour ramener l’eau dans ma cabane. J’avais du confort, j’avais un poêle à bois… Il y a en fait des solutions pour tout ». Selon elle, chacun a un rôle à jouer au quotidien, notamment du point de vue de la consommation. « On voit bien que les gens maintenant font beaucoup plus attention, se posent des questions, regardent la provenance des produits, la composition… ils n’ont plus confiance, ils cherchent des solutions ». C’est peut-être donc « le moment » pour « monter des projets qui leur donnent des solutions ».

« On est potentiellement toutes mamans, et donc on a cette conscience vitale qui nous oblige à trouver des solutions aujourd’hui parce qu’on veut pas laisser un monde de m…. à nos gamins.« 

Justement, beaucoup de projets porteurs de solutions sont lancés par des femmes, notamment en Bretagne. Un constat qu’elle partage « C’est là qu’il faut qu’on soit un petit peu délicates. Pendant 2000 ans les hommes ont dirigé le monde, et on s’est laissées faire. Aujourd’hui, il ne faut pas qu’on fasse comme eux, il faut réussir à les intégrer. Mais je pense qu’ils n’ont pas encore atteint la maturité nécessaire ! C’est comme s’ils se faisaient déposséder de leur pouvoir. Il faut alors réussir à les embarquer avec nous, c’est pas évident », reconnaît-elle. « Les hommes ont encore du mal à avoir la vision globale qu’on a, ou qu’on essaie d’avoir. On est potentiellement toutes mamans, et donc on a cette conscience vitale qui nous oblige à trouver des solutions aujourd’hui parce qu’on veut pas laisser un monde de m…. à nos gamins. ».

Guidée par la recherche de solutions, elle a un coup de cœur pour une commune comme Tremargat (22), « Sans les idolâtrer, ils ont une longueur d’avance sur plein de points, c’est un modèle de réussite. » Ou encore Langouët (35) « Je trouve intéressant le processus que le Maire et son équipe ont utilisé pour faire changer les choses, petit à petit, comme par exemple les poules en liberté dans le village pour que les voitures roulent moins vite ! ». Autant d’initiatives, sans compter toutes les autres qui naissent sur le territoire, qui font dire à Solen « de ne pas désespérer et de rester déterminés ».

Ecoutez l’entretien avec Solen :

Pour en savoir sur l’Effet Papillon : https://www.facebook.com/danslensemble/




« Âmes de Bretagne » : une expo itinérante se construit sur les routes

Le projet vidéo « Ames de Bretagne » se déploie sur les routes bretonnes, grâce à la création d’une exposition itinérante co-construite avec les habitants et acteurs locaux. Exemple à Morlaix, où la petite troupe a fait escale et a réalisé, outre de nouvelles vidéos, des supports en matériaux recyclés, avec l’association Le Repair et le peintre Charles Vergnolles.

A l’intérieur du 2D, à Morlaix, ça papote, ça bricole et ça peint. Ça filme également. Une petite ruche d’une dizaine de personnes, qui s’active autour d’un grand support d’exposition. Tous se sont retrouvés pour travailler sur l’étape morlaisienne du projet d’exposition itinérante de l’association « Âmes de Bretagne ». Une initiative d’Anne-Laure et Kevin, frère et sœur. Tous deux se sont rendus compte qu’en parlant de leur région d’origine, la Bretagne, notamment lorsqu’ils étaient à l’étranger, ils en connaissaient au final peu de choses. Ils souhaitent alors monter un projet qui permettrait de revaloriser l’attachement au local. Âmes de Bretagne propose donc de valoriser le témoignage des habitants via la vidéo. « L’objectif, c’est de montrer que s’intéresser à son territoire n’est pas synonyme de replis sur soi », explique Anne-Laure. Elle se lance alors avec son frère dès 2016 pour recueillir la parole de « tous ceux qui font l’âme de la Bretagne ». Le résultat : plus de 150 témoignages vidéos, une websérie, des partenariats comme par exemple avec le webmédia KuB… « La Bretagne racontée par les gens en vidéo ». Et une association qui comprend une quinzaine de bénévoles.

Fort de cette expérience, Ames de Bretagne propose donc cette année un nouveau projet avec une exposition itinérante à travers la région. Il en résultera une « œuvre participative », co-construite avec les habitants et les acteurs locaux.

Sur la première étape Saint-Brieuc- Morlaix, Âmes de Bretagne travaille de concert avec l’association Le Repair, qui porte un projet de recyclerie de matériaux sur le territoire morlaisien. « L’idée est vraiment de co-construire ce « road-trip », et de travailler à chaque fois les différents supports de l’expo avec des matériaux issus du ré-emploi » précise Anne-Laure. C’est ainsi qu’un premier support a été créé, à base de panneaux issue d’une précédente exposition qui avait eu lieu à l’écomusée des Monts d’Arrée. « A l’exception des charnières, tout a été récupéré. Les tasseaux proviennent d’une rénovation HLM », ajoute Damien Le Magoariec, de l’association Le Repair. Le tout illustré par l’artiste Charles Vergnolle, habitué des peintures de décors de théâtre (et qui expose en ce moment au Ty Coz à Morlaix, ndlr!)

Après Morlaix, le tour d’Âmes de Bretagne poursuivra sa route, passant notamment par Brest et Vannes, ou encore le Bois du Barde à Mellionnec, avant d’arriver à Carhaix en fin d’année. Tout au long du parcours, à chacune des étapes, de nouveaux témoignages seront collectés, illustrant cette fois la façon dont les habitants perçoivent la transition et leur futur, et les supports seront travaillés avec la recyclerie du Centre-Bretagne Ti-Recup. A Carhaix, à l’espace Glenmor, on pourra alors admirer le fruit de ce « Tour de Bretagne » durant un mois, avant que l’expo ne se déplace dans différentes villes en 2021.

Pour suivre le Tour d’Ames de Bretagne :

www.amesdebretagne.bzh

La page Facebook « Âmes de Bretagne »

Le compte Instagram Âmes de Bretagne