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Dans le Finistère, une formation pour des « paysans créatifs »

A partir de novembre, une formation pour s’installer et développer un projet en agriculture dans le Finistère va démarrer. D’une durée d’un an, elle est proposée par l’association Kerlipousse, collectif d’acteurs locaux agricoles et de l’économie sociale et solidaire. Une réunion d’information par visioconférence est proposé le 20 août.

Vous avez un projet agricole en tête ? Vous voudriez vous installer dans le Finistère ? Alors la formation « Paysan Creatif » devrait vous intéresser. D’une durée d’un an, elle doit démarrer en novembre. Son objectif : permettre aux stagiaires qui sont des « porteurs de projet » de « développer des compétences en entreprenariat agricole et leur réseau local, à travers le soutien de paysan.ne.s, élu.e.s, acteurs divers de leur secteur d’installation. ». Dans les Côtes d’Armor et en Ille-Et-Vilaine, cette formation a déjà permis à près de 50 porteurs de projets de s’installer dans des productions variées telles que le bovin lait, bovin viande, maraichage, arboriculture, apiculture…

Cette formation, dont c’est la première édition dans le Finistère, est mise en place par l’association Kerlipousse, association de préfiguration du projet CIAP (Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne). Elle regroupe des acteurs du monde agricole finistérien (Civam, Gab, Udsa-confédération Paysanne, CFPPA de Kerliver, Parc Naturel Régional d’Armorique) et de l’économie sociale et solidaire (Coopérative d’Activité et d’Emploi Chrysalide). Il y a 3 ans, un espace test en maraîchage a été ainsi mis en place à Kerliver.

Afin d’informer les porteurs de projets potentiels, et ceux qui les soutiennent, Kerlipousse organise une réunion d’information par visioconférence le 20 août à 20h. Le lien pour se connecter via la plateforme Zoom est déjà disponible sur le site ciap29.infini.fr

Le dossier de candidature pour accéder à la formation est également disponible sur le site.




Deux applis à utiliser au jardin

Reconnaître les plantes de son jardin et les chants des oiseaux qui y viennent, c’est aujourd’hui simple et à la portée de beaucoup de citoyens, grâce à deux applications très pratiques à télécharger sur son smartphone !

PlantNet

PlantNet
est un « système d’aide à l’identification des plantes
par l’image ». En gros, c’est une application qu’on
télécharge sur son smartphone et qui permet, en photographiant une
plante, de l’identifier. C’est aussi un programme de sciences
participatives, qui fait partie du projet Floris’TIC : toutes
les photos téléchargées servent à alimenter une grande banque de
données botanique.

Concrètement,
c’est très simple : une fois l’application téléchargée
et installée sur le téléphone, il suffit, avec celle-ci, de
prendre en photo un élément végétal : plante, feuille,
fleur…La photo va être ensuite comparées aux végétaux présents
dans la base de données, et vous obtiendrez une ou plusieurs
réponses, classées suivant leur pertinence.

Actuellement,
ce sont 27909 espèces qui sont actuellement répertoriées par
PlantNet, issues des quatre coins du monde ! Pratique pour mieux
connaître la flore de son jardin !

Disponible sur IOS et Android, et sur ordinateur : https://plantnet.org/

BirdNet

BirdNet
est une application qui permet de reconnaître les chants d’oiseaux,
développée par le laboratoire d’ornithologie de l’Université
de Cornell aux Etats-Unis, et par l’Université Technologique de
Chemnitz en Allemagne. Si l’application n’est pas spécialement
intuitive, elle n’en demeure pas moins très intéressante :
en quelques manipulations, on peut savoir de quelle espèce provient
le chant qu’on vient d’entendre. En effet, BirdNet enregistre le
son environnant dès que l’application est ouverte. En appuyant
ensuite sur le bouton « analyser », le résultat arrive
assez rapidement, avec une probabilité « certaine ». Un
fonctionnement simple pour une application à utiliser chez soi mais
aussi en balade !

BirdNet,
disponible sur Android

Pour
IOS, il y a l’alternative Cui-cui




Dans le Centre-Bretagne, la Bascule Argoat veut impulser la transition

L’association La Bascule Argoat s’est installée à Plouray (56), en Centre-Bretagne, dans l’ancienne blanchisserie de l’Abbaye de Langonnet, depuis décembre 2019. Elle ambitionne de faire de ce lieu un « carrefour local des transitions », en sensibilisant également les citoyens du territoire. Un financement participatif a été lancé afin de pouvoir poursuivre les travaux et le projet.

A deux pas de l’Abbaye de Langonnet, juste en face des locaux des Apprentis Orphelins d’Auteuil, se dresse un grand bâtiment ancien, surplombant un petit lac. C’est ici, dans ce qui était la résidence des religieuses de la Congrégation de Saint-Joseph de Cluny, et l’ancienne blanchisserie de l’Abbaye, que s’est installé le collectif (ou plutôt « L’ile ») La Bascule Argoat. La Bascule, c’est ce mouvement de « lobby citoyen » qui avait pris ses quartiers dans l’ancienne Polyclinique de Pontivy (56). A l’automne 2019, la Bascule s’est trouvé un nouveau modèle : devenu un archipel, elle défère désormais cinq « îles », aux quatre coins de France : Rennes, Paris, Bordeaux, Fert’îles (qui est virtuel), et donc Plouray, en Centre-Bretagne. Une dizaine de bénévoles, venus d’un peu partout en France, se sont installés et vivent ici, et occupent le bâtiment, mis à disposition gratuitement sans limite de temps en échange de l’entretien et d’une remise en état des locaux. Le tout dans une démarche écologique. Depuis décembre 2019, le collectif a ainsi réaménagé certaines salles, installé un drain afin de réduire l’humidité, notamment lors de chantiers participatifs. Un composteur pour toilettes sèches a aussi été mis en place dans le jardin, de même qu’un « keyhole », un composteur pour les déchets de la cuisine. Le lieu, inoccupé pendant un moment, a retrouvé ainsi un peu de vie et une ambiance chaleureuse.

A l’intérieur, de grands tableaux sont disposés en différents endroits stratégiques , afin d’organiser au mieux le projet et la vie du lieu. « Gouvernance partagée », « démocratie participative », sont les maitres-mots du collectif. « Nous avons également mis en place un atelier vélo, et il y a une zone de gratuité à l’intérieur », expliquent Agnès et Marion, deux des « basculeuses », qui assurent l’accueil aujourd’hui. « Créer, incarner et expérimenter un lieu de vie collectif ouvert, engagé, résilient, épanouissant, ancré sur le territoire pour impulser, mettre en œuvre ou accompagner des projets de transition démocratique, écologique, sociale et intérieure », voilà ce qui est donc la raison d’être de la Bascule Argoat. L’objectif ici n’est pas d’être un « écolieu », mais « un projet de territoire », soulignent Agnès et Marion. « On travaille sur un diagnostic, afin de comprendre quels sont les défis en terme de transition ici, dans des domaines tels que la mobilité, l’énergie, l’agriculture, la politique, l’éducation populaire… », détaille Agnès. Le but est aussi de travailler à la sensibilisation des citoyens, notamment des habitants du secteur, aux enjeux environnementaux et démocratiques, et à l’engagement.

Afin de mener à bien le projet, la Bascule Argoat a lancé une opération de financement participatif. Objectif : 20 000 euros, qui serviront à poursuivre les travaux : installation d’une chaudière bois, d’un système de ventilation, assainissement de la charpente, changement des fenêtres, aménagement d’une salle selon les normes ERP (Equipement Recevant du Public, ndlr)… Le chantier est vaste. En contrepartie, les donateurs pourront, en fonction du montant de leur don, participer à une ou plusieurs journées au sein de la Bascule Argoat, voire à une formation. Il reste 13 jours pour participer à la cagnotte sur le site Kengo. Rendez-vous sur https://kengo.bzh/projet/2593/transitions-en-centre-ouest-bretagne

Plus d’infos :

Le site de la Bascule Argoat

La page Facebook de la Bascule Argoat

Le site de la Bascule




Matthieu Combe. « Nous baignons dans le plastique à tous les stades de notre vie »

Interview de Matthieu Combe, auteur de « Survivre au péril plastique – Des solutions à tous les niveaux » (éd Rue de l’échiquier). Récemment de passage dans les librairies « A la Lettre Thé » à Morlaix et « L’Ivresse des Mots » à Lampaul-Guimillau, il vient de se voir décerner pour cet ouvrage le prix Roberval Grand public 2019 à Compiègne.

Vous
préférez parler des plastiques plutôt que du plastique…

Le
terme « plastique » est un terme générique qui fait
référence en réalité à une multitude de matériaux. Il existe
des centaines de familles de plastiques. Les six familles les plus
répandues sont le polyéthylène téréphtalate (PET), le
polyéthylène haute-densité (PEHD), le polyéthylène basse-densité
(PEBD), le polychlorure de vinyle (PVC), le polypropylène (PP) et le
polystyrène (PS). Mais dans chaque famille, les plastiques restent
différents, car ils présentent des propriétés différentes
conférées par des additifs divers : anti-UV, anti-microbiens,
colorants, retardateurs de flamme…

Le
problème n’est pas le plastique en tant que matériau. La
problématique concerne surtout sa production exponentielle et ses
usages superflus, notamment dans les emballages. C’est le manque
d’éco-conception qui fait que des plastiques techniquement
recyclables ne sont pas recyclés par manque de rentabilité et de
filières. C’est aussi le fait que les plastiques sont
majoritairement produit à base d’énergies fossiles et que certains
de leurs composants soient toxiques. C’est surtout le manque de
gestion des plastiques en fin de vie qui fait que l’on en retrouve
partout dans l’environnement et que
près de 80% des déchets retrouvés dans la mer sont en plastique.

Vous
dites que nous baignons dans le plastique à tous les stades de notre
vie…

Le
plastique est présent partout autour de nous, de notre enfance à
notre vie adulte. Bébés, nous sommes en contact avec le plastique à
travers les biberons, les tétines, la vaisselle… Puis, nous
finissons rapidement habillés en plastique de la tête au pied.
Textiles, emballages, numérique, cosmétiques… nous baignons au
quotidien dans le plastique. Regardez autour de vous, vous verrez
très rapidement du plastique, à commencer par celui de votre
téléphone, de votre tablette ou de votre ordinateur.

Comment
et pourquoi le plastique est-il devenu l’ennemi public n° 1 ?

Si
le plastique est présent dans notre quotidien, il finit trop souvent
par polluer l’environnement. Quelques chiffres parlent d’eux-mêmes.
Environ 8 millions de tonnes de plastiques finissent dans les océans
chaque année. Près de 270 000 tonnes flottent à la surface des
océans, mais autour de 150 millions de tonnes se retrouvent sous la
surface, jusqu’au fond des océans. Le plastique se retrouve
désormais dans les eaux, les sols et l’air.

Pourquoi
est-il devenu l’ennemi public n°1 ? Car il n’est pas
biodégradable et mettra des centaines, voire des milliers d’années
à disparaître en fonction du milieu où il finit. Parmi les grandes
causes, citons le manque d’infrastructures de collecte et de
traitement des déchets et des eaux usées. La consommation de
plastiques augmente beaucoup plus vite que la construction des
infrastructures nécessaires à leur collecte et à leur traitement.
Dans plusieurs pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du sud, entre 60
et 90% des déchets sont mal gérés. Les déchets plastiques se
retrouvent majoritairement dans des décharges à ciel ouvert ou dans
la nature.

Selon
vous, nous avons toutes les clés en main pour lutter contre les
pollutions du plastique… Quelles sont les plus encourageantes ?

Pour
résoudre le problème, il faudra avant tout réduire notre
consommation de plastiques. Il faudra des lois pour interdire
certains types de plastiques à usage unique et les microbilles. Les
engagements volontaires des entreprises et des marques pour réduire
l’utilisation des plastiques et augmenter l’incorporation de matières
recyclées devront laisser la place à des obligations chiffrées.

Afin
de réutiliser ou de recycler 100% des plastiques, il faudra
atteindre 100% de collecte. Cela passe par la mise en place du tri
partout, dans toutes les collectivités, dans l’espace public, lors
des événements et dans les entreprises. Les citoyens ont aussi un
rôle important à jouer. Ils peuvent faire attention à leurs
achats, en achetant moins de produits transformés emballés dans du
plastique, en respectant les consignes de tri et en interpellant les
marques sur leur utilisation de plastique.

Qu’appelle-t-on
un plastique biosourcé ? Constitue-t-il il une solution
prometteuse ?

Aujourd’hui,
seulement 1% de la production mondiale de plastiques est faite à
partir de produit biosourcés. Un plastique est dit biosourcé
lorsque la matière première pour fabriquer ses polymères est issu
de la « biomasse », c’est-à-dire d’origine végétale,
animale ou de micro-organismes. Cela ne signifie par qu’il sera
biodégradable ou compostable en fin de vie.

Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique et la raréfaction des matières premières non renouvelables, la solution la plus prometteuse est la recherche de nouveaux plastiques biosourcés, réutilisables, recyclables, ou compostables à base d’algues, de déchets organiques ou de CO2.

Matthieu Combe a fondé le magazine en ligne Natura-sciences.com en 2009. Gratuit et à destination du grand public, le magazine a à cœur de présenter les solutions pour réduire son empreinte écologique. Les thématiques abordées sont variées : alimentation, énergie, pollution, santé, politique environnementale, transition écologique…




Pas à pas. J’apprends à faire ma cire naturelle pour cheveux

Bien trop souvent, il peut être difficile, autant pour les hommes que pour les femmes aux cheveux courts, de trouver une cire pour les cheveux avec une composition saine, naturelle et sans produits chimiques. Eco-Bretons à trouvé LA recette de cire qui n’étouffe pas le cuir chevelu, stylise vos cheveux et les nourrit en profondeur.


recette cire naturelle pour cheveux

La cire est prête !

Il ne vous reste plus qu’à appliquer une petite quantité de cire cheveux maison sur votre chevelure, selon l’utilisation que vous souhaitez en faire : fixer, discipliner, styliser ou encore démêler. A utiliser de préférence sur sur cheveux mouillés. A conserver au congélateur après utilisation


Inspiration: https://www.guide-huiledericin.fr/cire-cheveux-maison/




Portrait de femme n°3. Anne-Laure Nicolas, Domaine du Bois du Barde à Mellionnec (22)

Rencontre avec Anne-Laure Nicolas, co-fondatrice et coordinatrice du Domaine du Bois du Barde à Mellionnec (22), un Pôle Territorial de Coopération Economique (PTCE) sur lequel on trouve une ferme, un camping, et deux associations. Un éco-domaine dédié à la transition, qui prend tout son sens dans le parcours de vie d’Anne-Laure.

Mellionnec. Situé en plein cœur du Pays Pourlet, entre Rostrenen et Guémené-Sur-Scorff, le petit bourg de 430 habitants du Kreiz Breizh est connu pour son dynamisme. Notamment grâce à Ty Films, association qui travaille autour du film documentaires et qui organise des rencontres annuelles sur ce thème, à la librairie-café « Le Temps qu’il Fait », mais aussi grâce au Domaine du Bois du Barde. C’est dans cet éco-domaine que nous retrouvons Anne-Laure Nicolas, co-fondatrice et coordinatrice du domaine. Un lieu qu’elle a « imaginé depuis très longtemps, depuis toute jeune ». Une aventure qui a démarré en 2006, en construisant la maison familiale. Petit à petit, l’endroit est devenu un « lieu économique, de transmission et de partage, à partir de 2011 », explique Anne-Laure. Aujourd’hui, le Domaine du Bois du Barde est devenu un Pôle Territorial de Coopération Economique (PTCE). Un statut qui fait partie du champ de l’Economie Sociale et Solidaire, mais bien connu que les Scop ou les Scic. « Il y a cinq PTCE en France basés sur des fermes comme ici », précise Anne-Laure. Au Bois du Barde, on trouve ainsi plusieurs structures : la ferme sur 24 hectares, où sont récoltés des pommes à cidre et de la sève de bouleau ; le camping avec ses hébergement insolites qui bénéficie de l’Ecolabel Européen ; l’association Koed Barz qui s’occupe de la partie pédagogique et des événements culturels du lieu ; et une autre association, Breizh Cooperation, qui transmet la manière de travailler au Bois du Barde pendant des stages, des week-ends…

« Je ne vais pas parler de « mission de vie », mais c’est quelque chose qui est ancré en moi depuis toujours »

Un riche projet qui fait sens dans le parcours d’Anne-Laure. « Je ne vais pas parler de « mission de vie », mais c’est quelque chose qui est ancré en moi depuis toujours», confie-t-elle. Issue du milieu rural, titulaire d’un bac agricole, son premier travail a été dans l’animation, avec le poney comme outil pédagogique, auprès des enfants, des adultes et des personnes en situation de handicap. Bretonne d’adoption, elle est tombée amoureuse de la région et a choisi de déménager ici à 24 ans. « Dès mon arrivée, je voulais créer un lieu comme le Bois du Barde, je ne me voyais pas faire ça ailleurs », évoque Anne-Laure. « Le projet a pris une tournure précise grâce aux personnes rencontrées, qui m’ont enrichie. Au fur et à mesure, il est devenu de plus en plus écologique, avec notamment la maison en paille ou encore les bassins en phytoépuration. Les gens que j’ai rencontrés ont enrichi ce projet à leur manière. Et je pense que je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui, et le Bois du Barde ne serait pas ce qu’il est, sans ces personnes, qui parfois n’ont fait que passer ».

Mais tout n’a pas été un long fleuve tranquille. Au tout début de son aventure bretonne, lorsqu’elle a voulu s’installer, on la dissuade « On m’a dit : tu as 24 ans, va te marier, fais tes gosses et on reparlera plus tard ». De même, en 2001, les projets de diversification agricole « étaient impossibles » se souvient-elle. « Ca n’a pas été facile pour moi d’accepter ça, parce que je suis arrivée pleine d’idéaux, avec toute mon énergie ». Changement de décor alors pour Anne-Laure qui quitte le Trégor pour Rennes. Elle y rencontre le milieu bretonnant : musiciens, organisateurs de Fest Noz, démarrage du festival Yaouank… En parallèle, elle est formatrice Bafa-Bfd en bénévole. Elle se lance dans un Brevet d’État d’Animateur Professionnel (Bejeps aujourd’hui), pour se professionnaliser. Au même moment, Anne-Laure rencontre le père de ses enfants, qui lui lance « Viens passer un hiver en Kreiz Breizh et après on verra ». Un test réussi. « J’ai beaucoup aimé, le Centre-Bretagne m’a reconnecté à la nature ». Elle devient alors directrice d’un centre de loisirs dans le Morbihan, du côté du Pays du Roi Morvan. Elle commence à construire son projet de famille, et emménage dans une longère sur la ferme de ses beaux-parents. Un enfant, puis deux, puis trois naissent. Le projet de création du Bois du Barde est alors relancé, Anne-Laure ayant toujours « l’idée en tête ». Gilles, le père de ses enfants, poursuit son activité de technicien du spectacle, sur des festoù-noz ou des grands festivals. Il se lance aussi dans une formation pour être meneur de tourisme équestre, voulant changer d’activité par la suite. Mais tout ne se passe malheureusement pas comme prévu. « Il y a des choses qui arrivent, ce n’est pas pour rien, même si c’est dur à vivre », lâche Anne-Laure. Gilles fait une rupture d’anévrisme, alors qu’il allait s’installer et acheter les vergers. « J’étais enceinte de notre dernière », explique Anne-Laure. « Sur le coup, c’est dur à vivre. Là ça fait 10 ans, on est ressorti grandis. Il a un handicap cognitif à 80 %. Mais grâce à lui, je grandis aussi. L’accompagner dans son handicap, ce n’est pas facile, au quotidien, ce sont des épreuves, des remises en question. Malgré tout le Bois du Barde c’est aussi lui, car il l’a façonné avec moi. Il a sa place ici, c’est important ». Dans l’adversité, Anne-Laure peut s’appuyer sur des personnes ressources qui l’entourent, qui font partie du projet. Elle a « aussi appris à demander de l’aide, ce qui n’est pas facile ».

« Déjà, pour moi, tout est lié. Ce n’est pas un travail. Tous les jours, quand je me lève, ce que je fais, je sais que ça a du sens pour moi »

Comment fait-elle pour arriver à tout concilier ? « Déjà, pour moi, tout est lié. Ce n’est pas un travail. Tous les jours, quand je me lève, ce que je fais, je sais que ça a du sens pour moi », analyse Anne-Laure. Mais attention à la contrepartie. « J’ai fait une grosse fatigue cérébrale », confie-t-elle. Entre la gestion du quotidien avec des enfants « zèbres » et le handicap de Gilles qui au début ne pouvait pas conduire, la charge mentale a été lourde. « Ça a été très dur à vivre, mais aujourd’hui avec le recul, je me dis que si je n’avais pas eu ça, je ne serais pas qui je suis aujourd’hui. Les épreuves, elles te façonnent ». Des épreuves qui ont influé sur le Bois du Barde, mais en bien. « Ca a permis de poser le cadre qui est celui d’aujourd’hui, que ce soit au niveau de la coopération économique ou de l’habitat participatif. On utilise la sociocratie notamment ». Un mode de gouvernance partagée, une sorte de démocratie qui ne fonctionne pas en système pyramidal avec un chef unique, mais avec une place pour chacun. « On fonctionne en cercle », déclare Anne-Laure. «Il y a un cercle stratégique qui va réunir un représentant de chaque cercle opérationnel. Il y a aussi des « référents intellectuels », des « sages », qui sont au-dessus de moi et qui apportent leur regard, par exemple si quelqu’un veut entrer dans la coopération économique ou l’habitat participatif ». La sociocratie, ce sont aussi des protocoles de réunion spécifiques : pas de table, en cercle, avec un facilitateur/animateur, où chacun peut faire des propositions (information, réaction, avec besoin de prise de décision derrière). « L’avantage, ce sont que les introvertis peuvent aussi avoir toute leur place ». Autre principe de la sociocratie : les élections sans candidats. « On fait un profil de poste comme si on cherchait un employé, avec des compétences et des qualités. Ensuite, on cherche dans le groupe qui est capable de faire ça ».

« Les femmes ont une place à prendre, les hommes doivent leur laisser la place et être attentifs à elles »

Un fonctionnement qui sied bien au Bois du Barde, qui est un lieu dédié à la transition écologique. Pour la fondatrice, la transition écologique est « un mot récent, qu’on emploie davantage depuis la démission de Nicolas Hulot sur France Inter. Je pense qu’il y a eu un déclic à ce moment-là de la part du grand public, qui a commencé à se poser des questions ». Pour elle, la permaculture est une belle grille de lecture pour la transition. « Rob Hopkins en parle très bien, Damien Carême à Grande-Synthe aussi ». Revenir au local , développer l’habitat écologique, les énergies vertes, l’autonomie… sont autant de thématiques qui intéressent Anne-Laure. Elle donne d’ailleurs des « causeries » et conférences sur la permaculture, ou encore sur la place du féminin dans la transition. « Aujourd’hui, le constat que j’ai fait avec d’autres femmes, c’est que les « têtes de gondole » sont des mecs. Même dans le milieu alternatif, on doit travailler sur notre égo, sur notre légitimité et notre envie de dire les choses. Peut-être que les mecs devraient laisser la place aux femmes aussi », exhorte Anne-Laure, qui pense aussi que « Les femmes ont une place à prendre, les hommes doivent leur laisser la place et être attentifs à elles ». Si elle ne remet pas en question l’engagement d’hommes tels que Cyril Dion ou Maxime De Rostolan, Nicolas Voisin, ainsi que leur mouvement, elle s’interroge « Où sont les nanas ? ». « Je pense qu’on a un gros problème de sentiment d’illégitimité ». Face à une planète en danger, Anne-Laure constate cependant que les femmes n’ont plus « peur d’y aller ». « En tant que femme, on a la capacité de donner la vie, qu’on décide de le faire ou pas. Et là, l’humanité est en péril. C’est pas la planète qu’on doit sauver là, c’est nous. C’est pour ça que les femmes sortent de l’ombre. C’est long, ça prend du temps, on a besoin de travailler sur nous. Mais on y va parce qu’on doit le faire », déclare-t-elle.

Pour Anne-Laure, l’important est de trouver l’équilibre masculin-féminin qui est en chacun, afin de « mieux aller vers l’autre ». « Pour moi, aujourd’hui, la transition passe par là. » Le défi du 21ème siècle selon elle ? « L’humain face à lui-même ».

Ecoutez l’entretien avec Anne-Laure :