L’altruisme, au cœur de l’écosystème de la permaculture sociale

Plume citoyenne de Anne-Laure Nicolas*, co-fondatrice de l’éco-domaine du Bois du Barde, à Mellionnec dans le Kreiz Breizh. Cet article complète celui que nous avons publié le 23 septembre dernier, intitulé  » Une approche sensible de la Permaculture Humaine ».

La société occidentale d’aujourd’hui

Notre éducation judéo-chrétienne, depuis 2000 ans, a mis en avant un fonctionnement patriarcal, d’anthropocentrisme. Il en découle qu’à l’arrivée, au début de ce 21 ème siècle, nous fonctionnons dans un système de compétition, d’individualité, de refoulement des émotions, de consommation et sûrement encore bien d’autres choses, dans une énergie très dans le “masculin” ou, comme on peut penser en terme taoïste très dans le Yang, pour dégenrer cette énergie et ces façons de faire.

Constats des personnes en transition

Les personnes qui constatent que cette société, ce monde dans lequel elles évoluent, ne leur convient plus, basculent, transitionnent, bifurquent… elles constatent consciemment ou inconsciemment que cela ne correspond plus à leur imaginaire de vie. Elles souhaitent retrouver de l’Humain, de la nature, une place juste au milieu du Tout.

Elles veulent souvent se noyer dans le Nous, refaire du Nous, refaire corps avec les Humains. Sortir de leur individualisme, redire bonjour aux voisins, œuvrer pour quelque chose de plus grand qu’elles, participer aux changements.

Or, elles arrivent, pour certaines – et c’est bien normal – beaucoup avec les mêmes codes de fonctionnement que le monde qu’elles quittent et souhaitent pourtant voir évoluer, où l’Homme cisgenre** domine, où une sorte de compétition est encore présente, sous-jacente aux processus mis en place et qui ancre un faux-semblant de pratique parfois pseudo bienveillante de coopération.

L Altruisme, la considération, le souci de l’Autre, ou quelle attention je porte à l’Autre

La permaculture, dans sa dimension sociale permet, une fois que chacun, chacune a entamé le chemin de la connaissance de son Moi, de trouver une place dans un écosystème qui lui convient. Etre une pièce du puzzle dans le puzzle, oui mais quel puzzle? Dans ce puzzle social où j’essaie de trouver ma place, il y a déjà d’autres morceaux qui y sont. Pour ne pas les abîmer, les froisser, j’y suis attentif. Considérer l’Autre c’est lui donner une existence, de la matière. Un jour en discutant, il y a quelques années avec une personne que nous accueillions, elle m’a dit qu’il y a pire que la Haine, il y a l’ignorance.

Se soucier de l’Autre, c’est aussi faire le choix de sortir de l’altruisme de surface, ce n’est pas demander à une personne comment elle va sans écouter réellement la réponse! C’est entrer en relation, en reliance avec l’Autre être humain devant moi. Sortir du triangle de Karpman***, qui me fait me sentir exister, en me donnant une place parfois de sauveur. La peur, derrière cette prise de conscience et de qui je suis par rapport à mon environnement, c’est de ne plus être Soi au final. Mais c’est justement en ayant un réel ancrage avec qui je suis, que je peux en profondeur me soucier de l’Autre. Tant que mes bases, mon enracinement avec mon Moi, ne sont pas solides, ma reliance à l’Autre reste de surface et je ne peux donc lui donner une place dans mon écosystème, dans le puzzle, je ne le considère pas à sa juste place.

C’est une des reproductions de la société patriarcale occidentale qu’il reste encore dans ce monde en mutation. Pour trouver sa place, c’est un système de jouage de coude, d’Ego mal équilibré, où le masculin est dominant et qui aura forcément raison sur l’Autre.

Considérer, se soucier : des mots qui amènent au même résultat, je laisse une place à l’Autre, je le légitimise dans son essence, dans qui il EST.

La place dans le Tout

Avec les valeurs et les concepts d’éco-psychologie et d’écologie profonde, l’Humain sort de la toute puissance de l’anthropocentrisme. Il reprend une place juste, qui est la sienne au milieu des vivants. Il redevient donc dans l’imaginaire l’égal des autres espèces quelles qu’elles soient. L’altruisme, et sa traduction concrète au travers de l’éducation populaire, permettent le chemin vers la reconsidération de l’Autre en tant que ma propre image, en tant que Moi. Je me vois en lui, comme il me voit en moi. Je me soucie de lui qui a une place identique à la mienne dans cet écosystème dépassant au final celui de l’Humanité. Je peux apprendre de lui, comme il peut apprendre de moi.

L’ Humain, dans ce souci de l’ Autre et de la place qu’il peut lui accorder grâce à son regard et ses attentions, rééquilibre son Ego qui reprend une juste place. Cet équilibre qui vient chercher à l’intérieur de chacun le Yin et le Yang, où comme disait Carl-Gustav Jung l’Anima et l’ Animus dans son concept d’individuation.

*Notre portrait de Anne-Laure Nicolas : https://www.eco-bretons.info/portrait-de-femme-n3-anne-laure-nicolas-domaine-du-bois-du-barde-a-mellionnec-22/

**Cisgenre : Qui concerne une personne dont l’identité de genre correspond au sexe qui lui a été assigné à la naissance

*** Triangle de Karpman : C’est une figure d’analyse transactionnelle proposée par Stephen Karpan en 1968 qui met en évidence un scénario relationnel typique entre victime, persécuteur et sauveur. La communication est perturbée lorsque les protagonistes adoptent ces rôles plutôt que d’exprimer leurs émotions et leurs idées.




Une approche sensible de la Permaculture Humaine

Education des enfants, place des adultes

En cette rentrée scolaire 2022, où l’interdiction de l’instruction en famille a été pratiquement actée par le gouvernement français, il est bon de faire un petit rappel de la position et l’évolution de la sacro-sainte institution de l’éducation nationale ainsi que de la disparition progressive de l’éducation populaire ainsi que de ses conséquences.

A l’école depuis plusieurs décennies, nous apprenons à passer le Bac et aller à l’Université pour “faire des études”, avoir un poste prestigieux et avoir le salaire qui va avec. Les moins disciplinés et les moins érudits sont aiguillés sur les “voix de garage” dans les métiers manuels, qui eux sont forcément moins méritants. C’est la quête d’une sécurité de vie financière pour acheter ce dont on a envie et avoir une considération sociale. La plupart des familles poussent dans ce sens, en espérant que la progéniture fera mieux que soi.

L’école n’apprend plus à toucher du doigt qui est l’individu.

La disparition progressive de l’éducation populaire qui te permet de découvrir lors des temps de loisirs en dehors de l’institution scolaire et de la famille, qui tu es et surtout ce que tu aimes, et n’aimes pas ; d’apprendre de tes pairs, des plus jeunes ou des anciens, sans pression, juste avec la notion de plaisir.

Ces deux réalités produites dans le même temps ont amené une partie des humains d’aujourd’hui en France à BASCULER ou TRANSITIONNER par perte de sens.

La recherche de sens

Aujourd’hui, au Bois du Barde, encore plus qu’avant, nous voyons arriver, avec la crise sociétale, des personnes en quête de sens. Elles n’ont plus aucun repère. Elles savent qu’elles ne veulent plus la vie qu’elles ont ou qu’elles sont en train de quitter. Certaines parfois dans la douleur et le déchirement : burn-out, divorce, démission. Toutes ont pris conscience que ce qu’elles vivaient n’était pas ce qu’elles voulaient pour elles, pour leur famille parfois*.

L’exode rural de l’après Seconde Guerre mondiale a déraciné un bon nombre de générations qui aujourd’hui, pour leur bien-être mental, souhaitent revenir à la campagne. Beaucoup veulent revenir à des métiers manuels, sortir du mental et revenir au cœur et au corps de ce qui peut faire sens pour elles en tant qu’individu.

Mes capacités, le puzzle, notion de plaisir

Dans cette quête de sens, la permaculture humaine est un concept définissant nos aspirations les plus profondes. C’est pourquoi nous sommes là aujourd’hui et maintenant. Quelle est ma place dans le puzzle de la vie, comment puis-je contribuer à œuvrer pour mes valeurs et l’éthique que je défends?

Nous pouvons aimer faire plein de choses, mais qu’est-ce qui m’anime vraiment tous les jours dans mon quotidien ? Personnellement j’ai fait un coming-out d’écolo : je n’aime pas le jardinage, je n’aime pas mettre les mains dans la terre ! Je peux le faire, je sais le faire, mais en le faisant, je ne suis pas à ma place, et donc je m’épuise à le faire.

Je suis une conceptrice, j’ai la capacité de voir les projets ou les humains, c’est la vision globale. Quand je réfléchis au montage de projet ou à l’accompagnement d’autres humains, c’est facile pour moi et j’y prends beaucoup de plaisir, cela me nourrit et met mon coeur en joie.

La permaculture humaine est un cheminement de découverte de Soi, sur la route du développement personnel, il y a aujourd’hui beaucoup d’outils de connaissance de Soi, et de techniques. Dans le puzzle de la vie, la découverte de la forme, de la couleur, de la texture de son morceau de puzzle se fait avec le temps, et surtout nous avons le droit à l’erreur. C’est le chemin d’une vie.

Perte des savoirs ancestraux, 8 shields, etc.

Cette recherche de sens est liée indubitablement à la perte de savoirs ancestraux. En effet, notre éducation judéo-chrétienne et l’évolution d’une société patriarcale en parallèle, nous ont coupé de notre lien au Vivant. L’évolution dans le temps de l’anthropocentrisme, nous faisant croire à notre supériorité – liée au mental – à toutes espèces animales, végétales, nous a fait perdre le sens profond de nos vies.

La plupart des peuples premiers et autochtones du monde entier, qui ont gardé un lien avec le Vivant, nous montre que nous, occidentaux, nous sommes en décalage et de facto en mal-être.

Le concept des 8 shields est né de ce besoin, pour permettre une reconnexion à la nature et donc au Moi. Il relie les savoirs ancestraux autochtones du monde entier, voici ses principes :l’écoute attentive, la présence et la créativité ; la Joie et la vitalité de l’enfant; l’engagement; l’empathie et le respect de la nature ; être au service, dans son Don et dans sa Vision; être reconnaissant pour la vie et se sentir pleinement en vie ; incarner l’Amour, la compassion et le Pardon.

Refaire le lien, guidé par ces peuples, leur spiritualité et leur compréhension du monde est un enjeu majeur et nécessaire dans la prise de conscience que chaque individu est une partie du Tout, tout en étant relié au Tout. Nous sommes tous Unique dans notre Universalité.

En complément :

Sur youtube, l’interview  de Anne-Laure NICOLAS sur « Permaculture Humaine, Sociale et Economique Le Bois du Barde : https://www.youtube.com/watch?v=tNv7Fw4xzWk

https://www.annelaure-nicolas.bzh/

https://www.facebook.com/leboisdubarde

* Une chaleureuse recommandation de lecture qui parlera à toute personne en quête de sens : le livre réjouissant d’Eloïse Bossé-Durassier : « Breizh’ilience, où l’art de sauter dans les flaques » dont une bonne partie de l’action se déroule… au Bois du Barde !

https://www.librinova.com/librairie/eloise-bosse-durassier/breizh-ilience





Au Bois du Barde (22), une journée de rencontres autour du « monde d’après » et des Oasis

 

  • 9h/9h30: Accueil
  • 9h30/11h: Présentation du lieu sur sa partie économique en Pôle Territorial de Coopération économique, et sa partie humaine suivant les principes de la permaculture humaine, sociale et économique appliquée à l’expérience du Bois du Barde. Retour sur 10 ans de cheminement d’un projet individuel à un projet collectif
  • 11h/12h Visite commentée du lieu avec Gilles co-fondateur
  • 14h/15h30 Table ronde diversité des Oasis
  • 17h/19h (dans le cadre des Goûtiners): concert de clôture avec An Ti Ruilh (tarif prix libre ou aux dés pour les joueurs) « Un héritage culturel remis aux goûts du jour, un répertoire Folk et Traditionnel qui voyage à travers l’Europe et le temps (…). Un répertoire en constante évolution, préservant un héritage culturel remis aux goûts du jour, alliant compositions et reprises, chants et danses, rythmes et mélodies.

 

En parallèle toute la journée:

Divers ateliers “main à la pâte” en cours d’organisation: potager, nouvelles technologies, bricolage, nettoyage zones humides, …

 

https://www.helloasso.com/associations/association-koed-barz/evenements/festival-oasis-nord-ouest

 


Plus d’infos :

https://cooperative-oasis.org/

https://www.leboisdubarde.bzh/


A lire aussi :

Le portrait d’Anne-Laure Nicolas, fondatrice de l’écodomaine du Bois du Barde

Reportage à l’éco-hameau « Demain en mains »




La première centrale photovoltaïque citoyenne des Côtes-d’Armor mise en service

(Plume citoyenne) Du nouveau dans le paysage énergétique des Côtes d’Armor : la SAS Kerwatt vient de mettre en service le 24 août 2022 la première centrale photovoltaïque citoyenne du département sur le magasin Tinatur à Trémuson. Un résultat rendu possible grâce à l’épargne de 130 citoyens qui soutiennent localement, à travers la SAS Kerwatt, le développement des énergies renouvelables.

L’inauguration officielle aura lieu le samedi 24 septembre à 15h00, sur place au magasin TINATUR, 21 rue Eiffel à Trémuson. Les citoyens-souscripteurs ainsi que les élus locaux sont invités : nous aurons la présence du vice-président de l’agglomération en charge de l’énergie et le maire de Trémuson. Nous sommes accueillis sur place par Jean-Yves Thomas, le gérant de TINATUR, qui a mis à disposition sa toiture pour ce projet.

 

https://framadate.org/q7oVWiaCFwbrzib7

Contact :

kerwatt.sas@gmail.com, 07 81 28 22 75 (MONFORT Michel pour plus de détails)

World Clean Up Day : samedi, on fait la chasse aux déchets !

Ce samedi, on fait la chasse aux déchets sauvages ! A l’occasion du World Clean Up Day, des millions de citoyens se mobilisent dans 150 pays pour nettoyer la nature. En Bretagne, de nombreuses opérations de ramassages sont organisées.

Dans notre pays, c’est l’association World Clean Up Day, qui porte l’organisation de l’opération au niveau national. Son objectif : rassembler ce week-end un minimum de 3,5 millions de citoyens pour nettoyer et collecter les déchets encore trop présents dans la nature ! Citoyen.ne.s, associations, entreprises, collectivités, écoles…Tout le monde est donc invité à participer à l’un des 2335 événements locaux recensés (les « cleanups »), un nombre en augmentation d’année en année.

La Bretagne est également mobilisée sur le sujet. Des associations locales, des écoles, des clubs sportifs, et des collectivités organisent des opérations, notamment sur le littoral. Des ramassages sont ainsi organisés à Saint-Pol-De-Léon (29), Fréhel (22), Cancale (29), Belle-Ile-En-Mer (56), Sarzeau(56), Piriac-Sur-Mer (44), Batz-Sur-Mer (44)… L’intérieur des terres n’est pas pour autant oublié : plusieurs rassemblement pour ramasser les déchets sont ainsi mis en place sur Rennes (35), Montauban-De-Bretagne (35) ou encore Pontivy (56).

 

Pour en savoir plus et consulter le programme des ramassages près de chez vous, rendez-vous sur le site https://www.worldcleanupday.fr/

 




A Rennes, Bibou incite à repenser la consommation de vêtements pour les jeunes enfants

Pour utiliser le service, il est nécessaire de souscrire un abonnement, avec plusieurs formules possibles, mensuelles ou annuelles. A noter que les livres, jouets et accessoires de petite puériculture sont également acceptés !

Pour en savoir plus : https://bibou.me/

 

En 2016, une association est constituée. Elle est liée par une convention à la Ville de Rennes, propriétaire du bâtiment, en 2019.

En savoir plus sur ce projet participatif: https://www.rennes-business.com/fr/business-a-rennes/actualites/responsabilite-societale-entreprise/hotel-pasteur/