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A Vélo Au Boulot, ou comment passer de l’expérimentation à l’usage quotidien du vélo dans l’entreprise?

Des éléments de réponses chez Essences Bois, entreprise morlaisienne de menuiserie en éco-rénovation depuis 2006, rencontre avec son dirigeant, Tristan Brisset.

– Comment et pourquoi avez-vous créé Essences Bois? Quelle a été votre démarche pour sa création?

J’ai décidé de créer Essences Bois en 2006, après 10 ans dans le métier, car mes convictions et mes valeurs environnementales personnelles se trouvaient confrontées à de plus en plus de dissonance cognitive.

En créant ma propre structure, je pouvais décider des matériaux et des produits à utiliser qui correspondaient à mes critères écologiques.Et je souhaitais également instaurer d’autres formes de rapports humains dans le mode de fonctionnement d’une entreprise, jusqu’ici bien trop verticaux à mon goût.

Aujourd’hui, nous sommes, au total 5 personnes à composer l’effectif. Des parcours variés, des reconversions… et à chaque fois de belles rencontres humaines.

– Qu’est-ce qui vous a amené à envisager le vélo dans votre activité professionnelle ?

Je dirai que c’était sans doute depuis un moment en gestation, en attente d’un facteur déclencheur. Depuis 2015 et la découverte de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, les co-auteurs de « Comment tout peut s’effondrer ? » et la claque reçue à cette lecture, qui m’a dirigé vers d’autres lectures, des écoutes de podcasts, des conférences, des vidéos. Cela m’a permis d’acquérir une vision plus holistique de notre rapport à notre environnement et surtout de notre dépendance aux énergies fossiles. Ces dernières, à plus de 80 % au niveau mondial, nous permettent tout aujourd’hui. Dont une part importante pour le transport. La mondialisation est principalement, un flux permanent de matières, de produits, de denrées…fortement émetteur de GES (Gaz à Effet de Serre)

Nous allons devoir faire face au dérèglement climatique causé par notre activité humaine et, entre autre devoir, revoir nos moyens de déplacements. Il y a bien sur plusieurs niveaux d’actions, individuelles, collectives, normatives, législatives, institutionnelles et également dans le monde de l’entreprise. Alors, à notre niveau, que pouvons-nous dès à présent mettre en place et qui puisse aussi inciter d’autres à prendre notre roue, pour rester dans le thème du vélo ?

La rencontre d’un artisan du Sud-Finistère, qui fabrique des vélos utilitaires sur mesure à assistance électrique, m’a fait découvrir les triporteurs et l’univers utilitaire du vélo. Je consulte les petites annonces sur Internet, et je trouve un triporteur d’occasion qui avait été fabriqué 10 ans auparavant par ce même artisan. Histoire de rencontre, de nouveau.Pas simple à prendre en main, le moteur est fatigué et sans doute pas adapté à notre ville escarpée qu’est Morlaix. Qu’importe, il faut s’engager dans cette voie !

Outre l’interpellation que cela suscite, cela permet de créer ou de recréer du lien social. Il est possible de se parler à vélo, d’échanger sur une portion de trajet. De se dire quelques mots aux feux tricolores avec les autres usagers piétons.

– Comment avez-vous amené vos salariés dans cette aventure ?

A la rentrée, j’en parle avec mes collègues. J’envisage les chantiers du centre ville avec cet outil. Puis, très rapidement, au fil de nos échanges, j’envisage d’investir dans des VAE (Vélo à Assistance Électrique) pour, dans un premier temps, effectuer les trajets domicile-travail à vélo.

Pour appuyer cet élan, il y a le fait que tout le monde habite dans un rayon de 2 kilomètres autour de l’atelier . Pol, l’apprenti, est le plus proche et il vient déjà à pied. Chez Fred, je ressens de l’appréhension, il a une petite fille en bas âge et se projette dans la logistique pour l’accompagner chez la nourrice . Quant à Gonzague, le plus enthousiaste des trois, il y pensait depuis un moment, sans avoir le budget pour franchir le cap.Les VAE arrivent juste avant les congés de Noël, et en cette période propice, une remorque pour le transport d’enfants arrivera aussi chez Gonzague ce qui déclenchera, début 2019 , la joie de ses enfants de pouvoir aller à l’école en remorque derrière leur papa.

L’adhésion est partagée par tous, mais à des degrés divers et il subsiste des interrogations. Cependant, en laissant le temps aux personnes de s’approprier ces changements de pratiques, elles y viennent et de manière durable.

Sur la photo : Comme l’entreprise morlaisienne est en activité partielle du fait du confinement pour l’ensemble des salariés, Essence Bois met ses services aux besoins des autres artisans commerçants… fabrication d’une deuxième caisse en contre-plaqué pour le Bergamont Cargo de MLC afin qu’il puisse assurer ses livraisons de matériels auprès de ses clients…Un peu de R&D pour pouvoir superposer les deux caisses.

– Au bout de deux ans, quel bilan dressez-vous ? Comment réagissent vos clients ?

Nous avons expérimenté toute l’année 2019, remplacé certains VAE par d’autres plus adaptés, investi dans un VAE supplémentaire, une remorque à vélo pour pouvoir transporter des matériaux et/ou du matériel. Puis opté pour l’acquisition de vélos cargo car ce modèle nous semble être le plus adapté à notre activité.

Nous avons pu valider nos déplacements jusqu’à 15 Kms autour de l’atelier, quelque soit la topographie et même jusqu’à 20 Kms maximum sur terrain plat (oui, c’est très très rare).

J’ai participé, à Angers en janvier 2019, au regroupement et à la création d’une association nationale regroupant les entreprises qui se déplacent à vélo, Les Boîtes à vélos France. Parmis les 180 représentant-e-s de grandes villes, Morlaix faisait office d’exception tant par sa taille que sa topographie !

De nouvelles et belles rencontres de personnes impliquées depuis 2012 comme les pionniers nantais,une pionnière plombière même, se sont déroulées. Il y avait des fabricants de matériels dédiés, des menuisiers à vélo… Une confirmationpour moi du choix de s’être orienté vers ce moyen de transport…du futur.

En 2020, juste avant le début de la crise sanitaire, j’ai pu assister au congrès national de la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette) à Bordeaux et à la remise des trophées du Baromètre des villes cyclables. Encore de belles rencontres, enrichissantes, dynamisantes, inspirantes !

Quant à nos client-es, ils et elles sont surpris-es, curieux-ses, admiratif-ves et souvent fier-es de notre cohérence globale dans la pratique de notre activité professionnelle.

Aujourd’hui, après plus de deux années d’expérimentation, deux personnes sont venues rejoindre l’équipe et elles sont venues aussi avec le vélo, bien qu’habitant à plus de 10 Kms de l’entreprise.

C’est une satisfaction que de montrer par «la preuve par l’exemple», que cela est, non seulement possible, mais désirable.

L’utilisation des vélos n’est pas du 100%, mais nous en sommes à plus de 75%, ce qui pourrait nous permettre de rejoindre le collectif national associatif des «Boîtes à Vélos» qui regroupe les entreprises dont le moyen de transport est à minima de 75% à vélo. Des associations locales des Boîtes à vélo existent, principalement dans les grandes agglomérations mais, à Morlaix, nous prouvons que c’est faisable à plus petite échelle !

Sur la photo : Marie Jaouen et Tristan Brisset à Kérozar, devant le siège de l’Adess et d’Eco-Bretons. Elle et il ont rejoint le CA de notre webmédia associatif.

– En ce moment, se déroule le Défi A Vélo Au Boulot, comment cela se passe chez Essences Bois ?

Lorsque le Défi A Vélo Au Boulot s’est présenté sur Morlaix, tout le monde s’est accordé à y participer, sans pression mais l‘émulation est présente et permet à chacun d’y trouver une motivation supplémentaire pour apporter des points à l’équipe. Car si nous pédalons seuls sur nos vélos, il s’agit bel et bien d’un défi collectif avec pour but premier, d’inciter les personnes hésitantes à franchir le cap de ce mode de déplacement. Et autant pour celles qui le pratiquent déjà depuis un certain temps, cela ne change pas leur quotidien, autant pour les autres, c’est une occasion de se sentir épaulées, entraînées. D’ailleurs, Fred s’y implique grandement en assurant une très forte régularité dans ses déplacements à vélo depuis le début du Défi.

Et sur la durée de ce défi, 5 semaines,c’est l’occasion de prendre de nouvelles « bonnes » habitudes de déplacements. Et si rechute il y avait, tout ce qui aura été acquis ne sera pas perdu. Le nouveau départ n’en sera que plus facile.

Tout-e seul-e, on va plus vite, ensemble on va plus loin !




Portrait de femme n°9. Julie Dupuy, vannière tresseuse de liens

« Lorsque l’on tire un seul fil de la nature, l’on découvre qu’il est attaché au reste du monde ». Ces mots de l’écrivain américain John Muir, une des figures mythiques de la protection de la nature et penseur des relations entre l’espèce humaine et le reste du vivant, résonnent fort avec Boutok, l’atelier vannerie que Julie Dupuy a choisi de nicher sur le port de Concarneau. Dans son atelier-boutique, entourée d’artisans travaillant le bois, Julie nous reçoit avec passion pour nous conter le métier de vannière que cette ancienne chargée de mission dans le domaine des métiers d’arts, a choisi d’exercer avec cohérence, engagement et partage.

C’est par hasard qu’elle a découvert la vannerie lors d’ateliers de loisirs, attirée par la création, par une activité manuelle et pour se donner un temps à soi. Elle s’y est peu à peu plongée, se perfectionnant au fur et à mesure auprès d’autres vannier.es qui lui ont transmis leur passion, leurs savoir-faire, leurs techniques parfois ancestrales ainsi que la conscience du lien profond existant entre cette activité et le végétal. Myriam Roux qui se définit comme une plasticienne du végétal, l’a particulièrement accompagnée sur ce chemin, l’emmenant sur la technique mais aussi sur la découverte des différentes fibres tel l’osier, la ronce, le chèvrefeuille et bien d’autres… Qu’on soit dans la vannerie dite utilitaire ou celle, dite artistique, les techniques sont en fait les mêmes et Julie aime osciller entre les deux. L’artisanat est pour elle, à la lisière entre l’utilité et l’art, Boutok voulant d’ailleurs dire « panier à tout faire » en breton, elle a à cœur de lui rendre toute sa valeur.

Des « tinies-oseraies » dans une vraie démarche de proximité

L’atelier Boutok s’inscrit dans l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) avec le choix d’être dans une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) pour s’extraire autant que possible du modèle néolibéral dominant. Il est aussi très fortement impliqué dans le tissu local de la région concarnoise, avec toujours cette volonté de tisser des liens profonds entre les personnes et leur environnement naturel. Julie a par exemple participé aux 48H de l’agriculture urbaine avec le fablab Konk Ar Lab. On peut tresser du végétal même sur des friches urbaines, en prenant le temps d’y dénicher des tiges comme du lierre, des graminées… Cela permet de poser un regard différent sur des espaces parfois délaissés et de se les réapproprier. Le choix d’être sur de l’agriculture urbaine se conjugue aussi au travers de sa collaboration avec la brasserie Tri Martolod, qui accueille sur son terrain, une des deux oseraies plantée au cœur de cette zone d’activité commerciale et artisanale. Le but est d’y implanter du végétal, de restaurer des écosystèmes et la brasserie a en projet également de faire des jardins partagés, des lieux de partage et d’échanges entre les habitant.es de Concarneau. L’autre parcelle de Boutok se situe quant à elle à Kervic sur la commune voisine de Nevez. Ce tiers-lieu en milieu rural accueille notamment l’Atelier Z qui propose des ateliers autour de la low-tech ainsi que de multiples évènements autour de l’écologie, du vivre-ensemble etc. Julie qualifie, en souriant, ses oseraies de «tiny-oseraies », ce qui met en valeur cette notion d’échelle car pour elle, on n’est pas obligé de grossir démesurément quand on créé une activité, ce qui va à l’encontre de bien des discours économiques… Ce sont des enjeux qui s’opposent actuellement, sur l’échelle de taille, sur un territoire donné et respecté… Il y a une vraie démarche de proximité dans son activité.

Cette démarche s’inclut également dans les ateliers qu’elle propose et où elle s’attelle à transmettre sa pratique avec enthousiasme, que ce soit en MJC ou à son atelier, auprès d’adultes ou d’enfants avec toujours en tête une approche d’éducation populaire. Les ateliers de vannerie, tout comme d’autres activités manuelles, sont des lieux où les personnes peuvent lâcher prise, découvrir le lien au vivant (elle nous confie que certaines prennent conscience à ce moment là que l’osier vient d’un arbre), se sentir valorisées en se réappropriant certains gestes, gestes que certaines se souviennent avoir vu plus jeunes auprès de grands-parents ou de voisin.es âgé.es. Cela peut parfois emmener à une forte mobilisation émotionnelle à laquelle Julie est attentive, en posant d’emblée le fait qu’il n’y a pas d’enjeu, pas d’objectifs impératifs de production dans ses ateliers. Elle souhaiterait poursuivre dans cette voie en se formant pour travailler avec des publics en situation de handicap ou d’autres éloignés de la vie culturelle. Affaire à suivre chez Boutok !

Julie Dupuy est également désireuse de travailler avec d’autres artisan.es pour sortir parfois du nécessaire travail solitaire de l’atelier. Avec Véronique Couppa, céramiste de Trégunc, elles sont dans la recherche permanente pour lier la terre et le végétal tout comme ils le sont dans la nature. Les deux matières résonnent et dialoguent ensemble dans leurs créations, et l’une comme l’autre s’entremêlent pour s’accueillir, avec une recherche commune sur le jeu des couleurs, sur les matières tout en solidité et souplesse.

Mais que savons-nous faire de nos mains ?

Quand elle parle de son métier, Julie évoque aussi le fait qu’il permet un engagement du corps, engagement pouvant être parfois exigeant. Un ancien vannier lui a d’ailleurs confié, comme une confidence protectrice, qu’il ne fallait pas tresser plus de trois heures d’affilée afin de ne pas s’user trop précocement ! Pour Eco-Bretons, Julie nous parle de ce que lui évoque la notion de transition écologique. Pour elle, la transition emmène à redéfinir la relation entre les êtres humains et leur environnement, et la vannerie répond à un certain nombre d’enjeux soulevés. La vannerie fait partie du mouvement du slow-design, on est sur le temps du végétal, c’est à dire celui des arbres pour l’osier qu’elle a choisi de tresser, l’osier faisant partie de la famille des saules. Tout simplement, il faut que ça pousse, sur un temps que nous ne maîtrisons pas et il faut l’accepter ! Pour la réalisation des objets, il faut d’abord avoir le végétal, le faire tremper plusieurs semaines car tant que la matière n’est pas assouplie, on ne peut la travailler (sauf à travailler en osier frais). Mais ce temps de fabrique permet également de respecter la matière, de ne pas la maltraiter et de prendre aussi le temps de la réflexion nécessaire à la conception de l’objet. Le slow-design permet aussi d’exprimer une certaine volonté de sortir du temps de la rentabilité à tout prix. Cette lenteur certaine permet également d’appréhender celle de la sobriété, de faire un pas de côté avec l’hyperconsommation de matières et d’énergie. La vannerie produit peu de déchets, au demeurant compostables, elle ne nécessite que peu d’outils, il n’y a besoin que d’un sécateur, d’un couteau, d’un peu d’eau, elle n’utilise pas de machines à énergies fossiles et il n’y a pas d’obsolescence programmée, tout est réparable. C’est toute une économie circulaire qui peut être mise en œuvre, circulaire tout comme la rondeur d’un boutok !

L’autonomie est également présente dans la vannerie, avec la possibilité de fabriquer soi-même ses propres outils de travail, Julie nous explique qu’autrefois, il n’était pas rare de voir des oseraies plantées au bout des champs afin que les paysan.nes puissent confectionner, par leurs propres moyens, les paniers nécessaires à leur activité. Elle s’interrompt pour évoquer une chanson de Feu! Chatterton, « Un monde nouveau » dont les paroles l’ont touchée : « Un monde nouveau, on en rêvait tous, mais que savons-nous faire de nos mains… presque rien, presque rien… ». Avec Boutok, ce presque rien se transforme en beaucoup de choses… des paniers bien sûr mais aussi des nichoirs, des lustres, des panières et tant d’autres…

Une relation réciproque avec le vivant

On ne peut finir cette rencontre sans parler un peu plus des arbres, du végétal. Julie Dupuy a planté 600 arbres l’hiver dernier qui sont certes, des puits de carbone, mais aussi un tissage avec le végétal, une attention donnée au vivant. Le soin apporté au végétal fait sens dans la réciprocité que l’arbre lui apporte en lui offrant la matière première à ses ouvrages de vannerie. L’oseraie est sans traitement chimique et en attendant de pouvoir récolter sa propre matière, Boutok se fournit chez deux vanniers en Bretagne qui travaillent dans la même démarche. La nouvelle de Giono, « L’homme qui plantait des arbres », fait non seulement partie des souvenirs anciens de Julie, mais aussi, maintenant, des messages écologistes, humanistes et politiques qu’elle met dans son activité. Rien d’étonnant donc, que Julie prolonge son engagement au travers de mandats électifs, au niveau de sa commune, de l’agglomération et de la région.

Pour prolonger littérairement la rencontre avec Boutok, les écrits de la conteuse extraordinaire qu’est Robin Wall Kimmenerer dans son essai « Tresser les herbes sacrées » peut vous emmener à ressentir comment les humain.es sont appelé.es à une relation réciproque avec le reste du monde vivant. Pour elle, ce n’est que lorsque nous entendrons les langues des autres êtres que nous serons capables de comprendre la générosité de la terre et d’apprendre en retour. L’autrice, scientifique de renom et membre de la nation Potowatomi , évoque poétiquement par ces mots, le lien de son peuple avec l’avoine odorante, graminée que les vanniers récoltent avec respect : « Par le biais de l’offrande de tabac et des remerciements, mon peuple dit à l’avoine odorante : « j’ai besoin de toi ». En se régénérant après récolte, la graminée dit à mon peuple : « j’ai besoin de toi aussi ». Mishkros kenomagwen. Ou la leçon de l’herbe ? Grâce à la réciprocité, le don est renouvelé. Toute prospérité est mutuelle. »

Boutok atelier vannerie, 11 rue du port, 29900 Concarneau06 61 52 66 64

Lien internet vers son site : Boutok – Atelier vannerie Concarneau

Pour tisser plus loin :

*Myriam Roux lien vers son site : Page accueil – Myriam Roux – Art et nature

*  « Tresser les herbes sacrées », Robin Wall Kimmererer chez Le lotus et l’éléphant 

* « L’homme qui plantait des arbres », Jean Giono chez Gallimard

* « Un monde nouveau », Feu! Chatterton sur l’album Palais d’argile

* la contemplation de l’œuvre « Transition » de Sophie Prestigiacomo et Régis Poisson, dans l’exposition « Métamorphoses » visible jusqu’au 3 octobre 2021 au domaine départemental de La Roche Jagu, Côtes d’Armor.




Kub’Tivez vous : sélection de décembre

Dans le cadre de notre partenariat avec KuB, le web média breton de la culture, nous vous proposons une nouvelle sélection à découvrir gratuitement sur leur site internet. Au programme ce mois-ci : les circuits courts en agriculture !

Mon panier, de Marie-Josée Desbois

La réalisatrice Marie-Josée Desbois, installée dans l’est du Morbihan, nous emmène avec elle à la découverte de producteurs locaux. Des producteurs qu’elle connait bien, du fait de ses achats chez eux, en vente direct ou circuits courts. On retrouve par exemple Dominique, paysan-boulanger, Aude et Yannick, maraichers-bio, Gaëlle et René producteurs de vaches laitières et à viande en bio, Marie-Claude, fromagère….Toutes et tous ont fait le choix d’une agriculture plus autonome, plus respectueuse de l’environnement et de l’humain, et loin du système industriel, dans des exploitations de petites tailles. Ce que ces producteurs et productrices préfèrent, c’est la vente directe, via des Amap ou des marchés. Tout cela leur permet de redonner un nouveau sens à leur travail. Le documentaire met en lumière leur parcours, leur réussite, mais aussi leurs difficultés. Sans oublier leur vision de l’agriculture aujourd’hui.

Un joli film tourné au cœur du Morbihan qui donne à voir une agriculture qui sort des sentiers battus et montre que « faire autrement » est possible, même au sein d’une région ou le modèle agro-industriel est dominant.

A voir sur https://www.kubweb.media/page/mon-panier-circuit-court-maraicher-marie-josee-desbois/




A lire. Notre sélection de décembre

Eco-Bretons vous propose en ce mois de décembre une sélection de trois livres. Au programme : un guide pour devenir autosuffisant.e, un ouvrage pour découvrir des plantes communes et leur utilisation à la maison et en cuisine, et un roman graphique écoféministe.


En route vers l’autosuffisance, du potager à l’énergie

de Régine Quéva

Editions Larousse, 127 pages, 14,90 euros.

La Bretonne Régine Queva est auteure et anime des conférences, formation et ateliers autour des algues, des produits ménagers naturels et cosmétiques. Son dernier livre en date, « En route vers l’autosuffisance », est paru chez Larousse. Fruit d’un travail de plusieurs mois durant lesquels elle a testé une multitudes de recettes, elle y délivre les bonnes pratiques afin d’être autonome chez soi. L’un des buts de l’ouvrage est « d’être capable de prendre soin de soi et des autres en se concentrant sur les solutions plutôt que les problèmes ». Régine présente ainsi différentes astuces et pratiques pour se nourrir (jardiner, faire soi-même, conserver les aliments, cueillir dans la nature), s’occuper de soi et des autres (se chauffer, faire soi-même, prendre soin, réparer), et savoir utiliser l’eau et l’énergie (économiser l’eau, la recycler, la rendre potable, comprendre l’énergie, réduire sa consommation, en fabriquer). On peut ainsi apprendre à faire son pain au levain, des conserves, un feu, une salade de pissenlits, à désinfecter naturellement de l’eau pour la rendre potable etc…Un ouvrage très complet, agrémenté de nombreuses sources et références.


Lessive de lierre et café de pissenlit

de Laëtitia Crnkovic

Editions Larousse, 143 pages, 12,80 euros.

Laëtitia Crnkovic, fondatrice de Zéro Déchet Tregor propose des ateliers éco-responsables et autour de la réduction des déchets, des conférences. Formée en cosmétiques naturelles et en aromathérapie, elle est auteure également de livres, comme par exemple « Lessive de lierre et café de pissenlit, ce que la nature nous offre », paru chez Larousse. Né lors du confinement, il est une réponse à la question qui taraudait Laëtitia à l’époque : « Qu’est ce que j’ai dans la nature autour de moi, et qu’est ce que je peux en faire ? ». Elle a ainsi mené un « gros travail de recherche sur les usages, notamment culinaires » de plantes très communes, telles que le plantain, l’ortie, le pissenlit, le souci, la ronce, l’achillée…Au menu donc , près de 20 plantes sauvages facilement identifiables pour ne pas se tromper, et une centaine de recettes, en cuisine mais aussi cosmétique, bien-être et santé, ou encore pour la maison. On peut ainsi apprendre à concocter un beurre à l’achillée mille-feuille, un macerat huileux de calendula (souci), un sirop de mûres, le fameux « champagne des fées au sureau », une lotion pour le teint au pissenlit, de la lessive de marron d’inde, une lotion purifiante anti-acné au lierre…Accessible à tous, l’ouvrage fait aussi la part-belle aux photos, dont beaucoup sont prises par Laëtitia elle-même !


Vivaces

de Pauline et Lucile Torregrossa

Editions Des Ronds Dans l’O, 116 pages, 20 euros.

Inaya, 10 ans, part chez sa grand-mère pour passer les vacances, avec sa petite sœur. Un jour, il plu tant qu’il y eut une coulée de boue dans le jardin. Inaya en fut bouleversée. Quelques temps plus tard, au collège, elle subit une agression. Elle se renferme alors sur elle-même…Pour l’aider et l’apaiser, sa grand-mère Marthe l’initie au jardinage et lui raconte le destin de femmes qui ont lutté pour un monde meilleur et plus écologique : Wangari Maathai au Kenya et le mouvement de « la ceinture verte », Berta Caceres, militante indigène hondurienne opposée à la construction d’un barrage hydroélectrique sur le fleuve sacré Gualcarque, ou encore les femmes de Plogoff qui ont mené la lutte contre l’installation de la centrale nucléaire. Tous ces exemples aideront la fillette a dépasser ses peurs et à s’affirmer, et à prendre aussi sa place.

Un joli roman graphique initiatique, réalisé à quatre mains par deux sœurs, qui traite d’écoféminisme, de la condition des femmes, et met en lumière l’incroyable parcours de certaines d’entre elles à travers le monde. A partager entre générations.




A Laillé (35), on recherche des habitant.e.s en action pour la biodiversité

A Laillé (35), la commune et le réseau Cohérence s’associe pour proposer un projet autour de la préservation de la biodiversité. Une vingtaine d’ « habitant.e.s en action » formeront un groupe qui sera accompagné durant des temps d’animation individuels et collectifs, durant huit mois, pour faire le point sur les actions mises en place et à mettre en œuvre pour favoriser la protection de la biodiversité sur la commune.

Vous habitez Laillé ? La protection de la biodiversité vous préoccupe ? Alors devenez un.e « habitant.e en action » ! Ce dispositif, dont le nom précis est « Laillé en biodiversité – habitant.e en action » est proposé par la commune, avec le réseau Cohérence.

Il s’inscrit dans le cadre du projet plus large « Laillé en biodiversité », programme de mobilisation citoyenne autour des transitions avec la biodiversité comme porte d’entrée, en réponse à l’appel à projet « Mobilisons les bretons pour la transition » lancé par la Région, et avec le financement de l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne.

Une dizaine d’habitant.e.s sont d’ores et déjà inscrit.e.s, et sont prêt.e.s à se lancer dans une aventure qui va durer huit mois, et qui « va démarrer en janvier 2022 », précise Solenne Boiziau, chargée de mission Transition Ecologique et Solidaire au sein du Réseau Cohérence, qui accompagnera le groupe. Pour multiplier les points de vue et aller chercher d’autres publics, cinq foyers seront tirés au sort par la mairie de Laillé, auxquels il sera proposé de participer au projet. « L’idée, c’est de constituer un groupe avec des habitant.e.s plus ou moins engagé.e.s sur la question de la biodiversité, de ne pas réunir que les convaincu.e.s », explique Solenne.

Parmi les personnes intéressées, on peut citer Nadège animatrice nature et installée depuis trois ans en auto-entrepreneuse sur la commune. Pour elle, la participation au groupe représente une opportunité de « réfléchir ensemble et mobiliser d’autres habitant.e.s pour avancer ». Henry, quant à lui, vit à Laillé depuis 10 ans et travaille dans le domaine des énergies renouvelables. Déjà engagé avec sa famille dans un « défi eau et énergie », il souhaite « partager avec d’autres lailléen-nes sur les moyens d’aller plus loin que le constat et proposer des actions à mener ensemble : animations nature, sensibilisation… ».

Comment concrètement va se passer l’aventure « Laillé en biodiversité – habitant.e en action » ?

« Il y aura dans un premier temps des diagnostics individuels, afin que chacun identifie ses pratiques en faveur de la biodiversité, grâce à un outil créé par le Réseau Cohérence et qui s’intitule l’Agenda des Transitions, mais qui va être ici adapté à la thématique, avec l’aide d’associations locales comme Bretagne Vivante, Eau et Rivières de Bretagne, et la commune de Laillé », précise Solenne.

Six à huit temps d’animation collectifs seront aussi mis en place, en fonction des envies et des besoins des membres : chantiers participatifs, balades, ateliers au jardin, expressions artistiques… « On sera dans le faire et l’expérimentation, le but est d’explorer la nature dans son environnement proche », poursuit Solenne. Deux autres temps ouverts seront organisés en fin d’année, dont un qui permettra d’évaluer les actions de la commune sur la biodiversité, grâce au « Baromètre des transitions », autre outil développé par Cohérence et là encore adapté au contexte. Le temps suivant devrait permettre l’émergence d’un projet de territoire sur la biodiversité, avec des projets que les habitant.e.s auront envie de porter, comme par exemple une grainothèque, un verger partagé…

Si vous êtes intéressé.e pour participer au groupe d’habitant.e.s en action, il est possible de s’inscrire jusqu’à dimanche 12 décembre, auprès de la mairie ou de Cohérence.

Inscriptions : Mairie de Laillé (contact@laille.fr – 02 99 42 57 10)
Renseignements : Réseau Cohérence (06 78 18 28 79 – contact@reseau-coherence.org)




Un Tro Breizh des hauteurs

Avec « L’Himalaya breton », écrit par le journaliste, auteur et documentariste Nicolas Legendre, on part en « road trip » sur les routes secondaires à la découverte des sommets bretons. Un ouvrage qui donne envie de voyager à côté de chez soi.

« L’Himalaya breton ». Le titre peut prêter à sourire. En effet, pas évident d’imaginer la région comme un territoire de haute montagne, avec des sommets tutoyant le ciel, enveloppés de neige et auxquels s’accrocheraient des nuages. Mais ce serait oublier l’existence du Massif Armoricain, dont les Monts d’Arrée et les Landes de Lanvaux en sont les plus célèbres représentants. Ces montagnes, et d’autres encore, parfois moins connues, forment cet «Himalaya breton » que Nicolas Legendre, journaliste et auteur de livres et de documentaires, part découvrir dans un « road trip » en plein de mois de Février, juste avant le premier confinement.

Au volant de sa Mégane de 20 ans d’âge, accompagné de ses fidèles cartes IGN, il va parcourir ainsi durant une semaine les routes secondaires, pour ce qu’il appelle son « Tro Breizh des hauteurs ». Du massif de Paimpont au Menez Hom, en passant par les Landes de Lanvaux, Lanfains (plus haut bourg de Bretagne), le Mené Bré et les mythiques Monts d’Arrée, Nicolas Legendre nous embarque avec lui à la découverte de ces paysages singuliers, et nous livre également quelques réflexions sur le territoire qu’il a devant les yeux, qui a bien évolué au fil des ans, du fait notamment de l’agriculture intensive, du remembrement, de la mécanisation, de l’urbanisation. Il reste cependant ici et là des terres encore sauvages, à la riche biodiversité, qu’il aime à décrire, le tout agrémenté des aquarelles de Joëlle Bocel. De rencontres en rencontres, avec parfois de sacrés personnages, on décèle aussi une façon de vivre propre à ces « sommets bretons ». La région recèle encore bien des trésors, qu’ils soient patrimoniaux ou naturels, et on a beaucoup de plaisir à les découvrir dans le sillage de l’auteur. Grâce à cet ouvrage un peu décalé à la fois documentaire, journalistique, mais aussi poétique, on a envie de prendre le volant, le guidon, ou encore le bâton de marche et de partir nous aussi escalader les hauteurs bretonnes.

L’Himalaya breton, de Nicolas Legendre, illustré par Joëlle Bocel, 223 pages, Les Editions du Coin de la Rue, collection Les Explorations Bretonnes, 17 euros.