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Festival Alimenterre : « La part des autres » questionne la démocratie alimentaire

Dans le cadre du festival Alimenterre, coup de projecteur sur le documentaire « La part des autres ». Produit par le Civam et réalisé par Jean-Baptiste Delpias et Olivier Payage, il met en avant différentes situations liées à la problématique de l’alimentation : précarité alimentaire, aide alimentaire, lien social, production agricole…et pose la question plus large de la démocratie alimentaire et de l’accès pour toutes et tous à une nourriture de qualité et durable.

Pandémie, guerre en Ukraine, inflation au plus haut…ont une conséquence directe le pouvoir d’achat des populations, et sur l’alimentation. La précarité alimentaire est plus que jamais d’actualité. Le film « La part des autres », sélectionné dans le cadre du festival Alimenterre, résonne avec les problématiques d’aujourd’hui. Sorti en mars 2019, il a été tourné dans le cadre d’un projet mené par le Civam, baptisé « Acessible », et qui portait sur l’accès à l’alimentation.

Le film évoque ainsi la question de la « démocratie alimentaire », et le double appauvrissement que l’on constate aujourd’hui en France : celui des producteurs, qui peinent à gagner leur vie convenablement en produisant ce qui nous nourrit, et celle des consommateurs. Un français sur 10, soit entre cinq et sept millions de personnes, ont eu recours à l’aide alimentaire en 2020. En 2021, la banque alimentaire a distribué 7 370 tonnes de nourritures, dont 30 % de produits laitiers, 25 % de féculents et 20 % de fruits et légumes4. L’industrie et les grandes surfaces sont à l’origine 22 % des produits reçus par la banque alimentaire. L’alimentation, qui sait si bien rassembler autour d’une table, est aussi source d’exclusion. Tout le monde ne peut à l’heure actuelle accéder à des produits de qualité issus d’une agriculture plus respectueuse de la santé, de l’environnement, et des agriculteurs.

Face à ce constat, quelques réponses sont présentées : la création d’épicerie sociale où l’on peut faire ses courses avec dignité, le « cabas des champs » dans le quartier de Keredern à Brest qui permet aux habitants de s’approvisionner auprès des producteurs à prix maîtrises, le maraîchage solidaire dans la Drôme et l’Allier…sont autant d’initiatives mises en œuvre aux quatre coins du pays. Des intervenants du Civam présentent également le concept de « sécurité sociale de l’alimentation ». Un collectif d’associations (Attac, Civam, Ingénieurs sans Frontières, VRAC, Confédération Paysanne) planche sur le sujet, et imagine un système financé par les cotisations sociales, qui permettrait à chaque citoyen.e de recevoir 150 euros par mois, pour acheter des produits conventionnés choisis démocratiquement. De quoi ouvrir le débat et questionner nos systèmes agricoles et alimentaires dans leur ensemble.

 


Le film sera diffusé :

Jeudi 10 novembre à Guidel (56), Chanteloup (35), Moëlan-Sur-Mer (29), Montauban-De-Bretagne (35)

Lundi 14 novembre à Monfort-Sur-Meu (35)

Mercredi 16 novembre à Fougères (35), Rennes, (35), Nantes (44), Loudéac (22),

Jeudi 17 novembre à Arrandon (56)

Vendredi 18 novembre à Coêtmieux (22), Lorient (56), Pont-Labbé (29), Concoret (56)

Dimanche 20 novembre à Ercé-En-Lamée (35)

Lundi 21 novembre à Melesse (35)

Jeudi 24 novembre à Saint-Nazaire (44)

Vendredi 25 et samedi 26 novembre à Lorient (56)

Lundi 27 novembre à Pornic (44)

Mardi 28 novembre à Lanmeur (29)

Mercredi 29 novembre à Chevaigné (35), Dinan (22), Saint-Brieuc (22), Bourbriac (22)

 

Tous les détails sont sur le site du Festival Alimenterre




En Bretagne, l’édition du Mois de l’ESS 2022 est lancée

C’est parti pour le mois de l’Economie Sociale et Solidaire ! Comme tous les ans, novembre lui est dédié. De nombreuses manifestations sont organisées un peu partout dans la région à cette occasion.

 

« L’économie sociale et solidaire n’est pas un secteur d’activité, mais une façon de faire et d’entreprendre qui rassemblent des organisations alliant performances, démocratie et utilité sociale ». Telle est l’ESS définie par la Cress (Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire) de Bretagne. Elle repose sur des principes forts : une utilité collective ou sociale, un fonctionnement démocratique, et un modèle économique spécifique (pas d’actionnaires à rémunérer, les excédents sont prioritairement destinées au développement de l’activité).

En Bretagne administrative,, l’ESS est un secteur fort puisqu’elle représente près de 13,5% des emplois salariés. Elle est même la première région de France pour la place de l’ESS dans l’économie, avec la présence de nombreuses associations, coopératives, mutuelles et fondations.

Durant tous le mois de novembre, l’ESS est à l’honneur, dans toute la France, avec « le mois de l’économie sociale et solidaire ». En Bretagne, plus de 200 manifestations sont ainsi organisées, afin de sensibiliser le grand public à cette économie plus respectueuse de l’humain, et de montrer la diversité des acteurs de l’ESS dans la région. Cette année encore, le mois de l’ESS est partenaire du Festisol et du festival Alimenterre, deux autres temps forts de Novembre qui permettent ainsi de lier solidarité et transitions écologiques, économiques et sociales.

Dans les Côtes d’Armor, on pourra par exemple participer à une manifestation autour du recyclage, baptisée « Faire autrement, Recyclons ensemble », à Broons le 25 novembre. A Dinan, c’est un atelier autour de la conservation des légumes de saison qui sera proposé le 29 novembre.

Dans le Finistère, le 10 novembre, l’Adess Pays de Brest en partenariat avec Brest Métropole organise une « dégustation de projets autour de l’action climatique », de 18h à 19h30. A Carhaix, une ciné-rencontre aura lieu le 12 novembre autour du film « Reprise en main », avec le réalisateur Gilles Perret et la monteuse Marion Richoux. Et le 26 novembre, rendez-vous au 2D à Morlaix avec l’équipe de la monnaie locale Le Buzuk pour une « fresque de la monnaie ».

En Ille-Et-Vilaine, le 9 novembre, on pourra visiter les fameux Ateliers du Vent à Rennes. Le 12, le bar-épicerie associatif « Le Bar’Ille » fera son inauguration, à Parcé. Et jusqu’à 29, on pourra découvrir l’exposition « Kess’Aco », à la médiathèque de Louvigné-Du-Désert.

Dans le Morbihan, mardi 8, place à un ciné-débat à Pontivy autour du thème des tiers-lieux, à la médiathèque. Le 10 novembre, Entreprendre au Féminin organise une rencontre sur l’ESS et entrepreneuriat féminin, à Auray.

En Loire-Atlantique, à Nantes, le public est invité à une rencontre pour échanger sur la manière de quitter les Gafams pour un service Cloud plus solidaire et respectueux. Et à La-Chapelle-Sur-Erdre, c’est la recyclerie le TransiStore qui soufflera sa première bougie le 12 novembre !

 

Plus d’infos et liste des événements sur le site du Mois de l’ESS




L’idée sortie. La P’Art Belle aux océans ce week-end à Vannes

Les premiers jours du mois de Novembre, le fameux « Miz Du » (mois noir en breton) se dérouleront sous les belles nuances de glaz (vert/bleu, toujours en langue bretonne) de l’océan, à Vannes. En effet, l’association morbihannaise La P’Art Belle, qui propose le festival du même nom début septembre à Sarzeau, organise un grand week-end autour de la mer. Louise Robert, la fondatrice, et son équipe, nous propose de partir à la découverte de ce milieu très important pour la région, puisque la Bretagne ne compte pas moins de 2500 kilomètres de côtes ! Tables-rondes, librairie éphémère, stands…seront au menu, ainsi qu’un « ciné-symphonie » autour de l’océan, le dimanche.

 

Au programme de ces deux jours qui se dérouleront au Palais des Arts à Vannes : des rencontres, des tables-rondes, des ateliers, des spectacles…

On pourra ainsi, samedi 5, assister à une table-ronde autour de l’éco-navigation et de l’éco-citoyenneté, avec Céline Marie : Chargée de projets, responsable du pôle formation CPIE Belle-Ile-en-Mer, Jacques Dussol : Président de l’association RIEM (Réseau Initiatives des Eco-Explorateurs de la Mer), Quentin Coupa Dufau : Chargé de mission Fish & Click, Arlette Carrie, la Récup’ Fabrik et l’association Vigipol. Une rencontre sera également organisée avec Chloé Le Bars, navigatrice et marraine de l’événement, et Pierre Mollo, enseignant-chercheur spécialiste du plancton. La Compagnie Orange Givrée, menée par Anthony Serazin, proposera un spectacle tout public le « PPPPP » (Projet Pop Pop Portuaire pour Peillac). Au menu aussi de cette journée de samedi, des stands : Vigipol, l’Ifremer, l’Université de Bretagne Sud et son projet « Indigo », Geo Ocean, et la Radio Kalon, une radio à finalité d’insertion sociale et professionnelle de publics démunis en Bretagne…et d’autres.

Le dimanche, deux gros temps forts : une table-ronde autour et avec des femmes qui oeuvrent pour protéger et faire connaître la mer. On y retrouvera ainsi Céline Kahn (Blue Print), Léore Pujol (Blue Print / Water Family), Marie-Gabrielle Capodano (La Nurserie du Golfe), Anne Jacob (Guide Littorale et conteuse) et Chiara Aliprandi (Horizon Mixité). Pour clore le week-end, le public est invité à assister à un spectacle « La voix des océans » : une symphonie écrite par le franco-brésilien Antonio Santana suite à sa rencontre avec Pierre Mollo, et interprétée par l’Orchestre Symphonique de Saint Nazaire, le tout sur des vidéos du monde marin (et notamment du plancton!).

A noter aussi, la présence samedi et dimanche de la librairie vannetaise « La prairie bleue » qui proposera une sélection de livres autour de l’océan et deux rencontres avec des auteurs.rices du Grand Ouest, à savoir Léna Paul-Le Garrec pour « Lulu » et Denis Rohou pour « De la mer à l’assiette ».

 

 

Pratique :

Samedi 5 et dimanche 6 novembre au Palais des Arts à Vannes

de 11h à 19h le samedi et de 11h à 19h30 le dimanche

Accès animation : Tarif libre à partir de 5 euros, gratuit pour les -de 10 ans

Accès spectacle « La Voix des Océans » – Théâtre Lesage Palais des Arts & des Congrès de Vannes, le dimanche 6 :
– Tarif plein – 15 euros
– Tarif réduit – 10 euros (Personnes bénéficiaires des minimas sociaux (RSA, ARE…), personnes en situation de handicap, moins de 18 ans. Un justificatif sera demandé sur place, pensez à l’apporter)
– Tarif très réduit pour les étudiant.e.s – 5 euros (week-end) et 2 euros (La Voix des Océans)
– Entrée libre pour les moins de 10 ans
Billetterie sur https://www.helloasso.com/associations/association-la-part-belle/evenements/la-p-art-belle-la-voix-des-oceans

Programme disponible sur https://www.lapartbelle.bzh




Le dernier des laitiers : « no future » pour la production laitière bretonne ?

Dans le cadre du festival Alimenterre qui se déroule jusqu’à fin novembre, coup de projecteur sur le film  « Le dernier des laitiers » réalisé par Mathurin Peschet. Le documentaire interroge la diminution, qui semble inexorable, du nombre de producteurs laitiers en Bretagne, tout en questionnant le modèle agricole. Sans oublier de présenter quelques alternatives qui laissent entrevoir un espoir pour l’avenir. A écouter en fin d’article : Interview de Mathurin Peschet, réalisateur du documentaire, et Yann Yobé, producteur laitier en bio à Saint-Alban (22), en système herbager. Interviews réalisées à l’occasion de la soirée de lancement du Festival Alimenterre à Saint-Brieuc, par Françoise Ramel. Montage réalisé par Gaël Le Du, de Radio Bro Gwened.

Et si, en 2050 en Bretagne, il ne restait plus que quelques producteurs de lait, à la tête d’exploitations gigantesques fonctionnant avec un robot de traite, et dans lesquelles les vaches restent enfermées dans des batiments ? C’est la question qui taraude Mathurin Peschet, dans son documentaire « Le dernier des laitiers ». Le réalisateur breton, déjà auteur de documentaire sur l’agriculture et l’environnement comme  « L’enfer vert des bretons » ou « copain comme cochon », s’intéresse cette fois-ci à la production laitière en Bretagne. Armé d’un graphique représentant la courbe descendante du nombre de producteurs au fil des années, il part à la rencontre de plusieurs agriculteurs, s’inscrivant dans des modèles différents (bio, conventionnel, herbager…) et ayant des exploitations de tailles variées. Certains ont même carrément arrêté le lait.

On découvre ainsi Erwan et Lionel, qui présentent leur ferme, de taille moyenne, leur difficultés mais aussi leur passion pour l’agriculture. Jean-François, quant à lui, évoque avec émotion son changement de métier, face à l’injonction d’avoir toujours plus de vaches. Myriam et Ronan ont choisi également d’arrêter. Leur fils explique qu’il comprend les raisons de leur décision. Jean-Paul a lui, agrandi sa ferme et a investi dans un robot pour la traite, ce qui lui permet de rendre son travail moins pénible et d’augmenter sa productivité. Christian s’est converti au bio juste avant sa retraite, mais avec son cheptel de 160 bêtes, se rapproche du fonctionnement des exploitations conventionnelles. Chez Pierrick et Aurélie par contre, l’exploitation est de petite taille, et tous deux questionnent les notions de rentabilité et de productivité.

Riche de ces différents témoignages, « le dernier des laitiers » amène le spectateur à s’interroger sur l’agriculture d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Veut-on avoir de grosses exploitations entièrement robotisées sans âme ? Jusqu’où ira la course à toujours plus de production ? Comment faire pour que les agriculteurs puissent vivre dignement de leur travail ? Comment donner envie à la jeune génération de s’installer ? Agréable à regarder, le film nous permet aussi de nous questionner sur notre rôle à jouer en tant que consommateur.

 

Le film sera diffusé :

  • Le 29 octobre à Saint-Lunaire (35)
  • Le 30 octobre à Saint-Carreuc (22)
  • Le 8 novembre à Saint-Georges-de-Reintambault (35)
  • Le 15 novembre à Vitré (35)
  • Le 15 novembre à Paimpol (22)
  • Le 17 novembre à la Roche-Jaudy (22)
  • Le 17 novembre à Lorient (56)
  • Le 18 novembre au Mené (22)
  • Le 19 novembre à Port-Louis (56)
  • Le 22 novembre à Paimpol (22)
  • Le 24 novembre à Caudan (56)
  • Le 24 novembre à Fougères (35)
  • Le 29 novembre à Saint-Méen-Le-Grand (35)
  • Le 30 novembre à Bréal-Sous-Monfort (35)

 

 

Plus d’infos :

https://www.alimenterre.org

 

 

 

BA-LE DERNIER DES LAITIERS from CFSI ALIMENTERRE on Vimeo.

 


A écouter : Interview de Mathurin Peschet, réalisateur du documentaire, et Yann Yobé, producteur laitier en bio à Saint-Alban (22), en système herbager. Interviews réalisées à l’occasion de la soirée de lancement du Festival Alimenterre à Saint-Brieuc, par Françoise Ramel. Montage réalisé par Gaël Le Du, de Radio Bro Gwened.

 

 




Bascule Argoat, entre tiers-lieu et éco-lieu des transitions écologiques en Centre Ouest Bretagne (56).

A la suite de la deuxième Edition de son Forum des coopérations, le Réseau Cohérence publie en partenariat avec Eco-bretons une série d’articles sur l’engagement. Chaque article présente une initiative inspirante en Bretagne avec un focus sur sa manière d’accompagner l’engagement dans les transitions : comment sortir de l’entre-soi ; comment toucher de nouvelles personnes ou comment se relier à d’autres initiatives et coopérer ? Des enjeux auxquels nous tentons de répondre au travers de ce dossier. Nous continuons notre présentation avec une initiative du Centre Ouest Bretagne, au cœur de Roi Morvan Communauté : le Tiers-lieu Bascule Argoat. Pour comprendre comment ce lieu à la fois d’habitation, d’accueil et d’expérimentation des transitions écologiques et sociales fonctionne et aborde la question de l’engagement, nous avons interviewé Simon Suire, habitant permanent de Bascule Argoat.

Cohérence : « Pour commencer, pourrais-tu nous en dire un peu plus sur Bascule Argoat ? »

Simon : « Bascule Argoat, c’est un collectif d’une petite quinzaine de personnes, de 24 à 41 ans, qui fonctionne en gouvernance partagée et en auto-gestion [Vous pouvez trouver plus d’informations sur leurs définitions de ces termes par ici : https://argoat.la-bascule.org/notre-mode-de-fonctionnement]. Aujourd’hui nous avons une Raison d’Être posée depuis le début de l’aventure et après deux ans et demi d’existence elle nous paraît trop large et pas assez précise, et nous souhaitons la rafraîchir.

Concrètement Bascule Argoat c’est un grand bâtiment de 800m2 avec un grand jardin de 3500m2 en ruralité, entre Rostrenen et le Faouët. On est plutôt un projet associatif avant d’être un projet d’habitat même si le projet d’habitat est parti intégrante du projet. »

 

 

Cohérence : « Comment parvenez-vous à susciter un engagement à travers vos activités ? »

Simon : « Bascule Argoat suscite l’engagement par deux moyens, tout d’abord sur notre lieu à travers l’accueil et l’expérimentation. Nous expérimentons beaucoup de choses qui sont liées aux transitions et nous ouvrons notre collectif. Concernant l’accueil nous avons une semaine d’accueil par mois qui est dédiée à la découverte de la vie en collectif à Bascule Argoat et de nos outils. Des personnes – que nous ne connaissons pas forcément – nous contactent et peuvent venir découvrir comment on vit, fonctionne, travaille, etc… C’est ce qui selon nous permet de planter des graines en inspirant les personnes. Par exemple pour la gouvernance partagée, cela permet de tester nos modes de fonctionnement et des outils d’intelligence collective car nos réunions sont toutes publiques et ouvertes aux visiteurs et visiteuses qui peuvent y assister (mais pas forcément y participer). Sur l’écologie, concernant notre alimentation ou la question de la sobriété énergétique, on montre également ce qu’il est possible de faire avec peu de moyens et des vertus écologiques, voire sociales ou démocratiques. Ça passe par nos projets dans le jardin, nos projets de bricolage ou de rénovation du bâtiment où tout est axé sur le faire soi-même, les low-techs1 et l’encapacitation individuelle.

Ensuite, nous essayons d’accompagner et de favoriser les transitions écologiques, sociales et démocratiques sur notre territoire. Ça passe par des projets avec les élu-es locaux, on travaille par exemple en ce moment sur le Schéma de Cohérence Territoriale (ScoT) du Centre Ouest Bretagne. On organise des consultations citoyennes sur ce plan qui est un document stratégique d’organisation de territoire sur 20 ans et la communauté de communes doit validé ce projet. C’est un document long et très complet avec du jargon administratif et juridique et donc on organise des séances où on lit ensemble le document, on explicite les termes compliqués, on apprend nous même en le faisant et on anime ces échanges là. L’enjeu est de comprendre le document afin d’avoir les clefs pour pouvoir y réagir.

On participe également à un groupe d’entraide qui fonctionne bien et qui s’est créé peu de temps après notre installation : le « groupe du dimanche ». Ce groupe réunit des personnes, sur un rayon d’une trentaine de km, qui se retrouvent une fois par mois pour échanger leurs besoins, envies et services sur le territoire. Nous participons à ces rencontres et je m’implique notamment dans le groupe de travail de facilitation de ce groupe afin de le dynamiser.

Nous faisons également de l’accueil et la préparation de stages sur le lieu. Pour le moment nous organisons nous même deux types de stage : de low tech et de permaculture. Ces stages nous permettent de transmettre ce qu’on a appris et qui fonctionne, et pas que chez nous mais ce sont des éléments de notre lieu de vie. Grâce au stage, au-delà de l’inspiration par l’exemple, cela nous permet de passer dans une dynamique de transmission de ce qu’on fait et ce qu’on sait. »

Cohérence : « Qu’est-ce qui selon toi marche le mieux pour toucher plus de monde ? »

Simon : « C’est difficile à dire car on a parfois du mal à mesurer l’impact qu’on a. J’ai l’impression que les stages et les immersions via l’accueil ça marche bien. Pour l’accueil il y a des gens qui viennent nous voir pour découvrir un truc et souvent on fait parti d’un circuit de ces personnes qui visitent d’autres éco-lieux alors qu’un stage les gens viennent rechercher un savoir précis avec souvent la volonté de l’appliquer directement. Le point commun de ces deux choses c’est que l’immersion marche vraiment bien pour faire évoluer les personnes, faire changer de posture car même si ce n’est jamais parfait on fait une démonstration par l’exemple. D’être en situation dans un lieu qui a des low tech, qui fonctionne en gouvernance partagée, ça permet de les voir fonctionner, de voir leurs apports et leur richesse. Et ce n’est vraiment pas la même chose que de voir une conférence, lire un article, regarder une vidéo… Ce qui touche vraiment les gens c’est qu’on propose des choses fonctionnelles. Par exemple manger végétarien tous les jours ça paraît inaccessible pour beaucoup de gens. Quand on voit le poids d’un régime alimentaire carné vis-à-vis d’un régime alimentaire végétarien sur les émissions de CO2 individuel il y a un vrai enjeu à montrer qu’on peut manger bien et sain en étant végétarien. C’est quelque chose auquel on est super attachés et on fait attention à proposer quelque chose qui donne envie. C’est plein de couleurs, avec des produits de saison… On mange beaucoup de choses de notre jardin, c’est super inspirant et ça nous réjouit beaucoup (hier soir 75 % de notre assiette venait de notre jardin). Ça nous fait réaliser que ça vaut vraiment le coup de mettre de l’énergie dans le jardin. Concernant les low tech on a de tout : des trucs qui fonctionnent bien et qu’on utilise, des choses qu’on a plutôt en « vitrine » et d’autres qui ne marchent pas forcément. On met en avant ce qui marche bien : la marmite norvégienne qui permet de cuisiner en consommant beaucoup moins d’énergie ; les panneaux solaires« low tech » qui permettent de chauffer l’eau en diminuant notre consommation d’électricité (système hybride chaudière à bois, solaire en low tech & électrique si besoin en complément). Le troisième truc qui marche bien c’est qu’on a des vélos donc on peut proposer aux gens d’aller faire des balades à vélos, on ne réinvente rien mais donner la possibilité ça encourage les gens à aller vers une forme de mobilité douce. On a un petit atelier vélo avec de quoi les réparer.

Et le fait d’avoir des regards extérieurs ça nous aide à avancer. Ces personnes qui viennent nous disent ce qui marche mieux ailleurs quand on propose quelque chose qui ne marche pas très bien (ça nous arrive aussi!). »

Cohérence : « L’accueil est donc au centre du projet Bascule Argoat, comment est-ce que ça fonctionne pour bien accueillir aussi souvent ? »

Simon : « C’est Ce qui facilite l’accueil chez nous c’est notre système de « boussolage » : les visiteur-euses qui viennent à la maison notamment pour les semaines de découverte, on les appelle les «explorateur.ices». Et un-e bon-ne explorateur.ices se doit d’avoir une bonne boussole. Donc chaque personne qui arrive a une « boussole », c’est une personne qui va lui donner le meilleur cap en fonction de son intention. Il y a une première prise de contact au téléphone ou par mail, en amont de la venue, afin de se présenter et de comprendre au mieux l’intention de la personne pour sa venue afin de mieux la guider dans son séjour. Ensuite quand la personne est sur place, sa boussole est son point de contact privilégié vis à vis du groupe (même si les personnes du reste du groupe peuvent être sollicités bien évidemment). La boussole est référente pour certains sujets en particulier, par exemple, si la personne veut étendre son séjour (c’est sa boussole qui va amener la demande au groupe). Pour faciliter les accueils on a aussi des phases ou temps qu’on appelle d’« inclusion » et de « déclusion ». Donc côté inclusion c’est le moment où la boussole explique comment fonctionne la maison, qui y vit, ce qu’il va se passer pendant le séjour. Et pour le temps de déclusion c’est un temps de bilan avec la boussole pour savoir si la personne a nourri ses intentions, ce que la personne a apprécié ou moins bien vécu puis dans ce temps il y a a aussi une discussion autour de la participation consciente. C’est un modèle économique où on rend visible nos charges, nos besoins, nos investissements éventuels par rapport à ce qu’il se passe (combien coûtent le chauffage, la nourriture, les temps d’accueil…). En face de cette présentation les personnes peuvent contribuer de plusieurs manières (en compétences, en partage, temps, argent, etc…). On a mis un espace pour reconnaître la participation non financière des personnes. On a aussi une culture d’affichage pour fluidifier l’accès à l’information pour les personnes en visite : il y a plusieurs endroits où il y a les informations qui sont un peu partout dans la maison. Par exemple en cuisine des éléments pour guider les personnes (ce n’est pas forcément évident de cuisiner pour beaucoup quand on a pas l’habitude), notre raison d’être et intention de lieu sont affichées dans le couloir, il y a le tableau des participations conscientes, les agendas de la semaine et du mois, les différents lieux autour et où sortir, les marchés, les distances à vélos avec les lieux autour et le tableau d’autogestion des tâches (qui permet d’auto-organiser la vie quotidienne avec les tâches telles que la cuisine, ménage, poules…) où les personnes s’inscrivent à leur convenance. »

 

Cohérence : «Comment est-ce que vous vous connectez à d’autres lieux engagés ? »

Simon : « Bascule Argoat fait parti de l’archipel de la Bascule qui est notre communauté associative, c’est un modèle d’organisation inspiré des écrits d’Edouard Glissant.*1 Bascule Argoat est une île dans un archipel de 5 îles de la Bascule. Nous avons une vision commune, cette orientation autour des transitions et de faire bouger les choses en ce sens mais avec des modes d’action différents. Il y a une île du côté de Rennes qui est plus dans une expérimentation de modèle économique et d’entreprenariat alternatif. En Bourgogne il y a un lieu beaucoup plus tourné vers l’accueil, avec beaucoup plus d’espace pour cela. Il y a une autre île itinérante qui fait de la formation sous forme d’éducation populaire. Et l’un des éléments sur lesquels Bascule Argoat participe activement c’est la recherche de nouveaux lieux. Je pense que ce qui marche le mieux c’est de créer des îles, des ports, des points de contact, des lieux de rencontre et d’expérimentation. Je peux pas donner d’exemple très précis mais on a pas mal de pistes de lieux qui pourraient accueillir d’autres îles plus tard. On est également en contact avec d’autres collectifs pour éventuellement former des regroupements mais aussi avec des Mairies, avec des privés. Des personnes ou des groupes qui cherchent des accompagnements pour créer des collectifs, qui cherchent l’inspiration ou des outils et donc on essaye d’alimenter ces dynamiques de lieux (tiers-lieux, éco-lieux…) car on croit beaucoup dans la force de ces lieux comme points de repères, les îles pour trouver des ressources,… Le fonctionnement de l’archipel se fait par un comité avec des représentant-es de chaque île qui se réunit une fois par mois. Cette réunion est la plupart du temps en format « cockpit », pour garder le lien avec un état d’avancement des différents projets. Pour le moment notre objectif commun est de resserrer les liens entre les projets qui sont éloignés géographiquement. On a mis en place une rencontre tous les 3 mois entre les différents projets pour se retrouver, qu’on appelle « les 4 saisons de la Bascule ». Et on essaye d’alterner les lieux, quand on se retrouve c’est festif, se rencontrer, se retrouver… et c’est aussi des ateliers sur comment trouver d’autres lieux, comment dépasser le cercle des convaincus, comment avancer ensemble, homogénéiser nos pratiques… ou des ateliers du sensible et corporel pour se connecter autrement à l’autre. »

1 La Low-Tech est l’ensemble des technologies qui ont pour caractéristiques leur simplicité de mise en œuvre, leur accessibilité (aussi bien technique que matérielle ou financière), leur réparabilité et leur durabilité.

2 https://la-bascule.org/larchipel




L’alimentation solidaire et durable au menu du festival Alimenterre

C’est reparti pour le festival Alimenterre ! Depuis le 15 octobre et jusqu’au 30 novembre, l’édition 2022, coordonnée pour les Côtes-d’Armor, le Morbihan et l’Ille-Et-Vilaine par le Réseau Bretagne Solidaire, et pour le Finistère par le Cicodes, propose plus de 70 rendez-vous et s’articule autour d’une programmation de 9 films, faisant la part belle aux thématiques liées à l’alimentation durable. Vous retrouverez sur Eco-Bretons des articles publiés tout au long de l’événement(interviews, chroniques de films…).

 

Chaque année, le Festival Alimenterre revient en France et dans d’autres pays. Pour cette édition 2021, qui se déroule du 15 octobre au 30 novembre, les objectifs de l’événement restent les mêmes : « amener les citoyens à s’informer et comprendre les enjeux agricoles et alimentaires en France et dans le monde, afin qu’ils participent à la co-construction de systèmes alimentaires durables et solidaires et au droit à l’alimentation », et ce via notamment la projection de neuf films documentaires.

En Bretagne, c’est le Réseau Bretagne Solidaire, qui fédère de nombreux acteurs bretons de la coopération et de solidarité internationale, qui coordonne le festival sur les départements du Morbihan, des Côtes-d’Armot et de l’Ille-Et-Vilaine. Pour le Finistère, c’est le Cicodes qui s’en charge.

Cette année encore, de nombreuses thématiques, qui feront le lien entre ici et ailleurs seront abordées : Quelles politiques agricoles et commerciales pour permettre aux agriculteurs de France et d’ailleurs de vivre dignement ? Comment concilier l’étalement urbain dans les métropoles avec la volonté de souveraineté alimentaire ? Que se cache-t-il derrière nos choix de consommation ? Quels sont les impacts de nos achats alimentaires quotidiens, ici et ailleurs ? Les films seront l’occasion d’évoquer des thématiques qui résonnent particulièrement en région Bretagne, comme par exemple les algues vertes, ou la production laitière.

Au menu du Festival Alimenterre, plus de 70 évènements dans une trentaine de communes bretonnes, de Brest à Rennes, en passant par Lamballe, Lorient, Redon ou encore Paimpont. On pourra retrouver des projections-débats, des marchés alimentaires et solidaires, des expositions, des visites de fermes…Nous en reparlerons sur Eco-Bretons tout au long des six semaines du festival.

 

La sélection des films pour 2022 :

 

Pour connaître le programme détaillé rendez-vous sur le site du Réseau Bretagne Solidaire, et sur la page facebook du Festival Alimenterre en Bretagne