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Une journée mondiale des blaireaux présente en Bretagne

Pour alerter sur la cruauté du déterrage et améliorer les connaissances sur le plus grand des mustélidés de France, l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS), met les blaireaux à l’honneur le temps d’une journée, le lundi 15 mai 2023. Elle sera ainsi relayée à Tintiniac et à Morlaix où l’éthologue spécialiste des blaireaux, Virginie Boyaval* en dira beaucoup sur ce mustélidé qui a toute sa place et droit à une vie paisible parmi l’ensemble du vivant.

Animal discret aux mœurs noctambules, le blaireau reste mal connu en France. Victime régulière des collisions routières, on a hélas plus de probabilité de le voir mort sur le bas-côté de la route que vivant lors d’une balade en forêt. Surnommé « petit ours des campagnes », le plus gros de la famille des mustélidés subit par ailleurs l’une des chasses les plus cruelles qui soient en France : la vénerie sous terre. Avec d’autres associations, l’ASPAS lutte depuis des années pour réhabiliter ce paisible fouisseur de vers de terre, pour qu’il soit simplement respecté pour ce qu’il est : un blaireau !  

Pourquoi le 15 mai ?

Car malgré de belles avancées, c’est toujours ce jour-là que s’ouvre, hélas, la saison de déterrage de blaireaux dans quelques départements de France. Appelée vénerie sous terre, cette chasse traditionnelle est heureusement de moins en moins populaire, mais elle reste l’une des pratiques les plus cruelles qui soient : des petits chiens, envoyés sous terre, acculent les blaireaux pour les empêcher de sortir de leur terrier, pendant qu’à la surface, des chasseurs creusent la terre avec des pelles et des pioches, jusqu’à atteindre les animaux qu’ils vont ensuite extirper de force, à l’aide de grandes pinces métalliques, puis tuer par arme à feu ou arme blanche (s’ils n’ont pas déjà été déchiquetés vivants par les chiens…).

L’espoir d’un changement législatif

Le 15 mai, des blaireautins non autonomes peuvent encore se trouver dans les terriers. Or il est illégal de tuer les petits non sevrés d’une espèce classée chassable. C’est sur la base de cet argument que l’ASPAS et d’autres associations ont pu obtenir de nombreuses suspensions et annulations d’arrêtés préfectoraux devant les tribunaux. Résultat : de moins en moins de préfets autorisent la période complémentaire de vénerie sous terre dès le 15 mai.

Le blaireau en Bretagne

Dans son Atlas des mammifères de Bretagne**, sous les plumes de Xavier Grémillet et Philippe Baudron, le Groupe Mammalogique Breton (GMB) nous indique que le blaireau est présent dans les cinq départements. Il précise aussi que «  jusqu’au début des années 1990, l’usage d’appâts empoisonnés contre les blaireaux et le gazage intensif à la chloropicrine des terriers de renard ont amené dans certains secteurs les populations à un niveau critique. Depuis, l’espèce semble avoir reconstitué une bonne partie de ses effectifs. » A propos de sa chasse, le GMB poursuit : « la chasse à tir est minime en Bretagne et la chasse sous terre (déterrage) reste le principal mode de chasse (surtout en Finistère, en régression en Haute Bretagne). Les menaces majeures pour l’espèce en Bretagne sont aujourd’hui la dégradation du bocage, la raréfaction des prairies permanentes au profit de la céréaliculture, l’appauvrissement des habitats favorables et leur cloisonnement par les routes. Ces dernières occasionnent des mortalités non négligeables, principalement au printemps et à l’automne. »

Deux événements pour la Journée mondiale des blaireaux, les 14 et 15 mai

A Tinténiac, en Ille-et-Vilaine

Conférences, expositions, ateliers et animations pour petits et grands afin d’apprendre à connaître et découvrir notre petit ours des campagnes. Le tout dans la bonne humeur et la convivialité ! Restauration et buvette sur place.

INFOS PRATIQUES :

Public : Tout public

Date : 14 mai

Horaires : 09h30 à 18h

Lieu : Espace Duguesclin, 5 Avenue Duguesclin

Contact : delegation35@aspas-nature.org / 06 74 42 39 43

Organisé par : ASPAS 35

 

A Morlaix, en Finistère

Stand au sein de l’établissement scolaire de Suscinio, ouvert au public pour l’occasion, suivi d’une conférence à 20h de Virginie Boyaval, spécialiste des blaireaux.

INFOS PRATIQUES :

Public : Tout public, scolaires, étudiants

Date : 15 mai

Horaires : 9h à 23h

Lieu : Lycée de Suscinio, Suscinio

Contact : delegation22-29@aspas-nature.org / 06 67 35 55 56

Organisé par : ASPAS 22 – 29

Partenaire(s) : Lycée de Suscinio, association Meles (http://www.meles.fr/)

 

https://www.aspas-nature.org/jmblaireaux/

* PORTRAIT. « En France, personne ne les connaît »: Virginie Boyaval, une vie à défendre les blaireaux : https://www.ouest-france.fr/hauts-de-france/compiegne-60200/portrait-virginie-boyaval-une-vie-a-defendre-les-blaireaux-67588866-2e02-11ed-82ab-ca288831284e?fbclid=IwAR2fG6uxHeTDIoiCa2n1YCzlW3c7pduKY5p_YK8uTy0H5CDNAE1nEWGaohk

** Atlas des mammifères de Bretagne : une double page dans l’édition papier (186-187). Egalement sur son site,  : https://atlas.gmb.bzh/atlas/espece/60636




Défi « Tout à vélo » : la monnaie locale Le Buzuk a aussi son équipe !

« Tout à vélo », le challenge consacré à l’utilisation du vélo dans les déplacements utilitaires du quotidien, revient pour une nouvelle édition. Cette année, on pourra former des équipes dans neuf villes bretonnes : Brest, Quimper, Carhaix, Concarneau, Lannion, Lorient, Vannes, Redon-Pontchâteau et Morlaix. Dans cette dernière commune, la monnaie locale, le Buzuk, participera avec son équipe. Une démarche logique, tant les valeurs véhiculées par la monnaie locale et par la pratique du vélo au quotidien sont proches.

Depuis le 8 mai, le challenge « Tout à vélo » (ou Marc’h Houarn Challenge en breton) est relancé ! Ce défi breton est organisé dans neuf villes de la région, par des associations d’usagers de la bicyclette. On pourra ainsi y participer du côté de Brest, Quimper, Carhaix, Concarneau, Lannion, Redon-Pontchateau, Lorient, Vannes et Morlaix, avec les associations et organisations Bapav (Brest à Pied ou à Vélo), Kernavelo, Le Velo Bleu, Trégor Bicylcette, Energies Citoyennes en Pays de Vilaine, la Sonnette, le Collectif des Mobilités Douces, Skylett  Wimoov, Velomotive, et l’APAV Morlaix. Le but du jeu : créer une équipe, et comptabiliser ensemble tous les kilomètres parcourus en vélo, durant cinq semaines, lors des trajets utilitaires du quotidien (aller au travail, faire des courses…). L’année dernière, c’est Lannion qui avait reporté le défi, devant Brest et Morlaix.

Dans cette ville, la monnaie locale le Buzuk participe à l’aventure depuis 2021. Pour cette année, elle se remet en selle ! « On est plusieurs dans l’association à pratiquer le vélo au quotidien, ça nous semblait logique de participer », expliquent Chantal Jaouen-Quiviger, bénévole de la première heure, et Nicolas Makeiew, salarié. « Et puis, cela colle bien avec les valeurs défendues par la monnaie locale : la proximité, éviter l’utilisation des énergies fossiles… on a aussi pas mal d’utilisateurs du Buzuk qui sont membres de l’APAV Morlaix», précisent les deux adeptes du vélo. Chantal est par ailleurs l’une des chevilles ouvrières des « Vélorutions » qui sont organisées depuis quelques mois sur Morlaix, afin de sensibiliser et d’inciter les citoyen.nes à utiliser la bicyclette, notamment sur les routes qui longent la rivière. « J’expérimente aussi le fait de ne plus avoir de voiture. Cela oblige à une nouvelle organisation, à repenser les déplacements », souligne-t-elle. 

Nicolas, quant à lui, est un utilisateur de la bicyclette depuis peu de temps. La location de vélo électrique, grâce à Morlaix Communauté, lui a permis de tester ce mode de déplacement, notamment pour rejoindre le bureau du Buzuk, sur les hauteurs de Morlaix. « Je loue le vélo durant un an, au tarif de 16 euros par mois, ça reste abordable. Une fois que je l’aurai rendu, j’en achèterai un ». Un essai qui l’a convaincu des bienfaits de la Petite Reine au quotidien. « C’est une pratique qui rend plus heureux ! ».

Pour Nicolas et Chantal , utiliser la monnaie locale et le vélo participent de la même démarche de « remise en question de certains comportements ». « On réfléchit à ses déplacements, à sa consommation. On est davantage acteur, et on créé du lien, que ce soit sur la route ou en utilisant le Buzuk ».

 

Pour en savoir plus sur le challenge « Tout à Vélo » : http://www.challenge-velo.bzh/

Pour en savoir plus sur le Buzuk : https://www.buzuk.bzh/




Aller Vert lance la Répar’Action !

(Plume Citoyenne) Le 14 mai prochain à Ti an Oll, le club Aller vert organise un atelier de Répar’Action pour donner une deuxième vie à vos objets. Petit électroménager en panne, vélo à rafistoler… vous avez sans doute un objet à réparer qui traîne dans votre garage. 

 

En quoi cela consiste ?

Des bricoleurs bénévoles et couturières examineront les objets pour identifier le problème, expliquer comment réparer ou ce qu’il faudrait changer. Si la réparation est possible, l’objet sera réparé pendant l’atelier. « L’idée est de dépasser la peur d’ouvrir les appareils et de tenter une réparation plutôt que de jeter »,  explique Catherine Ermeneux, membre du collectif.  « Si vous savez déjà qu’une pièce doit être remplacée, venez avec la pièce de rechange pour que les bricoleurs vous aident à la remplacer ».

Les objets que vous pouvez apporter sont le petit électroménager, les jouets, certains matériels informatiques, les vélos ou les vêtements et textiles.

 

Un test pour commencer

L’atelier se tiendra au centre social Ti An Oll, le dimanche 14 mai de 9h30 à 13h. Il s’agit d’une première expérience amenée à se renouveler. Si le succès est au rendez-vous une seconde édition pourrait avoir lieu à l’automne. Pour cela, des bricoleurs et couturières bénévoles sont recherchés. 

 

La réparation est gratuite mais les bénéficiaires peuvent laisser une contribution libre pour développer ces ateliers. L’APAV (A pied et à vélo en pays de Morlaix) apportera sa contribution pour la réparation de vélos. Les jeunes de Ti an Oll participeront aussi à la manifestation et proposeront des gâteaux et boissons pour financer un voyage en Allemagne.

 

Catherine explique : « Le groupe Aller vert est un club du centre social de Plourin-lès-Morlaix qui organise des actions autour de la transition écologique. Notre première action a consisté à mettre en place un point de livraison de légumes du Lycée de Suscinio chaque vendredi, sans engagement ni minimum de commande. »

 

Pratique : Dimanche 14 mai, de 9h30 à 13h à Ti an Oll – 1 rue des genêts – Plourin-Lès-Morlaix 

Pour tout renseignement : contact.allervert@mailo.com




L’eau, les vivants, ça crée Stèle !

L’exposition Stèle* restitue au travers d’une installation dans la Chapelle de Christ en Guimaëc (pays de Morlaix) le fruit d’une réflexion entre l’eau, la vie, les cycles et l’invisible en empruntant les codes des sacramentaux, des objets d’usage religieux et des savoir-faire artisanaux. Elle marque la fin d’un cycle de recherches autour des lavoirs du Finistère entamé il y a 4 ans par le binôme La toute première fois, composé des artistes Emilie Maréchal et Sylvain Descazot**, invité par les Moyens du Bord***.

Après avoir questionné les légendes, les us et coutumes des lavoirs, la valeur de l’eau****, le binôme a pris un temps sur la commune de Guimaëc pour déchiffrer les stèles présentes dans la construction des lavoirs et comprendre leurs déplacements d’usage. Emilie et Sylvain se sont particulièrement intéressé aux organismes vivants dans les lavoirs à la suite de curages de ces derniers et du recensement des espèces présentes.

Le tout en collaboration avec les personnes bénéficiaires des chantiers d’insertion de l’ULAMIR Lanmeur – dans le cadre d’un projet solidaire soutenu par la DRAC – qui ont participé à la conception et à la réalisation de certaines pièces, pensées en réaction et partage des savoirs de chacun·e.en ateliers. Avec l’accompagnement du CPIE, le binôme d’artistes a alors appréhendé la vie microscopique et l’importance de celle-ci.

« L’existence étant impermanence, faite d’apparitions et de disparitions successives, tout ce qui existe apparaît et disparaît : végétaux, minéraux, animaux, hommes, etc. Parce que le temps est intrinsèquement lié à l’existence, naissances et morts se succèdent sans que nous puissions les arrêter. »

Le Bénitier accueille le visiteur et propose une première interprétation, celle du temps en plaçant l’humain dans le cycle des êtres vivants et l’invitant à manuscrire par un fusain d’autres espèces. Par un écoulement goutte à goutte, se crée un dialogue entre la pièce d’eau suspendue, la stèle de schiste gravée et l’instant. Cette goutte est le point de départ d’une chronologie de la vie sur terre et le lien entre toutes les espèces. En écoulement continu, elle évoque l’érosion, le travail du temps sur une matière minérale. En témoignent par la suite les estampes/échantillons redessinées de stèles funéraires présentes dans les lavoirs. La fragilité des matériaux utilisés et l’impression à partir de la vase ponctionnée dans le lavoir du Prajou soulignent l’éphémère de la vie humaine, mais aussi ses transformations et changements d’état. L’ Homme entre alors dans un cycle bien plus vaste que sa propre existence, appelant à l’humilité face à l’interdépendance et l’égalité entre toutes les espèces vivantes sur la terre. La première apparue, le plancton, produit plus de 50% de l’oxygène de l’air que nous respirons. Il apparaît ici dans le vitrail, au travers d’une observation microscopique d’une goutte d’eau (grâce à l’utilisation du microscope Curiosity prêté par l’association Plankton planet) s’improvisant en icônes protéiformes et déesses invisibles, origines de la vie sur terre et témoins d’une chronologie universelle.

Stèle propose une contemplation douce et apaisée de la place de l’Homme et de son échelle.

L‘exposition est visible jusqu’au 21 mai, en la Chapelle Christ de Guimaëc, du vendredi au dimanche, ainsi que le jeudi 18 mai, de 10h à 18h.
Cette exposition a été réalisée avec la participation de :
– Chantier d’insertion environnement : Claude Le Ber (encadrant), David Boulo, Mathieu Desmartins, Grégory Bourgeois, Samuel Léon, Christophe Malandain, Glenn Michel, Renaud Dieu (pièces d’osier, typographie et gravure stèle)
– Chantier d’insertion numérique : Adrien Ferron (encadrant – étalonnage son), Kenny Bonvalet (confection vidéo vitrail)
– Service Civique ULAMiR CPIE : Nathan Le Maire (suivi général sur le projet), Ewen Povie (prises de vue plancton)
– Éducateurs environnement ULAMiR CPIE : Thomas Bassoullet, Géraldine Gabillet (prises de vue plancton & initiation biologique)
Remerciements à l’association Plankton planet pour l’utilisation de leur microscope Curiosity (outil de médiation cocréé par Noan Le Bescot), Isabelle Frémin, Rémy Constantin, Clémentine Page, Zaïg Page-Castel, Guillaume Castel, Bernard Coulou, Alain Tirilly, Catherine Baron, la mairie de Guimaëc et les amis de la chapelle. Les artisans : Coat Leron (gravure), Paint Shop (laquage structure), Rose-Marie Recourse (osier), Simon Muller (pièce de verre).

*Cette exposition est le fruit d’un travail mené dans le cadre d’un projet solidaire, conduit par Les Moyens du Bord avec l’ULAMIR-CPIE de Lanmeur et soutenu par la DRAC de Bretagne – pôle Action Territoriale et le Conseil départemental du Finistère – dispositif Culture Solidaire.

**Le binôme La toute première fois se compose d’Émilie Maréchal, réalisatrice/comédienne, vivant à Bruxelles et Sylvain Descazot, designer/sérigraphe, habitant en Bretagne. Leurs recherches communes s’articulent autour de l’archaïsme, le rituel et le «faire». En utilisant des formes et volumes simples, des matières pauvres sublimées et la mise en scène des corps dans des actions primitives, le binôme estampe, crée des objets ou propose des installations immersives.

*** Située dans la Manufacture des Tabacs à Morlaix, l’association Les Moyens du Bord souhaite faire découvrir l’art contemporain à toutes et tous. Spécialisée dans le multiple d’artistes, c’est-à-dire toute forme d’art reproductible (gravure, sérigraphie, photographie, etc.), elle œuvre au soutien des artistes, tout en participant au dynamisme du territoire via des expositions, le salon de la petite édition Multiples, des résidences de recherche et de création, une artothèque et une boutique solidaire : https://lesmoyensdubord.fr/

**** Voir l’article : http://www.eco-bretons.info/quand-leau-des-lavoirs-vibre-avec-shumann/




D’une saison l’autre, ce Petit Jardin Discret des Spontanées en baie de Morlaix

Il en va de l’élaboration de certains articles comme des graines en dormance : le temps qu’il faut y fait son œuvre avant que, sortant de terre, les germinations puis les floraisons en quête de lumière s’offrent aux regards. Ainsi, au cours de  l’été 2022, nous avons rencontré une première fois un grand gaillard venu de l’est de la région pour accompagner bénévolement dans sa mue, le Jardin de l’association Traon Nevez, sur le site du Dourduff-en-mer, commune de Plouézoc’h.

Ancien régisseur de spectacles vivants, Maxime Boiteux a entamé une reconversion professionnelle, avec un BTS Aménagement paysager/écojardinage responsable à Combourg pour se consacrer désormais à un autre type de spectacle : celui des métamorphoses du vivant, en particulier végétal.

Serait-ce la fréquentation des sols vivants et des vers qui conduit les jardiniers à habiter si poétiquement le monde et à se connecter entre eux ? Nous sommes tentés de le croire. Devenant paysagiste naturel, Maxime est entré en relation avec Tiphaine Hameau, autre artiste-jardinier qui a réveillé tout en douceur depuis quelques années les Jardins de l’ancienne Manufacture de tabacs, à la demande de Morlaix Communauté, et que nous avions rencontré au début de l’hiver 2021 : http://www.eco-bretons.info/rencontre-tiphaine-hameau-en-ce-lent-jardin/.

Tiphaine Hameau et Maxime Boiteux

A quelques centaines de battements d’ailes d’oiseau marin, un autre jardin a appelé ces deux-là. Au Dourduff-en-Mer, sur la palud de Mez-ar-Zant, tout proche du sentier côtier (GR34) menant nos pas baladeurs vers Térénez en Plougasnou et bien au-delà, l’ancien jardin du château de Trodibon vit depuis des années à l’abri d’un grand mur qui l’enclôt, au rythme des activités proposées par l’équipe associative de Traon Nevez. Celle-ci anime le site du même nom appartenant à la Fondation Massé Trévidy qui gère une trentaine d’établissements sociaux ou médico-sociaux dans le Finistère. Le jardin, avec son potager et son verger, s’est ainsi longtemps conjugué en mode partagé, avec des ateliers de jardinage animés par les éducateurs des jeunes de l’Institut Médico-éducatif/IME, des événements ponctuels tels que des expositions de photos naturalistes, organisés par des étudiant..e.s en BTS gestion et protection de la nature du lycée voisin de Suscinio : https://traonnevez.fr/le-jardin/.

Il est des rencontres entre vivants où parmi eux, certain.e.s humain.es entretiennent des « égards ajustés » – chers au philosophe Baptiste Morizot* – avec, non pas ce qui les environne, comme s’il s’agissait de quelque chose qui leur est extérieur, mais avec ce qui fait intimement partie de leur être, comme une altérité familière. C’est donc tout naturellement que leur verbe s’y accorde, poétiquement. En témoigne celui de Maxime s’adressant aux membres de l’association Traon Nevez, en mai 2022, pour y présenter la « note d’intention » que lui a dicté ce « Petit Jardin Discret des Spontanées ». Nous vous invitons à le découvrir ici :

Note d’Intention – Jardin Traon Nevez – Maxime Boiteux

Sur son site, à la page dédiée à Traon Nevez, la Fondation Massé Trévidy présente ainsi la démarche de Maxime : « À la suite d’une analyse du sol du potager, et après recoupement avec les dires de passants, il a fait une proposition d’aménagement atypique du jardin : valoriser les adventices présentes (les « mauvaise herbes ») en retrouvant leurs propriétés pharmaceutiques, culinaires et architecturales. »

Maxime devant un tas de foin, à la fois propice à la relaxation des corps et à l'amendement du sol

S’en est suivi une étape préparatoire dans le cadre d’un stage de deux semaines sous la houlette de Tiphaine Hameau, en vue d’analyser le sol du lieu et d’y effectuer un impressionnant relevé des végétaux, tant par sa diversité que par l’inventivité humaine à les nommer et les qualifier, telles la Scrofulaire noueuse, la Potentille rampante, l’Eupatoire chanvrine, la Houlque laineuse, la Buglosse toujours verte et bien d’autres…

Puis Maxime a investi le jardin tout au long du mois d’août 2022 pour une résidence de travail au cours de laquelle nous l’avons donc rencontré et où il nous expliqua sa démarche de ménagement bien plus que d’aménagement du lieu. En partant toujours du faire avec l’existant, le spontané végétal, forcément évolutif – le fameux « jardin en mouvement » cher au jardinier Gilles Clément -, la gestion sur place des eaux de pluie, des déchets (rien ne sort, tout se transforme, comme ces ronces qui ont quitté les abords du lavoir de Traon Nevez pour nourrir et décompacter le sol), l’installation de pyramides de cultures, de haies sèches ou haies de Benje, la prise en compte des insectes et auxiliaires, le jardin devenant également un poste d’observation animalière. Enfin la volonté de transmettre la dynamique impulsée à d’autres forces vives humaines, l’esprit collectif restant la priorité de l’équipe de Traon Nevez.

Entretien estival avec Maxime expliquant sa démarche

Depuis les débuts de son aventure, Maxime tient un carnet de bord fort bien documenté et partagé sur son compte Instagram (https://www.instagram.com/club_du_vivant/), avec des écrits, des photos, des dessins, et  sur lequel il consigne tout ce qu’il a entrepris et continue de faire, dans cette si belle collaboration avec le vivant.

Et puis l’automne s’en est venu. Et puis l’hiver. D’une saison l’autre, Maxime revient ponctuellement en ce jardin. Entre temps, il s’est installé en Ille-et-Vilaine, en tant que paysagiste naturel. Sur sa carte de visite, un blason on ne peut plus explicite associant végétal, animal et quelques mots : « Born to baie wild »!

En février dernier, nous sommes revenus à leur rencontre, Maxime et le Petit Jardin Discret des Spontanées. Ils nous y ont montré comment les végétaux se sont appropriés les lieux, « véritables petits hôtels à organismes vivants », non sans avoir fait l’éloge évidente de la lenteur et de la contemplation. Maxime mettant l’accent sur la parcimonie des gestes et des ressources fossiles : « depuis l’aménagement de cet été, un seul coup de tondeuse, soit ¾ litres d’essence sans plomb pour 3600m2 sur 6 mois. Un fauchage annuel effectué avec Maksen, un étudiant en BTS GPN de Suscinio et des zones laissées à la pousse sauvage de graminées. » Les haies sèches installées abritent moult insectes, rongeurs, hérissons, oiseaux ainsi que des graines locales amenées par des rouges-gorges, moineaux et autres petits descendants de dinosaures à plumes dont l’évocation appelle ces mots habités de Baptiste Morizot* : « Nous avons tous, nous vivants, un corps épais de temps, fait de millions d’années, tissé d’aliens familiers, et bruissants d’ancestralités disponibles ».

Ainsi va la vie en ce jardin dont la tranquillité est jusqu’à présent à peine dérangée par les visites des promeneuses et promeneurs qui franchissent toujours la première fois ses grilles – très souvent ouvertes – avec un étonnement teinté de joie paisible… et aussi quelque lecture informative à l’entrée du jardin, l’apport de graines de connaissance sur les occupants végétaux et animaux favorisant leur respect.   Car telle a toujours été la volonté de l’association et désormais celle de Maxime : que ce lieu reste accessible à toutes et tous, dans le respect de ses occupants, passagers ou plus durables, comme par exemple les quelques arbres fruitiers pour lesquels, Raymond Lachuer, expert local de la taille et membre de l’association Bretagne Vivante, est venu il y a quelques semaines partager son savoir-faire, ou encore le projet à venir de buvette estivale axé sur les plantes locales.

Le printemps est là.

« Tel un îlot d’intimité entre eux mondes, celui des grands arbres et celui des imposants Homo Sapiens. Il accueille, discrètement dressée au ras du sol, une considérable richesse de spécimens à feuilles prenant racine dans sa longue carrière de terre agricole à présent apaisée. Sol riche, sol varié, sol préservé comme un trésor enfoui que nul promeneur ne saurait deviner… Et pourtant cette véritable richesse du jardin, agrémentée par des millions d’années d’activité souterraine, par plusieurs décennies de travail en surface et surtout par une conservation minutieuse à l’état déruption végétale, ne demande qu’à s’épanouir » – Maxime Boiteux.

* « Manières d’être vivant », par Baptiste Morizot (éditions Actes Sud, collection Mondes Sauvages – Pour une nouvelle alliance, 2020).

Crédits photos : Maxime Boiteux, Marie-Annick Troadec, Laurence Mermet.




« Mer et bien-être » : une plongée en recettes à la découverte de l’océan et ses bienfaits

La Trégoroise Laëtitia Crnkovic, formatrice en zéro déchet, conférencière, anime de nombreux ateliers pour prendre soin de soi et de la planète. Elle est également auteure de livres. Son nouvel ouvrage, « Mer et bien-être », qui sort le 28 avril, nous invite à découvrir, grâce à de nombreuses recettes cosmétiques et alimentaires, tous les bienfaits des ingrédients issus de l’océan.

Les différentes espèces d’algues sont présentes par milliers, voire millions selon les estimations, dans le monde. Une richesse qui a est encore loin d’avoir livré tous ses secrets ! En effet, le potentiel de ses végétaux est encore sous-estimé. Si dans des pays comme le Japon, elles sont très présentes dans l’alimentation, ce n’est pas le cas encore ici en France. Les usages se développent peu à peu, que ce soit en cosmétique ou en restauration, mais restent encore méconnus du grand public. Dommage, d’autant que tout un chacun.e peut facilement les cueillir et les utiliser au quotidien, pour leurs nombreux atouts ! C’est le message que veut faire passer Laetitia Crnkovic dans non nouvel ouvrage « Mer et bien-être », qui paraît le 28 avril aux Editions Ouest-France.

La bretonne, installée près de Lannion (22), (et dont nous avons fait le portrait ici), est formatrice zéro déchet, autrice, conférencière. Adepte de « l’écologie joyeuse », elle organise et anime également de nombreux ateliers. Devenue végétarienne par conviction écologique et éthique en 2018, elle découvre à cette occasion toutes les possibilités offertes par les algues pour une alimentation végétale. En 2019, elle se forme au métier d’animatrice « algues » en compagnie de la Breizh Algae School et de Food’Algues, et obtient sa certification. Elle peut ainsi proposer des sorties cueillettes sur l’estran, suivies d’ateliers cuisine.

Avec son nouveau livre, elle souhaite mettre en avant ce qui lui tient à cœur, à savoir « être en lien avec la mer, retrouver de l’autonomie, le plaisir de cueillir ce que la mer nous offre, profiter de ses bienfaits et la protéger, la préserver », comme elle l’explique en avant-propos.

Laetitia propose ainsi un large panel de « recettes » à réaliser chez soi, pour amener un peu d’océan au sein de son foyer, dans la salle de bains comme dans la cuisine. On peut ainsi apprendre à utiliser des algues telles que le kombu, le nori, la dulse, le fucus vésiculeux, le haricot de mer ou encore la spiruline. Certaines peuvent être cueillies directement sur l’estran breton, d’autres seront à utiliser de préférence en poudre, et facilement disponibles en magasins bio, bien-être ou encore épicerie vrac. Hormis les algues, les recettes utilisent aussi des plantes de bord de mer, comme la criste marine, la salicorne, mais aussi de la poudre de coquilles d’huitre, du sel de guérande, de l’eau de mer…

Grâce à toutes ces richesses maritimes, on pourra concocter aussi des shampooings solides, des gommages, des déodorants, des baumes, des sels de bains, des hydrolats, macérats huileux…mais aussi, pour la partie cuisine, des tartares d’algues, des salades aux haricots de mer, des rouleaux de printemps, ou encore des desserts ou boissons telle qu’une mousse au chocolat végane ou des smoothies !

Agréable à lire, bien présenté, « Mer et bien-être » nous invite à plonger la tête la première et le corps tout entier à la découverte de l’océan et de ses innombrables richesses. La variété des recettes proposées fait que chacun.e pourra s’essayer aussi bien à la création de cosmétiques qu’à la cuisine aux algues, sans difficulté.

 

« Mer et bien-être », de Laëtitia Crnkovic, 144 pages, éditions Ouest-France, 19,90 euros.