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Mélanie Mardelay, la cuisine végane au cœur… et au bout des doigts !

C’est à l’occasion du veganuary, le plus grand mouvement mondial végan*, encourageant depuis 2014 à manger végan tout au long du mois de janvier, qu’Eco- Bretons part à la rencontre de Mélanie Mardelay, cheffe culinaire de la région de Dinan (22). Mélanie y élabore ses recettes végétales qu’elle transmet avec passion, pédagogie et humour. Et c’est en toute sincérité et simplicité qu’elle nous parle de son parcours de transition professionnelle qui lui a permis d’accorder ses convictions éthiques, environnementales et sociales avec sa passion de la cuisine.

 

Bonjour Mélanie, vous êtes une autrice et cheffe cuisinière de référence dans le milieu végan, pourriez-vous nous raconter votre parcours et quel a été le déclencheur de votre passage à l’alimentation végétale ?


J’ai créé mon blog en 2014, à l’époque j’étais traiteur, très fraîchement végane et j’avais envie de partager mes recettes pour le quotidien, pour contrebalancer la cuisine plus élaborée que je proposais dans mon travail. C’était un peu mon carnet de bord.
J’ai commencé à me questionner en 2013, grâce à mon travail justement. Je proposais des menus de fêtes essentiellement pour des mariages et, bien que travaillant avec des produits bios, locaux, je trouvais que j’utilisais quand même pas mal de produits animaux (il s’agissait davantage d’une réflexion logistique à cette époque que éthique). Un week- end où j’avais une grosse commande de desserts, et que je cassais des dizaines d’œufs à la main, je me suis demandée ce qu’il en était des plus grosses entreprises en restauration : si moi, petite boite, j’avais déjà autant d’œufs à casser, comment se fournissait les autres ? Et comment arrivait-on à les fournir, surtout ! J’ai commencé à me renseigner sur l’élevage de poules et j’ai mis les pieds dans un système dont je n’avais absolument aucune idée avant : les couveuses et le sort réservés aux mâles, les immenses bâtiments fermés, le traitement et la fin des animaux pourtant élevés aux normes bios. Ça a été une claque énorme pour moi qui ne m’étais jamais questionnée dessus (pourtant fille d’éleveur en plein air) et mettant le bio en haut du panier en termes d’éthique de vie.

À partir de là, j’ai déroulé une pelote de laine. Si j’avais déjà arrêté de manger du foie gras un ou deux ans auparavant, je suis devenue pendant plusieurs mois végétarienne puis végétalienne le temps de tout réapprendre et de pouvoir aligner mon travail avec mes nouvelles valeurs. Fin 2019, j’ai arrêté mon activité de traiteur pour me consacrer à mon blog et à mes livres et j’en vis depuis.

 


Sur votre blog « Le cul de poule » et sur les réseaux sociaux ( melanie.leculdepoule sur Instagram), en plus de l’humour, on sent chez vous une attention particulière à ne pas culpabiliser vos lecteur.rice.s, ne pas être parfait.e en cuisine, y aller progressivement…Le désir de transmission est prégnant et non imbibé d’injonctions à la perfection écologique…
Y êtes-vous attentive dans votre façon de transmettre vos convictions ? Vous parlez également de féminisme, de charge mentale etc…


J’y suis très attentive aujourd’hui, mais j’étais bien plus rentre dedans au début. Quand on ouvre enfin les yeux, on est en colère contre le monde et contre soi, on a envie que tout aille vite et on ne comprend pas que plus de gens ne sont pas déjà engagés dans une transition alimentaire. Si j’ai toujours partagé avec humour et passion je pense que je manquais de nuances au tout début, j’étais très vindicative. Aujourd’hui, je suis toujours très droite dans mes bottes mais j’ai appris à modérer mon discours afin de toucher plus de gens. J’ai appris à prendre en compte les freins des un.es et des autres et à comprendre qu’il est indispensable que chacun.e aille à son rythme et qu’on avance bien plus facilement quand on est soutenu.e que quand on est jugé.e.
Et adopter un mode de vie végan, donc pour les animaux, c’est aussi, irrémédiablement, investir et relier de nombreux combats idéologiques. On ne peut pas être féministe et manger des produits issus de l’exploitation des femelles par exemple**. Quant à la charge mentale, elle est déjà omniprésente chez les femmes, mais quand vient s’ajouter un changement d’alimentation pour le foyer, ça devient carrément colossal. Donc oui, ce sont des sujets qui me tiennent énormément à cœur car être vegan est un choix politique et on ne peut pas se contenter de présenter ses casseroles sans englober tous ces sujets.

Vous plaisantez souvent que cuisine végétale ne veut pas dire cuisine régime ! Le plaisir reste au centre de votre cuisine et en même temps vous faites très attention à l’équilibre alimentaire. Pas question de carences en protéines, en fer, en calcium ou autre dans vos recettes, vous maîtrisez vraiment cela ! Vous êtes- vous formée à la nutrition et en quoi cela vous semble important ?


Si la nutrition m’a toujours intéressée, j’ai été obligée de m’y pencher un peu plus en ayant des enfants car évidemment, rien n’est fait pour nous aider donc il fallait à l’époque chercher par soi-même. Heureusement aujourd’hui on trouve des ressources scientifiques fiables et en français (ONAV, vegan pratique). Je ne pense pas que ce soit un prérequis pour devenir végan, clairement. Combien de personnes mangeant de la viande se soucient de leur équilibre alimentaire ? On ne leur demande rien, or on exige des personnes végétaliennes une connaissance parfaite afin de prouver que c’est viable et qu’elles ne se mettent pas en danger. Les preuves existent mais ne sont pas du tout véhiculées en France, bien au contraire.
Donc c’est plus par défaut et pour rassurer les gens que je me suis formée sur le tas et surtout que je travaille avec une diététicienne nutritionniste sur de nombreux ouvrages qui traitent de la nutrition. Mon métier, ça reste la cuisine.

 


Selon vous, quelles peuvent être les raisons en France, en Bretagne terre d’élevage, pour que l’alimentation végétale provoque autant de crispations, de réflexions souvent ironiques ou agressives ? Quels sont vos conseils pour y faire face et emmener un peu plus de
compréhension sur ce choix alimentaire ?


Indiscutablement le patrimoine culinaire français qui peine à se renouveler et à se moderniser et les lobbies agro alimentaires qui pèsent de façon colossale dans toutes les décisions liées à une amélioration des conditions de vie des animaux, à la santé des humains, et à l’environnement de manière générale. Tant que des politiques ne s’empareront pas davantage de ces sujets afin de faire bouger les lignes au niveau législatif, on ne peut que continuer de sensibiliser l’opinion publique, montrer qu’une autre voie est possible. On ne convainc pas, on amène à réfléchir et on propose des alternatives. Personne n’aime s’entendre dire que ce qu’il fait est mal ou qu’aujourd’hui, on peut faire autrement. Il faut sortir du jugement des comportements individuels pour proposer un autre choix de société. Il faut que l’on puisse s’identifier à un mode de vie pour l’embrasser et aujourd’hui, les alimentations végétales peinent à se faire une place à cause de ces lobbies qui se gavent littéralement au détriment du vivant. Mais on avance.
Je nous vois un peu comme un tracteur, lent mais bien solide, plus que comme une voiture de course.

 


Une question m’intrigue quand je vous écoute sur les RS notamment sur Instagram…Bien que ce soit évidement au cœur de votre choix de vie, vous parlez finalement assez peu d’antispécisme, de votre rapport aux animaux…Le côté émotionnel engendré par l’exploitation animale laisse la place à la joie, le partage, le plaisir de se nourrir sans souffrance animale. Est-ce un choix conscient de ne pas l’évoquer frontalement ?


C’est une bonne question. C’est un vrai choix que de l’aborder comme ça oui. Comme je le mentionnais, au début j’étais assez vindicative et j’ai passé beaucoup de temps à essayer de mettre les gens face à leur contradiction. Je partagerai volontiers tout ce qui me tombait sous la main afin de montrer mes “preuves”. Et je me suis fatiguée, j’étais tout le temps en colère. Je n’avais pas envie de devenir une personne aigrie alors j’ai décidé de me consacrer à ce que je savais faire, mon cœur de métier : la transmission et l’apprentissage de la cuisine. Ça ne m’empêche nullement de proposer de longs articles (les RS c’est quand même très limité et ce n’est absolument pas là que se trouve l’essentiel de mon travail…) sur comment devenir végan, pourquoi, les dessous de l’élevage. Je traite également de ces sujets dans mes webzine dont le dernier en date sur le végétarisme et les dessous des produits laitiers. J’ai réalisé plusieurs vidéos sur mon parcours, sur le choix moral que c’est de devenir vegan et comment le vivre au quotidien vis à vis des animaux.
En résumé, quand on défend une cause, on ne peut pas être à tous les échelons pour faire changer les choses, c’est absolument impossible. Moi je ne me situe pas au début comme élément déclencheur. Mais je suis là quand les gens décident de creuser et de s’y mettre en cuisine. C’est comme si on reprochait aux personnes qui écrivent des livres sur le spécisme ou qui réalisent des podcast sur la condition animale de ne pas proposer en même temps des recettes de cuisine. Chacun sa zone de combat et c’est ensemble qu’on fait avancer les choses, je ne suis qu’un maillon.

 

Au-delà de l’alimentation, qu’est-ce que le véganisme a apporté dans votre vie, dans vos rapports au monde ?


Une vraie connexion avec le vivant, ce qui m’entoure, que j’avais très peu avant. Bien qu’ayant vécu toute ma vie à la campagne, entourée d’animaux, la dissonance cognitive était très forte, tout ça c’était un peu acquis pour moi, je ne le remettais pas en cause.

Aujourd’hui je suis bien plus consciente que tout est lié. Rien de spirituel là-dedans : nous sommes des animaux, qui vivons dans un environnement que nous ne respectons pas. Ça ne peut pas durer. On ne peut pas se comporter comme des dieux vivants en crachant sur ceux qui nous entourent, animaux, humains, nature et se regarder dans la glace en espérant que rien ne change.



 

 

 


Votre deuxième livre  » Dépenser moins, manger mieux » sort ce mois de janvier aux Éditions La Plage, comment l’avez-vous conçu et si vous deviez donner un seul argument pour se mettre à la cuisine végétale, quel serait-il ?


Je l’ai conçu comme une boîte à outils afin qu’il soit transposable dans un maximum de cuisines. Je ne crois pas à une seule méthode d’organisation en cuisine, je voulais que, quelle que soit la composition du foyer, les gens puissent se l’approprier et s’investir dans la qualité de leur assiette en préservant leur portefeuille. Le budget est un élément central de nos repas, quel que soit notre régime alimentaire, nous sommes quand même une majorité à y prêter attention et à vouloir mieux manger.
Mon argument est que la cuisine végétale est vraiment très facile. Ce qui est dur, c’est de s’y mettre dans la tête et dans l’organisation. Mais la cuisine végétale du quotidien en soi est réellement très facile et à la portée de tout le monde.

 


Eco- Bretons étant un média engagé dans les transitions écologiques, pouvez-vous nous dire ce que la notion de « transition écologique » vous évoque et comment est-elle ancrée chez vous en Bretagne ?


C’est un changement et je trouve que le terme transition englobe bien toutes les étapes par lesquelles on doit nécessairement passer. Les brûler ne va aider personne, ni les animaux, ni l’environnement ni les humains… On est encore au stade de l’information en Bretagne avec tous les freins pour y accéder que nous avons vu. On doit réfléchir collectivement à une autre façon de traiter le vivant et je ne pense pas qu’il y ait une solution qui fasse l’unanimité. Cependant, actuellement ce sont les intérêts d’une minorité qui décident pour la majorité et ce n’est pas tenable. Je trouve formidable toutes les alternatives qui se font à l’échelle d’un territoire, aussi petit soit-il. On a tendance à parler pour la France, mais on voit bien que les décisions majeures ne viendront pas d’en haut en premier lieu. La Bretagne est emprisonnée dans sa façon de faire, dans un élevage intensif et toutes les catastrophes qui en découlent, le monde de l’élevage et de l’agriculture n’a que très peu de marge de manœuvre. J’espère qu’un jour on arrivera à trouver une solution pour arrêter ces exploitations qui broient autant les animaux que les humains.

 


« Si, quand vous pensez à la crise climatique ou à la violence de notre système alimentaire, vous vous sentez impuissant•e et vous vous dites « J’aimerais tellement pouvoir faire quelque chose » : vous pouvez. ». Ces mots de Joaquin Phoenix, célèbre acteur américain et un des parrains du veganuary, résonnent avec ceux de Mélanie Mardelay. Alors n’hésitez pas à découvrir ses recettes savoureuses dans ses livres ou sur son blog !


Pour découvrir :
blog Le cul de poule
Instagram
webzine Le coup de fouet 

Définitions :


*Véganisme : Être végan est un mode de vie basé sur le refus de toute forme d’exploitation animale, la Vegan Society le définit ainsi : « « Une philosophie et façon de vivre qui cherche à exclure – dans la mesure du possible – toute forme d’exploitation et de cruauté envers les animaux, que ce soit pour se nourrir, s’habiller, ou pour tout autre but, et par extension, faire la promotion du
développement et l’usage d’alternatives sans exploitation animale, pour le bénéfice des humains, des animaux et de l’environnement. En matière diététique, il désigne la pratique de se passer de tous les produits dérivés en tout ou partie d’animaux. »


Végétarisme : Le végétarisme est une pratique alimentaire qui exclut la consommation de chair animale.

 


Pour aller plus loin :


** Chercheuse en philosophie, Myriam Bahaffou s’intéresse à l’analogie historique entre l’exploitation des animaux et l’exploitation des femmes. Article du journal Usbek et Rica

– podcast « Comme un poisson dans l’eau »




A Rennes et alentours, on « bûche » pour un chauffage au bois plus responsable

Sensibiliser le public aux bonnes pratiques liées au chauffage au bois, et aux dangers de celui-ci sur la qualité de l’air et de la santé. Tel est l’objectif du « Bûche Tour », organisé par la Maison et la Consommation de Rennes, la Fibois, et AirBreizh. La deuxième étape de cette opération démarrera le 20 janvier, avec la mise en place de « village éphémère » dans des magasins spécialisés dans le chauffage au bois, permettant d’échanger et distiller astuces et conseils auprès des habitant.e de l’agglomération rennaise.

Quoi de mieux que de se chauffer gràce à sa cheminée ou son poêle, lorsque l’hiver est là ? D’après l’Observatoire Breton de l’Environnement, près d’1,5 millions de tonnes de bois sont consommées par an en Bretagne, pour les chaufferies collectives et le chauffage domestique. La moitié des maisons individuelles de la région se chauffent ainsi au bois, particulièrement dans les zones rurales. Les trois-quarts des utilisateurs utilisent des bûches, et le reste des granulés.

Mais le chauffage au bois a un impact non négligeable sur la qualité de l’air. Il est responsable de la majorité des émissions de particules en suspension en Europe. Ces particules fines ne sont pas anodines sur la santé des personnes : allergies, asthme, augmentation des risques cardiaques et pulmonaires…et particulièrement chez les personnes vulnérables, comme les bébés ou les personnes âgées. Ces derniers jours en Bretagne, du fait de l’épisode de froid, des alertes aux particules fines ont été émises, en Ile-Et-Vilaine, Côtes d’Armor, et dans l’Ouest du Morbihan.

Dans l’optique d’informer les habitant.e.s de l’impact de la combustion du bois sur l’environnement et la santé, et d’éduquer aux bonnes pratiques, La Maison de la Consommation et de l’Environnement de Rennes, AirBreizh, et la Fibois, ont lancé une campagne de sensibilisation, baptisée le « Bûche Tour », et soutenue par la Dreal et Rennes Métropole.

Un premier temps d’animation a déjà eu lieu cet automne, sur les marchés de Cesson-Sévigné, Pacé, Betton et Sainte-Thérèse à Rennes. Un stand permettait aux habitant.e.s de trouver des réponses à leurs questions, et un jeu pouvait leur faire gagner une année de bois de chauffage.

La seconde phase est déployée en ce mois de janvier.Cette fois, des « villages éphémères » seront déployés sur trois dates, dans trois magasins spécialisés de la région rennaise.

On pourra ainsi retrouver le « Bûche Tour » le samedi 20 janvier chez « Cheminée Imagine », Route du Meuble à la Mézière, le samedi 27 janvier chez Aasgard à Chantepie, et le samedi 3 février chez Poêle et Breizh à Goven. On pourra y retrouver la MCE, la Fibois, AirBreizh et des experts du bois-énergie, qui seront présents sur des stands. Ce sera l’occasion de rappeler également quelques bonnes pratiques de chauffage au bois, disponibles également en ligne sur le site de la MCE :

  • Utilisez du bois prêt à l’emploi (< 23% d’humidité).
  • Respectez les conditions de stockage et de séchage du bois.
  • Ne brûlez pas les étapes d’allumage.
  • Régulez l’arrivée d’air pour faire des flambées vives.
  • Nettoyez et faites entretenir régulièrement votre appareil de chauffage au bois.
  • Un poêle certifié et une installation adaptée vous feront faire des économies !

 

Plus d’infos : 

Le site de la Maison de la Consommation et de l’Environnement

 

 




KuB’tivez vous. Sélection de janvier.

Dans le cadre de notre partenariat avec KuB, le web média breton de la culture, nous vous proposons une nouvelle sélection à découvrir gratuitement sur leur site internet. Au programme ce mois-ci , deux films diffusés en ligne dans le cadre du Mois du Doc 2023. Embarquement pour l’Ile de Sein, et focus sur l’engagement de la jeunesse pour les transitions écologiques !

 

Maël et la révolution, par Céline Thiou (2022-80′)

Maël a 17 ans. Il vit dans la banlieue du Mans, et est élève en formation agricole. Eco-anxieux, il se prépare à un hypothétique effondrement. Il cultive son potager dans un jardin potager, et est apprenti en maraichage, dans une exploitation bio. Maël s’engage aussi dans le mouvement Alternatiba, participe à des manifestations, colle des affiches…

« Maël et la révolution » est le portrait d’un lycéen pas tout à fait comme les autres. Dans sa classe, il détonne parmi ses camarades, aux positions très conservatrices et bien arrêtées sur le monde qui les entoure, la société. Homophobie, xénophobie sont ici légion. Mais Maël, qui refait régulièrement le monde avec ses amis, se préoccupe de l’autre et souhaite une société plus juste, écologique, respectueuse de l’être humain. A l’heure où il faut passer son bac et voter pour la première fois à l’élection présidentielle, l’heure des choix sonne.

Rythmé par des séquences en classes, sur l ‘exploitation maraichère, ou en soirée, le documentaire donne à voir un beau portrait d’une jeunesse qui se cherche et fait face au défi des transitions. Maël, très engagé, fait son bout de chemin, et nous redonne de l’espoir et du souffle.

Pour voir le film :

https://www.kubweb.media/page/mael-et-la-revolution-conscience-politique-jeunesse-celine-thiou/

 

 

Enez, par Emmanuel Piton (2022 – 42′)

A la découverte de l’Ile de Sein, ses habitants, leur relation avec la mer qui menace, du fait du réchauffement climatique et de la montée des eaux, ce petit bout de terre au large du Finistère. Le tout en format argentique 16 mm. En mélangeant images d’archives et prises de vue d’aujourd’hui, Emmanuel Piton nous livre un film original, parfois déroutant, à la fois onirique, fantomatique, poétique et organique. La mer s’y dévoile autant nourricière (avec la pêche) que dévastatrice (marins disparus en mer, effondrement de la digue…). Mais aussi magnifique et puissante, grâce aux superbes images de ce documentaire que nous vous recommandons chaudement.

Pour voir le film :

https://www.kubweb.media/page/enez-ile-sein-montee-eaux-emmanuel-piton/

 

 

Plus d’infos :




Comme un établi, pour partager des outils, des machines et des compétences à Rennes

[Rediff] Au nord de Rennes, au 5 Rue Bahon-Rault, se situe un atelier pas tout à fait comme les autres. Bienvenue à « Comme un établi » ! Ici, c’est en quelque sorte un tiers-lieu dédié à l’artisanat, un espace collectif où l’on se partage les machines et l’outillage. Ouvert aux professionnels et aux particuliers, l’espace, qui est une Scic, veut diffuser aussi des valeurs de partage et de mise en commun. Des événements y sont régulièrement organisés.

 

Dans cet ancien garage Peugeot, sur 1200 m2, on trouve ainsi « 22 structures pour 25 artisan.e.s » explique Awen, assistante de gestion et de développement. Quatre pôles composent le lieu : bois, métal, textile et décoration. Parmi les résident.e.s, on compte un menuisier, un charpentier, des architectes, un luthier, ébéniste, une tapissière, une métallière, un fabricant de vélo-cargo…les compétences sont variées. Certain.e.s se partagent les établis, dans une grande salle centrale baptisée « La Volière ». D’autres peuvent investir des box d’une dizaine de mètre carrés si besoin. Des bureaux sont aussi disponibles à l’étage, pour permettre aux profesionnel.le.s d’effectuer leurs démarches administratives, répondre aux demande de devis etc…Les particuliers ont également la possibilité de venir réaliser leurs projets personnels, et d’utiliser les outils électro-portatifs à disposition, « le soir et le week-end surtout », précise Awen.

 

Cliquez sur les photos pour les agrandir : 

C’est en 2017 que démarre l’aventure de Comme Un Etabli, à l’initiative de Benjamin Danjoun et Edvin Bernardin, deux passionnés de bricolage et de travaux manuels. Après avoir faire partie de l’une des promotions de l’incubateur du Tag35, le projet, d’abord associatif, a évolué ensuite vers une Scic (Société Coopérative d’Intérêt Collectif), qui comprend aujourd’hui 98 sociétaires. Le collectif est d’ailleurs l’une des valeurs forte portée par la structure. « L’idée, c’est aussi que chacun participe à la vie de l’atelier. On est ici dans l’échange », souligne Awen. Des espaces en commun, tels qu’une salle de pause ou une salle de réunion, ont été ainsi mises en place. « Et le mercredi, c’est cantine collective ».Les travaux d’aménagement de l’atelier ont été réalisés par les artisan.e.s du collectif. Comme un Etabli travaille aussi avec d’autres structures locales, comme par exemple La Briquetterie Solidaire, pour l’isolation du lieu en terre et paille. Elle va héberger aussi prochainement l’association Espero, qui œuvre à l’insertion de personnes réfugiées grâce à la couture upcycling, dans son espace textile. Et travaille également avec ses voisins de Vert Le Jardin, qui promeut le jardinage et le compost partagés.

Des évènements sont également régulièrement organisés au sein de l’atelier partagé : journée portes-ouvertes, projection de documentaires, participation aux Journées Européennes des Métiers d’Arts…et un grand marché de Noël, avec plus de 50 exposants, tous créateurs/créatrices et/ou artisan.e.s, qui aura lieu cette année les 16 et 17 décembre ! Une belle occasion de découvrir Comme Un Etabli au gré de la déambulation entre les stands, mis en place autour des machines.

 

Plus d’infos

https://www.commeunetabli.fr




L’Eclaireuz montre la voie de la réduction des déchets aux entreprises et aux pros

[Rediff] L’Eclaireuz, c’est le nouveau projet de Claire Cariou, initiatrice de l’association Cote Waste, qui a aussi réalisé en 2021 un « Tro Breizh » à vélo du zéro déchet. Au sein de la Coopérative d’Activité et d’Emploi Chrysalide, elle propose désormais ses services auprès des entreprises et professionnel.le.s, en les formant pour diminuer leur volume de déchets. Elle recevra le « prix du public » lors de la remise des Trophées Bretons des Transitions 2023, qui seront décernés le 5 octobre à Quimper.

On connaissait Claire Cariou pour Côte Waste, association dédiée au zéro déchet dans le Finistère Sud, qu’elle a fondée. Mais aussi pour son « Tro Breizh » à vélo sur les cinq départements de la Bretagne historique, à la rencontre des acteurs et actrices du zéro déchet et des bonnes pratiques en la matière, menées de façon collective. Son périple a donné lieu à un documentaire, « Cheval de Fer », diffusé notamment sur Tébéo. Claire donne aussi des conférences sur le sujet, et est actuellement en train d’écrire un livre sur son aventure à bicyclette de 2021 (elle cherche d’ailleurs une maison d’édition!)

Elle a ajouté une nouvelle corde à son arc, avec « l’Eclaireuz », qu’elle a lancée en début d’année. Une activité de formation, d’accompagnement et de conseils aux entreprises et professionnel.le.s dans leur démarche de réduction des déchets. « L’objectif, c’est de les familiariser avec cette action de diminution de volume, et de les rendre autonome sur le sujet », explique Claire, qui précise s’adresser à tous types d’entreprises et tout type de secteur. « Il y a toujours un moyen de réduire, de supprimer, d’optimiser, pour avoir à la fin moins de poubelles ». D’autant plus que diminuer le volume de ses déchets est également synonyme d’économies, « ce qui n’est pas anodin », selon elle. Elle organise pour cela des sessions de formation sur un jour ou deux, et donne des outils « pour réaliser un plan d’action, et lever les obstacles sur le sujet ».

L’Eclaireuz, qui fait partie de la Coopérative d’Activités et d’Emploi (CAE) du Finistère Chrysalide, a aussi pour ambition la constitution d’un réseau de formatrices du zéro déchet. Claire travaille déjà en partenariat avec Aurélie Camerlynck, spécialiste des outils numériques et bureautiques, et Sabrina Toudic (à qui nous avons consacré un portrait ici, ndlr), qui propose des ateliers ludiques sur les enjeux environnementaux.

On pourra retrouver Claire avec l’Eclaireuz lors du salon Breizh Transition qui se déroulera les 4 et 5 octobre à Quimper. Un événement au cours duquel elle recevra le « prix du public » des Trophées Bretons des Transitions 2023.

 

Plus d’infos

https://leclaireuz.com/




Un « Bôlieu » pour un tourisme plus vert en Centre-Bretagne

[Rediff] Dans les Côtes-d’Armor, non loin de Guerlédan et de Loudéac, au Quillio, le Bôlieu offre un hébergement touristique davantage en adéquation avec les enjeux environnementaux actuels. Emilie et Stéphane composent avec l’existant pour rénover écologiquement leurs deux gîtes. Un sèche- linge « low tech » est d’ailleurs en train d’être installé, inspiré des anciens séchoirs à peaux et à tabac.

C’est au lieu dit Bolu, rebaptisé « Bôlieu », que se sont installés en 2020 Emilie, Stéphane, leurs deux filles, ainsi que le père d’Emilie. Un changement de vie total, pour le couple, originaire du Sud de Rennes, mais qui revient en Bretagne après 15 ans passés à Oléron. Emilie était responsable d’un service musée et patrimoine, et Stéphane éducateur spécialisé. «Là bas, nous avions restauré notre maison de manière écologique. La ville de Marenne, où nous habitions était aussi engagée dans un Agenda21. Tout ceci nous a amenés peu à peu à interroger notre mode de vie », explique Emilie. Mais le déclic se produit lorsque le couple calcule ses frais réels pour faire sa déclaration d’impôts. « On s’est alors aperçus que chaque année, on faisait l’équivalent du tour de la Terre pour aller au travail ! Ca n’avait aucun sens ! », se remémore la jeune femme. En plus d’un bilan carbone mauvais, les trajets coûtent chers. C’est l’heure du changement. Adeptes des locations de gîtes en groupe et des vacances chez Accueil Paysan, leur envie de se lancer dans un projet d’hébergement touristique mais respectueux de l’environnement mûrit.

Compost et kit zéro déchet

Après avoir passé un an à la recherche d’un lieu en compagnie du papa d’Emilie, la petite troupe découvre le lieu-dit Bolu, sur la commune du Quillio, non loin de Guerlédan et de Loudéac. C’est le coup de foudre pour cet ancien corps de ferme, avec une partie manoir, qui comprend un logement, deux gîtes, ainsi qu’une grange du 19ème siècle. L’ensemble a été rénové, mais « avec du plaquo et du chauffage au fioul », détaille Emilie. Bien loin d’une réhabilitation écologique…Qu’à cela ne tienne, la famille va se lancer dans des travaux, pour « transformer l’ensemble et tendre vers un éco-lieu, tout en s’adaptant à l’existant ». Le manoir, qui date du 17ème, va bénéficier d’enduits chaud-chanvre et de double vitrage, un poêle à bois sera installé. Il deviendra « Le Bômanoir », un gîte qui peut accueillir de 8 à 15 personnes sur 110m2. L’autre espace est baptisé « Le Bôlogis » et peux recevoir lui aussi le même nombre de touristes, Dans chacun des hébergements, des bacs pour le tri sélectif sont à disposition, un composteur, ainsi que des « kits zéro déchet », dans le but de faire découvrir aux locataires/vacanciers comment réduire le volume de leurs ordures, en utilisant par exemple des charlottes en tissu au lieu de l’aluminium, des éponges et de l’essuie-tout lavable…Les produits ménagers utilisés sont écocertifiés. Dans le jardin, on trouve aussi des toilettes sèches, un jardin potager, un verger, une prairie, une piscine traitée au sel, des haies sèches…. « On envisage aussi la récupération d’eau de pluie pour les toilettes au rez-de-chaussée », précise Stéphane.

 

     Les kits zéro déchets disponibles dans les gîtes

 

 

                                                                           Une des chambre du Bômanoir. Crédit photo : Cyril Folliot

 

 

Un séchoir à linge low tech

Le Bôlieu fait actuellement l’objet d’un nouveau chantier : l’installation d’un séchoir à linge. « La gestion du linge, c’est l’une de nos activités principales », soulignent Emilie et Stéphane. « C’est un poste énergétique important. Quand il fait beau, on peut faire sécher dehors, mais sinon c’est compliqué ». Afin de remédier au problème, le couple a choisi de se doter d’un séchoir à linge « low tech », et basse consommation, construit par une entreprise de menuiserie locale. Il est inspiré des séchoir à peaux et à tabacs utilisé autrefois, avec des clayettes en bois de châtaigner non traité, qui permettent de créer un courant d’air traversant qui sèche ainsi le linge. Ce bâtiment réhabilité abrite aussi la chaudière à granulés, qui a remplacé le chauffage au fioul, et la conserverie : Emilie et Stéphane transforment les légumes et fruits du jardin ,ou issus des cultures d’une maraîchère située à 2 km, en confiture, jus, bocaux…Une manière pour eux de tendre également vers plus d’autonomie alimentaire, toujours dans la même démarche de proposer un hébergement touristique plus vertueux.

Le séchoir en bois

 

 

 

 

Plus d’infos

www.lebolieu.fr